La Presse Pontissalienne 252 - Décembre 2020

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n°252 - Décembre 2020

PONTARLIER

Association caritative

Ousmane Hane, discret mécène d’un collège au Sénégal Soucieux d’améliorer les conditions d’accueil scolaire au Sénégal, Ousmane Hane qui vit à Pontarlier depuis une dizaine d’années a créé une association qui récolte des fonds utilisés pour financer la construc- tion d’un collège dans son village natal de Mboulème au sud de Dakar.

Ousmane Hane s’investit depuis 2015 avec

C e n’est sans doute pas un hasard si en juin dernier le collège de Mboulème a obtenu avec 98,57 % le meil- leur taux de réussite de toute la communauté rurale de Malicounda à l’examen B.F.E.M., équivalent du brevet, qui permet aux jeunes col- légiens sénégalais de poursuivre leurs études dans le secondaire. Bravo aux élèves et aux enseignants. Bravo aussi à l’association Mbou- lème, un village de la Téranga qui s’investit depuis 2015 dans lamoder- nisation de ce collège qui n’existait pas à l’adolescence de Ousmane Hane. Né en 1978, ce fils d’agriculteur a connu l’expérience d’être placé dans une famille d’accueil pour poursuivre sa scolarité au collège de Mbour, trop éloigné de son village natal pour qu’il puisse rentrer chaque jour. Un internat chez l’habitant qui n’est pas toujours un gage de réussite scolaire. “Les jeunes sont obligés de participer à toutes les tâches de la famille d’accueil. C’est très pénalisant

autres mœurs. À l’heure de choisir un métier, le jeune collégien qui voulait toujours être en contact avec les gens a choisi de partir en for- mation hôtelière. Diplôme en poche, il décroche son premier emploi dans un restaurant situé dans la station balnéaire de Saly. C’est là qu’il ren- contre en 2006 Dorine, sa future épouse dont la famille établie à Saint-Hippolyte vient régulièrement séjourner au Sénégal. Mariage au Sénégal en 2008, suivi d’un premier voyage en France pour Ousmane et l’opportunité pour lui de découvrir la petite cité de Saint-Hippolyte. “À l’époque, il était prévu que nous retournions vivre au Sénégal.” Mais l’administration française en a décidé autrement. Contraint de séjourner plus long- temps que prévu en France pour disposer de sa carte de séjour, le jeune marié finit par trouver le temps long.Au point qu’il décide de trouver un job en attendant de régu- lariser sa situation. Un emploi de serveur l’attend à la brasserie de La Poste à Pontarlier où il officie toujours. “Au début, je passais la semaine à Pontarlier et je retournais à Saint-Hippolyte les jours de repos. Quand ma situation professionnelle s’est stabilisée, nous avons décidé de venir nous installer ici en 2009.” Serveur affable, discret et efficace, il trouve vite sa place dans la bras- serie pontissalienne, apprécié de ses collègues, de son patron comme des clients. La naissance de deux garçons participe au bonheur de cette nouvelle famille pontissalienne. Ousmane n’oublie pas ses racines et la pauvreté qui subsiste toujours dans son pays où l’on débute des chantiers souvent sans savoir quand ils seront terminés. Lui mieux que

Bio express l Né à Mboulème au Sénégal en 1978 l Marié avec Dorine et papa de deux garçons l Serveur à la brasserie de La Poste à Pontarlier l Président de l’association Mboulème, un village de la Téranga l Loisirs : sport, musique, bricolage

l’association pour apporter “sa modeste contribution” dans la modernisation du collège de

Mboulème, son village

natal au Sénégal.

marque de confiance dans la gestion de l’association et l’utilisation des fonds. Il reste encore beaucoup à faire au collège de Mboulème qui est encore loin d’avoir tous les équi- pements qu’on retrouve dans les écoles françaises. “On s’est rendu compte au fil du temps qu’on atten- dait beaucoup de nous, trop parfois. Cela finissait par nous mettre la pression avec le risque que tout cela déborde sur l’équilibre de la vie familiale. On a changé de fonction- nement. Plutôt que d’envoyer chaque année le bénéfice de nos actions pour poursuivre les chantiers, on préfère attendre d’avoir le budget nécessaire pour financer la construction com- plète d’un bâtiment. C’est beaucoup plus facile à gérer. On ne sait pas encore si on pourra renouveler l’opé- ration galette en janvier prochain. On pourrait décaler de quelques semaines.Tout va dépendre de l’évo- lution de la situation sanitaire” annonce Ousmane sans oublier de préciser qu’il n’est pas tout seul à œuvrer au sein de l’association. n F.C.

une autre dimension avec la tenue d’un stand restauration au festival Rencontres et Racines àAudincourt où Ousmane prépare des plats afri- cains. “C’est trois jours de travail non-stop mais ça vaut le coup finan- cièrement.” Après le bâtiment administratif terminé en 2018, l’argent récolté par l’association sert à construire des salles de classe. La première est inaugurée en 2019 et la seconde est en cours de chantier. “Ce bâti- ment est très attendu car l’effectif du collège est en pleine expansion.” L’association qui ne manque pas d’imagination se lance dans une nouvelle opération en début d’année 2020 en proposant des galettes des rois vendues sur réservation. “Elles sont fabriquées par Fred, un ami qui tient une boulangerie à Pont- de-Roide. Les gens viennent les récu- pérer à la brasserie de La Poste qui nous met gracieusement une pièce à disposition. On a aussi la chance d’avoir beaucoup de donateurs à Pontarlier” , apprécie Ousmane. Cette générosité est aussi une Tout change

quiconque sait la chance qu’il a eue d’avoir pu suivre une scolarité nor- male dans un pays où 54 % des hommes et 62 % des femmes ne savent ni lire ni écrire. À chaque voyage qu’il effectue au Sénégal avec son épouse et ses enfants pour rendre visite à sa famille, il constate les fragilités d’un système éducatif construit de bric et de broc. “En 2015, on a eu l’idée de monter une association pour récolter des fonds. L’argent ser- virait à financer la construction d’un bâtiment en dur au collège de Mboulème qui abrite aujourd’hui les locaux administratifs, la salle des professeurs, la bibliothèque…” Une nouvelle aventure commence pour la famille Hane. Les premières actions se déroulent du côté de Saint-Hippolyte : brocantes, récolte de pommes dans les vergers locaux pour les transformer en jus de pomme vendu au marché artisanal de Montécheroux… L’activité de l’association se diversifie avec la vente de produits artisanaux en provenance du Sénégal. Elle prend

notamment pour les filles qui sont très sollicitées et ne peu- vent s’investir com- plètement dans leurs études” , explique Ousmane qui tenait d’autant plus à apporter sa contri- bution au collège de Mboulème. L’établissement accueille près de 400 élèves répartis huit classes. Soit un effec- tif qui varie entre 50 et 60 élèves par classe. Autre pays,

Serveur affable,

e

discret et efficace à

la brasserie de La Poste.

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