La Presse Pontissalienne 229 - Novembre 2018

LE PORTRAIT

51 La Presse Pontissalienne n° 229 - Novembre 2018

PONTARLIER

Un collectionneur

Christian Guibelin, la passion du soldat Cet ancien militaire s’intéresse depuis l’enfance aux effets militaires : armes, accessoires, uniformes. Il collectionne et s’investit également dans La Compagnie de la Courbière, association de reconstitution historique active sur tous les fronts.

“J’ aime les armes mais je n’aime pas tirer” , explique Chris- tian Guibelin, 63 ans, en montrant une série de fusils militaires français qui retrace trois siècles de mécanismes d’ar- mement, du silex aux premières cartouches. Une aversion du tir assez paradoxale pour celui qui choisit d’en faire sonmétier en s’en- gageant à 16 ans dans l’arme blin- dée et cavalerie chargée de la mise en œuvre de la majeure partie des blindés français. “J’ai commencé mécanicien pour finir gratte-papier” , poursuit celui qui choisit de pren- dre sa retraite à 47 ans pour se tourner vers d’autres centres d’in- térêt. Les effets militaires mais pas seulement, car il s’adonne aussi sans vergogne à la restauration d’anciennes 2 C.V. qu’il retape entiè- rement. Sa passion du soldat remonte à l’enfance. “Mon grand-père mater- nel tenait la marbrerie Vial à Pon- tarlier. L’un de ses fils, mon oncle, qui exerçait la même profession est parti s’installer à Verdun. C’est en

allant lui rendre visite qu’est venu cet attrait.” Il étoffe petit à petit sa collection dont les pièces les plus anciennes remontent à l’époque médiévale en allant jusqu’à la guerre d’Indochine. Tout se passe sous les combles où se trouve ce qui pourrait s’appa- renter à un musée personnel. En montant l’escalier, quelques armures donnent le ton. Dans le couloir, Christian Guibelin a conservé les documents, photos, décorations et accessoires en lien avec le passé militaire de ses aïeuls. L’abondance ne rime pas forcément avec capharnaüm. Ici, chaque chose à sa place et le collectionneur n’en- tasse pas pour le plaisir d’accu- muler. Si besoin, il sait aussi faire le ménage pour se recentrer sur une époque, une thématique, comme il l’a fait avec la guerre 14- 18 qui se découvre au bout du cou- loir. L’homme a le souci du détail et la logique chronologique. Le comité d’accueil est composé de quatre mannequins qui laissent à voir l’évolution de la tenue mili- taire du Poilu au cours du conflit. À partir de 1915, le rouge et bleu

Christian Guibelin s’intéresse aux effets militaires depuis l’enfance.

Bio express Christian Guibelin

très voyant s’efface au profit du “bleu horizon” plus discret. L’art du camouflage s’étend aussi aux accessoires du soldat. “Tout va être adapté pour limiter les bruits et les éclats susceptibles d’attirer l’at- tention de l’ennemi” , souligne le collectionneur en montrant une série de casques qui s’achève avec le modèle Adian en acier. Ce salon de curiosité militaire pré- sente aussi des tenues et armes des autres pays engagés dans le conflit : Italie, Pologne, Angleterre, États-Unis, sans oublier les Alle- mands. À regretter presque que ces trésors ne soient pas accessi- bles au grand public. “Tout ce que j’ai voulu avoir quand j’étais gamin, je l’ai eu” , apprécie Christian Gui- belin, membre actif de la compa- gnie de la Courbière. Tout a commencé dans les années quatre-vingt à la naissance des Arquebusiers de Joux. Parce qu’ils ne souhaitaient pas se focaliser uniquement sur le fort de Joux, des

passionnés de reconstitution ont créé cette association fondée au début des années 2000 et présidée aujourd’hui par Éric Boisson. Objec- tif : être en mesure de couvrir trois siècles d’histoire, de la Franche- Comté espagnole à la première

troupes de théâtre…” Des vêtements ou des armes confectionnées de toutes pièces. “On sait quoi faire en hiver.” La compagnie de la Cour- bière fédère une quarantaine de membres originaires du Grand Est mais aussi des Bretons, Normands, Italiens, Espagnols et Allemands. “Notre calendrier est calé sur la sai- son des guerres qui s’étalait géné- ralement d’avril en octobre” , pré- cise Christian Guibelin avant d’énumérer toutes les tenues dis- ponibles du régiment d’infanterie espagnol à la guerre de 14 en pas- sant la campagne d’Italie, la garde nationale mexicaine… L’association sera sur deux fronts pour le centenaire de 1918. Cer- tains membres participeront à la reconstitution proposée à Frasne. D’autres se rendront à Oussières dans le Jura pour présenter un piquet d’honneur avec des soldats de 14-18 en tenues française, cana- dienne et américaine. n F.C.

l

est Pontissalien

63 ans

l

l Ancien militaire Passionné par les 2 C.V. et l’histoire militaire l

guerre mondiale. Les occasions de s’afficher ne manquent pas : défilé, animations sco- laires, camp privé, bivouac, journée Bourbaki… “On par- ticipe chaque année aux journées armes anciennes du château de Joux. On était aussi en juin dernier sur le site du Rondé près de Levier où des camps de bûcherons étaient installés en 14- 18. L’activité intègre aussi la mise à dis- position d’uniformes et accessoires pour des Tout change

Un vrai salon de curiosités militaires.

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