La Presse Pontissalienne 252 - Décembre 2020

12 DOSSIER PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n°252 - Décembre 2020

Si l’épidémie tend à décroître, Marie Grangeon, médecin responsable de la coordination à la cellule de crise Covid de l’hôpital rappelle que le taux de positivité aux tests dans le Haut-Doubs reste

HÔPITAL Adaptabilité des services “L’hôpital était mieux préparé pour gérer cette reprise d’épidémie” Si le volume global d’hospitalisations est similaire à l’épidémie du printemps, l’établissement était mieux “armé” pour gérer cette seconde vague. Explications avec Marie Grangeon, l’un des deux médecins responsables de la coordination au niveau de la cellule de crise Covid du C.H.I.H.C.

supérieur à la moyenne nationale.

L a Presse Pontissalienne : Cette cellule de crise est-elle toujours en alerte ? Marie Grangeon : Oui, mais la fré- quence des réunions varie selon l’intensité de la crise.Au premier confinement, on en faisait jusqu’à trois par semaine puis elles se sont espacées. Lors de la pre- mière vague, le dernier patient Covid a été hospitalisé en mai. On a eu quelques cas sporadiques en juillet-août avant d’enregistrer une reprise des hospitalisations début septembre. On est alors repassé à une réunion de crise par semaine puis deux à partir du 2 octobre. L.P.P. : Avec une progression rapide ? M.G. : Oui, tout s’est accéléré notamment après le confinement. À l’hôpital, on a d’abord isolé la moitié d’un service de médecine pour les patients Covid. Le mou- vement s’est amplifié pour s’éten- dre sur deux services complets permettant d’accueillir entre 58 et 60 personnes enmême temps. L.P.P. : L’unité de soins continus a-t- elle été réactivée ?

a pu maintenir une continuité de soins plus importante que lors de la première vague, en particulier les consultations pour les patients qui souffrent de pathologies chroniques. Cela générait aussi plus de pression sur les patients non Covid. L.P.P. : L’hôpital a-t-il eu recours à des renforts extérieurs ? M.G. : Très peu. Un médecin et quelques retraités sont venus nous aider. Il y avait aussi des élèves infirmières qui étaient en stage. Le surcroît d’activité lié au Covid s’applique aussi à des services cachés comme le labo- ratoire, la logistique, la pharma- cie et le service biomédical. L.P.P. : Le pic épidémique est passé ? M.G. : Oui.On est dans une phase descente. Jeudi 26 novembre, on dénombrait 27 patients hospi- talisés dont 6 dans l’unité de soins continus. L.P.P. : C’est plutôt rassurant ? M.G. : Oui, mais n’oublions pas que le taux de positivité des tests dans le Haut-Doubs, de l'ordre santé Simone-Veil. Si trois symp- tômes Covid sont identifiés lors de cet échange à distance, le patient est invité à venir consul- ter son médecin traitant en fin de journée.” Les rendez-vous sont décalés dans la mesure du possible hors des heures de pointe pour favoriser et sécuriser la continuité de soins notam- ment pour les personnes atteintes de maladies chro- niques. Le suivi des patients Covid est déterminé par le médecin trai- tant qui peut s’en charger lui- même ou confier ce travail aux infirmiers Azalée. “Ce suivi peut aussi prendre la forme d’une “tournée Covid” avec la visite à domicile d’un infirmier qui se consacre uniquement à ce type d’intervention. Il a tout le maté- riel nécessaire pour évaluer l’état du patient, effectuer un dépistage à domicile” , poursuit Jean-Fran- çois Gay-Laget. Le second confinement est aussi

de 19 %, reste encore supérieur à la moyenne nationale qui se situe aux alentours de 14 %. Espérons aussi qu’il n’y ait pas de 3 ème vague. L.P.P. : Qu’en est-il de la grippe ? M.G. : Il n’y a pas, pour l’instant, de circulation de grippe comme de toute autre pathologie virale en France. C’est aussi une consé- quence des mesures barrières, du port du masque. L.P.P. : Certains estiment que l’État n’a pas suffisamment investi entre les deux vagues pour doter les établissements de nouveaux lits de réanimation. C’est aussi votre sentiment ? M.G. : Trois mois, c’est très court pour former du personnel ou pour monter une unité de réa- nimation. On a quand même reçu du matériel et des équipe- ments pour faire face à la situa- tion. L.P.P. : Comment s’organise le dépistage du personnel ? M.G. : Dans les E.H.P.A.D., le per- sonnel se voit proposer un test P.C.R. par mois. Si des cas sont

identifiés, on élargit le dépistage avec des tests antigéniques. L.P.P. : Et à l’hôpital ? M.G. : Les tests ne sont pas sys- tématiques. Ils s’appliquent aux agents symptomatiques et aux cas contacts avec arrêt d’activité jusqu’au résultat. Un test positif déclenche une enquête de contact tracing au sein de l’établisse- ment. Les personnes touchées ne travaillent pas pendant 7 jours. Le système de dépistage tourne bien. n Propos recueillis par F.C. plus tardivement Alors que les premiers cas de résidents positifs ont été observés mi-octobre à Mouthe, l’E.H.P.A.D. de Doubs semblait plutôt épar- gné. Mi-novembre, 19 résidents étaient déclarés positifs. 2 décès ont été enregistrés (chiffre du 24 novembre). n disponible 15 minutes plus tard. On ne peut que regretter que ces tests arrivent si tardivement” , déplore JulienGrenot, l’infirmier qui s’était chargé de former les médecins, infirmiers et sages- femmes exerçant à la maison de santé Simone-Veil. Utile de préciser que le test antigénique s’adresse uniquement aux per- sonnes de moins de 65 ans pré- sentant des symptômes depuis moins de 4 jours. Certaines mai- sons de santé ont mis en place des permanences de dépistage à destination de leur patientèle. “On réalise ces tests chaque jour de 11 heures à 12 h 30. Le méde- cin traitant est immédiatement informé si le test est positif. Ce qui optimise la prise en charge du patient. Chaque test fait aussi l’objet d’une fiche navette qui permet de renseigner dans les meilleurs délais tous les profes- sionnels de santé rattachés au patient.” n F.C. L’E.H.P.A.D. de Doubs touché

tion est similairemais la gestion était moins stressante car on a été doté d’équipementsmatériels, de masques pour mieux gérer la situation. L.P.P. : Les patients Covid dans les E.H.P.A.D. étaient aussi hospitalisés ? M.G. : Pas forcément. La plupart des cas Covid restaient sur place. Une unité Covid a été ouverte à l’E.H.P.A.D. du Larmont. Au total, il y a eu très peu de trans- ferts de résidents à l’hôpital. L.P.P. : Beaucoup de soignants ont été touchés à l’échelle du C.H.I.H.C. ? M.G. : Il y a eu plus d’absentéisme qu’à la première vague, lié aux arrêts maladie pour Covid. L.P.P. : La gestion du Covid a-t-elle bloqué d'autres services ? M.G. : Oui, avec l’arrêt de l’activité chirurgicale pendant deux semaines. Cela a aussi permis de récupérer 10 lits localisés en chirurgie pour des patients non Covid. On a repris progressive- ment à partir du 23 novembre avec l’objectif de revenir à la nor- male sur quatre semaines. On

M.G. : Oui,mais pas dans lamême configuration.Au printemps elle contenait cinq lits de transition avant transfert à Besançon. Entre les deux vagues, les recom- mandations de traitement ont changé en privilégiant la venti- lation non invasive aux dépens des intubations. Cette méthode limite les complications. Du fait de ce changement de recomman- dations, on a pumonter une unité de soins continus avec 12 lits possibles. Elle était complète durant tout le pic de l’épidémie. L.P.P. : Y a-t-il eu autant de transferts au C.H.U. Minjoz à Besançon ? M.G. : On est passé de 35 à 10 transferts pour la seconde vague. De septembre à fin novembre, on a enregistré 472 passages aux urgences. On ne peut pas com- parer ce chiffre avec ce qui s’est passé au printemps car le par- cours de prise en charge a gagné en efficacité. Les gens consul- taient plus les médecins géné- ralistes, si bien qu’on accueillait aux urgences des personnes déjà testées avec des aggravations. Le volume global d’hospitalisa-

SANTÉ Adaptation à la pandémie Le dépistage par test antigénique en plein développement Comment le reconfinement a affecté le fonctionnement de la médecine générale ? Éléments de réponse à la maison de santé Simone-Veil à Pontarlier.

marqué par la généralisation des dépistages avec l’ouverture de cen- tres spécifiques gérés par les labo- ratoires d’analyses comme c’est le cas sous le théâtre Bernard-Blier à Pontarlier. L’arri- vée des tests anti- géniques offre une alternative aux

L e climat anxiogène res- senti lors du premier confinement s’est dissipé à la seconde vague tout

comme la crainte d’aller consul- ter sonmédecin pour autre chose que la Covid-19. “On a enregistré 20 à 30 % d’activité supplémen-

taire en novembre. Cette recru- descence est liée bien sûr à la reprise de l’épidémie et à la prise en charge des patients Covid- 19” , indique Jean-François Gay- Laget, infirmier Azalée à la mai- son de santé Simone-Veil. À la différence du premier confi- nement, les paramédicaux pou- vaient exercer leurs professions, recevoir du public en respectant les gestes barrières, les dis- tances, les mesures de désinfec- tion… Un maintien d’activité bienvenu mais qui impose aussi de trouver des solutions pour limiter, autant que faire se peut, les brassages entre les patients Covid et les autres “usagers” de la maison de santé. “Les consul- tations sont privilégiées depuis le premier confinement, note Méline Panier, également infir- mière Azalée à la maison de

20 à 30 % d’activité en plus.

tests P.C.R. en déchargeant les laboratoires de certaines patien- tèles, ce qui permet d’améliorer les délais de transmission des résultats. Les tests antigéniques peuvent être réalisés par les infirmiers, médecins, sages-femmes, phar- maciens, secouristes, secouristes, aides-soignants. “La méthode de prélèvement est identique à celle du test P.C.R. avec prélève- ment nasopharyngé. Le gros avantage réside dans le résultat

Les tests antigéniques s’adressent uniquement aux personnes de moins de 65 ans présentant des symptômes depuis moins de quatre jours.

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