La Presse Pontissalienne 235 - Mai 2019

LE PORTRAIT

39 La Presse Pontissalienne n°235 - Mai 2019

CHAFFOIS Un pique-nique dominical Le rêve citoyen de Michel Faivre Personnage volubile, un rien utopiste, cet ancien gardien de paix ne recule devant rien pour mettre en pratique sa conception du mieux vivre ensemble. Il organise chaque week-end des pique-niques citoyens dans son petit coin de nature situé près du rond-point de Chaffois.

O riginal, c’est certain, illuminé pas du tout. On pourrait se poser la question en voyant sa forêt de pancartes placées entre la R.D. 72 et son “verger-pota- ger-bois-étang”. En l’écoutant, on découvre un homme de 75 ans qui a toujours vécu ses passions à fleur de peau et les raconte avec un enthousiasme débordant. Il va à l’essentiel et s’interroge sur le bien-fondé d’une société de consommation de plus en plus égoïste, cloisonnée… en perte d’hu- manité. “Il faut innover en mettant en place dans la première structure de gestion de la commune des conseils citoyens bénévoles. Cette solution permettrait selon moi à la

culture et j’étais sorti major de pro- motion comme on dit aujourd’hui” , annonce-t-il dans un grand éclat de rire. De son enfance agricole, il garde des valeurs qui l’accompagneront toute sa vie et la satisfaction d’avoir hérité en 1979 d’un beau lopin de terre à Chaffois. Un espace singulier assez humide, planté d’arbres, qu’il ne cesse d’entretenir et d’aménager non pas pour lui-même mais pour en faire un vrai coin de nature. À l’heure de choisir son destin pro- fessionnel, il part à 17 ans apprendre le métier de carreleur puis se fait embaucher dans une entreprise de bâtiment à Genève. “J’ai commencé à faire du sport au vélo-club d’An- nemasse et j’ai même participé au Tour des Deux Savoies en 1966. J’ai abandonné à la troisième étape et ma carrière sportive s’est terminée là !” Tout n’était pas perdu car c’est aussi au vélo-club qu’il rencontre sa première épouse avec qui il aura deux filles et un garçon. Sur les conseils de son beau-père inspecteur de police, il entre à l’école des gardiens de la paix à Paris où il réside ensuite pendant près de vingt ans. Promu brigadier, il exerce ensuite dans le XV ème arrondisse- ment, refait sa vie avec une nouvelle compagne et finit par être muté à Lyon où il travaillera jusqu’à la retraite en 1995. Décidément très mobile, il va alors s’établir à Mar- seille pendant six ans, puis à Pertuis

“Je voudrais que mon initiative de Chaffois soit reprise dans d’autres communes”, suggère Michel Faivre devant son étang à poissons.

Bio express

Michel Faivre est né

société civile d’ex- primer des besoins essentiels et de réduire peut-être des incivilités dont se plaignent nom- bre d’élus” , suggère Michel Faivre. Son parcours est à son image : trucu- lent, plein de rebon- dissements et il suit sa propre logique. Ce fils d’agriculteur a grandi sur la ferme familiale à Bulle. “J’ai suivi une formation post- scolaire dans l’agri-

l

dans le Vaucluse. “On a acheté un potager-verger. Je faisais mon vin, de l’huile de noix et du jus de pomme.” L’heure du retour au bercail sonne en 2015 et Michel Faivre trouve une solution d’hébergement à Bief-du- Fourg dans le Jura voisin. Libéré de toutes ses obligations profession- nelles et familiales, il s’adonne à fond à l’aménagement de son ter- rain. “J’avais profité des travaux de contournement de Chaffois pour demander à l’entreprise en charge du chantier de creuser deux étangs alimentés par deux ruisseaux qui traversent ma propriété.” Michel Faivre y plante des noyers, pom- miers et d’autres espèces d’arbres

Tout change Il décide au printemps 2018 d’inviter des gens à venir pique-niquer chez lui le dimanche. Premier panneau en bord de route et succès plutôt mitigé de l’opération avec 25 per- sonnes accueillies en tout et pour tout. “J’explique cela par la surprise de l’initiative.” Pas frustré, Michel Faivre change de stratégie. Il vient de créer avec son compère Jean- Louis Donier l’association “Le jardin des ados à Chaffois.” Une autre manière de relancer la saison des pique-niques toujours au même endroit le dimanche à partir de 12 heures “Il y a des barbecues et fruitiers. Sans oublier d’y planter quelques ceps de vigne avec l’espoir de vinifier du vin de Chaffois.

du bois à disposition.Tout le monde est le bienvenu, y compris les musi- ciens qui souhaiteraient animer cette journée. L’un des deux étangs est empoissonné avec possibilité de pêche pour les enfants.” Pourquoi la forêt de panneaux ? “Juste pour attirer l’attention à l’éveil citoyen” , poursuit celui qui a multiplié les inscriptions allant dans ce sens, même si c’est presque impossible à lire en roulant. Quid des gilets jaunes ? “Il y a de tout, mais faut admettre que cela a provoqué un déclic et je voudrais que ma démarche s’ins- crive dans la continuité du mou- vement” dit-il. n F.C.

à Bulle en 1944 Il a quatre enfants.

“Il y a des barbecues et du bois à disposition.”

Il est gardien de la

l

paix en retraite.

Sa passion : la

e

l

permaculture.

Il se définit comme

l

un “utopiste pragmatique.”

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