La Presse Pontissalienne 247 - Décembre 2023

14 Pontarlier

La Presse Pontissalienne n°287 - Décembre 2023

ÉCONOMIE SOLIDAIRE Nouveaux locaux La Marmite solidaire change de braquet

Après plusieurs années en phase expérimentale, cette association adopte un fonctionnement plus offensif en se donnant les moyens de pérenniser son modèle économique et social.

publics.” Hall de réception, légumerie, chambre froide, local de stockage, cuisine professionnelle, la Marmite solidaire n’a plus rien à envier aux autres. “On travaille du lundi au vendredi” , explique Alix. Une quarantaine de bénévoles se relaient pour assister les deux cuisinières. “Je viens un après-midi par semaine. En arrivant en retraite, j’avais envie de faire quelque chose d’utile pour la société et l’idée de valoriser des invendus ali mentaires me plaît” , témoigne Jeanne. La filière d’approvisionnement en denrée alimentaire n’a pas changé avec des dons de parti culiers, des arrivages ponctuels de maraîchers locaux en situa tion de surproduction et l’essen tiel de cette chaîne logistique provient de La Banque Alimen taire. “On reçoit principalement des fruits et des légumes qu’on transforme en soupes, compotes.” Tout est conditionné en bocaux pour être récupéré par la Croix Rouge et le P’tit Panier qui les

C omme tout dispositif innovant, la Marmite solidaire a essuyé les plâ tres de l’expérimentation. Cette association a pour ambi tion de valoriser des invendus alimentaires en confectionnant des repas distribués aux per sonnes dans le besoin. Un beau challenge salué par tout le monde qui a pu voir le jour grâce à la M.F.R. de Pontarlier qui a mis ses cuisines à disposition de la Marmite solidaire. “ Cela nous a permis de tester, caler, vérifier notre organisation avant d’envisager d’aller plus loin. On n’était pas prêt à fonctionner en autonomie avec un local et du matériel” , rappelle Laure-Anne Bernard-Brulls, la présidente de l’association. Au fil du temps, le dispositif s’est structuré, ce qui a permis

d’envisager un déménagement dans des locaux plus adaptés sur le site du Panier de Jeanne aux Grands Planchants. Une suite logique pour la présidente bien consciente que l’option M.F.R. ne pouvait être que tran sitoire. “La proximité du Panier de Jeanne est intéressante. Cela nous permet aussi de rester à Pontarlier. On a investi dans une vraie cuisine et l’activité a repris au début septembre.” L’association a procédé à deux recrutements : Ophélie Rochat au poste de responsable de l’as sociation, et Alix qui vient prêter main-forte à Véronique embau chée depuis une année en cui sine. “Ophélie est chargée de construire le modèle économique, de développer la commerciali sation et de gérer les échanges avec les partenaires privés et

de l’emploi qui viennent donner un coup de main aux cuisinières et aux bénévoles. L’occasion de remettre un pied dans le milieu professionnel, de retrouver des repères et une vie sociale. n La Marmite Solidaire est à la recherche de bocaux, verrines avec couvercle. “On manque surtout de modèles dont le cou vercle fait 8,5 cm de diamètre. Ils peuvent être déposés au magasin Biocoop, au Vrac et au Panier de Jeanne”, explique Ophélie Rochat. n Appel aux bocaux et verrines !

Laure-Anne Bernard-Brulls la présidente, entourée d’Ophélie Rochat, la responsable de l’association et d’Alix, la seconde cuisinière recrutée cet automne.

dans deux commerces : Vrac et Vert Clair. On organise aussi des animations culinaires avec des recettes anti-gaspi”, énumère Ophélie Rochat. Les projets ne s’arrêtent pas là. La Marmite solidaire envisage de faire un jardin de plantes aromatiques et de fleurs comes tibles en partenariat avec l’as sociation Ô Doux G.E.M. (voir ci-dessous) qui apporter un espace de partage et d’échanges aux traumatisés crâniens et cérébro-lésés. La Marmite solidaire accueille aussi des personnes éloignées

distribuent aux bénéficiaires de l’aide alimentaire. En montant en puissance, l’as sociation relève aussi un défi budgétaire. Elle reçoit des finan cements publics de différents acteurs : A.D.E.M.E., D.R.A.F., Région Bourgogne-Franche Comté, Préval, C.C.A.S., Dépar tement. “On va continuer à déve lopper des actions pour générer de l’autofinancement. On propose un service traiteur avec de la sensibilisation à la réduction du gaspillage alimentaire. On commercialise une partie de nos bocaux au Panier de Jeanne et

ASSOCIATION

Traumatisés Dix ans d’entraide et de solidarité pour Ô Doubs G.E.M.

L’association Ô Doubs G.E.M. qui regroupe une vingtaine d’adhérents traumatisés crâniens et lésés cérébraux, fête cette année ses dix ans. Et pour l’occasion, les membres ont mis les petits plats dans les grands lors d’un repas organisé le 18 novembre.

préhensibles par la société et les proches, créant des fossés énormes, parfois impossibles à combler. Alors, tous ensemble, les membres du G.E.M. s’organisent pour créer des évé nements et faire vivre l’association. Dernièrement, ils ont mis en place un repas pour fêter les dix ans du G.E.M. Une soixantaine de convives, la plupart venue d’autres G.E.M. de la région, s’est retrouvée autour d’un menu concocté par la Marmite solidaire. L’au tre grand projet a été le mini-séjour au Barboux en juillet. “On parle de pair-aidance, les gens ayant les mêmes problèmes se comprennent, se tolèrent, et s’aident. Ils se complètent, il y a une synergie” , relèvent les deux animatrices, Sophie et Adélaïde. En dix ans, l’association a creusé son chemin et est reconnue par les insti tutions. Non seulement les profession nels médicaux et paramédicaux orien tent leurs patients vers le G.E.M., mais le groupe participe à Pontarlier aux assises de l’accessibilité. “Même si tout n’est pas parfait, la municipalité fait des tentatives, et nous écoute” , relativise Sophie. À l’avenir, le G.E.M. projette d’écrire son projet associatif, de développer sa page Facebook et d’organiser un marché de Noël des associations. Les adhérents n’ont pas fini de se retrouver pour met tre sur pied tous ces projets. Le lien social n’est pas près de se rompre. n L.P.

sociation. “J’ai ren contré la présidente Lydia Schaal qui m’a amenée ici. À 30 ans, c’est dur de ne plus travailler. Là, je retrouve une envie, un objectif.” Elle abonde dans le sens de Cyrille, le vice-prési dent, au G.E.M. depuis 7 ans après un

à Pontarlier, le G.E.M. (groupe d’entraide) n’a jamais aussi bien porté son nom. Si l’entraide se manifeste à chaque moment, la vingtaine de membres aiment se retrouver dans leurs locaux de la rue Dechanet. Créé il y a dix ans, ce groupe d’entraide rassemble des traumatisés crâniens et lésés cérébraux. Ce sont

ces derniers qui gèrent le groupe sous forme associative. “Le G.E.M. est un dispositif de l’A.R.S. mis en place pour des personnes rencontrant les mêmes difficultés” , explique Sophie Vedrenne, animatrice avec Adélaïde. Ô Doubs G.E.M. est parrainé par l’A.F.T.C. (asso ciation de familles de traumatisés crâ niens et cérébro-lésés).

“Le G.E.M., c’est trop bien, ça m’a beau coup aidée” , souligne spontanément Solène. À 30 ans, elle souffre depuis deux ans d’une maladie rare, l’ataxie cérébelleuse qui lui occasionne, entre autres, des difficultés d’élocution et d’équilibre. Depuis un an, elle vient tous les jours au G.E.M. et a pris la fonction de secrétaire au sein de l’as

“Le G.E.M. est un anti dépresseur.”

accident cardiaque. “Le G.E.M. est un anti-dépresseur, on s’occupe.” Pour Nico las, membre depuis 7 ans, le groupe a permis de rompre son isolement, de retrouver des liens sociaux. “On se sent utile, on n’a pas l’impression d’être un fardeau, ça diminue les cachets. Et d’être au contact des autres permet de relativiser, ça me donne un peu d’espoir.” Stéphanie, elle, s’est retrouvée du jour au lendemain dans un fauteuil roulant. “Je ne voulais plus sortir de chez moi” , raconte la jeune femme. Tous sont cabossés par la vie, la mala die, et la majorité ne peut plus travailler. La vie sociale est lourdement impactée. “Je me suis coupée de ma vie d’avant, et les gens s’éloignent aussi” , témoigne Solène. “On les fatigue aussi car on est plus lents”, reprend Nicolas. Difficultés de mémoire, de comportement - “cer tains n’ont plus de filtres” , explique Sophie - fatigabilité, marche, concen tration… Autant de handicaps invisi bles qui sont souvent difficilement com

Ô Doubs G.E.M. regroupe une vingtaine d’adhérents qui gèrent eux-mêmes l’association.

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