La Presse Pontissalienne 242 - Décembre 2019

ENVIRONNEMENT 34

La Presse Pontissalienne n°242 - Décembre 2019

RECHERCHE Santé La vie à la ferme et la consommation de lait cru protégeraient des allergies

déjà conclu au rôle protecteur de la diversification alimentaire précoce et des expositions aux animaux et aux micro-orga- nismes de la ferme. “La pous- sière, la paille, le foin et le contact régulier avec divers animaux influencent l’immunité.” Coor- donnée en France par le profes- seur Jean-Charles Dalphin, chef du service de pneumologie au C.H.U. de Besançon (récemment décédé), l’étude suit depuis 2002 une cohorte de 1 000 enfants vivant pour moitié à la ferme et pour autre moitié à proximité dans 5 pays européens (Alle- magne, Suisse,Autriche, France et Finlande). Des questionnaires, des prélè- vements et d’autres suivis effec-

L’étude Pasture, menée auprès de 1 000 enfants européens dont 200 Francs-Comtois, montre dans ses derniers résultats l’effet bénéfique d’une alimentation riche en fromage dès le plus jeune âge.

Localisation des familles franc-comtoises intégrées à l’étude Pasture. (image M.S.A. et Association Santé éducation prévention).

V oilà un bien drôle de paradoxe dans une société à cheval sur l’hy- giène et en perpétuelle

chasse contre les bactéries. Et pourtant, le lait cru jouerait un rôle contre les allergies et les infections de la petite enfance.

“Si nous n’avons pas travaillé spécifiquement sur le comté ou les fromages au lait cru, nous avons néanmoins pu constater que c’était un facteur de protec- tion indépendant de la vie à la ferme” , précise Dominique Vuit- ton, professeur d’immunologie clinique à l’Université de Bour- gogne-Franche-Comté. D’une façon générale, les résul- tats obtenus montrent qu’une consommation variée de fro- mages entre 12 et 18 mois s’ac- compagne d’une diminution de dermite atopique (eczéma) à 6 ans et d’allergies alimentaires, mais aussi d’un moindre risque de rhinite, d’asthme…Ce, grâce à l’effet sur le système immu- nitaire produit par les compo- sants microbiens et les proprié- tés anti-inflammatoires des acides gras contenus dans les fromages. Avant cela, l’étude Pasture avait

vives. Preuve “qu’une partie de la population, y compris médi- cale, pense que le risque est modéré.” Comme sur l’introduction tar- dive de la diversification ali- mentaire, que cette étude tend à infirmer, le rapport bénéfices- risques mériterait ainsi d’être réévalué autrement qu’au seul regard du principe de précau- tion. “Il y a un véritable enjeu sociétal autour de la production et la consommation de fromages traditionnels, et les aspects “risques pour la santé” sont sou- vent mis en avant pour masquer d’autres réalités” , conclut Domi- nique Vuitton. n S.G.

voir compléter les données à l’âge adulte. Les enfants étant désormais âgés de 17 ans. “Les maladies allergiques intervien- nent à tout moment de la vie. On a aussi confirmé que l’expo- sition de la mère avant la nais- sance était bénéfique au devenir immunologique et allergique de l’enfant via des analyses de sang du cordon ombilical.” Présentés en mai dernier à l’Académie nationale de méde- cine, les derniers résultats, qui prennent pourtant le contre- pied des recommandations en vigueur préconisant aux enfants demoins de 5 ans et aux femmes enceintes d’éviter le lait cru, n’ont pas suscité de réactions

L’étude est menée côté français par le C.H.U. de Besançon et l’I.N.R.A., “avec le soutien de la M.S.A.”, précise Dominique Vuitton.

tués avant même la naissance de ces enfants ont conduit jusqu’ici à une soixantaine de publications scien- tifiques “et ce n’est pas fini” , remarque Dominique Vuit- ton, qui se réjouit aujourd’hui de pou-

Bons à manger et pour la santé.

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