La Presse Pontissalienne 228 - Octobre 2018

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 228 - Octobre 2018

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POLITIQUE

Marie-Guite Dufay

“Je reste socialiste, je ne suis pas macroniste” La présidente de la Région Bourgogne- Franche-Comté en visite dans le Haut-Doubs

L a Presse Pontissalienne : Lors de votre visite dans le Haut-Doubs les 18 et 19 septembre derniers, vous avez notamment rencontré des responsables industriels, agricoles et des acteurs du tou- risme. Quels messages avez-vous entendus de ces entrepreneurs ? Marie-Guite Dufay : Je suis venu à la ren- contre des chefs d’entreprise, des acteurs du territoire pour lesquels la Région travaille, comme une fruitière en effet pour laquelle nous avons participé au financement de leur nouveau robot de brossage des meules. J’ai également visité Plastivaloire à Morteau. C’est l’exemple d’une entreprise qui a de gros projets d’investissement sur le secteur et il était intéressant de com- prendre la vision industrielle de ses dirigeants. Le groupe Plastivaloire compte près de 6 000 salariés en Fran- ce et dans le monde et il était inté- ressant de comprendre pourquoi c’est dans le Haut-Doubs qu’ils ont leur principal projet de développement. Essentiellement parce que c’est ici qu’ils trouvent la main-d’œuvre la plus compétente et la plus qualifiée. Il y a un vrai savoir-faire dans ce Haut- Doubs. L.P.P. : Comment la Région valorise-t-elle la partie haute de la région, le Haut-Doubs, et le massif du Jura notamment ? La Région va-t- elle renforcer son aide à la valorisation de la station de Métabief, que vous avez visitée également ? M.-G.D. : Le développement d’une éco- nomie touristique durable et créatri- ce d’emplois dans le Haut-Doubs fait partie de mes priorités. Il se traduit par des investissements importants et la plupart de ces investissements se font dans le cadre d’un “contrat de station”. J’avais soutenu l’idée d’un “contrat de station” unique pour les deux communautés de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs et pour le Grand Pontarlier, qui sont par- venues à un accord sur ce sujet. Des projets d’envergure sont par ailleurs prévus, comme l’investissement dans le projet de développement du Châ- teau de Joux et le développement de la station de Métabief. À ce propos, j’ai donc souhaité prendre connaissance, sur le terrain, du projet de moderni- sation de l’offre alpine sur la station de Métabief, et notamment de l’inves- tissement dans les remontées méca- niques du secteur “Piquemiette”, aux côtés de Philippe Alpy, président du Syndicat Mixte du Mont d’Or, Jean- Marie Saillard, président de la Com- munauté de Communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs et Olivier Érard, directeur de la station. L.P.P. : Qu’avez-vous constaté sur place ? M.-G.D. : Il s’agit ici d’une démarche mi-septembre a fait une halte à la rédaction de La Presse Pontissalienne. L’occasion de faire le point sur les dossiers structurants de notre territoire.

La présidente de Région Marie-Guite Dufay en visite à la rédaction de La Presse Pontissalienne : “Je ne me retrouve pas dans les déci- sions actuelles du président Macron.”

gogne-Franche-Comté une lettre de clôture, datant d’août 2018, donnant quitus à la Région sur ce sujet. L.P.P. : La Région gère également les lycées. Quels investissements sont prévus sur les lycées du Haut-Doubs pontissaliens (Xavier- Marmier, Toussaint-Louverture…). M.-G.D. : En ce qui concerne le Doubs d’abord, plusieurs projets de travaux sont en cours ou le seront prochaine- ment. Parmi ceux-ci, la modernisation des ateliers forestiers du lycée agri- cole de Dannemarie-sur-Crète, site Châteaufarine (5,4 millions d’euros), la rénovation du site haut lycée Edgar- Faure à Morteau (19,9 millions), la rénovation de l’hébergement et de la restauration du lycée Germaine-Til- lion à Montbéliard (15 millions), et l’ac- cueil de Bac pro au lycée Pâris à Besan- çon : pour 900 000 euros. D’autres projets le seront prochainement, com- me dans le Haut-Doubs avec l’aug- mentation de la capacité d’héberge- ment au lycée Marmier à Pontarlier (6,2 millions d’euros) en lien avec le lycée Toussaint-Louverture. L.P.P. : Un mot plus “politique” pour termi- ner. Vous qui avez soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle, quelle est votre position aujourd’hui ? M.-G.D. : Je l’ai soutenu en effet, mais cela ne fait pas de moi une macronis- te et je suis toujours restée socialiste. Je regrette qu’il n’ait pas la possibili- té d’appliquer en ce moment sa vision pour l’Europe. Sur le plan national, je ne vois pas l’équilibre entre son côté social et son côté libéral. Ce dernier a clairement pris le dessus. Je ne me retrouve pas dans ses décisions actuelles. Son plan pauvreté est une bonne chose, mais que représente-t-il par rapport à tout ce qu’il a baissé en parallèle concernant les prestations familiales, logement, ou de retraite ? n Propos recueillis par J.-F.H.

suisse ont déjà bénéfi- cié de 36 millions d’eu- ros de F.E.D.E.R. et près de 19,6 millions de francs suisses (fonds fédéraux et cantonaux), soit 54,3 % de l’enve- loppe programmée. L.P.P. : Lors du précédent programme, des crédits pour plusieurs millions d’euros n’avaient pas été consom- més. À quoi sont dus ces “dysfonctionnements” ? M.-G.D. : Le précédent programme s’étalait sur la période 2007-2013 (55 millions d’euros de fonds F.E.D.E.R.). Nous sommes en 2018 et les choses avancent désor- mais dans le bon sens.

pilote pour augmenter les performances des remontées mécaniques et ratio- naliser les équipements. Ce program- me permettra d’envisager non seule- ment une meilleure gestion des flux des skieurs, mais aussi de développer le tourisme “quatre saisons”, avec le développement d’activités estivales. L.P.P. : De manière plus large, quels efforts financiers la Région fait-elle pour promouvoir et développer le tourisme ? M.-G.D. : La Région investira 100 mil- lions d’euros pour le tourisme sur la durée du mandat, dont 18 millions d’euros pour l’hébergement touristique, 36 millions pour les grands équipe- ments structurants, 22 millions pour l’itinérance et 15 millions pour les acti- vités touristiques. L.P.P. : Le Haut-Doubs est privilégié sur le plan de l’emploi par rapport à d’autres zones de la région en déshérence, notamment côté Yonne et Nièvre. Il souffre néanmoins de cer- taines carences, en matière d’infrastructures notamment. À quand par exemple l’amélio-

ration de cette ligne est un investis- sement prioritaire pour notre région. Sur la ligne Pontarlier-Frasne-Vallor- be, elle n’a pas été construite en sub- stitution d’une desserte T.G.V. Il s’agit d’une ligne expérimentale lancée en 2013 pour les frontaliers qui sera main- tenue sans modification en 2019. L.P.P. : Et concernant la R.N. 57 où on ne voit toujours pas d’investissement ? M.-G.D. : Les engorgements concernent d’un côté le contournement de Besan- çon et pour le Haut-Doubs, le contour- nement de Pontarlier. Il convient de souligner que 10 millions d’euros sont inscrits au Contrat de plan État-Région actuel pour l’amélioration de la flui- dité de la traversée de Pontarlier par la R.N. 57, ce n’est pas rien. L.P.P. : Un message pour le monde agricole préoccupé notamment par les aléas clima- tiques et la réforme de la P.A.C. ? M.-G.D. : La sécheresse a surtout tou- ché le secteur bas de la Franche-Com- té, mais c’est maintenant que le Haut- Doubs est le plus concerné. Il n’y aura sans doute pas de plan “calamité natu- relle” à l’échelle de la région malgré nos demandes. Quant à la P.A.C., l’État n’a pas défendu avec la vigueur néces- saire la cause des agriculteurs fran- çais. Je vais me rendre prochainement à Bruxelles pour monter une action de lobbying avec la profession pour défendre les intérêts de la filière, com- té notamment, un produit qui ne doit pas perdre son identité dans le contex- te de libre-échange. L.P.P. : Sur le volet transfrontalier cette fois : quels moyens met la Région Bourgogne- Franche-Comté dans la coopération trans- frontalière (Interreg…) ? M.-G.D. : Le programme Interreg Fran- ce-Suisse 2014-2020 poursuit sa pro- grammation dynamique. Au total, 79 projets couvrant le territoire franco-

“L’État n’a pas assez défendu la cause des agriculteurs.”

Aujourd’hui, le programme Interreg France-Suisse 2014-2020 poursuit sa programmation dynamique.Mais, pour répondre plus précisément, en 2010, l’ex-Région Franche-Comté a, en effet, dû faire face à deux dégagements d’of- fice, induisant une perte d’1,4 million d’euros de F.E.D.E.R. L’ex-Région Franche-Comté venait alors de prendre la mission d’autorité de gestion. Il s’agissait donc d’organiser un service entier sur la base d’exigences euro- péennes très fortes. En termes de ryth- me de programmation et de sécurité juridique, la ressource humaine et tech- nique - au sein des services de la Région - a dû être mise à niveau. Ainsi, le contrôle sévère de la Commission euro- péenne a paralysé la programmation durant une année. Néanmoins, il est à noter qu’en 2013, date de fin du pro- gramme Interreg, la totalité de l’en- veloppe restante, soit près de 54 mil- lions d’euros, avait été consommée. À ce sujet, la Commission européenne a d’ailleurs adressé à la Région Bour-

ration de la ligne ferroviaire des horlogers, ou la ligne Pon- tarlier-Frasne-Vallorbe empruntée par les frontaliers ? M.-G.D. : L’État s’est offi- ciellement engagé à ce que les “petites” lignes ayant intégré les contrats de plan avec les Régions ne soient pas supprimées et même améliorées. J’at- tends maintenant qu’il confirme ses engage- ments et je ne vois rien venir. L’État est claire- ment responsable de la lenteur de ce dossier, c’est le message que je vou- lais porter à la ministre des Transports que je devais rencontrer ces pro- chains jours. L’amélio-

“À Métabief, il s’agit d’une démarche pilote.”

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