La Presse Pontissalienne 245 - Mars 2020
ÉCONOMIE 32
La Presse Pontissalienne n°245 - Mars 2020
EMPLOI
5 boulangeries dans le Haut-Doubs Recherche boulangers et pâtissiers désespérément
doxe alors que l’activité de ses fournils connaît une activité croissante depuis 2007, année où Philippe Roy ouvre sa pre- mière boulangerie en association avec Pierre Dornier, le minotier du Haut-Doubs. “Nous attei- gnons les 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous connaissons d’une année sur l’autre une croissance à deux chiffres. Mais notre développe- ment est bloqué par ces questions de main-d’œuvre.” Autre obstacle paradoxal pour lui : tous les produits qui sortent de ses ateliers sont fabriqués artisanalement, que ce soit le pain ou les pâtisseries. “Nous avons donc besoin de personnes qui savent travailler. J’ai déjà vu beaucoup de personnes qui avaient passé une partie de leur vie professionnelle dans des enseignes où ils ne fabriquaient pas grand-chose et se conten- taient de cuire des produits sur- gelés. Ici, ce n’est pas le cas, c’est donc d’autant plus difficile de trouver des bons professionnels.” Les salariés qui travaillent dans ses fournils sont donc précieux. “Et comme ils travaillent très bien, ils intéressent beaucoup la concurrence. De notre côté, nous
Le chômage est au plus bas et les entreprises ont un mal fou à recruter. Illustration dans un des secteurs d’activité les plus touchés, la boulangerie, chez un des principaux acteurs du Haut-Doubs.
Philippe Roy, patron du Fournil de Morteau, aurait besoin d’environ huit pâtissiers supplémen- taires pour assurer la croissance de ses différentes boulangeries.
L e problème est si criant pour Philippe Roy, à la tête de plusieurs bou- langeries-pâtisseries, qu’il a été contraint de délocaliser son laboratoire de pâtisserie dans une de ses bou- langeries les plus éloignées du Haut-Doubs, à Saône, pour répondre à la demande. Pour- tant, ses locaux de Morteau (Le Fournil deMorteau, rue de l’Hel- vétie) avaient été dimensionnés tout exprès, investissements en matériel à l’appui. Seulement, “au lieu de pouvoir compter sur huit pâtissiers comme c’était encore le cas il y a un peu plus d’un an, nous n’en avons plus que trois à Morteau. J’ai donc été obligé de concentrer la fabri- cation des gâteaux à Saône et nous livrons tous les jours nos autres boulangeries du Haut- Doubs. Les problèmes de recru- tement ont toujours existé mais depuis un an et demi, c’est devenu particulièrement com-
pliqué” déplore Philippe Roy. Ses boulangeries-pâtisseries de Morteau, Pontarlier, Oye-et-Pal- let, Goux-les-Usiers et Amancey sont toutes plus oumoins concer- nées par le phénomène. Seule celle de Saône est pour le moment épargnée. Le problème est devenu tellement aigu que la fabrication n’a pas pu être assurée dans une de ses bou- langeries à la fin de l’été dernier pendant plusieurs semaines. Au total, le patron doit composer avec un effectif variant autour des 80 salariés. “Il m’en faudrait 10 % de plus, soit 7 ou 8 supplé- mentaires” dit-il. Problème sup- plémentaire : quand un salarié part (en Suisse notamment), c’est toute une organisation qui est bouleversée. “Si un pâtissier s’en va, la charge de travail retombe naturellement sur les autres et au bout d’un moment, ça coince. C’est un cercle vicieux duquel il est difficile de sortir” ajoute le patron. Un vrai para-
mercialisant des produits tout faits et cuits sur place, comme de nombreuses franchises ou grandes enseignes le font. Il s’y refuse. Pour lui, la qualité arti- sanale est sacrée et vaut bien ces difficultés et quelques sacri- fices. Il lui arrive quand il le faut de devoir cumuler sa fonc- tion de dirigeant avec celle de boulanger en production. n J.-F.H.
faisons tout pour les garder en les payant très correctement, mais ça reste compliqué” ajoute Anne, son épouse chargée de la gestion administrative. Philippe et Anne Roy usent de tous les canaux pour tenter de trouver les perles rares : annonces presse, sites Internet spécialisés dans les petites annonces, affichettes dans les boulangeries…Rien n’y fait. “Le site de Saône est notre ballon
d’oxygène, heureusement qu’on l’a, sinon je ne sais pas comment on y arriverait.” Dans ce point de vente et de fabrication, Phi- lippe Roy a réussi à embaucher deux pâtissiers de plus. Le pro- blème est particulièrement criant en fabrication, mais il existe également en vente où le turn-over du personnel existe aussi. Philippe Roy pourrait opter pour la solution de facilité en com-
ÉCONOMIE
Échange intergénérationnel Plus qu’un job de vacances, une vraie leçon d’humanité Actuellement en formation d’éducatrice de Jeunes Enfants à l’I.R.T.S.
ponible une semaine pendant les vacances d’hiver, Lucie retrouve des personnes chez qui elle était déjà inter- venue l’été dernier. “Je découvre encore plein de nouvelles choses et pour cer- taines actions, je fonctionne en tutorat sous la houlette d’une autre aide à domi- cile qui m’accompagne dans l’appren- tissage des gestes plus techniques.” Pour plaisant qu’il soit, le métier d’aide à domicile n’est pas toujours de tout repos sa campagne de recrutement pour les vacances de printemps et d’été. Cela représente une quinzaine de postes à pouvoir sur le secteur de Pontarlier. “Ce métier requiert de l’autonomie, des capa- cités d’adaptation et un fort sens rela- tionnel. Il n’y a pas forcément besoin de diplôme pour postuler si le candidat pré- sente un profil adéquat sachant qu’il pourra au besoin bénéficier d’un tutorat pour prendre de l’assurance dans les missions confiées. Si ces recrutements de remplacement conviennent bien sûr aux étudiants, ils sont aussi ouverts aux personnes à la recherche d’une activité complémentaire : demandeurs d’emploi, retraités, intérimaires. On peut par exem- ple proposer des séquences de travail en début de soirée de 17 heures à 20 heures” explique Claire Chambon, chargée de recrutement chez Eliad. Parallèlement à sa problématique de remplacement, l’association d’aide à domicile propose cinq postes en C.D.I. toujours sur le secteur de Pontarlier et alentours. La situation de quasi-plein- emploi sur le Haut-Doubs n’arrange rien. “On cherche à améliorer les conditions de travail. Sur Pontarlier, on essaie de trouver des solutions pour réduire les amplitudes horaires.” Eliad se mobilise aussi sur l’accompagnement à lamobilité des salariés en proposant différents dis- positifs : faciliter l’acquisition d’un vélo électrique, mise à disposition de véhicules pour les salariés effectuant beaucoup de kilomètres. La carte carburant mise en place en 2019 permet de facturer l‘achat de carburant directement à l’em- ployeur et de limiter ainsi l’avance de frais. n Des recrutements ponctuels et dans la durée quand il s’agit d’intervenir chez des personnes très diminuées ou lourde- ment handicapées. Lucie Canet ne sait toujours pas si elle renouvellera l’ex- périence aux prochaines vacances.Tout dépendra de ses obligations scolaires, de son état de forme. Se pose aussi la question assez légitime de multiplier les expériences de jobs d’été avant d’exercer la profession pour laquelle elle a choisi de se former. n O n sait les difficultés de recrutement dans le secteur du service à la personne. Eliad vient de lancer
de Besançon, Lucie Canet occupe pendant ses congés scolaires un emploi d’aide à domicile. Une mise en pratique très enrichissante qui rend aussi bien service à son employeur Eliad, en recrutement permanent.
A venante et prévenante, la jeune étudiante de 20 ans affiche déjà de belles dispositions à s’occuper des autres. “Elle est très gentille” confirme Jeanne Ryckwaert. À 91 ans, celle qui pourrait être son arrière grand- mère garde encore un peu de mobilité
mais se fatigue vite debout. Si elle conserve toute sa lucidité, elle a dés- ormais besoin de soins quotidiens et d’une aide à domicile. Lucie Canet pro- fite d’une semaine de disponibilité pen- dant son cursus pour gagner un peu d’argent. Toujours utile quand on est
étudiante. Titulaire d’un bac pro Ser- vices aux Personnes et au Territoire, elle connaît assez bien les bases du métier d’aide à domicile qu’elle a déjà eu l’occasion de pratiquer lors des stages effectués il y a quelques années quand elle était scolarisée au lycée technolo- gique Jeanne d’Arc à Pontarlier. Bac en poche, elle s’est préparée au concours d’entrée à la formation d’éducatrice de Jeunes Enfants.Toujours dans le social. “Jusque-là tout va bien” sourit l'étu- diante actuellement en première année. À la recherche d’un job d’été, elle s’était rapprochée d’Eliad. La société spécia- lisée dans le service à la personne n’a pas manqué de lui proposer un poste qu’elle a assuré pendant un mois et demi. “On intervient auprès de personnes âgées ou en situation de handicap. Le matin on fait de l’aide aux toilettes ou de l’aide aux ménages. Àmidi, c‘est tou- jours de l’aide au repas. On peut éga- lement être sollicité pour aller faire des courses, accompagner la personne à un rendez-vous ou effectuer des démarches administratives simples.” Si elle est ravie de s’investir au service de ce public qui lui apporte aussi beaucoup sans forcément qu’elle s‘en rende compte, elle n’en fait pas pour autant un objectif professionnel. Priorité aux études ! Dis-
Lucie Canet profite d’une semaine de vacances pour renouer avec son job d’aide à domicile. L’occasion de retrouver Madame Rickwaert ravie de pouvoir discuter avec la jeune étudiante qui pourrait être son arrière-petite-fille.
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