La Presse Pontissalienne 247 - Décembre 2023

L’interview du mois 5

La Presse Pontissalienne n°287 - Décembre 2023

Zoom “On a eu un président très à l’écoute”

je mène et qu’on mène avec mes col lègues élus. Même si sans doute à l’échelle du Doubs, ce projet contente certains territoires, il fait aussi beau coup de mécontents. L.P.P. : Ne pourrait-on pas admettre qu’un ter ritoire comme le Grand Pontarlier s’est suffi samment urbanisé et qu’il faut désormais laisser se développer des territoires un peu plus éloignés ? P.G. : Mais ces territoires plus éloignés, comme peut-être le secteur Frasne Drugeon pour ne prendre que cet exem ple, eux non plus n’ont plus de dispo nibilités foncières et les gens vont déjà habiter là-bas. Cet effet existe déjà. La gestion de cette loi Z.A.N. est un vrai casse-tête, je ne sais pas encore com ment on va le résoudre. L.P.P. : Vous êtes président des maires du Doubs jusqu’en 2026. Et après ? P.G. : Après, je regarderai ça de l’exté rieur ! (sourire). Et jusque-là, je conti nuerai à défendre ces mandats de proxi mité car il faut tout de même souligner que la grande majorité des élus locaux ont l’intérêt général chevillé au corps, c’est bien de la rappeler. Seulement, ils n’ont plus les mêmes moyens qu’avant pour répondre à de multiples obligations. Sinon, ça reste un mandat magnifique, sans doute le plus beau. On est à portée d’engueulade, mais c’est un mandat passionnant. On veut juste que l’État entende nos difficul tés ! n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.P. : En matière d’urba nisme, la fameuse ques tion du Z.A.N., comme Zéro artificialisation nette crispe-t-elle toujours les élus ?

P.G. : Plus que jamais ! Les décrets d’appli cation sont sortis qui précisent les critères définissant l’artificia lisation des terres mais sur le fond, les conséquences de ce texte risquent d’être dramatiques pour nos territoires déjà en forte tension sur ce plan-là. Les effets de ce texte peuvent être catastrophiques et finalement aller à l’encontre des objec tifs souhaités. L.P.P. : Pour quelle raison ? P.G. : La raréfaction de l’offre foncière va forcément entraîner dans nos ter ritoires du Haut-Doubs où la pression est déjà très forte une explosion des prix au mètre carré, et aussi du prix des locations. Ce texte risque juste d’ac centuer la crise du logement qui pèse sur nos territoires. Il n’y a sans doute aucun élu qui conteste l’esprit de ce texte qui tend à économiser de l’espace mais notre problème en France, c’est qu’on passe souvent d’un extrême à l’autre, sans nuance. Là, ce texte Z.A.N. est excessif, c’est un vrai combat que “On veut juste que l’État entende nos difficultés !”

Raphaël Charmier, le maire de Granges-Narboz, faisait partie de la petite délégation d’élus du Doubs reçue à l’Élysée en marge du congrès des maires. Réaction. L a Presse Pontissalienne : Cette réception à l’Élysée, pour vous, c’était une pre mière ? Raphaël Charmier : Oui, j’ai eu la chance cette année de recevoir un carton d’in vitation de l’Élysée et c’est avec grand plaisir que j’y suis allé car ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’entrer dans cette grande maison commune qui reste grandiose. L.P.P. : Vous êtes tombé sous le charme des lieux et de son hôte ? R.C. : On a attendu assez longtemps le président de la République, plus de 2 heures, et il est venu faire une allo cution d’une demi-heure et a pris le temps ensuite de serrer la main à tout le monde, avec tous élus venus de toute la France. On a eu droit à un président très à l’écoute, très abordable, et qui a

Une petite délégation d’élus du Doubs a été reçue à l’Élysée. On reconnaît notamment les maires de Granges-Narboz (au centre), de Sainte-Colombe et de Touillon et-Loutelet.

donné sa feuille de route en quatre axes en reconnaissant, c’est déjà bien de le faire, qu’il y avait des choses qui ne marchaient pas par rapport au fonc tionnement des rapports entre l’État et les petites collectivités. Il a évoqué aussi la protection des élus par un vrai statut. L.P.P. : Vous qui êtes maire depuis 2014, avez vous senti les choses changer dans vos rapports avec les administrés ?

R.C. : Oui, on sent bien que les gens sont plus exigeants qu’avant, que les règles communes les embêtent de plus en plus, qu’ils sont parfois plus agressifs, que c’est donc plus compliqué qu’avant pour un maire, même si nous sommes dans un secteur où les choses se passent encore globalement bien, et dans une commune, Les Granges-Narboz, où nos finances nous permettent de continuer à investir au service de la population. n Recueilli par J.-F.H.

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