La Presse Pontissalienne 231 - Janvier 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n°231 - Janvier 2019

4

POLITIQUE

Pierre Simon

“Pontarlier a besoin d’un renouveau de personnes et d’idées” À 15 mois de l’échéance, le conseil municipal et conseiller départemental Pierre Simon,

39 ans cette année, ne cache pas ses intentions et dit vouloir jouer un rôle primordial aux prochaines

municipales. Que Patrick Genre décide de se représenter, ou pas. Interview.

L a Presse Pontissalienne : Comment s’annonce 2019 pour vous ? Pierre Simon : Ce sera une année char- gée sur le plan politique et ce, sur plusieurs points. Il y a bien sûr l’ac- tualité nationale qu’on ne peut pas ignorer et qui a le mérite d’avoir poussé tous les Français à repar- ler de politique. Cemouvement obli- ge les élus, les acteurs publics, à devoir repenser la façon dont ils doivent faire de la politique, en tra- vaillant au plus près des habitants, en sachant donner une vision à long terme, en renouant le contact direct. Cela fait plus de quatre ans que je suis élu, presque autant au Dépar- tement, et on s’aperçoit qu’on le veuille ou non, que quand on est élu, on s’éloigne forcément un peu des citoyens, en tout cas d’une par- tie. Il est nécessaire de renouer des relations vraiment directes avec les citoyens. Le débat citoyen qui s’ouvre est une première piste. Il est néces- saire de ne rien rejeter des propo- sitions de dialogue. Ce débat est l’occasion de mettre sur la table les grands sujets. À Pontarlier, la réunion doit avoir lieu le 25 jan- vier. C’est un moment où les élus doivent impérativement aller, non pas pour intervenir, mais d’abord pour écouter les citoyens. J’invite d’ailleurs tout le monde à y parti- ciper, gilets jaunes ou pas gilets jaunes. Les réponses aux interro- gations des citoyens sont aussi dans les actions locales que les élus peu- vent entreprendre. Ces élus locaux doivent être utiles pour apporter la première pierre à l’édifice répu- blicain. L.P.P. : Ces élus locaux se plaignent jus- tement de ne pas avoir été écoutés par le pouvoir central. C’est aussi votre senti- ment ? P.S. : Je ne ressens pas forcément cela. Il y a eu sans doute des mal- adresses commises par Emmanuel Macron qui, rappelons-nous, a été élu contre tout le monde et tous les autres partis en place, d’où peut- être ce péché de jeunesse à penser qu’il pouvait tout régler très rapi- dement. Je note aussi un péché de certains élus locaux qui se sont crus obligés d’entrer en résistance. Il est maintenant temps de sortir de cet- te opposition frontale. Personne n’a à gagner de cette situation de blo- cage. Je participerai pleinement à cette première étape de dialogue et d’écoute en tant qu’observateur. Il faut aux élus de la modestie et de l’écoute. L.P.P. : Et après cette phase de débat citoyen, quelle sera votre préoccupation pour 2019 ? P.S. : Il y a ensuite les élections euro- péennes qui se profilent fin mai. Elles me tiennent à cœur, c’est pour ces élections que je me suis engagé en tant que militant U.D.F. en 1999. Je m’y engagerai cette fois pour défendre l’Europe à laquelle je crois,

en tant que militant, pour inciter les gens à aller voter, s’exprimer, mais pas en étant candidat. L.P.P. : Vous étiez un centriste, U.D.F., puis U.D.I. Et désormais En Marche ? P.S. : Oui. J’ai adhéré au mouve- ment en août 2017 juste après la présidentielle et les législatives. Parce que dans le contexte natio- nal, le programme proposé par Emmanuel Macron me convenait à 100 % tant sur le fond avec les réformes proposées que sur la for- me. L.P.P. : Pourquoi avoir attendu août 2017 pour adhérer à En Marche ? P.S. : Car jusque-là je m’y retrou- vais dans l’U.D.I., jusqu’à ce que l’U.D.I. soutienne François Fillon à la présidentielle. C’est de là que date mon désaccord avec Annie Genevard par exemple. L.P.P. : Au Département du Doubs où vous êtes vice-président, vous appartenez pour- tant à une majorité de droite ? P.S. : J’appartiens en effet à une majorité L.R., U.D.I. et divers droi- te. Je n’ai jamais eu l’intention d’y créer un groupe EnMarche et mon appartenance à L.R.E.M. n’a jamais dérangé personne. La preuve, Chris- tine Bouquin m’a nommé vice-pré- sident en septembre 2017. Et au sein de la majorité départementa- le, il y a aussi des élus proches du mouvement Agir comme Philippe Alpy ou Philippe Gonon, d’autres proches de Bruno Le Maire comme Jacqueline Cuenot-Stalder. Cette majorité s’est donc élargie harmo- nieusement, mais toujours sur la base du projet de départ autour duquel nous restons tous soudés. Pour les prochaines Européennes, je soutiendrai la liste qui regrou- pera EnMarche, le MoDem et Agir, notamment Sylvain Marmier ici dans le Haut-Doubs. Je regrette que l’U.D.I. semble vouloir faire une liste seule. Un des enjeux de cette élection est que les citoyens se remo- bilisent autour de l’idée européen- ne car il y a tant à reconstruire entre les pays de l’Union. L.P.P. : Il y a ensuite les élections muni- cipales. Vous êtes conseiller municipal à Pontarlier depuis 2014 dans l’équipe de Patrick Genre. Un conseiller d’ailleurs plu- tôt discret, sans délégation… P.S. : C’est vrai, je reste plutôt dis- cret car j’ai d’abord été élu pour apprendre et aussi pour soutenir une majorité. En conseil, il est tou- jours de bon ton d’exprimer des opi- nions différentes mais j’estime que mon rôle est avant tout de soute- nir l’équipe. Ensuite, mon rôle est en effet un peu particulier car jus- te un an après les municipales de 2014 j’ai été élu conseiller dépar- temental du canton de Pontarlier et ce mandat m’a beaucoup plus préempté en termes d’action et de charge de travail. Pontarlier reste

Pierre Simon, bientôt 39 ans, sera peut-être le successeur de Patrick Genre à la tête de la mairie de Pontarlier.

Bio express l Pierre Simon est né à Pontarlier le 9 août 1980. Il habite Pontarlier depuis 1986 après avoir suivi ses parents tour à tour à Chapelle-d’Huin, Dommartin ou aux Grangettes où son père était fromager. l bifurqué ensuite vers Sciences-Po Paris où il a également été diplômé. Il a travaillé un an à l l Il est entré au Sénat en 2006 en tant que chargé d’études. Il a fait ensuite des passages dans plusieurs cabinets ministériels dont celui de Roger Karoutchi puis du garde des Sceaux Michel Mercier dont il est devenu le chef de cabinet en 2012. l Il travaille à nouveau au Sénat en tant que chargé d’études du groupe Union centriste. Il est conseiller municipal à Pontarlier depuis 2014 et conseiller départemental du canton de Pontarlier depuis 2015, vice-président du Département depuis 2017. l l l’ambassade de France à Berne. l Il est ingénieur chimiste de formation, il a

mon territoire d’ancrage, mais pas mon seul territoire d’action.À Pon- tarlier, il y a eu pour moi un temps de découverte et d’apprentissage, puis un temps de gain de confian- ce en soi. Mais ce n’est pas parce que jusqu’à présent je reste discret au conseil municipal que je n’ai pas moins d’envie. L.P.P. : Quelles sont alors vos intentions pour ce scrutin de mars 2020 ? P.S. : C’est dans 15 mois, mais cet- te échéance va vite se rapprocher. Ce que je souhaite pour ces muni- cipales de 2020, c’est jouer un rôle primordial dans cette élection. L.P.P. : Vos intentions paraissent donc assez claires…Mais une éventuelle can- didature se fera même si Patrick Genre souhaite se représenter ? P.S. : C’est à lui de se positionner sur cette question, il attendra sans doute encore. Mais pour construi- re un vrai projet pour cette ville et travailler avec une équipe solide, ces 15 mois ne sont pas de trop. L.P.P. : Vous serez donc sans doute le can- didat investi par La République EnMarche ? P.S. : Je revendique évidemment de faire partie de L.R.E.M. et je comp- te bien obtenir le soutien de ce par- ti le cas échéant. Mais ce n’est pas cela le plus important. Je considè- re que l’élection municipale à Pon- tarlier ne doit pas être politisée. La personnalité du maire et les per- sonnes qui l’entourent jouent plus que les étiquettes politiques. Et ce n’est pas l’étiquette qui construit un projet ou une équipe. Pour cet- te ville, il faut une bonne équipe, et un beau projet. L.P.P. : Pontarlier mérite donc une nou- velle équipe ? P.S. : Ce que je conçois, et d’ailleurs ce que je dirai à Patrick Genre, c’est que les Pontissaliens ont en effet

besoin d’un impor- tant renouvelle- ment des élus et du projet. C’est la vitalité démocra- tique qui veut cela. Il est logique que lemaire actuel tra- vaille avec des adjoints en qui il a confiance depuis longtemps et depuis plusieurs mandats, mais Pontarlier a besoin d’un renouveau de personnes et d’idées. Cela ne veut pas dire renier ou jeter le

je ne suis pas d’accord avec lui. Com- me la fiscalité par exemple. J’ai tou- jours soutenu la stabilité fiscale. C’est un choix politique, comme nous l’avons fait par exemple au Département en décidant pour la quatrième année consécutive de ne pas augmenter les impôts. Et au Département, on n’a pas été mieux lotis que les autres collectivités locales en matière de baisse des dotations de l’État. Je suis persuadé que c’était possible ici aussi à Pon- tarlier de ne pas augmenter les impôts locaux. La base profonde du mécontentement des citoyens, c’est la fiscalité, il ne faut pas l’oublier. Je pense par exemple qu’à Pontar- lier, on n’a pas suffisamment solli- cité de financements extérieurs pour soutenir les projets munici- paux : financements départemen- taux ou européens par exemple. Un point de fiscalité à Pontarlier, c’est 120 000 euros. Cela ne rapporte donc pas tant que cela à la collec- tivité. L.P.P. : Laissons la Ville de côté pour ter- miner. Vous êtes aussi chargé du touris- me au Département et président du Comi- té départemental du tourisme. La saison hivernale n’est pas au top pour l’instant ? P.S. : Les vacances de Noël ne sont jamais les plus importantes pour le Haut-Doubs et Métabief notam- ment. Ceci dit, la période n’a pas été catastrophique, le ski a pu être assuré un minimum grâce à l’en- neigement artificiel, mais si évi- demment on est loin des 500 000 euros de chiffre d’affaires réalisés l’an dernier à lamême pério- de sur la station. Pour février, les réservations sont bonnes mais il ne faut pas oublier que le Doubs, c’est avant tout la nature et le patri- moine et que le tourisme ici ne se résume pas à l’hiver. C’est une vraie économie tout au long de l’année. n Propos recueillis par J.-F.H.

“Patrick Genre sait

que sur certains points, je ne suis pas d’accord avec lui.”

passé,mais c’est regarder vers l’ave- nir. Je préfère regarder vers les 10 ou 15 ans à venir que de me retour- ner sur les 15 ans passés. L.P.P. : C’est une démarche individuelle que vous lancez en ce début d’année ! P.S. : Pas du tout. Des gens autour de moi sont déjà prêts à me soute- nir et m’incitent à entrer dans cet- te démarche de construction que je souhaite. Mais il ne faut pas bru- taliser les choses. C’est une agré- gation qui se fera durant les pro- chains mois. En 2019, les choses doivent se construire. Je ne suis pas dans l’opposition, mais bien dans la construction. Et si cette phase de construction aboutit à une candidature, je n’ai pas l’intention de faire quoi que ce soit sans concer- ter ou informer le principal inté- ressé. Avec Patrick Genre, on se dit les choses et aujourd’hui, pour ces prochaines élections, tout est ouvert. L.P.P. : Vous disiez pourtant être en accord global avec la politique de lamajoritémuni- cipale. P.S. : Globalement oui.Mais Patrick Genre sait que sur certains points,

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker