La Presse Pontissalienne 233 - Mars 2019

DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n°233 - Mars 2019

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Plus de 40 % des espèces nicheuses en Franche-Comté menacées de disparition l Oiseaux Zones humides en danger 75 espèces sur 181 évaluées par la L.P.O. de Franche-Comté figurent désormais sur la liste rouge des oiseaux nicheurs en Franche-Comté publiée en 2017. L’effet conjugué d’une perte de biodiversité et du réchauffement climatique explique en grande partie ce constat inquiétant et durable.

Espèce emblé- matique de la val- lée du Drugeon, la bécassine des marais figure dans la liste des oiseaux nicheurs en danger critique d’extinc- tion tout en res- tant chassable. Conséquence du réchauffement climatique, la chouette de Tengmalm subit désormais la concurrence de la chouette hulotte venue des plaines.

E ntre la liste parue en 2008 et celle de 2017, difficile de se prêter au jeu des comparaisons car la dernière liste s’appuie sur une méthode d’évaluation dif- férente, à savoir la démarche reconnue de l’Union Internatio- nale pour la Conservation de la Nature. “En 2017, on a beaucoup moins d’espèces classées par exemple en catégorie “données insuffisantes”. On bénéficie aujourd’hui d’une grosse amé- lioration de la connaissance qui

se réduire. Une baisse d’effectif qu’on observe aussi pour des espèces communes comme le chardonneret, le moineau, l’hi- rondelle…“ Avec la banalisation des milieux agricoles, forestiers, humides, on perd également de nombreuses espèces d’oiseaux spécialisés. On pourrait citer le cas du merle à plastron qui a pratiquement disparu des prébois du Haut-Doubs” , poursuit Léa Chalvin. Impossible aussi de nier l’impact du réchauffement climatique

permet d’avoir le statut précis de nombreuses espèces. La situa- tion en Franche-Comté n’est pas unique car on retrouve le même taux d’espèces en danger enBour- gogne et en Suisse” , confirme Léa Chalvin, chargée d’étude à la Ligue de protection des oiseaux (L.P.O.) de Franche-Comté. 36 % des espèces menacées en Franche-Comté le sont aussi au niveau national. Mise à part pour quelques espèces opportunistes, la popu- lation globale d’oiseaux tend à

qui favorise certaines espèces au détriment d’autres. Des espèces de plaine arrivent en montagne. Elles entrent alors en concurrence avec d’autres. Et de citer l’expansion de la chouette hulotte qui s’étend en altitude au détriment de la petite chouette de Tengmalm qui peut d’ailleurs lui servir de repas. Certaines espèces inféodées au froid comme le Grand Tétras se réfugient dans les zones les plus élevées mais le massif du Jura a ses limites altitudinales.Atten- tion. Les 75 espèces d’oiseaux nicheursmenacées de disparition en Franche-Comté se répartis- sent en trois catégories : 31 sont en danger critique, 16 en danger et 28 sont dites vulnérables. Les milieux humides concentrent à elles seules plus d’un tiers des espèces menacées de disparition. “Ces zones sont très sensibles. Les ornithologues duHaut-Doubs s’inquiètent du sort de la bécas- sine des marais surtout quand on sait que la Franche-Comté abrite 30 % de la population nicheuse en France” , note Léa Chalvin qui ne comprend donc pas qu’une telle espèce soit encore chassable. Même sort pour le vanneau huppé qui niche principalement

dans les prairies inondées et dont la population comtoise a dimi- nué de 75 % en 14 ans tout en restant chassa- ble encore aujourd’hui. Allez compren- dre… De nom- breuses zones

nichent au sol comme le râle des genêts ou le tarier des prés.” Si les forêts comtoises ne sont pas épargnées par la banalisation et le réchauffement climatique, Léa Chalvin nuance le propos. “Il existe encore beaucoup de grands massifs où il est encore possible de développer une poli- tique sylvicole harmonieuse en laissant des arbres morts ou des îlots de sénescence. Les listes rouges permettent de hiérarchiser le niveau des menaces et d’établir les priorités d’action sous réserve d’avoir les moyens de les mettre en œuvre” dit-elle. Deux notes d’espoir au tableau de ce diagnostic inquiétant avec le retour confirmé de l’aigle royal en tant que nicheur dans le sud dumassif jurassien. La Franche- Comté accueille également le seul couple nicheur d’aigle poma- rin connu en France. n F.C.

Victime de l’intensifica- tion des pratiques agricoles, le râle des genêts niche au sol.

Hiérarchiser le niveau des menaces.

humides étant exploitées par l’agriculture, une lourde menace pèse sur le cortège d’espèces de ces zones : courlis cendré, van- neau huppé, pipit farlouse. Cette régression ailée touche aussi les terres à comté exploitées de façon intensive ou soumise à une forte pression de pâturage. “Il existe des dispositifs comme lesmesures agro-environnementales qui per- mettent de préserver des zones de fauche tardive pour favoriser les éclosions chez les espèces qui

Même des espèces communes comme l’hirondelle sont en sérieuse régression.

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