La Presse Pontissalienne 242 - Décembre 2019

38 LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n°242 - Décembre 2019

DOUANE

Le meurtrier présumé de Sophie Le Tan “Sans nous, Jean-Marc Reiser tuait une fille d’ici”

Le meurtrier présumé de Sophie Le Tan à Strasbourg avait été interpellé à Villers-le-Lac, en juillet 1997, par Claude Croissant, douanier à Morteau. Dans sa voiture, des armes, une pelle, une bâche en plastique, des menottes, du produit anesthésiant et des photos de filles nues dans d’étranges positions… C’est la première fois qu’il témoigne.

allongées dans des positions pornographiques. En soi, rien de répréhensible. Sauf que ces femmes ont l’air de dormir, comme si elles étaient droguées, et qu’on leur a enfoncé dans le sexe différents objets qui font davantage penser à des séances de viol et de torture que de sim- ples jeux érotiques. Placé ensuite en garde à vue par les gendarmes de Morteau, Reiser reste mutique. Sa femme poussera un cri d’étonnement quand les photos lui seront mon- trées : elle reconnaît sameilleure amie. Les enquêteurs remonte- ront jusqu’à la disparition en 1987 de Françoise Hollmann, une représentante en aspira- teurs qui n’a plus donné signe de vie après un passage dans l’immeuble de Reiser. “Quand nous l’avons interrogé, il était froid. Maintenant, on peut dire que ce jour-là, il était en chasse ! S’il avait croisé une fille en auto- stop, alors on ne l’aurait pas revue. Sans nous, il aurait tué une fille du coin” conclut Claude. Malheureusement, 22 ans plus tard, Reiser le prédateur aurait fait une nouvelle victime à sa sortie de prison. n E.Ch.

homme suspecté de la mort de l’étudiante Sophie Le Tan à Strasbourg. La jeune femme de 20 ans a répondu en 2018 à une annonce pour trouver un loge- ment. Elle est rentrée dans l’ap- partement de Reiser… puis a disparu le 7 septembre 2018. Des traces de sang et de l’A.D.N. sont retrouvées dans la bai- gnoire du suspect qui nie la moindre implication dans la dis- parition. Le rebondissement intervient il y amoins d’unmois, le 29 octobre, avec la découverte macabre du corps de la jeune femme dans un bois d’Alsace. M. Reiser est mis en examen. Quel rapport avec ce fait divers et les douaniers de Morteau ? Ce sont eux qui ont permis de “coffrer” cet individu, il y a 23 ans, avec l’aide des gendarmes de Morteau. Il a été jugé par la cour d’assises de Besançon en 2001 et écopé de 15 ans de prison pour viols sur une auto-stop- peuse et sur sa maîtresse. “Le 18 juillet 1997, il était 21 h 30, nous levions notre contrôle quand je vois arriver une Peugeot 306 bleue à très faible allure, immatriculée dans le Bas-Rhin. Je dis à un collègue : “On contrôle cette dernière voiture.”

Le conducteur refuse de s’arrêter. On tape sur le toit, puis il finit par stopper. Il ouvre sa fenêtre… dit qu’il est de lamai- son.” Le douanier s’approche de la vitre et voit l’homme passer sa main gauche der- rière son siège. À cet instant, Reiser tente de saisir une arme de poing. Ni une, ni deux, les douaniers l’im- mobilisent. Sur la banquette arrière, ils retrouvent un fusil à pompe (armé). Dans le coffre, il y a toute la panoplie du parfait malfai- teur : pied de biche, cagoules, cordelettes, menottes. “Reiser nous dit qu’il a trouvé ça dans la forêt où il affirme s’être arrêté pour se reposer. On se dit à ce moment qu’on est tombés sur un gros morceau” expose Claude Croissant. Les douaniers pour- suivent la fouille : ils trouvent de puissants anesthésiants, du coton, une pelle, puis il met la main sur des photos. Toutes montrent des femmes nues, “Il était ce jour-là en chasse.”

L orsque le nom de Jean- Marc Reiser apparaît à la une des journaux télévisés en septembre 2018, Claude Croissant téléphone immédiatement à ses anciens

collègues douaniers alors en poste à Morteau à l’époque des faits. “J’ai appelé Claude Bar- thoulot et Michel Letang pour leur demander si c’était bien le Reiser que nous avions contrôlé

ensemble et arrêté à Villers-le- Lac devant le garage Citroën, le 18 juillet 1997 à 21 h 15. C’était lui” raconte Claude, à la retraite depuis 2007. Jean-Marc Reiser, c’est cet

Douanier à la retraite, Claude Croissant sur le lieu du contrôle de Jean-Marc Reiser en 1997.

ENVIRONNEMENT

Bel Coster, un camouflet pour la France Jougne en appelle à Emmanuel Macron au sujet des éoliennes

Malgré l’avis défavorable de la préfecture du Doubs, le canton de Vaud a levé les oppositions au projet éolien Bel Coster à la frontière. Six associations et Jougne introduisent un recours avec le même avocat.

L e service du développe- ment territorial (S.D.T.) du canton de Vaud a levé les oppositions concernant l’implantation d’éoliennes en face de Jougne courant novem- bre.Un camouflet pour la France dont les services de l’État ont émis des oppositions sur ce pro- jet qui doit être construit devant les fenêtres de Jougne ou Entre- les-Fourgs. Actifs, les membres de l’asso- ciation “Vivre au pied du Mont d’Or” ont organisé une réunion publique mardi 19 novembre pour informer tous les habitants. Cette décision des autorités vau- doises prouve que les discussions promises n’ont pas été entendues par le voisin. Dans le cadre de la convention d’Espoo, une consultation avait été effectuée en France, à travers une enquête publique, que La Presse Pontis- salienne avait relayée. Suite à cette enquête publique, le préfet du Doubs a rendu un avis défa- vorable aux autorités suisses. Contre l’avis français, les Suisses

ont donc levé toutes les opposi- tions.À quoi sert alors la conven- tion d’Espoo ? Maire de la commune de Jougne, Denis Poix-Daude se dit inquiet de l’installation de ces éoliennes qui pourraient apporter du dan- ger potentiel sur la ressource en eau de Jougne. La députée du Doubs Annie Genevard est également montée au créneau en interrogeant la ministre de l’Environnement à l’Assemblée nationale. Est-ce perdu ? Non. Les oppo-

sants au projet ont introduit un recours devant la Cour de droit administratif et public du canton. La commune de Jougne a convo- qué un conseil municipal fin novembre et a délibéré contre le projet. “Six asso- ciations suisses nous accompa-

“Ce recours est une étape.”

La réunion publique organisée par l’association “Vivre au pied du Mont d’Or”.

non au projet suisse. Une déci- sion que les Suisses ne peuvent ignorer. n E.Ch.

commune a adressé une lettre au président de la République Emmanuel Macron rappelant que les services de l’État ont dit

ral” évoque Fabien Renard, de l’association “Vivre au pied du Mont d’Or”. Jougne est allée plus loin : la

gnent dans le recours. On ne se fait pas d’illusions : on sait que ce recours est une étape. La pro- chaine, ce sera le tribunal fédé-

Made with FlippingBook Publishing Software