La Presse Pontissalienne 242 - Décembre 2019

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La Presse Pontissalienne n°242 - Décembre 2019

l La Cluse-et-Mijoux

Le poids de l’administratif

“Laissez-nous soigner les gens !” La maison de santé pluridisciplinaire de Joux accueille aujourd’hui six médecins généralistes et des professions paramédicales : infirmières libérales et de santé publique, ostéopathes. Un fonctionnement collectif flexible et enrichissant avec, petit bémol, une charge administrative pesante.

E n faisant le choix de s’installer à La Cluse- et-Mijoux, le docteur Nicolas Kury se doutait bien qu’il allait avoir une patien- tèle avec de nombreux fronta- liers. Il était loin d’imaginer que les procédures administratives avec les caisses suisses étaient aussi sinon plus longues qu’en France. “Le volet administratif français s’est même allégé même si globalement cela représente encore beaucoup de temps pris au détriment des patients” , explique le généraliste dans l’at- tente de voir un jour une for- mation d’assistant médical se mettre en place pour soulager les médecins de ces tâches qui ne leur conviennent guère. Venu assurer une continuité de soins après le départ de retraite du Docteur Salins, le jeune médecin a fait le choix de s’en- gager à partir de 2009 sur un projet de maison médicale sus-

confortable. Un challenge qui ne l’attire pas forcément car il n’oublie pas ce qu’il doit au sys- tème de formation français dont il se sent d’une certaine manière redevable. Une question de prin- cipe. Étant maître de stage des Universités, il accueille aussi des étudiants et internes en médecine de la 4 ème à la 9 ème année. Ce qui devait se produire à La Cluse-et-Mijoux s’est confirmé avec la venue de généralistes intéressés par le fonctionnement d’une maison médicale qui compte aujourd’hui quatre médecins associés et deuxméde- cins collaborateurs. “On est passé en maison de santé pluridisci- plinaire il y a 18 mois. Ce statut donne droit à des subventions de fonctionnement. On a pu acquérir du matériel et recruter une personne en charge de la coordination des soins, l’orga- nisation d’actions de prévention

ceptible d’attirer d’autres géné- ralistes et des paramédicaux. “On a tout fait tout seul, uni- quement avec des fonds privés. Les propriétaires du terrain ont compris l’intérêt d’avoir une maison médicale là où elles se trouvent à cet endroit. Ils auraient sans doute trouvé très facilement un promoteur inté- ressé par l’emplacement. Pour

La maison médicale de Joux devenue maison de santé il y a 18 mois a connu une rapide évolution d’activité, répondant ainsi aux besoins de santé du territoire.

Neuf années après son instal- lation, Nicolas Kury n’éprouve aucun regret. Moins de spécia- listes, moins de généralistes, dynamique démographique, vieillissement de la population, tous les paramètres concourent à l’augmentation de l’activité dans les cabinets ou maisons de santé du Haut-Doubs. “Je ne suis pas du tout angoissé par l’examen clinique mais le volet administratif s’avère assez stres- sant. J’ai envie de dire : “Lais- sez-nous soigner les gens !” Heu- reusement, le fonctionnement en structure collective permet aussi de se libérer de ses angoisses.” n F.C.

consultation, comme cela se fait aussi dans d’autres cabinets. Résultat : plus de 80 % des “usa- gers” étaient satisfaits. “On a toujours des rendez-vous qui ne sont pas honorés sans prévenir. C’est regrettable vis-à-vis des autres patients. À l’usage, on constate que ce sont les personnes les plus malades qui nous témoi- gnent le plus de reconnaissance.” Le manque de médecins spécia- listes sur l’ensemble du Haut- Doubs se traduit aussi par un transfert de compétences au niveau des généralistes qui s’équipent pour effectuer des actes qu’ils n’auraient pas faits en d’autres circonstances.

en partenariat avec les autres maisons de santé du secteur.” Ce statut implique également de faire des groupes de pairs, c’est-à-dire d’échanger entre médecins et spécialistes sur quelques cas cliniques. La maison de santé de Joux prend-elle des patients qui n’ont pas de médecins référents ? “On a souvent des demandes. On pri- vilégie les personnes qui habitent à proximité et les nouveaux arri- vants” , note Nicolas Kury. Sans être forcément adepte de l’éva- luation systématique, il a accepté que chaque patient puisse néanmoins remplir une fiche d’évaluation en sortant de

la réalisation des travaux, on a cher- ché à privilégier les entreprises et arti- sans locaux. Cela n’a pas toujours été facile de mener ce projet à terme” , poursuit le prati- cien qui, s’il l’avait voulu, aurait pu succomber aux sirènes de la Suisse pour accé- der à une situation beaucoup plus

Besoin d’une formation d’assistant médical.

l Doubs

Un troisième médecin en février

Deux ans de rodage pour maîtriser son sujet En place depuis deux ans au pôle médical, Guillaume Feuillet et Mathieu Vuillez ont dû gérer simultanément une installation administrative chronophage et satisfaire une très forte demande médicale. Ils peuvent désormais se concentrer sur l’évolution de l’activité.

“O n s’attendait à ce que cela soit chaud. On n’a pas été surpris. On ne peut plus accueillir de nouveaux patients depuis un an sinon, on serait contraint de réduire la durée de consultation” , explique Mathieu Vuillez, associé avec son confrère Guillaume Feuillet dans ce pôle médical dont ils sont propriétaires. L’installation s’est bien déroulée même si pas ce n’est toujours simple et rapide notamment sur le plan administratif. Tout est désormais rentré dans l’ordre et les deux praticiens ont déjà d’autres projets en tête.À court terme, accueillir une nouvelle collègue médecin, Lan Ly qui va arriver en février prochain. Un recrutement qui n’a pas causé de problème car il s’agissait d’une connais- sance des deux médecins et la petite nouvelle cherchait à s’installer dans le secteur. C’est beaucoup plus facile quand les choses se présentent de cette manière. Ce troisième praticien qui sera associé dans la structure permet aussi d’em- baucher une secrétaire sur place, en lieu et place du service d’accueil exter- nalisé. “Les choses se mettent progres- sivement en place. On essaie de fédérer. On a commencé par exemple à entre- prendre les démarches pour rejoindre le réseau des maisons de santé. Il faut

compter entre un an et un an et demi. Cela va nous dégager du temps pour faire de la prévention et éviter d’être seulement dans le curatif. La maison de santé permet de travailler avec une infirmière de santé publique, un cabinet infirmier situé au pôle de Doubs et d’autres paramédicaux. Pour nous, c’est plus facile et pour le patient, c’est la garantie d’une meilleure prise en charge.” Les deux médecins sont aussi maîtres de stage universitaire pour encadrer des internes en médecine. Chacun son tour. Les journées sont bien remplies à Doubs avec un planning conçu pour recevoir aussi les patients sans ren-

dez-vous. “Cela repré- sente 25 consultations par jour en urgence. On devrait monter à 30, 35 quand on sera trois” , estime Mathieu Vuil- lez. Quand on parle de l’im- patience de certains à vouloir obtenir un ren- dez-vous immédiat, ils notent effectivement beaucoup d’exigence. Aucun des deux n’éprouve de regret d’être venus s’installer à Doubs. n

“On n’a pas été surpris.”

aLe pôle médical de Doubs prend peu à peu sa place dans l’offre de soins locale.

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