La Presse Pontissalienne 228 - Octobre 2018

SPECIAL HABITAT

35

Lantenne-Vertière

Le bâtiment, livré en 2015, est l’un des lauréats du prix national de la construction bois 2017 (photo M. Noël).

LA DEUXIÈME VIE DU PRESBYTÈRE Le bâtiment, réhabilité entre 2013 et 2015, laisse aujourd’hui place à des logements, une M.A.M., une salle socio-culturelle et une bibliothèque. Un lieu vivant, multigénérationnel.

L’AVIS DU PRO Vincent LOMBARD, Architectures Amiot Lombard

P orté par le cabinet Architec- tures Amiot Lombard, ce pro- jet de reconversion a pris le parti de préserver et de resti- tuer de la façon la plus juste tous les éléments de la construction présen- tant un caractère patrimonial. Une exigence qui fait écho aux préoccu- pations de son ancien occupant : un certain abbé Garneret (à l’origine du Musée Comtois et du Musée des maisons comtoises de Nancray). Alors

que d’autres projets prévoyaient la construction d’une extension, il a ain- si été décidé d’intégrer la totalité du programme dans les deux volumes existants (presbytère et grange). Mais aussi de restaurer son aspect exté- rieur avec des matériaux et méthodes traditionnels : maçonneries en pier- re calcaire, petites tuiles plates, enduits extérieurs à la chaux, menuiseries et parquets en chêne… “Ce genre de “petit patrimoine rural’’, inoccupé ici depuis plusieurs années, voit rarement de réhabilitation ambi- tieuse mais la volonté de la mairie, qui s’était entourée de la D.R.A.C., de l’architecte des bâtiments de Fran- ce et du C.A.U.E., était bien de le valoriser” , explique Vincent Lombard. Quelques aménagements d’espaces

“L’exemplarité de la rénovation réside selon nous dans une inter- vention qui transforme et valorise le bâtiment d’origine, sans le détruire. Nous travaillons dans le respect de l’existant, sans pour autant renoncer à la modernité.”

ont été nécessaires en intérieur. “Il a fallu abaisser un plancher de 20 cm pour rendre les combles habitables pour la partie logement occupée aujourd’hui par des personnes âgées et un couple.” Les nouveaux usages nécessitant plus de lumière, des ouver- tures ont également été créées, dis- tinctives “par leur grande dimension et leur proportion plus carrée” appor- tant de la modernité à l’ensemble. L’utilisation parallèle de l’acier cor- ten en façade permet de souligner de façon didactique toutes les inter- ventions contemporaines. Mais la modernité est surtout inté- Pour sensibiliser et aider les porteurs qui le souhaitent, le Grand Besançon, avec le soutien de l’A.D.E.M.E., a orga- nisé un atelier gratuit d’accompagne- ment à l’auto-rénovation thermique pour aider les particuliers qui souhai- tent réaliser eux-mêmes leurs travaux d’isolation. Une première. C’était le 9 juin dernier au lycée professionnel Pierre-Adrien Pâris à Besançon. “Se lancer dans ces travaux n’est pas une chose simple. Beaucoup de particu- liers craignent de mal faire car il faut respecter des règles comme l’étan- chéité à l’air, choisir les bons matériaux. Avec cet atelier, les particuliers peu- vent se dire : oui je serai capable de le faire et si je me lance, que dois-je fai- re ?” explique le service développe- ment durable et transition énergétique de logements rénovés basse consom- mation (B.B.C.) d’ici 2050. Vaste chan- tier… lequel a déjà débuté.

rieure dans les volumes et l’emploi du bois. Le recours à la technique du “sarking” pour l’isolation de la toi- ture donne l’impression d’un toit ancien avec chevrons et lattis appa- rents. “On ne se voyait pas recouvrir le tout de placo-plâtre.” Plutôt que d’avoir recours à des solutions toutes faites (triples vitrages, étanchéité par- faite à l’air…), les architectes ont aus- si misé sur une analyse raisonnée des besoins et potentialités du bâti. “On a choisi une isolation par l’inté- rieur avec l’emploi d’un enduit chaux- chanvre, pas forcément très isolant mais qui respecte le fonctionnement du Grand Besançon. À l’issue de cet atelier pratique suivi par 12 personnes et animé par l’A.J.E.N.A. (association technique énergie environnement en Bourgogne- Franche-Comté) et l’entreprise Lheu- te Isolation, après 3 heures de forma- tion sur la plateforme du lycée Pierre-Adrien Pâris, les participants sont en mesure “d’identifier les struc- tures de conseils, les outils de mesures utilisables, les réseaux de distribution des matériaux et les différentes aides financières mobilisables, d’appréhen- der les enjeux de la rénovation ther- mique, de maîtriser les principes de l’isolation et de l’étanchéité à l’air d’un bâtiment, de connaître les points clés de la mise en œuvre : avantages et points de vigilance à l’utilisation de tels ou tels matériaux isolants et d’étan-

hydrique des maçonneries anciennes et qui permet de conserver une cer- taine inertie thermique.” Une chauf- ferie collective aux granulés de bois a été mise en place, ainsi qu’une ven- tilation double flux. Le rez-de-chaus- sée qui accueille la maison des assis- tantes maternelles (M.A.M.) et une salle associative est, lui, chauffé par le sol en basse température. n D’autres sessions sont prévues. Gra- tuites, elles sont financées par le Grand Besançon, avec l’appui d’enseignes partenaires pour la mise à disposition des matériaux. “L’Agglomération peut ensuite venir en appui puisque nous disposons de matériel comme les caméras techniques que nous prê- tons pour venir en aide aux particu- liers. Notre objectif dans le cadre du Plan Climat est de réduire la consom- mation énergétique par deux tout en développant l’énergie renouvelable sur notre territoire” explique Françoise Pres- se, vice-présidente en charge du déve- loppement durable et de la transition énergétique. En quelques heures, vous saurez si un chantier de rénovation est, ou non, dans vos cordes. n chéité à l’air, d’organiser leur chantier” détaille l’organisateur.

CHIF F R E

1 023 000

C’est en euros le coût total de la reconversion de ce bâtiment de 581 m 2 .

Des particuliers qui souhaitent réaliser eux-mêmes leurs travaux d’isolation sont accompagnés par le Grand Besançon qui organise des chantiers pratiques avec un pro- fessionnel. Face au succès, d’autres exercices sont prévus Ateliers gratuits POUR APPRENDRE À RÉNOVER ET DEVENIR B.B.C.

L a tâche est à la fois immense et difficile à quantifier. Nombre de maisons ou pavillons ont besoin d’une vraie transformation pour ne plus être une “passoire” énergé- tique. Roger Comte, habitant à Cha- lezeule, sait déjà ce qu’il l’attend : “Je vais récupérer une maison de famille des années cinquante, construite avec de la brique et du plâtre. Je sais que

je devrais la rénover et l’isoler… J’ai donc profité de l’atelier rénovation pour prendre des notes et découvrir la lai- ne de bois ou la pose d’un pare-vapeur. Je ne connaissais pas ce matériau. C’était vraiment intéressant” rapporte ce bricoleur. Le Grand Besançon, seu- le agglomération - de cette taille - à être “Territoire à énergie positive” s’est donné pour objectif de posséder 100%

Informations : www.grandbesancon.fr/renovation

Made with FlippingBook HTML5