La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021
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La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021
l Armurerie Les meilleurs utilisent ses crosses Comment l’armurier pontissalien est devenu une référence du biathlon Pour viser des médailles, Finlandais, Suédois, Norvégiens, Italiens, Français… et maintenant Chinois commandent des crosses imaginées et conçues par l’armurerie Sanseigne à Pontarlier.
D e la publicité pour ses crosses taillées dans l’érable et le sycomore, Pierre Sanseigne n’a paradoxalement pas besoin d’en faire. Les biathlètes le font pour lui lors des manches de coupe du Monde. Martin Fourcade, Anaïs Bes- cond, Fred Jean, Quentin Fillon-Maillet - pour ne citer qu’eux - lui ont laissé des messages de remerciement tous placardés comme des trophées sur son comptoir. Avant d’être un professionnel des armes, Pierre Sanseigne est avant tout un passionné du biathlon. En 2018, il était aux J.O. de PyeongChang pour soutenir ses “poulains”. “Mon plaisir, c’est voir les biathlètes courir avec les crosses que nous fabriquons ici. Il y a bien sûr les membres de l’équipe de
France mais aussi beaucoup d’Italiens et de Suédois qui les utilisent. Je viens par exemple d’envoyer une pièce à Lisa Vittozzi (Italienne auteure de 25 podiums en Coupe du monde) pour sa crosse” présente le professionnel dont le métier de base est celui de la chasse. L’une des dernières commandes est partie en Chine où 20 crosses équipent les biathlètes de l’Empire du milieu qui préparent les Jeux olympiques de 2022. D’autres ont été expédiées de Pontarlier vers le Canada, les États- Unis, l’Alaska… et même l’Australie. Quelle est la recette ? Elle est le fruit d’années de travail et de relations tis- sées avec les équipes de France et les athlètes. L’histoire commence avec le Pontissa- lienYves Blondeau, en 1979.À l’époque, le biathlon passe de discipline militaire à discipline sportive. Les biathlètes abandonnent des fusils de 7 kg pour passer au calibre 22 long rifle. Ce chan- gement impose de confectionner de nouvelles crosses. L’armurier répond aux exigences et en fabrique une à Yves Blondeau. Le premier véritable coup médiatique intervient avec Patrice Bailly-Salins qui remporte la coupe du monde en 1994 et le bronze en relais aux J.O. Le visage du biathlète jurassien apparaît alors en gros plan sur le journal L’Équipe avec l’autocollant “Sanseigne” sur le bois de la crosse. “À l’époque, le
Pierre Sanseigne, armurier à Pontarlier, équipe de nombreux biathlètes. Les crosses ont été pensées par lui et ses équipes avec l’équipe de France.
biathlon, c’était 30 personnes. Aujourd’hui, c’est 500 licenciés en France, 9 000 en Norvège” détaille le professionnel qui produit environ 250 pièces par an. La suite, c’est évidemment 2006 avec la médaille d’or de Vincent Defrasne aux J.O. de Turin, le premier à avoir testé une crosse nouvelle génération Made in Sanseigne. Plus légère, plus résistante, elle a permis au champion
der toute une vie car elles sont adap- tables. Le biathlète belge Florent Claude (sa meilleure place est 10 ème en Coupe du monde) court avec la même arme depuis ses 13 ans” argumente le com- merçant. En étroite relation avec Franck Badiou, entraîneur des équipes de France au tir, l’armurerie tente d’apporter des améliorations chaque année. Les équipes de handisport profitent éga- lement de ce savoir-faire. Le biathlète français Benjamin Daviet - trois médailles d’or aux J.O. paralympiques - court avec une crosse spécialement taillée pour lui. Le jour de notre visite dans le local commercial situé au 24, rue Jeanne d’Arc, c’est une famille de Chaux-Neuve qui a franchi les portes du magasin pour commander une carabine (à air comprimé) à leur enfant afin qu’il per- forme. Fanny,maman de Loane et Julie, deux jeunes biathlètes de bon niveau, est venue acheter des boîtes de balle avant leur départ pour quelques jours de vacances à Bessans (Savoie), un des spots d’entraînement du biathlon en France. L’armurier sait aussi bien choyer la star… que les anonymes. n E.Ch.
olympique de disposer d’une carabine évolu- tive. Réalisées grâce à des machines à com- mande numérique, les crosses font travailler de nombreux sous-trai- tants, tous situés en Franche-Comté, le montage est réalisé par Aurélien Sanseigne le neveu. La pièce coûte environ 800 euros. Il faut ajouter le prix du mécanisme, des bre- telles, des balles, de la mallette de transport pour un coût final d’en- viron 4 500 euros. “Nos crosses peuvent se gar-
Prix d’une arme “pro” : 4 500 euros.
Le Pontissalien Yves Blondeau ici en 1979 lors d’une manche de Coupe de France, le pre- mier à collaborer avec l’armurier.
La biathlète Lisa Vittozzi avec une arme conçue à Pontarlier.
l Chaux-Neuve 40 000 euros pour le biathlon Au Risoux-Club, le biathlon fait office de nouveau tremplin
Connu pour avoir formé des champions de combiné de nordique, le Risoux-Club a créé un pas de tir à 50 et 10 mètres et investi dans du matériel. Les jeunes sont entraînés par un certain… Arnaud Langel.
filles venus de Chaux-Neuve, Mouthe et environs. À raison de deux entraînements par semaine (le mercredi et le samedi après-midi), l’objectif est de faire découvrir ce sport à un large public “afin de pouvoir dire aux parents à la fin de l’an- née U 13 si cela est nécessaire d’acheter ou non une carabine” dit celui qui a côtoyé lors des compétitions internationales les plus grands champions. Idéalement situé et enneigé, le site de Chaux-Neuve n’est pas là pour concurrencer Arçon, la Seigne ou Prémanon, mais pour permettre à la relève de décou- vrir et exceller dans cette dis- cipline porteuse. Quelques jeunes pépites sont en passe de se façonner à la Côte Feuillée. Parole d’entraîneur. n E.Ch.
département (112 ans) est donc le plus jeune à se lancer dans ce sport en vogue : “C’est évi- demment une discipline qui est porteuse auprès des jeunes, relate Jimmy Mazier, président. Notre ambition est de la proposer à nos licenciés pour leur éviter des déplacements. Arnaud Langel, ex-champion du monde junior par équipes en 2006, fait partie de notre staff et entraîne les licen- ciés. Il contribue à l’essor. Évi- demment, on n’abandonne pas du tout le combiné !” Pour en arriver à ce résultat, les bénévoles ont réalisé des tra- vaux de terrassement, agrandi la piste de fond dédiée au com- biné nordique, acheté le pas de tir ainsi que des carabines à air comprimé.Arnaud Langel, dont deux de ses enfants pratiquent le biathlon, apporte son aide
technique et sportive : “C’est naturel de ren- dre ce que m’a apporté le Risoux-Club !, dit le retraité du biathlon. À mes débuts, le club m’avait acheté ma carabine que j’avais gar- dée. C’était un gros cadeau. Sans eux, jamais mes parents n’au- raient pu me
C haux-Neuve, la nou- velle “Mecque” du ski. Après ses tremplins dont le plus embléma- tique H.S. 117, sa remontée mécanique pour l’alpin, sa piste de ski de fond, le site de la Côte Feuillée s’est doté d’une nouvelle corde à son arc avec un pas de tir de cinq cibles, bientôt six, à 10 et 50 mètres. 40 000 euros ont été investis par l’association, aidée de mécènes locaux. La commune a mis à disposition un terrain pour poser cet empla- cement éclairé par des projec- teurs et doté d’un enneigement artificiel. Le plus vieux club de ski du
“Pouvoir dire aux parents : investissez ou pas.”
l’offrir” explique le responsable bénévole des catégories U 7, U 9, U 11. François Guy et Cyril Michaud gèrent les plus grands jusqu’à U 15. Au total, cela concerne environ 27 garçons et
Les biathlètes du Risoux-Club étrennent leur nouvelle tenue reçue juste après les fêtes de Noël.
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