La Presse Pontissalienne 246 - Juin 2020

24 DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n°246 - Juin 2020

Intermarché sera prêt quand les Suisses pourront revenir

C omme toutes les grandes surfaces du Haut-Doubs, la réouverture de la frontière suisse le 15 juin est attendue de pied ferme. Sur le par- king d’Intermarché aux Hôpitaux- Neufs, aucun véhicule immatriculé “CH” n’est stationné, image assez rare pour être soulignée. “Oui, nous avons moins de monde depuis la fermeture de la frontière mais c’est général à tous les commerces” commenteAnthony Dugois, directeur général de l’enseigne qui emploie 60 salariés sur 1 600 m 2 .

Le supermarché des Hôpitaux-Neufs a profité de cette période plus “calme” pour moderniser certains rayons et installer une borne électrique pour les véhicules de tourisme.

ÉCONOMIE

La priorité reste la sécurité des salariés et clients. “Nous avons toujours nos clients locaux que nous remercions”, poursuit le directeur qui se veut optimiste et combatif. “Dans toute crise, il faut voir le positif : nous avons profité de cette période pour refaire notre rayon poissonnerie, nous avons installé une borne de recharge électrique pour les véhicules, refait l’esplanade de lavage et travaillé encore plus avec les producteurs locaux et nous continuerons à le faire.” Le supermarché doit-il s’attendre à un rush après le 15 juin sachant

“Il faut voir le positif.”

que des clients venaient depuis Lausanne ou de la Vallée de Joux pour faire leurs courses ici ? “On sait que le flux dans le magasin sera plus important. Nous serons prêts” indique le gérant. Dans son rayon fruits et légumes parfaitement approvisionnés, Fabrice Azzaro et ses collègues sont prêts à retrouver les “rushs” d’antan. D’ail- leurs, les Vaudois aimeraient pouvoir revenir au plus vite. “Déconfinés” chez eux, les Suisses tentent encore de passer la frontière comme ce mercredi 27 mai, à Vallorbe. Installés au poste-frontière côté français, douaniers et police

À la douane, des Suisses tentaient encore de passer la frontière le 27 mai pour honorer un rendez- vous chez le garagiste ou le dentiste en France. La douane les oblige à faire demi-tour.

l Vuillecin Des situations très disparates Les chauffeurs ont répondu présent Les transports Colinet ont

l Malbuisson Plats à emporter “Printemps confiné, printemps foutu” à l’hôtel Le Lac Avec ses quatre établissements fermés, la famille Chauvin attendait

L e bilan du confinement n’est pas le même selon que l’on transporte uni- quement des automobiles ou un peu de tout comme c’est le cas des transports Colinet. “Les situations sont très disparates. Sur le plan national, la baisse d’activité avoisine 30 % tous secteurs confon- dus. C’est sûr, il y aura de la casse” , estime Christian Colinet qui fait également partie du bureau régio- nal de l’Organisation des Trans- porteurs Routiers Européens ou O.T.R.E. Lui a depuis longtemps misé sur la diversité en transpor- tant des denrées alimentaires, de l’aliment pour le bétail, des produits agricoles, industriels, du bois éner- gie… Les transports Colinet, c’est une soixantaine de salariés avec une flotte de 50 poids lourds pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’eu- ros. La moitié de l’activité se fait à l’export notamment vers la aujourd’hui la suspension du cabotage le temps de redonner un peu d’air aux opérateurs français. travaillé sans interruption depuis 17 mars. Cet enga- gement qui n’était pas sans risque met à l’honneur une profession réclamant

de chambres vides et 45 salariés qui se retrouvent au chômage partiel. Comme chez d’autres res- taurateurs, le choix avait été fait à l’hôtel Le Lac de proposer des plats à emporter à partir de 11 mai. Une façon comme autre de garder le contact avec le client et de remettre la main à la pâte. “On propose un plat du jour avec dessert. Les gens commandent la veille ou le matin. On fournit les contenants. On a également relancé les ventes de glaces Berthillon et de bois- sons fraîches” , poursuit Anne Massard qui ne cache pas sa satisfaction de voir les choses se remettre en ordre de marche. Au point même de vouloir prolonger ce service de plats à empor- ter le temps de retrouver un certain équilibre. Les annulations de séjours se sont multipliées au cours des dernières semaines. Guère réjouis- sant à quelques encablures des vacances.Miracle du 11 mai, le téléphone sonne à nouveau pour se renseigner sur des possibilités de réservation. De quoi redonner le sourire à la famille Chauvin. “Il y a eu des hauts et des bas mais il faut savoir aller de l’avant.” Dans la famille Chauvin, on garde le moral. Le groupe familial est assez solide pour supporter cette fermeture prolongée. “On nous dit que les Français vont privilégier la destination France cet été. On espère qu’ils seront au rendez-vous.” n

A près une saison hivernale qui ne restera pas dans les annales, les professionnels du tourisme jurassien espéraient se refaire une santé aux vacances de Pâques et aux ponts du mois de mai. C’était sans compter sur le coronavirus. “On nous a annoncé à 20 heures l’obligation de fermer à minuit. C’est brutal et cela laissait très peu de temps pour se retourner. On n’a pas pu anticiper au niveau des stocks” , explique Anne Massard, l’une des trois filles Chauvin aux commandes d’un com- plexe familial développé sur trois générations. “Pâques, c’est le coup d’envoi de la saison. On était déjà complet et les réservations s’annonçaient prometteuses en mai.” De quoi nourrir bien des regrets. La crise sanitaire en a décidé autre- ment. ÀMalbuisson, pas d’autres choix que de fermer les quatre établissements et les restaurants gérés par la famille Chauvin. Soit une centaine avec impatience d’en savoir davantage sur les modalités de réouverture d’un secteur d’activité aux abois.

Christian Colinet avec une partie des salariés de l’entreprise, les autres

étant sur la route ou en télétravail.

Suisse. “On a pu travailler à 100 %d’activité, ce qui génère seulement 80 % du chiffre d’affaires en pre- nant en compte le surcoût lié à l’adaptation au l’environnement sanitaire. On perd donc 20 % de charges. Au final, on travaille et on est plus pénalisé que ceux qui ont opté pour le chômage partiel” , observe le chef d’entreprise qui pour rien aumonde n’aurait voulu se retrouver sans aucune activité. Ce dont il est particulièrement fier, c’est de son personnel. “On s’est battu comme des bêtes pour arriver à ce résultat. On a assuré les mesures de sécurité au détriment de la productivité. Tous nos four- nisseurs ont joué le jeu et le per- sonnel de l’entreprise a répondu présent. Certains chauffeurs étaient sérieusement perturbés quand il s’agissait d’aller faire des livraisons dans le Grand Est. J’avais parfois

l’impression d’envoyer mes troupes au combat en voyant partir mes chauffeurs qui tremblaient.” Christian Colinet rappelle que l’économie, donc le transport, avait déjà été bien chahutée avec les gilets jaunes, les sécheresses à répétition qui ont fait baisser les volumes de production, donc les quantités à transporter. Le repré- sentant syndicat rappelle aussi que l’O.T.R.E. dans un courrier adressé au secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, demande “de saisir l’Union Euro- péenne pour faire valoir la clause de sauvegarde et demander la sus- pension du cabotage pour une période de six mois.” “On ne peut pas demander à l’État de compenser des pertes d’activité avec le chômage partiel et d’autoriser de telles pra- tiques. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.” n

L’hôtel avait mis en place depuis le 11 mai un ser-

vice de plats à emporter.

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