La Presse Pontissalienne 232 - Février 2019

le dossier

La Presse Pontissalienne n°232 - Février 2019

16

Migrants du Haut-doubs : en route vers l’intégration

Si 97 % des migrants en terre comtoise sont accueillis sur les agglomérations de Besançon et Montbéliard, quelques familles ont été hébergées et prises en charge par des associations intervenant dans le Haut-Doubs. Comment les choses ont évolué deux ans et demi plus tard ? Sont-ils tous restés sur place ? Ont-ils obtenu facilement un titre de séjour ? Travaillent-ils ? Qu’advient-il des enfants ? Dans quel état d’esprit abordent-ils leur intégration ? Éléments de réponse en allant à la rencontre des migrants du Haut-Doubs.

Réfugiés en C.D.I. à S.I.S. : “Ce sont nos pépites” l Intégration L’exemple de S.I.S. à Valdahon Sami était universitaire au Soudan, Shamsan ingénieur au Yémen. Ils ont fui la guerre. Après un long parcours, les voilà maroquiniers à Valdahon. Une nouvelle vie.

I ls rêvent désormais d’ap- partement, de voiture, d’une stabilité perdue après avoir quitté leur pays en guerre. Sami le Soudanais, 29 ans, et Shamsan le Yéménite (32 ans) n’ont jamais caressé de si près l’espoir de vivre en paix, en totale autonomie.Après une formation et un apprentissage du français en un temps record, les voilà maroquiniers en C.D.I., rému- nérés comme les autres, seule- ment deux ans et demi après leur arrivée en France ! De la vie de réfugié à celle d’employé, ils ont traversé de terribles épreuves sur lesquelles ils ne préfèrent pas s’étendre. Rencontrés à la cafétéria de l’usine S.I.S. de Valdahon où ils travaillent depuis le 5 mai 2018, les deux hommes sont de fabu- leux exemples de réussite.“Sami

- comme Shamsan - est devenu un maillon fort de notre équipe. Il a très vite appris le métier (et le français). Sa progression est rapide ! Il pourrait même l’enseigner à d’autres car il pos- sède une excellente dextérité et compréhension

travail, j’ai dit oui tout de suite” résume dans un très bon fran- çais Sami. Arrivé à Paris en provenance du Soudan le 25 octobre 2016, le Soudanais a dormi deux semaines dans la rue avant d’être envoyé en centre de réten- tion par la Police. Ont suivi des séjours en foyers, la demande d’asile, et cette histoire de “migrant” à raconter sans cesse. Il sera régularisé. “Le 23 février 2017, je suis transféré à Besan- çon où j’apprends le français, j’arrive le 28 mai 2018 dans l’en- treprise” se remémore le Sou- danais, universitaire et qui fut chercheur d’or dans son pays pour gagner de l’argent. “Main- tenant, c’est notre pépite à nous” lance la formatrice en guise de métaphore. Sami sourit : il com- prend le second degré. L’homme

Devancés par Rachida Laithier, responsable de production, Sami et Shamsan (à gauche) se rendent à l’atelier S.I.S. à Valdahon.

des consignes pour confection- ner une pièce” commente Rachida Laithier, formatrice et res- ponsable de pro- duction à S.I.S. Valdahon, une manufacture de produits de luxe. “Quand l’O.F.I.I. (Office français de l’intégration et de l’immigration) m’a proposé un

Le Soudanais a dormi deux semaines dans la rue.

qui possède le permis de conduire a déposé une demande de logements dans une agence immobilière pour s’installer à Besançon, une ville où il a quelques connaissances. À ses côtés, un café devant lui, Shaman l’ingénieur donne lui aussi entière satisfaction à l’en- treprise S.I.S. Ingénieur civil, il a travaillé auYémen puis deux ans en Arabie Saoudite, pays qu’il a dû quitter “parce qu’il y

dit leur formatrice. Pour S.I.S., au-delà de la valeur économique, c’est une valeur sociale : “Ce n’est pas un coup de communication, nous avons des valeurs sociales. D’autres personnes - venues d’Afghanis- tan - ont intégré la société. Nous leur proposons un D.E.F. (niveau de diplôme en français)” explique la firme. L’intégration par le travail, la clé de la réussite. n E.Ch.

a des difficultés pour les Yémé- nites à vivre là-bas” dit-il. Il a découvert la neige et le comté. Il loge dans un foyer à Besançon et comme son collègue, il monte tous les jours en train. Le Yémé- nite a engagé des démarches pour que sa femme puisse le rejoindre. “Ils sont très volon- taires, ils ont la niaque pour s’en sortir. C’est une véritable richesse car ils nous apprennent aussi à nous des mots, des coutumes”

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online