La Presse Pontissalienne 247 - Juillet 2020
Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs
Depuis 1890
5 Générations Armand,Georges, Pierre,Francois,Pierre GUY L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
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JUILLET 2020
Mensuel d’information du Haut-Doubs
www.presse-pontissalienne.fr
HÔTELS, RESTAURANTS, BARS, CAMPINGS… ILS N’ATTENDENT QUE VOUS !
Quatre femmes, quatre parcours Elles ont créé leur entreprise pendant le Covid p. 12
Une vie à la montagne Là-haut, dans les alpages jurassiens… p. 6 à 8
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La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020
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Un déficit de 2,5 millions d’euros pour Métabief
Confiance L’arrêt brutal du pays pendant deux mois et demi amis un genou à terre à l’économie française. Après la stupéfaction est venu le temps des craintes, puis de l’angoisse que la machine économique française se soit à un tel point grippée qu’il sera très long à la faire redémarrer. Mars et avril furent morts, mai calme, et il semblerait que le printemps de l’économie ait timide- ment sonné en ce mois de juin, avec quelques mois de retard sur le calendrier, certes, mais accompagné de nombreux signes encourageants. Bien sûr cette pause forcée laissera des acteurs de l’économie sur le carreau. Et ce rebond plus rapide qu’attendu n’est peut-être qu’un leurre avant un essoufflement à la rentrée de septembre dû aux dégâts plus profonds causés par ces deuxmois et demi d’inactivité. Pourtant, l’ingrédient principal semble bien là à enten- dre les acteurs locaux de l’économie, et cet ingrédient indispensable sans lequel le rebond ne pourra pas se produire, c’est la confiance. Touchés de plein fouet, les pro- fessionnels du tourisme, de la restauration, de l’hébergement dans le Haut-Doubs retrouvent le sourire que le découragement des premières semaines de crise sanitaire n’avait même pas réussi à effacer. Ils savent que les gens ont à nouveau envie de s’amu- ser, de profiter, de dépenser les sous qu’ils ont pu mettre de côté au printemps, bref, de vivre. Si bien que comme le soulignent les économistes en ce début juillet, contrai- rement aux prévisions les plus sombres échafaudées pendant le confinement, aujourd’hui, “le pire n’est plus certain.” Sou- haitons que ce moral retrouvé bénéficie dès cet été à ceux qui ont le plus souffert de cet arrêt forcé, que les touristes et les visiteurs locaux sauront jouer le jeu de la solidarité en venant consommer local et que chacun contribuera à sa manière au redémarrage de la France. Ne nous berçons pas pour autant d’illusions. De nouveau monde il n’y aura sans doute point, sauf à appeler de ses vœux une sévère décrois- sance qui sans doute ne ferait que des per- dants… Il y a peut-être un juste milieu à trouver, à commencer par mettre en appli- cation ces gestes solidaires en cours pen- dant le confinement de consommer local avant de voir si l’herbe est plus verte ailleurs. En attendant que se confirme cette reprise espérée, excellent été, peut-être plus éthique et plus responsable ! n Jean-François Hauser Éditorial
L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Pontissalienne revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Robert Bouroult, sa vie, son œuvre… en souscription
A près deux ans de labeur, le groupe d’auteurs composé de Joël Guiraud, François Nicod, Éric Delacroix et Jean-Claude Uzzeni pour sa contribution photogra- phique parvient à ses fins. Leur envie de réhabiliter la mémoire et le talent de Robert Bouroult (1894-1975), l’un des pionniers du salon des Annonciades, aboutit à la rédaction d’un volumineux ouvrage de 330 pages. “On est parti sans aucun repère. On a retrouvé sa famille, effectuer des fouilles aux archives, recueilli des témoignages de ceux qui l’ont côtoyé, recherché ses œuvres et trouvé des spécialistes de l’art pour analyser son travail” ,
mis de finaliser ce livre plus vite que prévu. Sa sortie (aux éditions Aréopage) est prévue en fin d’année en même que le salon des Amis des Arts. On s’est engagé dans ce travail sans aucune velléité finan- cière” , souligne Joël Guiraud. Un autre projet de livre sur le même peintre est en cours actuellement. Il est porté par le peintre Denis Bauquier. De quoi semer parfois la confusion dans l’esprit de ceux qui se voient doublement sollicités mais pas forcément dans la même démarche. Édité à 700 exemplaires au prix de 49 euros, l’ouvrage collectif est proposé en souscription au prix de 39 euros. n
résume François Nicod, l’un des auteurs. Le résultat vaut par son exhaustivité sur l’itinéraire d’un peintre aux talents multiples. Bouroult n’était pas seulement un paysagiste mais excellait aussi dans le portrait, l’aqua- relle, la gravure sur bois. Celui qui a traversé deux guerres s’était forgé un caractère bien trempé. Un artiste sans concession qui ne plaisait pas à tout le monde mais qui savait aussi semontrer aimant auprès de ses proches comme en témoignent sa fille et ses petits- enfants. Celui qui partageait sa vie entre Nancy et Pontarlier avait lui aussi succombé aux charmes paysagers du Haut- Doubs. “Le confinement a per-
Une saison de ski 2019-2020 peu enneigée à Métabief rime avec déficit, comblé par le Département.
L’
hiver 2019-2020 n’a pas été mirobolant en termes d’enneigement. Consé-
d’euros. Le vice-président du Département aux finances Phi- lippe Gonon annonce qu’il est nécessaire “d’inscrire un mon- tant d’1,75 million en crédits de fonctionnement. ” Ce constat comptable tombe après l’étude commandée par le syndicat mixte du Mont d’Or visant à donner de nouvelles orientations à la station (La Presse Pontis- salienne de mars 2020). Le tout- neige est terminé. On se sou- vient que le projet d’investissement de 24 millions d’euros pour le ski avait été ramené à 7 millions d’euros. Métabief va proposer dans les mois à venir un plan à 10 ans pour accélérer le développement 4 saisons. n
quence directe de ces condi- tions météorologiques défavo- rables, le chiffre d’affaires 2019 du Syndicat mixte du Mont d’Or (S.M.M.O.) qui gère la station de Métabief a généré un déficit de 2,562 millions d’euros à cou- vrir dans le budget 2020. C’est le Département du Doubs qui le comble… comme il a présenté dans sa décision modificative le 22 juin dernier. La contribution de la commu- nauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs étant plafonnée à 500 000 euros, le Département couvre donc ce déficit à hauteur de 2,05 millions
Le bulletin de souscription est disponible en contactant Éric Delacroix au 06 72 31 70 36 ou par mail :
erdelacroix @laposte.fr
Tous coupables… de quoi ?
L a fresque du graffeur Benjamin Locatelli a de nouveau été dégradée en juin. Sans qu’il soit forcément com- préhensible, le message vise cette fois le président suisse de l’association Bourbakis-Les Verrières qui avait participé au finan- cement de cette fresque historique réalisée au cours de l’été 2015. Le maire de La Cluse-et- Mijoux est également mentionné, la commune assurant l’entretien de l’œuvre. Le duo s’était
mobilisé pour que cette fresque historique voie le jour à cet endroit. Sauf que le résultat ne semble pas plaire à tous, en tout cas à l’auteur de ce mes- sage qui n’oublie pas d’y ajouter “avec le concours” des médias locaux. Cette fresque avait déjà fait l’ob- jet d’une précédente dégradation en septem- bre 2017 et l’auteur, un taggeur qui n’acceptait pas qu’un autre taggeur puisse répondre à une commande publique, avait été interpellé. Pas sûr ici
qu’il s’agisse d’un nou- veau règlement de comptes. Si le résultat attendu était de faire parler, c’est gagné. Pour autant, ce coup de pub est sans doute plus profitable aux soi-disant coupables qu’à celui qui voulait les dénon- cer et qui devra encore s’améliorer dans la clarté de ses écrits. n La fresque Bourbaki a subi sa seconde dégradation en l’espace de trois ans.
est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Acollaboréàcenuméro :MagalieTroutet. Régie publicitaire : Anthony Gloriod au 03 81 67 90 80
Imprimé à Nancy-Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Juillet 2020 Commission paritaire : 0222 D 79291 Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Agence Séquane, Azuréva, Musée de la Résitance.
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L’INTERVIEW DU MOIS
La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020
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POLITIQUE
La présidente du Département du Doubs
“Le Département ne peut pas guérir toutes les blessures, mais il prend ses responsabilités” S’il a tardé à présenter un plan de relance
post-Covid, le Doubs l’a bien préparé, donnant à Christine Bouquin, la présidente, une forme de légitimité. Voté à l’unanimité, il touche le social, la jeunesse, la dépendance, le tourisme, les entreprises, l’associatif… De quoi inciter la présidente à rempiler en 2021 ? Elle répond.
L a Presse Pontissalienne : Le 22 juin dernier, vous avez présenté le “plan départe- mental d’urgence face à la crise économique et sociale”, bien après celui de la Région. Ce sont 20 millions d’euros pour le territoire. Pourquoi avoir tardé ? Christine Bouquin : Avec l’équipe, nous pensions le faire plus tôt mais sachant que ce plan d’ur- gence est basé sur l’économie et l’humain, nous avons voulu le travailler afin qu’il ne soit pas refusé par l’État qui nous a rap- pelé avec fermeté que nous n’avions pas possibilité de déro- ger à la loi N.O.T.R.E. (N.D.L.R. : les Départements de l’Orne et de la Manche ont voté un dis- positif d’aide supplémentaire aux petites entreprises de 500 euros, en plus des 1 500 euros versés par l’État. Ce dernier via les préfets leur a interdit le droit de verser une aide directe). Nous avons beau- coup travaillé pour présenter ce plan d’urgence inédit et d’en- vergure. Le Département ne
car il va aider l’ensemble du ter- ritoire et des habitants. Mobi- liser ces marges, c’est mettre du vent dans les voiles du bateau doubien. C’est le bon moment. L.P.P. :Pourquoi n’avoir pas saisi l’appel de la Région Bourgogne-Franche- Comté quand d’autres Départements l’ont fait ? C.B. : Je n’ai aucune ambiguïté avec la Région et sa présidente, que j’ai eue en ligne. Ce qui était proposé était flou. On a voulu un plan lisible. L.P.P. : Comment s’articule-t-il ? C.B. : Il est axé sur les domaines connaissant les plus grands besoins, c’est un instrument de relance à court terme. Il offre la possibilité d’avancer. Le pre- mier pilier repose sur le soutien à nos publics prioritaires. L’es- sentiel des fonds leur sera consa- cré, soit 14 millions d’euros avec un volet important pour l’en- fance, les jeunes et étudiants en difficulté. Je suis inquiète pour notre jeunesse car certains ont souffert d’isolement, de vio- lence intrafamiliales. C’est la mère et grand-mère qui parle. Nous allons par exemple confor- ter les services de l’aide sociale à l’enfance et de l’accompagne- ment des assistants familiaux en créant 6 postes, soit 220 000 euros par an. Il y aura des aides pour la pratique spor- tive et artistique des jeunes (375 000 euros) et un accompa- gnement à hauteur de 200 000 euros des jeunes de moins de 25 ans en difficulté financière quelle que soit leur situation (étudiant, apprenti, salarié, en recherche d’emploi)… L.P.P. : Vous avez salué le travail des agents du Département, celui des per- sonnes travaillant dans les E.H.P.A.D., les aides à domicile. Que leur propo- sez-vous alors que la minorité vous demande de remonter le salaire horaire des aides à domicile ? C.B. : Je n’aime pas me comparer avec d’autres départements mais nous pratiquons l’un des plus hauts taux en France. Le Dépar- tement provisionne une prime exceptionnelle de 1 000 euros par équivalent temps plein pour être aux côtés des services d’aide et d’accompagnement à domicile (S.A.A.D.), soit 1,8 million d’eu- ros. Pour les professionnels des autres établissements écartés
peut pas à lui seul guérir toutes les blessures causées par la crise. Cependant, nous assumons notre part de responsa- bilité. L.P.P. : Le Doubs gère ses finances “en bon père de famille” depuis votre mandat. Pourquoi lâcher les cordons de la bourse maintenant ? C.B. : Je ne suis pas dans la frilosité, je suis dans l’in- vestissement au bon moment car nous avons consti- tué des marges de manœuvre finan- cières pour faire face à ces enjeux. Il fallait une ges- tion, c’est ce que nous avons fait avec C@p 25. Grâce à notre bonne stabilité financière, nous pouvons investir sur de grands dos- siers. Je suis fière de ce plan que nous présentons
“Mettre du vent dans les voiles du bateau doubien.”
Christine Bouquin, ici le 22 juin dernier salle Joubert au siège du Département, présente le plan d’urgence post-Covid.
maires pour le leur rappeler.
ment entre le C.H.U. de Besan- çon et la zone Châteaufarine, on investit encore plus dans le déploiement de la fibre optique. Pour les associations qui assu- rent le lien social, nous leur apporterons 2,6 millions d’euros d’aides. L.P.P. : L’autre levier, c’est le tourisme ? C.B. : Effectivement. On aide à hauteur d’1,75 million d’euros ce secteur grâce à notre bras armé : le Comité départemental du tourisme. Aider le tourisme, c’est aider l’économie. L.P.P. : Le Haut-Doubs est-il l’oublié de votre plan ? C.B. : Non ! Nous soutiendrons la production de logements com- munaux sociaux car nombreux sont les ménages empêchés de se loger en zone frontalière en raison du prix ! Nous incitons les communes à produire ce type de logements grâce à une aide d’1,5 million d’euros. J’ai des propositions, j’en donne les moyens. J’irai à la rencontre des
du national (M.A.R.P.A., résidences autono- mie…), nous étudierons chaque situation. Cela me semble juste de venir en soutien de ces acteurs de l’aide à domicile qui sont exclus des aides gouverne- mentales. Je ne peux pas oublier les agents du Département qui étaient au front et qui auront une prime de 1 000 euros, soit 800 000 euros au total. L.P.P. : Les demandeurs du R.S.A. ris- quent d’exploser avec la crise écono- mique qui se profile. Que proposez- vous ? C.B. : On anticipe une hausse de 20 % des bénéficiaires (soit un coût d’environ 2 millions d’eu- ros). Nous renforçons les actions pour l’insertion et l’emploi, nous mettons en place une prime exceptionnelle de retour à l’em- ploi (500 euros pour ceux qui retrouvent un travail de plus de 3 mois), nous renforçons les parcours d’insertion formation. Cela représente une aide de 4 millions d’euros. dispositif
L.P.P. : Le Départe- ment souhaite “donner une bouf- fée d’oxygène aux entreprises et aux associations”. Ce n’est pourtant pas une compétence départementale ? C.B. : C’est du cousu main. Nous avons augmenté nos avances sur les marchés à 50 % contre 10 %. Nous mainte- nons au plus haut niveau l’in- vestissement et incitons les col-
L.P.P. : L’opposition vous demande (déjà) d’évaluer les bienfaits ou non de ce plan d’urgence. Le ferez-vous ? C.B. : Je n’ai pas besoin que la minorité me le rappelle ! Je pro- pose, j’agis, j’évalue. S’il faut revoir certaines choses, je le ferai. L.P.P. : Politiquement, on vous sent ragaillardie ! C.B. : J’en ai encore beaucoup sous la semelle (rires). L.P.P. : Serez-vous candidate en 2021 à votre succession ? C.B. : Oui, je serai candidate à ma succession. J’ai une belle équipe, c’est dans mon A.D.N. de travailler avec tous. L.P.P. : L’avez-vous signifié avec votre groupe majoritaire ? Qu’en disent vos collègues ? C.B. : Oui, ils sont au courant. Certains repartiront, d’autres arriveront. n Propos recueillis par E.Ch.
“Oui, je serai candidate à ma succession.”
lèges à utiliser les circuits courts dans les cantines avec la plate- forme Agrilocal (1 million d’eu- ros). On reporte à 2021 des chan- tiers qui pourraient fortement impacter l’activité économique pour ne pas perturber la sortie de crise, comme l’entrecroise-
PONTARLIER
La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020
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COMMERCE Au-delà des espérances Retour des Suisses : la cerise sur le gâteau
Alors que la reprise commerciale s’avère encourageante nonobstant quelques secteurs toujours fragiles, le retour des Suisses était très attendu. Ils sont venus encore plus nombreux qu’à l’accoutumée.
tion. Et ce ne sont pas les commerçants qui vont s’en plaindre. On sait le coût de la vie en Suisse et les différences de prix assez importantes dans l’ali- mentaire, la cosmétique, avec la France. D’autant plus que certains commerces suisses avaient joué la carte du ren- chérissement pendant le confinement profitant de la fermeture des fron- tières. Opportunisme de courte durée sem- ble-t-il. “Il y avait beaucoup de monde dans les magasins en ville et en zone et quel que soit le type de commerce. C’est au-delà des espérances” , observe Denis Gérôme, le président de la Fédé- ration Commerce et Artisanat Grand Pontarlier. Il tempère son constat en soulignant la situation toujours com- pliquée dans les bars, restaurants, hôtels, agences de voyages, sociétés événementielles. Sur le secteur de Pon- tarlier, ce sont près de 80 commerces dans ce secteur d’activité qui peinent à retrouver de l’activité. Deux ont même mis la clef sous la porte même si le Covid-19 n’est pas l’unique res- ponsable de ces défaillances. “Les struc- tures déjà fragilisées auront toujours du mal à s’en sortir.” Les menaces qui pèsent sur nombre
L e samedi 20 juin avait presque l’allure d’un lundi de Jeûne fédéral avec cette “invasion” pacifique et massive de consom-
mateurs suisses dans les commerces locaux. Comme quoi ceux qui venaient déjà avant le confinement n’ont pas changé leurs habitudes de consomma-
Les clients suisses ont repris très vite leurs (bonnes) habitudes de consommation.
espérant que les scénarios de licen- ciements massifs dans l’horlogerie notamment, on parle de 5 000 emplois, ne se réalisent. Fidèle à lui-même, Denis Gérôme savoure cette reprise. “Globalement, je suis plutôt optimiste. Ce point de vue repose sur des échanges et discussions avec des centaines de commerçants locaux.” Le paysage com- mercial pontissalien retrouve même des couleurs avec les reprises d’un bar- brasserie duVandel, ou du restaurant l’Authentic. L’avenir de l’ancienne librairie L’Intranquille semble s’éclair- cir comme celui des locaux de l’ancienne boutique Orange et de l’agence du Cré- dit Mutuel place Saint-Bénigne. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts… n F.C.
d’entreprises suisses et françaises avec les risques de licenciement à la clef ne se répercutent pas encore sur la consommation. Cette reprise soutenue ne signifie pas pour autant qu’elle va se prolonger. “Les commerces font du chiffre mais pas forcément beaucoup
de marges. Cette dyna- mique permet quand même de liquider les stocks.” S’ajoutent à cela des reports de charge, des avances de trésorerie qu’il faut rembourser tôt ou tard. La situation sera plus proche de la réalité à partir de l’automne en
Plus proche de la réalité à partir de l’automne.
Les zones commerciales pontissaliennes ont retrouvé la clientèle suisse dès le 20 juin.
La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020 L’ÉVÉNEMENT
L’ALPAGE, L’AUTRE TRÉSOR DU HAUT-DOUBS
Terroir du berger, de la grande gentiane, des troupeaux de génisses, du pré-bois, des chalets séculaires : les alpages représentent encore et toujours les paysages les plus emblématiques du massif du Jura. Jusqu’à quand ? Éléments de réponse.
Les Longevilles-Mont d’Or
Un appauvrissement floristique
Alpage de La Grangette
Les pelouses sèches et les pré-bois résistent mieux au changement climatique L’alpage de la Grangette fait partie du programme
le Conservatoire botanique, le Parc travaille avec les chambres d’agricultures concernées : Ain, Doubs-Territoire de Belfort, Jura, la réserve naturelle de la Haute Chaîne du Jura. L’alpage de la Grangette s’étend sur une centaine d’hectares. Il est géré par le syndicat pastoral des Longevilles-Mont d’Or. “Trois exploitations du village montent des génisses à la Grangette. En quelques années, on est passé de 80 à 130 bêtes. On se retrouve en situation de surpâturage” , recon- naît Michel Raguin, l’agriculteur Botaniste au Conservatoire bota- nique de Franche-Comté, Bredan Greffier intervient régulièrement sur les alpages et communaux pour réaliser des inventaires flo- ristiques. Lui aussi constate plu- sieurs phénomènes. “En travail- lant sur la recherche d’espèces patrimoniales, on observe la migration en altitude de certaines espèces comme la gentiane
fonction du nombre de bêtes. Conséquences : on assiste à un retour du cheptel bovin français au détriment des vaches suisses. La pression de pâturage aug- mente sur l’ensemble des espaces pastoraux franco-suisses. “On sait que l’adaptation floristique au réchauffement climatique est beaucoup plus lente que l’adap- tation du monde agricole. C’est la conjonction des deux qu’il fau- dra combiner. Les alpages qui s’en sortent le mieux sur la ques- tion de la diversité floristique sont ceux où il y a une grande flexibilité dans les pratiques” , poursuit le technicien du Parc du Haut-Jura. Dernier constat et non des moin- dres : le pré-bois si spécifique et riche de biodiversité tend à dis- paraître sur l’ensemble des alpages jurassiens. Dommage, car ce milieu est le vivant sym- bole d’une agroforesterie ances- trale qui constitue aujourd’hui une réponse au changement cli- matique. n F.C. acaule qu’on ne retrouve plus en dessous de 1 000md’altitude. C’est typiquement l’effet du réchauffement.” Sur les alpages proprement dits, il note lui aussi une tendance à l'appauvrisse- ment floristique sans doute accentuée par des pratiques agro-pastorales néfastes comme le surpâturage ou le casse- cailloux. n
M ême s’il est encore prématuré de tirer un bilan sur l’al- page de la Gran- gette, quelques tendances se dégagent. “Dans les années sèches comme ce fut le cas en 2018 et 2019, on note de grosses dif- férences sur le plan de la pro- duction d’herbe en début de sai- son. Les pelouses et les pré-bois résistent mieux à la sécheresse contrairement aux prairies grasses qui ont plus de mal à retrouver leurs niveaux de pro- duction” , observe Jean-Yves Vansteelant, chargé de mission agriculture auParc naturel régio- nal du Haut-Jura. Le programme “Alpages Senti- nelles” est né dans le massif des Écrins suite aux épisodes de sécheresse des années 2000. Le Parc du Haut-Jura a décidé de le mettre en place sur son ter- ritoire en 2017. Il concerne aujourd’hui quatre alpages répar- tis sur toute la haute chaîne : alpages du Sorgia et de la Pil-
larde dans l’Ain, alpage de la Dollarde sur la commune de Pré- manon dans le Jura et l’alpage de la Grangette aux Longevilles- Mont-d’Or. Il y en aura bientôt un cinquième, celui de la Che- naillotte dans L’Ain. L’objectif est de qualifier l’évo- lution des pratiques des alpa- gistes et des végétations en lien avec l’évolution climatique. Ce dispositif est financé dans le cadre du programme Leader du Parc naturel avec le soutien du Commissariat de Massif et du Département duDoubs qui com- pense la participation de l’Europe sur l’alpage de la Grangette qui n’est pas sur le territoire couvert par le Leader. “Sur chaque alpage, on a mis en place quatre placettes où le Conservatoire bota- nique effectue des relevés tous les cinq ans. On mesure la hau- teur d’herbe chaque année. On effectue également une tournée en fin de saison pour évaluer la qualité de pâturage en concerta- tion avec les agriculteurs.” Outre
“Alpages sentinelles”, un dispositif national qui vise à comprendre et anticiper les effets u changement climatique.
président du syn- dicat pastoral. Plusieurs raisons à cela : le cheptel de lait à comté qui n’en finit pas de grossir, le mode d’attribution des Mesures Agro- environnemen- tales et clima- tiques dont le montant varie en
La pression de pâturage augmente sur l’ensemble des espaces.
“On mesure la hauteur d’herbe chaque année”, explique Jean-Yves Vansteelant, à gauche, le technicien agricole du Parc du Haut-Jura ici en com- pagnie de Michel Raguin qui préside le groupement pastoral des Longevilles-Mont d’Or.
La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020
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l Avenir Association “L’arrivée du loup peut favoriser le recrutement d’un berger” Quentin Putelat préside depuis 2014 l’association des bergers du Jura franco-suisse et amis. Tour d’horizon des projets et de l’actualité des bergers jurassiens.
Berger depuis huit ans au Grand Son- nailley, Quen- tin Putelat passe tout l’été en alpage
L a Presse Pontissalienne :Vous êtes berger à quel endroit ? Quentin Putelat : Je suis berger depuis huit ans et j’ai toujours exercé au Grand Sonnailley situé à 1 330 m d’altitude près de la Dôle. Ce petit alpage suisse de 50 hectares présente la particularité d’avoir un quart de sa surface en France. L.P.P. : Vous adhérez à l’association depuis le début ? Q.P. : J’ai adhéré en 2011, deux ans avant de trouver ma place de berger. On a longtemps porté une étiquette “écolo”. Le contexte est aujourd’hui moins tendu, plus porté sur le dialogue. On fonctionne toujours en effectif fluc- tuant qui varie de 40 à 100 membres selon les enjeux à défendre. On s’oriente vers une présidence collégiale. L.P.P. : Cette association existe pour défendre les intérêts des bergers jurassiens ? Q.P. : Oui, mais pas que.Au fil du temps, on a développé une activité basée sur
avec sa famille.
la formation continue. Les sujets sont variés et portent sur la gestion des bêtes, bovins ou ovins, les produits qui en découlent comme la laine, la réno- vation des murgers, la faune, la flore… On essaie de proposer quatre séances de formation chaque été. L.P.P. : D’autres actions ? Q.P. : Tous les deux ans, on organise le
bergers et bergères de France. Cette structure s’investit notamment pour l’inscription du pastoralisme et de la transhumance au patrimoine imma- tériel de l’Unesco. C’est un gros travail. Cette reconnaissance a déjà été validée par le ministère de l’Agriculture. Il reste encore à franchir l’étape euro- péenne et mondiale. L.P.P. : Êtes-vous confiant dans l’avenir des bergers jurassiens ? Q.P. : Lemonde change et le pastoralisme s’adapte. C’est important de distinguer les deux versants du massif jurassien. Les bergers suisses sont plutôt bien lotis. Ils sont plus nécessaires qu’en France car les éleveurs installés dans la plaine lémanique sont plus éloignés des alpages. Comme ils manquent sou- vent de surfaces, ils ont besoin que leurs bêtes montent. Le pastoralisme est vraiment ancré dans la culture
suisse. Il y a une vraie volonté politique de pérenniser cette tradition. Cela se vérifie aussi sur le plan des rémuné- rations. Côté français, la proximité entre les fermes et les alpages rend moins nécessaire les bergers. Il en reste quand même. L’arrivée du loup peut favoriser le recrutement d’un berger. C’est sans doute la meilleure protec- tion. Sur le plan environnemental, la reva- lorisation des biotopes plaide aussi en faveur du berger qui gère les chardons, les orties, les ronces. Il limite l’enfri- chement de façon plus qualitative que les engins mécaniques. On intervient plus efficacement contre les campa- gnols. Quand le berger passe tout l’été au chalet, il participe aussi à l’entretien du bâti. Sans oublier son rôle social vis-à-vis des autres usagers des alpages : promeneurs, cueilleurs… n Propos recueillis par F.C.
gers du Sahel, du Maghreb et même un député du Ladakh pour échanger sur nos pratiques lors de la dernière édition du festival qui s’est tenue en mai 2018 à la Petite Échelle. Le festival sert aussi de support à la formation Gestion et Protection de la Nature dis- pensée au C.F.P.P.A. de Montmorot. La prochaine édition devrait avoir lieu en 2021. L.P.P. : Quels sont vos projets ? Q.P. : On veut mettre en place une for- mation de berger, type B.P.R.E.A., avec le C.F.P.P.A. de Montmorot, permettant d’exercer comme berger salarié voire comme futur agriculteur. Ce serait une nouveauté française. Le projet est bien engagé. L.P.P. : Rien d’autre à annoncer ? Q.P. : On fait partie depuis quatre ans de la fédération des associations des
festival des bergers. C’est un temps fort dans la vie de l’association. Il se structure en trois volets : accueil du public, des scolaires et des pro- fessionnels. En 2018, on a répondu à l’invitation d’un ethnologue séné- galais qui est aussi gar- dien de troupeau dans le Sahel. La rencontre a eu lieu à Mantes-la- Jolie. Suite à ces échanges, on a accueilli des délégations de ber-
“On a longtemps porté une étiquette écolo.”
l Chaux-Neuve Une vie à l’alpage Claire-Lise, bergère à la Landoz-Renaud depuis 1986
S auvage la bergère ? Pas forcément quand elle évoque tous ces étés pas- sés avec ses enfants, l’ac- cueil des scolaires, des amis tou- jours prêts à venir se ressourcer
Toute jeune retraitée, cette Genevoise ancienne animatrice d’ateliers de percussion a trouvé dans les alpages une quiétude, un rythme de vie qui contraste avec son univers citadin.
au chalet de la Landoz-Renaud. Claire-Lise serait plutôt adepte de la sobriété heureuse, chère à Pierre Rabhi. “C’est vrai qu’ici, il faut aimer la vie rustique, ne pas avoir peur de rester une semaine sans voir personne. Par mauvais temps, ce qui arrive de temps en temps dans la saison, j’en profite pour lire et m’adonner à des jeux cérébraux” , sourit ce petit bout de femme pas plus effrayé que cela de vivre avec pour seule compagnie son chat et les bêtes. Avec le temps, elle admet que le métier devient plus éprouvant physiquement. “C’est là qu’on s’aperçoit qu’on vieillit…” Les premiers jours sur l’alpage sont toujours sportifs. La bergère de la Landoz-Renaud gère un petit troupeau de 38 génisses et 8 veaux qui appartiennent à deux agriculteurs. Des amodiataires qui louent chaque année ce cha- let appartenant à un banquier parisien. “Ici, toutes les bêtes sont attachées en journée. Il leur faut quelques semaines pour qu’elles s’habituent. Quand il fait très chaud, elles reviennent
tricité ou presque, si ce n’est quelques panneaux solaires pour s’éclairer et recharger des petits appareils à batterie. Du progrès, elle apprécie aussi l’arrivée du portable. Un moyen pratique de garder le lien avec la famille et de pouvoir contacter rapidement ses employeurs en cas de gros problème avec une bête. Elle a aussi la charge d’en- tretenir l’alpage notamment vis- à-vis des chardons. “Ce n’est plus une corvée comme au début. Je les fauche régulièrement pour les brûler. J’en ai de moins en moins.” Il lui revient aussi de gérer les parcs où sont mises les bêtes en pâture. Claire-Lise est aussi jardinière : carottes, poireaux, choux-raves, courgettes, petits pois occupent son potager. Dans son petit loge- ment, on aperçoit deux grandes poêles suspendues sur le mur au-dessus du poêle à bois. “On les utilise une fois par saison, le second week-end de septembre en souvenir d’un ancien berger libre-penseur. Cette tradition dure depuis 27 ans.” n F.C.
toutes seules se mettre à l’ombre et à l’abri des mouches. Les ren- trer en journée permet aussi d’économiser de l’herbe et de l’eau car je suis sur un petit alpage et j’ai parfois des soucis d’eau. On est obligé de temps en temps de faire monter un camion-citerne.” Claire-Lise aime s’occuper des bêtes. Le matin, elle les récupère vers 9 heures ou 10 heures et les libère en fin d’après-midi. “Le fait de les attacher assure aussi un meilleur contrôle. Il n’est pas rare d’avoir à soigner un gros pied ou une mammite.” Quand le traitement dépasse ses capacités, elle appelle à la rescousse ses voisins bergers de la Jaïque et de la Cernay. Des anciens avec qui elle s’entend parfaitement. Une fois par semaine, elle se rend au marché de Mouthe où elle retrouve d’autres bergers du secteur. “On est moins nom- breux qu’avant car il y a moins de chalets gardés.” Elle n’oublie pas de faire un tour à la laverie installée à A.T.A.C.. Une béné- diction quand on vit sans élec-
Heureuse, la bergère de la Landoz- Renaud fidèle au poste depuis 34 ans.
8 ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT
La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020
l Le Lieu Gruyère d’alpage A.O.P. Jura Ambiance chaudron aux Esserts du Lieu La famille Rochat fabrique depuis 35 ans du gruyère d’alpage A.O.P. Jura au chalet des Esserts situé à 1 115 m d’altitude sur le versant suisse du Risoux. Tradition.
“J’ai tout appris sur le tas”, explique François Rochat qui fabrique du gruyère d’alpage depuis 35 ans.
L’atelier est équipé du mieux possible pour rendre le travail des hommes plus facile. Le rail permet à Raphaël Rochat de déplacer sans trop d’effort le chaudron rempli de lait.
I l fait déjà bon chaud dans l’atelier de la ferme où s’affairent François Rochat et son fils Raphaël bien occupés à gérer les deux chaudrons
remplis de lait dont l’un monte dou- cement en température, chauffé par les branches de sapin utilisées comme combustible. “C’est une façon de valo- riser les vieux sapins qui sont sur l’al- page” , explique François Rochat qui a allumé le foyer à 5 h 30. Il était déjà debout depuis une heure, sachant que l’heure de la traite est fixée à 5 h 15 dans ce chalet d’alpage de 55 hectares, propriété de la commune du Lieu qui en possède 16 autres. “Le nom provient du terme essartage qui désigne l’action de défricher.” Les Rochat qui exploitent une ferme au village des Charbonnières à 3 km de là montent ici depuis trois généra- tions. C’est Samuel le grand-père tou- jours en vie qui a instauré cette tra- dition bien vivace. “On avait eu recours à un fromager les deux premières années avant de s’y mettre nous-mêmes” , pour- suit François Rochat qui s’est formé sur le tas. Ce qui n’est pas le cas de son fils Raphaël parti apprendre le métier à l’école laitière. C’est lui qui a repris la ferme familiale où il soigne un petit troupeau de 25 vaches laitières dont le lait est transformé en gruyère A.O.P. Jura et en vacherin à la fromagerie des Charbonnières. Pourquoi dans ces circonstances monter fabriquer du fro- mage à quelques kilomètres de là avec toutes les contraintes induites ? “Sans
du comté si ce n’est au niveau de l’en- semencement. Pour authentique qu’il paraisse, l’atelier des Esserts est fonctionnel avec le mini- mum d’équipements et d’électricité pour faciliter les tâches les plus éprou- vantes. La ferme n’est pas en reste puisqu’on y retrouve une salle de traite moderne qui n’a rien à envier aux exploitations d’aujourd’hui. Après pressage, les meules sont stockées dans la cave attenante à l’ate- lier. Elles y resteront entre 10 et 20 mois, frottées régulièrement par Mickael l’ouvrier agricole venu de Rou- manie faire sa saison d’été en Suisse. “Le fromage est vendu à un grossiste. À chaque début de saison, on contrac- tualise les prix. le gruyère d’alpage A.O.P. Jura est un peu mieux valorisé, à raison de 0,84 franc suisse le kilo” , précise Raphaël Rochat en se préparant à fabriquer sa seconde meule de la journée. Le premier mois d’alpage est souvent le plus favorable à la production laitière. Plus d’herbe, plus de lait en ce début de saison. “On a coutume de dire qu’il n’y a qu’un mois de juin sur l’alpage.” n F.C.
l’alpage, je ne pourrais pas investir. J’ai une trop petite ferme et c’est très compliqué de s’agrandir car il y a une très forte pression sur le terrain agricole en vallée de Joux” , justifie Raphaël qui étoffe son cheptel d’été en louant 25 vaches à d’autres agriculteurs. Arrivé aux Esserts le 20mai, il y restera trois mois en vivant sur place avec femme et enfants. Pas besoin d’aller au bout du monde pour goûter au dépaysement. Le troupeau des Esserts est à l’image du cheptel laitier suisse : cosmopolite, avec de la red hollstein, simmental, montbéliard, grise, nor- mande…
À la différence du comté qui implique de mélan- ger les laits de plusieurs troupeaux, ici pour le gruyère d’alpage A.O.P. Jura, il suffit de mélan- ger la traite du matin à celle du soir. “On a obli- gation d’utiliser seule- ment du fourrage d’été suisse et de fromager à l’alpage.” Le principe de fabrication est sensible- ment identique à celui
L’heure de la traite est
fixée à 5 h 15.
Le fromager identifie chaque meule d’un numéro et d’une date.
La traçabilité est aussi une réalité à l’alpage.
l Mouthe
L’enjeu de l’eau Trois citernes d’alpage rénovées à l’identique La commune et les agriculteurs du groupement pastoral ont entrepris de rénover, avec l’appui du Parc naturel régional du Haut-Jura, les citernes situées dans les communaux et les alpages.
“P our nous, l’eau c’est essentiel.Au printemps, on amorce nos bas- sins. C’est beaucoup plus simple d’avoir des alpages autonomes en eau. On économise sur les transports et on évite de gaspiller l’eau du réseau” , justifie Julien Letoublon, agriculteur au G.A.E.C. du Pré Bouillet. Le groupement pastoral deMouthe dont il fait partie exploite les communaux et une partie des alpages meuthiards comme “Chez Mimi” ou “Chez Liadet”. Plusieurs citernes couvertes situées sur ces espaces pastoraux étaient en très mauvais état et n’assuraient plus la collecte de l’eau de pluie si précieuse en période estivale. “On a interpellé la commune sur l’intérêt de réno- ver ces citernes” , poursuit l’agri- culteur. La commune a fait le choix d’intégrer le programme régional d’aide pour les aména-
gements pastoraux.Un dispositif qui réunit l’Europe, le Commis- sariat de massif et la Région Bourgogne-Franche-Comté. “Chaque dossier fait l’objet d’un diagnostic” , précise Jean-Yves Vansteelant, chargé de mission agriculture auParc naturel régio- nal du Haut-Jura. Les travaux ont été effectués en 2018 et 2019. Le projet consis- tait à refaire entièrement la toi- ture et le bardage en bois entou- rant trois
la démolition des anciennes structures et l’évacuation des matériaux. Deux entreprises de Mouthe (Lonchampt et Vallet) ont réalisé respectivement les travaux de maçonnerie et de menuiserie-charpente. “La conte- nance de ces citernes varie entre 30 et 40 m 3 . Elles ont été refaites à l’identique en respectant l’orien- tation des toitures” , poursuit Julien Letoublon qui n’oublie pas de saluer le travail d’Yvan Vallet sur la charpente. Pas un clou, tout est assemblé à l’ancienne en tenon-mortaise. La structure est recouverte en bardage bois avec une toiture en tôle “gris Chamonix”. Le coût total du projet s’élève à 27 377 euros avec 40 % de sub- ventions, le reste étant à la charge de la commune. Le pro- gramme a été élargi à deux autres citernes qui sont en cours de construction. Elles seront ter- minées d’ici l’été 2021. n
Les anciennes structures ont été démolies et évacuées par les agri- culteurs pour laisser place à des citernes entièrement rénovées.
citernes. Deux sont situées aux Esseux-Haut et Esseux-Bas dans une pâture appe- lée aussi commu- nal derrière la Croix Grivet. La troisième dite la citerne rouge se trouve Chez Lia- det. Les agricul- teurs ont assuré
Pas un clou, tout est assemblé à l’ancienne.
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10 DOSSIER PONTARLIER
La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020
EN BREF
COMMERCE Bons-cadeaux, tombola… Trois samedis piétons pour consommer pontissalien La Ville de Pontarlier en partenariat avec les associations de commerçants du centre-ville et des Grands-Planchants se mobilise pour a promotion du commerce local.
Eau potable Des travaux d’eau potable et d’assainissement sont également programmés sur le secteur de Pontarlier cet été et cet automne. Les riverains et commerçants concernés par ces travaux recevront par courrier une information sur le déroulement du chantier, la date de démarrage et sa durée prévisionnelle. Jusqu’au 10 juillet est concernée la rue des Capucins, puis du 13 juillet au 31 juillet et du 17 août au 18 septembre, la rue de Besançon, du 24 août au 18 septembre, la rue des Abbés Cattet, du 21 septembre au 9 octobre, l’impasse rue de Besançon (accès à Colruyt), du 13 novembre, la rue Joseph-Pillod et les rues Gustave Courbet et Victor Hugo, du 16 novembre au 4 décembre, l’impasse rue Colin et enfin du 7 au 24 décembre, la rue des Tourbières. 21 septembre au 16 octobre, la rue Eugène-Droz, du 19 octobre au
Entre Patrick Genre et Bertrand Guinchard, les deux représentants des associations de commerçants, à savoir Christophe Marguet pour les Grands-
C’ est sans doute la pre- mière promesse élec- torale à se concrétiser par la force des choses. Quand il menait cam- pagne, Patrick Genre était loin d’imaginer que ces samedis pié- tons inscrits dans son pro- gramme seraient aussi vite d’ac- tualité. “Ce sera un test grandeur nature” , explique le maire en précisant que ces animations font aussi partie du plan de sou- tien à l’économie qui sera pré- senté prochainement. Et Ber- trand Guinchard l’adjoint à l’économie de préciser au sujet de ces journées piétonnes : “La Ville apporte son soutien logis- tique et financier aux deux asso- ciations qui les organisent. On reporte les moyens qui étaient prévus pour les animations en lien avec la fête des mères et la fête des pères. En ajoutant les U$RUFRKU_E_C\Z][_W^_OWZ]^[_0PIIP3LHGHS_QXJ> J^ZQ]\T_^Y_W^_I\^Y]Y]\_7HBOL;S_QXJ@Y\6T^D U,RUFRKU_E_C]T\[[_W^_ N^[Y][_7LHOG;S_Q\ZZXVV]^Z ^Y_W^_I]TXN_BHGBHS_QX]55^NV^D U$RUFRKU_E_=?\ZT]^_W^_7\VY]^[_;9LP+S_][:M[]^NZ ^[_JMQ\[](N^_^Y_W^_C\Z]^_
panneaux et encarts publici- taires, cela représente l’équivalent de 7 000 euros. Pour nous, c’est une nécessité de consommer local. Cela permettra aussi de faire revenir les gens au centre- ville et en zone. On soutient déjà les bars et restaurants qui peu- vent occuper davantage l’espace public tout en étant exonérés de taxe de terrasse.”
Planchants- Gravilliers et Philippe Jeanmonnot pour C.P.C.
Le premier samedi piétons s’est tenu le 27 juin. Les pro- chains auront lieu le 18 juillet et pro- bablement le 1er août en même temps que la bra- derie “sous réserve d’avoir l’autorisa- tion préfectorale pour cette manifes- tation” , nuance le maire.Histoire d’at-
des Grands-Planchants-Gravil- liers. “Comme on tient aussi à apporter une communication positive, on organisera une tom- bola” , souligne Christophe Mar- guet, vice-président de l’asso- ciation des commerçants Grands-Planchants-Gravilliers. L’implication de laVille dans ces actions relève aussi d’une volonté de soutenir le commerce de proxi- mité face au e-commerce. n W AZ_%;XN6V'_.^N.^_W^_C\[N^T_/HP3O<_=AL> LPHOD UKRUFRKU_E_C]Q?^T_ 9L7O=4S_"$_\[VS_Z^YZ\]YMS WXJ]Q]T]M_&_I\_=TNV^_^Y_C] XN#_%;XN6V'_M@XN# W^_=T\NW][^_C LOBD U,RUFRKU_E_I]T]\[^_7PBBHGPIIHS_",_\[VS_Z^YZ\]YM^S WXJ]Q]T]M^_&_0X[Y\ZT]^Z_%;XN6V'D U"RUFRKU_E_<^Z:^_/9HIIO9CPS_$F_\[VS_Z^YZ\]YMS WXJ]Q]T]M_&_0X[Y\ZT]^Z_%;XN6V'_M@XN#_W^_2^\[[^ 7PL ABD U,RUFRKU_E_O[[^>C\Z]^_7OLLOG;S_F)_\[VS_Z^YZ\]> YM^S_WXJ]Q]T]M^_&_;XN6V_%;XN6V'_M@XNV^_W^_2^\[ 4+AL;P+D U RUFRKU_E_3]TT^V_C+ABBP>;9 9PBS_F _\[VS Z^YZ\]YMS_WXJ]Q]T]M_&_0X[Y\ZT]^Z_%;XN6V'_M@XN#_W^ OW^T][^_
tirer le chaland, l’association Commerce Pontarlier Centre offrira pour 5 000 euros de chèques-cadeaux par samedi. “Chaque achat effectué auprès d’un commerçant adhérent donne droit à un bon-cadeau qu’il suffira d’aller récupérer au chalet C.P.C. installé sur la place d’Arçon” , indique Philippe Jean- monnot, le futur président de C.P.C.. 8,RUFRKU_E_PT]_W^_2NT]^[_CO ABBHS_JMQ\[]Q]^[ @X]WV_TXNZWV_^Y_W^_ V]X[D 8"RUFRKU_E_2NT]\_W^_!M.][_3A7HS_][5]ZJ]^Z_^Y_W^ =\J]TT^_ Les premiers arrivés seront les premiers servis. Des animations enfants et de la petite restau- ration seront également propo- sées sur la place d’Arçon. Tout sera organisé dans le respect des règles sanitaires et de dis- tanciation qui s’appliquent aujourd’hui dans les cafés et restaurants. Difficile d’imaginer un samedi piétons sur la zone commerciale KKRUFRKU_E_IMX[_W^_IXQ_<=OIO7LHGAS_\:Z]QNTY^NZ ^Y_W^_<1T.]\_;LP PBS_\VV]VY\[Y^_(N\T]YMD KURUFRKU_E_7\V]T^_W^_0\YZ]Q _7PIABS_\:Z]QNTY^NZ ^Y_W^_ONZ]\[^_3LA<0PLLHGS_6ZXW^NV^D KURUFRKU_E_=XZ^[Y][_W^_LXJ\][_=OIIHPLS_Q?^5 ^[_6 Y]J^[Y_^Y_W^_=T\]Z^_;PCP+PLPS_XN.Z]*Z^D KURUFRKU_E_I]\J_W^_C\Z]\[_BLA9-S_JX[Y^NZ V\[]Y\]Z^_^Y_W^_PJ^T][^_LO+CAG;S_QXJ@Y\6T^D KKRUFRKU_E_=\TT]VY\_W^_2XZ:^_79IO Une première promesse électorale tenue. État civil de juin 2020 8URUFRKU_E_<\Q?\_W^_7^[\J][_0L9;PGBS_\:^[Y ]JJX6]T]^Z_^Y_W^_C\NW_=AL;HPLS_W]Z^QYZ]Q^ Q^[YZ^_W^_TX]V]ZVD 88RUFRKU_E_C]TX_W^_LXJ\][_2 L9 8FRU,RKU_E_O MT]^_W^_ )8RU,RKU_E_C\Z]\_7OL7A @X[V\6T^_@ZX ^Y_^Y_W^_C\W^T^][^_OI7PLBHGHS ][:M[]^NZ_(N\T]YMD K)RUFRKU_E_4^[Z]_W^_IMX_0PBHBS_JMQ\[]Q]^[_XNY]T> T^NZ_^Y_W^_C\Z][^_7AG2A9LS_^VY?MY]Q]^[[^D KKRUFRKU_E_PJ]T^_W^_=?\ZT1_7PL ABS_Y^Q?[]Q]^[ QN]V][^_^Y_W^_I][\_0OLPGBS_][5]ZJ]*Z^D KKRUFRKU_E_I^1[\_W^_B?XJ\V_CAGBO3GAGS QXNZY]^Z_^Y_W^_-\Y]J\_A9OGGA9S_V\[V_@ZX5^V> V]X[D K RUFRKU_E_C\1.^_W^_2X?\[_=I CPGBS_5ZXJ\:^Z ^Y_W^_-TXZ]\[^_-OH/LPS_\]W^>VX]:[\[Y^D K RUFRKU_E_O\ZX[_W^_4N:N^V_=AIOL;S_\VV]VY\[Y TX:]VY](N^_^Y_W^_OJ\[W][^_O9B4HPLS_\VV]VY\[Y^ \WJ][]VYZ\Y].^_W^V_.^[Y^VD K)RUFRKU_E_PJZ\?_W^_;^[]V_BOIH=S_?XZTX:^Z_^Y W^_OT]V\_ACPLA/H=S_V\[V_@ZX5^VV]X[D UFRUFRKU_E_<\?][>;^[] _O!0HGOLS_^J@TX1M_W^ QX[W]Y]X[[^J^[Y_^Y_-TXZ][^_COLP=4OIS_^J@TX1M^ W^_QX[W]Y]X[[^J^[YD UFRUFRKU_E_2NT]^[_0PLLHGS_X@MZ\Y^NZ_ZM:T^NZ_^Y =MT][^_0A9 >7PLB4PS_[XNZZ]Q^_\:ZMM^D K"RUFRKU_E_ Y]Q]^[_^Y_W^_;^T@?][^_IAG=4OC0BS_:\T^Z]VY^D )8RU,RKU_E_I].]X_W^_<1T.\][_7AIIP>LP;;OBS Y^Q?[]Q]^[_][5XZJ\Y](N^_^Y_W^_2NVY][^_0O9
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