La Presse Pontissalienne 235 - Mai 2019

DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n°235 - Mai 2019

22

Deux jours en immersion dans les institutions européennes l Reportage Avec une délégation régionale

Pour mieux saisir le fonctionnement et les arcanes de l’Europe, la rédaction de La Presse Pontissalienne s’est rendue avec une délégation d’élus régionaux à la Commission européenne de Bruxelles.

U ne arrivée dans le petit matin frileux de Bruxelles, et la délégation file directement au bureau de représentation de la Région Bourgogne-Franche- Comté. Une petite rue proche du quar- tier européen et un bureau presque anonyme dans un immeuble banal. C’est là que travaille Christophe Groult, le directeur de ce bureau de représen- tation chargé d’être le relais des demandes des porteurs de projets Francs-Comtois et Bourguignons auprès des instances européennes. “Ce bureau de représentation a été créé pour les acteurs du territoire franc- comtois et bourguignon. Nous sommes à la disposition des collectivités et des entreprises de la région” indique le directeur qui est assisté de deux col- laboratrices, Eugénie et Sarah. La Franche-Comté est présente à Bruxelles depuis 1988 quand avait été créé un bureau de représentation mais dans lequel étaient réunies toutes les régions du Grand Est de la France. “Le bureau représente les intérêts des régions Bourgogne et Franche-Comté depuis 2005 et depuis juillet 2017, il a été intégré à la direction Europe du Conseil régional Bourgogne-Franche- Comté” précise son directeur qui pré- vient les porteurs de projets potentiel- lement intéressés par l’argent de Bruxelles : “Avec le départ du Royaume- Uni, le budget européen perdra 10 à 15 milliards d’euros par an car le Royaume-Uni était un contributeur net de l’Europe, c’est-à-dire qu’il versait plus qu’il ne recevait. Et comme l’Europe

a de nouveaux défis, notamment en matière de sécurité, de défense, d’im- migration, les autres dossiers comme la P.A.C. ou les fonds structurels subi- ront des baisses de budget.” L’accord final sur le financement des futurs programmes européens devrait intervenir d’ici le mois de décembre prochain. “Une baisse de la P.A.C. de 5 % revient à dire que les agriculteurs verraient leurs revenus baisser de 15 %. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas accepter une telle pers- pective” note Patrick Ayache, le vice- président de la Région Bourgogne- Franche-Comté chargé des questions européennes qui se rend régulièrement à Bruxelles pour faire entendre la voix de notre région. Les élus locaux pré-

sents à Bruxelles lors de ce voyage savent désor- mais mieux à quelle sauce les territoires seront mangés. “Il faut partir des besoins des ter- ritoires pour bâtir l’après- 2020” ajoute M. Ayache. Le deuxième rendez- vous de la journée, c’est avec Pierre Moscovici, le commissaire européen bien connu des Francs- Comtois, venu rendre une petite visite aux élus régionaux (voir ci-des- sous). Avant une entre- vue avec Ludovic Butel, un conseiller diploma- tique en charge du dos- sier Brexit à la représen- tation permanente

“Sortir de l’Europe est bien plus douloureux

que d’y rester.”

La délégation régionale était emmenée par Patrick Ayache, le vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté chargé des questions européennes.

française auprès de l’Union européenne qui a retracé l’abracadabrantesque situation du Royaume-Uni depuis qu’en juin 2016 les citoyens britanniques ont choisi de quitter l’Europe. Trois ans et d’innombrables discussions plus tard, la situation n’était toujours pas réglée… Ce qui fait dire à Patrick Ayache que “sortir de l’Europe est bien plus douloureux que d’y rester.” La journée bruxelloise se poursuit par une rencontre avec Éric Maurice, le responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, le centre de recherches et d’études sur l’Europe qui évoque la dernière session plénière du Parlement européen, qui a eu lieu du 15 au 18 avril et au cours de laquelle ont été évoqués notamment la directive sur les droits d’auteur et un vote sur la limitation des investis- sements étrangers en Europe, par exemple sur les terres agricoles ou viti- coles chères aux Bourguignons et de plus en plus investies par les Chinois notamment. Il a été aussi question du successeur de Jean-Claude Junker en tant que président de la future Com- mission européenne. “Cela devrait se jouer entre l’Allemand ManfredWeber et le Hollandais Frans Timmermans, à moins qu’en cas de désaccord, l’hy- pothèse Michel Barnier émerge. Il aurait le profil. Sa seule faiblesse est qu’il n’est pas encore candidat…” note Éric Maurice.

Une deuxième journée bruxelloise aux contours plus techniques attendait la délégation bourguigno-comtoise dans un des immenses bâtiments de la Com- mission, à la rencontre de spécialistes des questions d’agriculture, de déve- loppement rural, des investissements dans le haut débit et de coopération franco-suisse. De quoi éclairer la lan- terne des élus locaux venus chercher

là des réponses auprès d’une Europe qu’ils sentent désormais un peu plus proche. En cela, une escapade à Bruxelles pour- rait rendre à tous l’Europe moins aus- tère. Pourquoi ne pas inciter toutes les écoles à y emmener leurs élèves, futurs citoyens de l’Europe ? n J.-F.H.

Les élections du 26 mai, mode d’emploi 5 6,5 % d’abstention, c’est le taux record atteint en 2014 en France pour la dernière élection européenne. Et encore, la France n’est pas le pire élève de la classe Europe en matière de participation électorale. En République tchèque, en Croatie, en Pologne par exemple, les taux d’abstention avaient dépassé les 75 % ! Le prochain scrutin européen a donc lieu en France le dimanche 26 mai, dans un mois. Il s’agira alors d’élire les 79 députés européens qui représenteront la France au Parlement européen de Strasbourg et de Bruxelles sur un total de 751 euro-députés. Pour la France, c’est cinq de plus que lors des élections de 2014. Le mode de scrutin a changé par rapport à la dernière élection européenne. Finies les listes par grandes régions comme la dernière fois, il n’y a désormais plus qu’une seule circonscription en France. Nous choisirons donc tous parmi les mêmes listes de candidats, quel que soit notre lieu de résidence. Et contrairement aux scrutins nationaux, l’élection au Parlement européen est à la proportionnelle. Cela signifie simplement que le nombre de députés élus de chaque parti dépendra du pourcentage du vote obtenu par leur parti. n

Pour animer ce séjour bruxellois, Julien Péa, le directeur de la Maison de l’Europe en Bourgogne-Franche-Comté.

Made with FlippingBook - Online catalogs