La Presse Pontissalienne 247 - Décembre 2023
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La Presse Pontissalienne n°287 - Décembre 2023
SANTÉ Étude O.S.T.A.J. Le rôle essentiel des soignants frontaliers dans le système de santé suisse 2 500 aides-soignantes et infirmières de l’Arc jurassien français travaillent en Suisse, soit 16 % de l’ensemble des soignants. Leur nombre a presque doublé au cours de la dernière décennie. Éclairage statistique.
2,4 % côté français. Dans l’Arc jurassien, comme partout ail leurs, le personnel soignant rési dant est très largement féminin, atteignant quasiment neuf soi gnants sur dix. À noter que la proportion d’hommes dans ces métiers tend à augmenter en France comme en Suisse. En 2020, près d’un quart des soi gnants de l’Arc jurassien a moins de 30 ans tandis que seulement 6 % ont plus de 60 ans. Globa lement, l’âge moyen du person nel soignant résident dans l’Arc jurassien est de 40 ans côté fran çais et 42 ans côté suisse. 95 % des soignants de l’Arc jurassien résident et travaillent sur ce ter ritoire. En revanche, la mobilité des soi gnants suisses est plus restreinte que celle de leurs homologues français. Environ 16 % des soi gnants de l’Arc jurassien français travaillent en Suisse. Cette importante mobilité transfron talière des soignants du côté français en dépit des contraintes liées à la pénibilité de leur métier reflète aussi les difficultés de recrutement observées des deux côtés de la frontière, dans un contexte de différence de salaires important. La densité de soignants fronta liers varie d’un département à l’autre. Cette proportion est de 21,4 % dans le Doubs, 12,3 % dans le Territoire-de-Belfort et 6,1 % dans le Jura. Les fronta liers soignants représentent 11 % de l’ensemble des soignants fron taliers de l’Arc jurassien suisse. Cette proportion est de 17 %
L’ observatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien franco-suisse (O.S.T.A.J.) a passé au peigne fin la population des soi gnants sur un territoire englo bant la Franche-Comté (en excluant la Haute-Saône) et les cantons de Berne, Neuchâtel, Vaud et du Jura. Ce territoire compte 58 000 soignants actifs, principalement des infirmiers. Trois soignants sur quatre rési dent côté suisse dont la grande majorité dans les cantons de Berne et de Vaud. L’Arc jurassien compte 19 soi gnants pour 1 000 habitants en
Flux de personnel soignant de l’E.P.C.I. de résidence en France vers les quatre cantons suisses.
2020, dépassant les moyennes nationales des deux côtés de la frontière. Cette densité est plus élevée côté suisse, 20 soignants pour 1 000 habitants, alors qu’elle est de 16 soignants pour 1 000 habitants côté français tout en étant aussi plus hété rogène. Cette densité a été ren forcée par l’augmentation glo bale de 3 % du nombre de soignants par an entre 2010 et 2020. Sur une décennie, cette évolution représente en tout 15 000 postes de soignants sup plémentaires. La croissance est plus prononcée côté suisse, 3,2 % par an contre
et du Territoire-de-Belfort. Une centaine seulement sont actifs dans le canton de Berne. En termes de secteur d’activité, plus de la moitié des frontaliers travaillent dans les activités hospitalières (54 %) tandis que 28 % sont employés dans le sec teur de l’hébergement médico social et social. Cette répartition varie selon les cantons, avec une forte représentation des activités hospitalières dans les cantons de Neuchâtel et du Jura. n F.C.
suisse au premier trimestre 2023 dont 79 % sont des femmes. La répartition géographique selon le lieu de travail montre une concentration marquée des soignants frontaliers au sein du canton de Vaud où près de six frontaliers sur 10 exercent leur métier. De même, le canton de Neuchâtel accueille 1 100 fron taliers dont la quasi-totalité réside dans l’Arc jurassien fran çais. On dénombre 600 soignants frontaliers dans le Jura qui vien nent pour l’essentiel du Doubs
dans le canton de Vaud, 33 % dans le canton de Neuchâtel et 40 % dans le canton du Jura. Selon l’étude de l’O.S.T.A.J., en plus des 2 500 frontaliers rési dents dans l’Arc jurassien fran çais, l’Arc jurassien suisse accueille un nombre significatif de soignants originaires de la région Rhône-Alpes (1 500 fron taliers) , de la région Grand Est (250 frontaliers) et d’autres régions françaises. Au total, 4 500 frontaliers soignants tra vaillent dans l’Arc jurassien
VAL DE TRAVERS Un compromis à l’étude I.G.P. Absinthe du Val de Travers : une option a deux variantes qui interroge Ce dossier I.G.P. patine depuis des années en opposant les distillateurs partisans de la recette originelle à ceux qui sont favorables à la période de clandestinité où toutes les plantes étaient importées. Les uns et les autres ont finalement élaboré un cahier des charges à deux variantes qui devra être validé par l’Office Fédéral de l’Agriculture au printemps prochain.
V oilà bientôt deux décennies que les distillateurs du Val de Tra vers tentent de décrocher un signe de qualité : A.O.C. ou I.G.P. pour protéger et valoriser la fée verte. Un premier projet d’A.O.C. Absinthe est lancé suite à la dépénalisation pro clamée le 1 er mars 2005 en Suisse. Mais cette appropriation d’un nom générique suscite de vives oppositions aussi bien en Suisse qu’en France, si bien que le projet est abandonné. Deuxième tentative en 2013 avec l’I.G.P. Absinthe du Val de Travers. “Pour nous, l’interprofession, il s’agissait d’avoir une I.G.P. mentionnant l’obligation d’utiliser cinq plantes cultivées dans le Val de Travers: petite et grande absinthe, hysope, mélisse et menthe” , indique Philippe Martin, le président de l’interprofession des distillateurs d’absinthe du Val de Travers. Ils sont quatorze. Une autre structure, l’association des
artisans distillateurs du Val de Travers, au nombre d’une dizaine, s’oppose à ce cahier des charges car elle entend pouvoir continuer à produire de l’ab sinthe du Val de Travers en utilisant des plantes étrangères comme pendant la clandestinité. De recours en recours, l’interprofession a peu à peu réduit la liste d’abord à la grande et à la petite absinthe, puis seulement à la grande
tophe Racine, le président de l’associa tion des artisans distillateurs, le média teur et moi-même nous avons déposé ce dossier I.G.P. à deux variantes à l’Of fice Fédéral de l’Agriculture qui va l’analyser avant de valider ou pas cette demande. Je pense que l’on aura la réponse en février ou mars. Cette solution à deux options est peut-être la moins mauvaise même si j’aurais souhaité travailler uniquement avec des plantes locales comme on l’a fait pendant deux siècles avant l’interdiction de 1910” , regrette Philippe Martin. Il existe en Suisse une autre I.G.P., celle de l’eau de-vie de Damassine produite dans le canton du Jura qui se décline aussi en deux versions. La distinction se fait en fonction de la damassine sauvage et celle cultivée en restant néanmoins dans le même territoire. Le compromis, ce n’est pas tant le genre de Claude-Alain Bugnon, le gérant de la distillerie Artemisia. Ce fervent
“Je pense que l’on aura la réponse en février ou mars”, précise Philippe Martin, le président de l’interprofession qui réunit 14 distillateurs du Val de Travers.
absinthe sans jamais obte nir être entendue des oppo sants. En désespoir de cause, déci sion est prise fin 2022 de recourir à un médiateur de la dernière chance. Cela aboutit à un nouveau pro jet I.G.P. Absinthe Val de Travers avec deux men tions, soit à base de plantes cultivées sur place, soit à partir de recettes issues de la clandestinité. “Chris
“Cette double mention est une hérésie.”
défenseur de l’absinthe originelle a tout simplement claqué la porte de l’interprofession. “Cette double mention est une hérésie. C’est la traduction du compromis helvétique dans toute sa splendeur : ni pour, ni contre, bien au contraire. C’est pour cela que je suis parti pour être aujourd’hui le seul oppo sant à ce projet.” Que va-t-il se passer sur l’O.F.A.G. invalide l’I.G.P.? “À mon avis, il n’y
aura pas de plan B. On sent que les gens sont fatigués avec toutes ces his toires” , admet Philippe Martin. Contacté, Christophe Racine le prési dent des artisans distillateurs reste sur la défensive. “Nous ne souhaitons pas, pour l’heure, communiquer car le dossier est encore en cours d’étude. On s’exprimera quand on connaîtra la réponse.” n F.C.
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