La Presse Pontissalienne 232 - Février 2019

17 La Presse Pontissalienne n°232 - Février 2019

l Réglementation

L’office français de l’immigration et de l’intégration

L’affaire de Levier Récemment, un entrepreneur de Levier qui avait embauché en C.D.I. un migrant en attente de régularisation s’est vu infli- ger une lourde amende (plus de 9 000 euros) par l’O.F.I.I. pour travail illégal. Pour le maire de la commune Guy Magnin-Feysot, “c’est tellement surréaliste que j’attends de l’O.F.I.I. un geste de clémence.” Pour soutenir l’entrepreneur et la famille concernée, une pétition circule au village et dans le Haut-Doubs. À ce jour, elle a dépassé les 4 000 signatures. La famille, elle, attend sa régularisation. Si elle l’obtient, le maire “espère qu’ils reviendront s’installer définitivement à Levier où ils sont très appréciés.” L’O.F.I.I. maintient sa position : “Visée par l'article L. 8 251-1 du Code du travail, cette infraction se traduit par l’application par notre établissement d’une contribution spéciale et d’une contribution forfaitaire dont les montants sont encadrés par décret. Comme l’infraction est carac- térisée, nous confirmons que cette entre- prise est redevable de ces contributions. De plus, il ne nous appartient pas de remettre en cause le fondement de cette pénalité” répond l’organisme. n

Le long chemin de l’intégration L’accueil des demandeurs d’asile sur notre sol, ainsi que le retour des publics déboutés de l’asile, est du ressort de l’O.F.I.I., l’office français de l’immigration et de l’intégration dont une direction territoriale est basée à Besançon. Explications.

600 heures de français pour celles et ceux qui connaissent le plus de difficulté. L’apprentissage de la langue est une des clefs pour ne pas dire la clef prin- cipale d’une intégration réussie. Paral- lèlement, nous allons renforcer la for- mation civique et vivre en France en la faisant passer de 2 à 4 journées obli- gatoires. Cette formation contribuera aussi à rappeler les grands principes de notre pays comme la laïcité ou l’éga- lité homme-femme.” Dernier étage de l’intégration : l’inser- tion professionnelle. Sur ce volet, une convention a été signée en ce sens en 2016 entre l’État, l’O.F.I.I. et Pôle Emploi. Elle vise à travailler à l’inser- tion professionnelle des bénéficiaires d’une protection internationale en favo- risant les échanges d’informations entre notre établissement et Pôle Emploi. “Lors de la signature du C.I.R., nous collectons des informations sur les formations suivies et les métiers exercés dans les pays d’origine qui sont utiles à Pôle Emploi pour orienter les personnes vers les bons secteurs d’ac- tivité. En dehors de cette collaboration avec Pôle Emploi, nous développons aussi des partenariats avec l’A.F.P.A. et des entreprises du département” com- plète Guillaume Germain. n J.-F.H.

Soudan et d’Afghanistan.” Il y a aussi des dizaines de personnes déboutées de leur demande d’asile. Celles-ci bénéficient d’aides au retour volontaire. À l’échelle du Doubs, 173 personnes ont bénéficié d’une aide au retour volontaire en 2018, contre 110 en 2017 et 61 en 2016. “Cela signifie que nous avons presque triplé le nombre de départs volontaires en trois ans. Les personnes parties viennent pour l’es- sentiel de l’Albanie, de la Bosnie et de laMacédoine. Plutôt que de rester dans la clandestinité en France, l’aide au retour volontaire permet notamment aux déboutés de la demande d’asile de repartir dignement dans leur pays d’ori- gine.” Pour faciliter l’intégration des réfugiés, le comité interministériel à l’intégration (C.I.I.) qui s’est réuni en juin dernier a préconisé le doublement voire le tri- plement des heures de français pres- crites dans le cadre du C.I.R. “À ce jour, nous pouvons prescrire 50, 100 ou 200 heures de français aux primo-arri- vants s’installant durablement en France.À partir du mois de mars, nous pourrons aller jusqu’à 400 voire

T outes les personnes qui sol- licitent l’asile en France n’ob- tiennent pas, hélas pour elles, le statut de réfugié et par conséquent n’ont donc pas accès aux dispositifs d’intégration proposés par l’O.F.I.I. Cet établissement public admi- nistratif a trois missions principales : le premier accueil des demandeurs d’asile, l’intégration des primo-arrivants qui ont vocation à s’installer durable- ment en France et le retour volontaire des publics déboutés de l’asile et en situation irrégulière. “Au titre de notre mission de premier accueil des deman- deurs d’asile, nous finançons la plate- forme d’accueil des demandeurs d’asile basée à Besançon et nous sommes partie prenante du guichet unique des deman- deurs d’asile à la préfecture du Doubs. C’est dans ce cadre que nous recevons les demandeurs d’asile” observe Guil- laume Germain, le directeur territorial

de l’O.F.I.I. Une fois sur le sol français, les per- sonnes ayant obtenu le statut de réfu- giés bénéficient donc d’une protection internationale et à ce titre, doivent signer un contrat d’intégration répu- blicaine (C.I.R.) avec l’État. “Ce contrat prévoit un engagement à suivre des cours de français et une formation autour des valeurs de la République et de la vie en France” poursuit M. Ger- main. En 2018, sur notre territoire régional, 554 personnes ont signé un contrat d’intégration républicaine. Ils étaient 604 en 2017. “Le chiffre est assez stable depuis quelques années. Il faut toutefois noter que la part des réfugiés dans les signataires du contrat a progressé au cours de ces trois dernières années. En 2018, 2 signataires sur 5 bénéficient d’une protection internationale. Ils pro- viennent essentiellement de Syrie, du

Le rêve de Maria la Congolaise l Pontarlier Elle a été “dublinée” Accueillie à Pontarlier depuis le 9 mars 2017, cette jeune Congolaise qui n’a toujours pas obtenu le statut de réfugié aspire un jour à devenir aide-soignante. Parcours chaotique.

l’existence de structures d’ac- cueil. “On m’a orienté vers le C.A.D.A. C’est là que j’ai été prise en charge par des gens de l’as- sociation Repair.” Pour lui éviter d’avoir à passer d’autres nuits dehors, un des membres de l’as- sociation accepte de l’héberger quelques mois avant de trouver une solution de logement. Près de deux ans après sa venue en France,Maria attend toujours de voir sa demande d’asile abou- tir. Elle fait partie de ceux qu’on surnomme les “dublinés”. De plus en plus d’exilés qui deman- dent l’asile en France se voient opposer le règlement de Dublin qui les oblige à déposer leur dos- sier dans le premier pays euro- péen où ils sont entrés. “Elle aurait dû faire sa demande au Portugal. Cette obligation dis- paraît au bout d’un certain temps. À partir de là, il est pos- sible de déposer une demande

son âge en passant quelques heures à la crèche. Quand on l’interroge sur son avenir, Maria ne cache pas son envie de rester en France. “Je voudrais suivre une formation d’aide-soignante car j’aime bien m’occuper des personnes âgées.” Très bien entourée comme elle le reconnaît dans son séjour pon- tissalien,Maria (vive le portable) parvient toujours à rester en contact avec sa famille. “Je n’ai pas le temps de m’ennuyer. J’ai plein de visites” , poursuit celle qui admet éprouver quelques difficultés d’acclimatation d’ordre climatique. Le Haut-Doubs se mérite. Pour Patricia Cairey- Remonnay, cette rencontre est aussi riche d’échange, de valeur. “Cela permet de s’ouvrir sur plein de choses. C’est une vraie aven- ture humaine et administrative” , sourit l’accompagnante. n F.C.

d’asile auprès de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégra- tion. On en est là aujourd’hui” , résume Patricia Cairey-Remon- nay, membre de Repair et réfé- rente administrative de Maria. Sachant que toutes les familles prises en charge par Repair bénéficient également d’une réfé- rente du quotidien, à savoirMer- cedes qui accompagne la jeune Congolaise. Maria ne vit pas recluse sur elle-même. Sa connaissance de la langue française facilite son intégration. Une fois par semaine, elle se rend à l’E.H.P.A.D. de Doubs avec l’as- sociation du Petit Magasin. “On fait les courses pour les rési- dents” , explique celle qui s’était déjà investie à Emmaüs et qui suit aussi des cours d’informa- tique à la M.J.C. des Capucins. L’occasion pour Alexandra de rencontrer d’autres enfants de

que sa situation ne s’améliore. “Je suis donc partie au Portugal” , explique Maria qui parle très bien français. De Lisbonne, elle cherchera ensuite à se rappro- cher de la France. Atterrissage à Lyon Saint-Exupéry début mars où elle passe deux nuits à la belle étoile avant de rallier Bourg-en-Bresse avec une nou- velle nuit dehors sachant qu’elle porte alors dans son ventre la petite Alexandra qui a aujourd’hui 18mois. Une fillette en pleine santé qui n’a qu’une envie : s’amuser. “À Bourg-en- Bresse j’ai rencontré une personne qui voulait m’emmener à Pon- tarlier.” Arrivée dans la capitale duHaut- Doubs, seule, elle va se rensei- gner dans un restaurant sur

D errière son joli sourire et sa joie de vivre, on devine encore que les épreuves du passé affleurent encore sous l’écorce d’une envie de se reconstruire toujours en proie à bien des incertitudes. Sur un des murs de son petit logement pontissa- lien, deux photos, celles de ses deux premières filles restées dans sa famille au Congo sont là pour lui rappeler les liens qui l’unissent au pays natal. Si elle accepte de témoigner, elle

ne se sent pas encore la force d’accepter le regard des autres qui pourraient la reconnaître, l’interroger. Maria ne sera donc qu’une histoire. Celle d’une jeune mère dont le mari, chauffeur dans la police congolaise a eu le malheur de refuser d’obéir à un ordre. Un geste qui lui sera fatal et obligera son épouse à fuir ce régime dictatorial en jan- vier 2015. Là commence la longue migra- tion de Maria qui restera quelques mois en Angola sans

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