La Presse Pontissalienne 233 - Mars 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n°233 - Mars 2019

4

LEVIER

Françoise Jeanneret, chef d’entreprise

“Pour être crédible, une femme n’a pas d’autre choix que de réussir” Présidente de l’entreprise Franche-Comté

Environnement, Françoise Jeanneret est une femme engagée à plus d’un titre. Elle est à la tête de l’Ordre national du Mérite, section Haut-Doubs, et vient juste d’animer la soirée du Grand débat National qui s’est tenue en février à Pontarlier. Responsabilités.

L a Presse Pontissalienne : à quel titre avez-vous été retenue pour orchestrer cette soirée ? Françoise Jeanneret : Je n’en ai aucune idée. J’ai probablement été repérée sur une liste, puis contactée par le sous-préfet Jean Almazan et Jean- Philippe Setbon le secrétaire général de la préfecture du Doubs qui m’ont proposé d’animer cette soirée. J’ai accepté. On a ensuite travaillé avec PatrickGenre, lemaire de Pontarlier, qui est intervenu pour introduire le débat. Je ne vous cache pas que j’ai quandmême traversé une petite semaine d’angoisse. L.P.P. : Et après coup, quel bilan ? F.J. : Aucun regret, c’était une belle expérience avec des discussions vrai- ment intéressantes. 160 personnes ont participé à ces échanges qui s’articulaient autour de quatre thèmes : les impôts et les dépenses publiques, l’organisation de l’État et des collectivités publiques, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté. On n’a pas forcé- ment suivi scrupuleusement le pro- gramme en laissant aux gens le choix de s’exprimer sur ce qui leur tenait à cœur. On peut se féliciter de la qualité des échanges respec- tueux des personnes qui prenaient la parole. Chacun pouvait écrire ses doléances sur les cahiers mis à dis- position. Le public était cosmopolite avec des retraités, des jeunes, des entrepreneurs ainsi que des gilets jaunes. On a eu droit à un foison- nement d’idées, d’échanges à tous les niveaux. L.P.P. : Vous vous sentez prête à aller plus loin dans cette démarche ? F.J. : Je me sens plus concernée par le sujet.Tous les cahiers de doléances

national du Mérite section Haut-Doubs. Un nouvel engagement plutôt original. F.J. : Cette promotion était moins inattendue sachant que j’étais déjà vice-présidente. L’Ordre national duMérite a été mis en place en 1963 par le général de Gaulle.Au départ, “la bleue” comme on dit, honorait les militaires avant d’être accordée aux civils. On me l’a attribuée en tant que chef d’entreprise qui s’en- gageait en profit du handicap et de l’insertion des jeunes. Elle récom- pense également les actes de bra- voure de personnes qui ont risqué leur vie pour en sauver d’autres. Les médaillés se voient ensuite pro- poser la possibilité d’adhérer à l’as- sociation. J’ai pris la succession au printemps 2018 de François Corni- bert qui présidait depuis de nom- breuses années la section du Haut- Doubs sachant qu’il en existe deux autres dans le département sur Montbéliard et Besançon. On se réunit en moyenne une fois par tri- mestre. L’Ordre est toujours repré- senté lors des prises d’armes. À nous de trouver les porte-drapeaux. On offre un cadeau de Noël à tous les médaillés de plus de 85 ans. Comme pour le Grand Débat National, l’Or- dre m’a permis de rencontrer des gens qui ne faisaient pas partie de mes réseaux de connaissances per- sonnelles ou professionnelles. On développe aussi des échanges avec l’Ordre de la Légion d’honneur. Cette année, la section du Haut-Doubs organise l’assemblée générale dépar- tementale le 26 avril à Pontarlier. Il nous reste aussi à créer davantage d’événements pour mieux se faire connaître. L.P.P. :Vous êtes aussi dirigeante d’entreprise. Comment se porte Franche-Comté Envi- ronnement ? F.J. : Rappelons que F.C.E. a été créée il y a 42 ans par Claude Jeanneret mon mari. Il s’agissait au départ d’une entreprise spécialisée dans les opérations de reboisement qui s’est peu à peu diversifiée dans la pose de clôtures, de structures miné- rales, d’aménagements paysagers. On intervient aussi dans les travaux à caractère environnemental. On avait expérimenté il y a quelques années l’utilisation de moutons de race Solognote pour entretenir les jardins de l’E.H.P.A.D. de Doubs. Cette action a remporté un franc succès auprès des résidents dont la plupart sont issus du milieu rural et connaissent bien l’élevage. Ces moutons très rustiques demandent

Présidente de F.C.E., Françoise Jeanneret a animé la soirée du Grand débat

National à Pontarlier.

linéaires sur les autoroutes, les déviations et les axes ferroviaires. L.P.P. : Êtes-vous bien situés à Levier ? F.J. : Oui, c’est assez central. On a beaucoup d’aisance autour des bâti- ments. C’est confortable. On vit dans un bel environnement. On se prépare aussi à transmettre l’en- treprise à Jean-Charles Cuenot. actuellement directeur général. On tient à rester une P.M.E. familiale, pérenne et surtout indépendante. Il faut penser au personnel. L.P.P. : Vous êtes suppléante de Michèle Letoublon, conseillère départementale du canton de Frasne,est-ce que cela préfigure quelques ambitions politiques ? F.J. : Non, je ne pense pas être faite pour la politique. C’est un autre métier si l’on peut dire. Jem’investis volontiers pour l’Ordre national du Mérite, au service du handicap et cela me va très bien. L.P.P. :En dehors du travail et de vos enga- gements, trouvez-vous le temps de vous

peu de soins. À partir de là, on a répondu à d’autres projets en lien avec l’écopâturage. L.P.P. : L’avenir de F.C.E. s’inscrit dans la diversification ? F.J. : On est devenu une entreprise multi-activités qui emploie aujourd’hui 80 salariés et réalise entre 10 et 11 millions d’euros de chiffre d’affaires. La pérennité de F.C.E. repose sur sa capacité d’adap- tation. Ce qui implique de la poly- valence et le souci d’accueillir des nouveaux métiers pour rester effi- cient. C’est primordial de répondre aux demandes des clients et d’avoir les moyens de leur proposer des solutions techniques.On a la chance d’exercer un métier en perpétuelle évolution. L.P.P. : Quel est votre secteur d’interven- tion ? F.J. : La Bourgogne-Franche-Comté en priorité et plus globalement le Grand Est de la France notamment pour la pose de clôtures en grands

ressourcer ? F.J. : Oui. On s’est pris de passion pour l’attelage de chevaux comtois. On effectue de grandes sorties autour de chez nous. On a fait aussi quelques concours. Chaque année, on accueille un groupe de personnes handicapées de l’Adapei de Pon- tarlier. C’est une sortie attelage agrémentée d’un pique-nique. L.P.P. : Est-ce compliqué pour une femme d’être chef d’entreprise ? F.J. : Après mes études d’architecte paysager, je m’étais installée à mon compte à Bourgoin-Jallieu. Une femme est aussi crédible qu’un homme sous réserve de ne pas dire n’importe quoi. Aujourd’hui, j’ai la chance de me plaire énormément dans mon travail qui englobe de la technique, du végétal et du rela- tionnel. C’est un métier exigeant, prenant, mais avec des retours très positifs. On s’épanouit en donnant à notre personnel la chance de s’épa- nouir. n Propos recueillis par F.C.

Bio express

Originaire d’Aix-les-Bains

l

Marié à Claude Jeanneret, fondateur de F.C.E. Formation : architecte paysagère Profession : présidente de France Clôture Environnement Présidente de l’Ordre national du Mérite section Haut-Doubs Loisirs : passion pour l’attelage de chevaux comtois

l

sont maintenant fermés. Ils ont été remis en Pré- fecture. Je serai atten- tive pour savoir ce qu’il en résulte. J’ai envie d’aller au bout du pro- cessus. Je voulais aussi faire remarquer com- ment le phénomène des gilets jaunes a éludé sur la place médiatique la fin des commémorations du centenaire de la Pre- mière GuerreMondiale. L’actualité sociale a ainsi pris le pas sur le devoir de mémoire. L.P.P. : Il y a un an, vous pre- niez la présidence de l’Ordre

l

Rester une PME familiale

l

l

l

Made with FlippingBook flipbook maker