La Presse Pontissalienne 255 - Mars 2021

34 La page du frontalier

La Presse Pontissalienne n°255 - Mars 2021

ROUTES

En attente d’étude de faisabilité Bientôt une voie rapide entre le Jura et la Suisse ?

Le projet de liaison à 2 x 2 voies entre Poligny et Vallorbe voulu par le Département du Jura est à nou- veau sur la table, alors que se discutent les grandes orientations du futur plan État-Région 2021-2027. Ce qui pourrait fragiliser encore la R.N. 57.

É voqué début février lors d’une réunion du Conseil départemental du Jura, ce projet routier qui per- mettrait de désenclaver le Jura et d’offrir une liaison rapide avec la Suisse ne date pas d’hier. Ce dossier date d’au moins 30 ans et ressort de façon opportune aux yeux de certains, alors que se profilent les élections régio- nales et départementales. Pour le président jurassien, Clé- ment Pernot, il s’agit avant tout de défendre les priorités de son territoire dans le cadre du pro- chain Contrat de plan État- Région (C.P.E.R.). La délibéra- tion prise lors de cette réunion fait ainsi état de la “nécessité de relancer les études pour la réalisation d’une liaison digne de ce nom vers la Suisse.” Actuel- lement, “le Jura frontalier avec la Suisse dispose pour seule liai- son avec ce pays, de la R.N. 5 sur laquelle l’État doit réguliè- rement entreprendre des travaux générant parfois des coupures et des déviations de plusieurs

mois” , nous rappelle-t-on. Une situation qui ne satisfait pas le Conseil départemental. Pas plus que la liaison voisine passant par Besançon, qui a déjà fait, elle, l’objet de plusieurs investissements et qui reste saturée par endroits. Ce qui devrait d’ailleurs ne pas s’ar- ranger de sitôt, tant le double- ment de la R.N. 57 au niveau de Beure-Micropolis et la lenteur du processus dans le Haut- Doubs ne laissent pas entrevoir d’améliorations avant plusieurs années.

En dehors de ce projet jurassien, des investissements restent à venir sur la R.N. 57 pour juguler les interminables bouchons en amont de Pontarlier. Ici au niveau de La Cluse-et-Mijoux.

La création de cette liaison jurassienne trouve un écho auprès de plusieurs élus locaux, qui y voient aussi un gain d’attractivité pour les zones touris- tiques du Jura avec une meilleure des- serte de ses stations de ski. Là encore au possible détriment de la R.N. 57 et des

Le volet mobilité reporté en 2023.

Champagnole (estimée à 1 mil- liard d’euros), et la plus longue, sur 94 km, qui passe par Cham- pagnole et Pontarlier (estimé à 800 millions d’euros). Ces options doivent aujourd’hui être réactualisées. On se diri- gerait plutôt vers une 2 x 2 voies entre Poligny et Vallorbe qu’une autoroute. Clément Pernot aime-

rait que la Région et l’État mobi- lisent rapidement des crédits pour des études de pré-faisabi- lité. “On parle d’une liaison inter- nationale. C’est à l’État de se prononcer” , souligneMichel Neu- gnot, premier vice-président de la Région qui rappelle qu’elle n’a pas de compétence en la matière. "Il faudra de toute façon

commencer par des expertises avant de pouvoir ouvrir un débat public sur la question." Sachant que le volet mobilité du C.P.E.R. est reporté à une signature en 2023, les années 2021-2022 devant permettre d’achever les opérations inscrites au précé- dent C.P.E.R. n S.G.

stations du Haut-Doubs. “Une étude avait été réalisée en 1999 par les services de l’État. Les fuseaux imaginés relient l’antenne de l’autoroute A 39 (A 391) au réseau autoroutier suisse à Vallorbe” , stipule la délibéra- tion, avec deux familles de solu- tions : la plus directe, sur 73 km, qui part de Poligny et passe par

ÉCONOMIE

Canton de Neuchâtel Les inégalités sociales se creusent aussi en Suisse

Un récent rapport officiel du canton de Neuchâtel révèle que 2,7 % des contribuables qui bénéficient d’un revenu supérieur à 1 million de francs réunissent à eux seuls 47 % de l’ensemble de la fortune imposable neuchâteloise.

en Suisse. Le salaire médian neuchâ- telois a augmenté de 10% (+ 500 francs) depuis 2008. Un des combats du parti auquel appar- tient Cédric Dupraz est d’obtenir du Parlement qu’il légifère sur l’instau- ration d’un impôt sur la fortune. “Nous avons déposé dès 2017 une initiative populaire en ce sens, qui a recueilli 5 000 signatures et qui devrait donc aboutir à une votation cantonale cette année ou l’année prochaine” espère l’élu loclois. Selon les derniers chiffres, 13,9 % de la population suisse est exposée au risque de pauvreté relatif et 7,8 % à celui de la pauvreté sévère (fixé à 50 % de la médiane du revenu disponible équivalent). Dans le canton de Neu- châtel, le revenu disponible équivalent médian se monte à 42 464 francs en 2017 contre 40 776 francs en 2010. Le seuil de risque de pauvreté relatif se situe donc à 25 478 francs et concerne 24 375 personnes dans le canton, tandis que le seuil de risque de pauvreté sévère se monte à 21 232 francs et touche 13 413 personnes. La question de l’impôt de solidarité sur la fortune revient donc sur le devant de la scène chez nos voisins suisses, cristallisant semble-t-il les mêmes débats et réticences que de ce côté-ci de la frontière. n J.-F.H.

Avec la crise sanitaire, la capacité à épargner des plus riches est devenue plus importante car on a eu moins d’oc- casions de dépenser, tandis que celle des plus modeste s’est stabilisée, voire a fondu.” Actuellement, 35 %, soit plus d’un tiers des contribuables du canton ne dispo- sent d’aucun revenu imposable. La comparaison entre le nombre de contri- buables neuchâtelois et leur revenu imposable montre une répartition dés- équilibrée. Selon les plus récentes don- nées, 67 % des contribuables disposent

L a crise sanitaire va peut-être encore plus creuser le fossé qui s’élargit déjà entre une classe aisée et une frange de la popu-

lation qui subit de plein fouet la crise chez nos voisins du canton de Neuchâ- tel ? Une très récente étude publiée par le Département de l’économie et

de l’action sociale du canton fait état de ses disparités grandissantes. Parmi les constats dressés par l’admi- nistration neuchâteloise, l’un d’eux n’a pas laissé indifférent un élu loclois, Cédric Dupraz, qui a relevé que “2,7 % des contribuables qui bénéficient d’une fortune supérieure à 1 million de francs réunissent à eux seuls 47 % de l’ensem- ble de la fortune imposable neuchâte- loise. Ils sont peu nombreux, quelques centaines, mais concentrent une part toujours plus importante des richesses. Ce n’est pas une tendance propre à notre canton ni même à toute la Suisse, c’est un phénomène mondial qu’on ne peut que déplorer et c’est la première fois qu’un rapport officiel cantonal mentionne ce genre de données” com- mente cet élu du Parti ouvrier et popu- laire (qu’on pourrait comparer toutes proportions gardées à l’extrême gauche française) qui est aussi président de la commission des prestations sociale dans le canton. Après quelques années d’embellie, l’éco- nomie neuchâteloise toussote à nouveau et le chômage repart à la hausse. “La période Covid est un accélérateur des disparités sociales ajoute M. Dupraz.

d’un revenu imposable inférieur ou égal à 50 000 francs par an et ne représentent que 3,4 % de la fortune totale.À l’autre extré- mité, ils ne sont donc que 2,4 % du total des contribuables à béné- ficier d’un revenu supérieur à 1 million de francs. Dans le canton de Neuchâtel, le salaire médian standardisé atteint 6 101 francs bruts par mois pour un poste à plein temps dans le secteur privé, en 2018. Ce chiffre se monte à 6 248 francs

“La période Covid est un accélérateur des

disparités sociales.”

Cédric Dupraz est conseil communal au Locle et député au Parlement neuchâtelois, membre du Parti ouvrier et populaire (photo archive L.P.P.).

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