La Presse Pontissalienne 228 - Octobre 2018

La Presse Pontissalienne n° 228 - Octobre 2018 L’ÉVÉNEMENT LES MAIRES RURAUX EN PLEINE CRISE DE FOI

À l’échelle nationale, plus de mille maires ont rendu leur écharpe depuis les dernières élections municipales en 2014. La crise des élus locaux s’est encore renforcée ces dernières années et tous pointent aujourd’hui du doigt la disparition programmée des communes. Dans le Haut-Doubs, le blues des élus ruraux est également palpable.

l Société

Politique rurale Démissions en série chez les élus municipaux

L’inquiétude grandit sur le manque de candidats aux élections municipales. Ce phénomène est d’ampleur nationale. Les démissions d’élus se multiplient, notamment dans les communes rurales, à l’instar de Courvières et d’Arc-sous-Monte- not. À quoi cela est-il dû ?

E n 2014, 64 communes n’avaient pas trouvé de candidats en France. Dans le contexte actuel, il faut s’attendre à ce que ce chiffre augmente en 2020, d’au- tant plus que certains villages se voient dans l’obligation de revoter en cours de mandat, sous le coup de trop nombreuses démissions. Alors qu’avant, “ça se bousculait au portillon pour les élections municipales” , aujour- d’hui, les candidats manquent à l’appel ou quittent le navire enmarche. Du jamais vu, à l’ima- ge des communes de Courvières et d’Arc-sous-Montenot pour ne citer qu’elles, où l’électorat devra revoter car les démissions repré- sentent plus de 30 % de l’effec- tif prévu par le Code Général des Collectivités. “Suite à la démission de conseillers municipaux, nous

sommes en effet dans l’obliga- tion de réorganiser des élections les 7 et 14 octobre” , annonce Éric Liégeon, maire de Courvières, qui déplore cette situation et les tensions créées. Autre facteur aggravant qu’évoque l’élu, les maires sont progressivement dépossédés de leurs pouvoirs au profit des intercommunalités.

Courvières est une des communes du Haut-Doubs où les démissions d’élus obligent à refaire des élections.

“Quand on se pré- sente à une élec- tion, c’est pour agir, mener des projets. Or les candidats poten- tiels commencent à se dire que les marges de manœuvre sont devenues faibles.” De même, à Arc- sous-Montenot, un premier tour de vote a eu lieu

La crise des vocations risque de s’accentuer en 2020.

annonceAndré Laignel, premier vice-président exécutif de l’As- sociation des maires de France. La crise des vocations risque de se multiplier en 2020, car, au- delà des démissions, beaucoup plus d’élus démotivés répugnent à abandonner leur poste mais s’en iront en fin de mandat. Ce risque va-t-il commencer à inquiéter l’État ? n

de Dussouillez, maire de Ban- nans depuis 1983, élu depuis 1977 et président de la C.F.D. Pour l’Association des maires de France, près d’un maire sur deux devrait jeter l’éponge en 2020, alors que le taux de renou- vellement était de 40 % en 2014. “Les maires sont face à un brouillard absolu, pire que lors des deux derniers quinquennats” ,

dimanche 30 septembre. Les démissions d’élus de plus en plus fréquentes sont le signe que la situation des mairies se dégrade. Baisse des dotations, suppression à venir de la taxe d’habitation et des emplois aidés… Les maires disent ne plus avoir les moyens d’assurer correctement leur mission. “Tout est fait actuellement pour décou-

rager les bonnes volontés, la rura- lité et les élus ruraux, jusqu’au jour où il n’y en aura plus. Pas étonnant que le monde devien- ne individualiste. Les élus arrê- tent parce que c’est trop com- pliqué, il n’y a pas assez de liberté. Tout est régi par le gouverne- ment dont la politique est plus ouverte pour les urbains que pour les ruraux” , confirme Clau-

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