La Presse Pontissalienne 227 - Septembre 2018

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 227 - Septembre 2018

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ÉCONOMIE Le principe de précaution Comment relancer le commerce au centre-ville ? Face au fléchissement de l’activité qui tend à s’amplifier depuis le début de l’année, Philippe Ferrari de Ferrari Music suggère de favoriser le retrait de colis en magasin au détriment des livraisons à domicile. Éclairages.

I l n’en dort plus. Tous les jours et tard dans la nuit, il affine son argumentaire et son plan communication pour diffuser le plus large- ment possible ce qu’il pense être l’une des solutions pour inver- ser la tendance. “La situation se dégrade partout même à Pon- tarlier où malgré le pouvoir d’achat des frontaliers et des Suisses, l’activité baisse de 10 à 15 % chaque année. Depuis trois ans, 10 % des commerces ont mis la clef sous la porte” , observe celui qui tient aussi un maga- sin de musique à Vigneux-sur- Seine en région parisienne. Pire encore, depuis le début d’année,

c’est une chute de 30 % qui touche les petits commerçants pontissaliens. “D’après mes contacts, une vingtaine serait dans une position très délicate.

développement des ventes en ligne. Ce marché affiche une croissance à deux chiffres. Le réflexe Internet fait désormais partie des habitudes de consom- mation des Français. Difficile pour les petits commerçants de s’aligner sur les prix affichés sur le web surtout quand ils sont assortis de livraisons gratuites ou presque à domicile et ce, dans des délais de plus en plus courts. Dans un premier temps, le com- merçant pontissalien s’est rap- proché de Béatrice Saillard (Commerce Pontarlier Centre) qui possède une bonne connais- sance du commerce pontissa- lien et de l’avocat bisontin Jean- Pierre Devecey pour affiner sa réflexion. Il s’est aussi entrete- nu du sujet avec Bertrand Guin- chard, l’adjoint pontissalien au commerce. “Les outils comme le Fonds d’Intervention pour les Services de l’Artisanat et le Com- merce ou les applications en ligne qui encouragent le shopping vont dans le bon sens. De même le sénateur duDoubsMartial Bour- quin devrait présenter à la ren- trée une loi instaurant une taxe sur les achats effectués à plus de 50 km. Pour autant, ces mesures ne suffiront pas, tant s’en faut, à enrayer le déclin amorcé depuis plusieurs années. Pour s’en convaincre, il suffit de

voir comment progresse la vacan- ce commerciale en centre-ville. C’est de l’ordre de 10% enmoyen- ne nationale, soit au minimum 60 000 commerces menacés chaque année de disparaître en France.” Le commerçant pontissalien pré- conise de mettre en place un dispositif incitatif encourageant l’internaute à effectuer des com- mandes avec retrait en maga- sin plutôt que d’opter pour une livraison à domicile. “Ce systè- me relève du principe de pré- caution qui permettrait de rédui- re la circulation, donc la pollution en ville où réside l’essentiel de la population. Le retrait enmaga- sin constitue à mon sens la solu- tion la plus écologique.” Tout repose sur un écart de prix suf- fisamment convaincant entre les deuxmodes d’acheminement. “Il faudrait qu’il y ait une dif- férence de prix substantielle d’au moins 10 %. On pourrait par exemple appliquer une T.V.A. à taux réduit de 10 % sur les prix retirés en magasin contre 20 % pour les autres biens livrés à domicile. On a vraiment besoin d’un électrochoc” , poursuit Phi- lippe Ferrari. Pour circonscrire le périmètre éligible au taux réduit, il pro- pose de se référer au plan local d’urbanisme en retenant les

Aujourd’hui, il ne viendrait à personne l’idée de racheter un commerce à Pontarlier.” Philippe Fer- rari tire la son- nette d’alarme. Pour lui, plu- sieurs phéno- mènes s’accu- mulent. D’abord, le

“Il y a besoin d’un électrochoc.”

Lanceur d’idées, Philippe Ferrari est prêt à démontrer le bien-fondé de son projet à qui veut l’entendre.

zones U.A. et U.B. en forte ou très forte densité urbaine. À ceux qui s’inquiètent dumanque à gagner dans les caisses de l’État, il rétorque que cetteT.V.A. réduite permettrait sans doute de sauver nombre de petits com- merces donc de chiffre d’affaires soumis à la T.V.A. à 20 %. “Ce

qui est perdu d’un côté serait largement compensé de l’autre” , note celui qui compte désormais présenter sa vision des choses aux élus locaux, à la députée Annie Genevard et au sénateur Martial Bourquin. n

L’activité du magasin “Ferrari Music” accuse une chute de 30 % depuis janvier dernier.

F.C.

SPORT

Football Du C.A. Pontarlier à la Ligue 1 Il a commencé le foot à Dommartin. Repéré par le Stade de Reims quand il évoluait au C.A. Pontarlier en 2016, Virgile Piechocki est aujourd’hui professionnel. Un parcours atypique.

concurrence avec des footballeurs plus âgés. “Mais je n’ai pas lâché malgré le fait que je jouais peu” se souvient-il. L’abnégation paie. Fin 2016, Reims lui propose son premier contrat profes- sionnel. “C’est la première fois que je me suis dit que je gagnerai ma vie grâ- ce au football. Contrairement à ceux qui sont passés par un centre de for- mation, j’ai une fraîcheur mentale même si cette signature a été pour moi une surprise” avoue le footballeur. Le voilà dans le tourbillon du foot. Conseillé par un agent qui négocie son contrat, il doit apprendre à s’entou- rer : “Dès lors que tu signes profes- sionnel, beaucoup de personnes se rap- prochent de toi. Il faut savoir faire le tri” indique le milieu de terrain d’un club en plein renouveau. Après avoir enchaîné plusieurs matches en Ligue 2 face à Troyes, Niort,Amiens en 2017- 2018, Virgile ne se fixe pas de “délai” avant d’entrer la cour des grands. “Mon premier match en Ligue 1 viendra quand il viendra” dit-il. Comme tous les week-ends, le Franc-Comtois gar- dera un œil sur son smartphone pour connaître les résultats de Pontarlier, son club de cœur.Virgile, reconnu pour ses talents de dribbleurs, a gardé contact avec ses potes pontissalien. C’est le seul de sa génération à être parvenu à se faire une place à haut niveau. Le plus dur reste encore à venir… n E.Ch.

S ur le terrain, il adore griller la politesse aux défenseurs adverses. Dans la vie, Virgile Piechocki (21 ans) a brûlé, sans le vouloir, certaines étapes. Alors que la plupart des joueurs professionnels sont passés par des centres de forma- tion, lui, le gamin de Dommartin, a rattrapé le train en marche. Étudiant en S.T.A.P.S. à Besançon et joueur du C.A. Pontarlier (chez les U 19) en 2016, il devient professionnel dans l’équipe du Stade de Reims (Ligue 1) après avoir disputé quelques matches en Ligue 2 lors de la saison 2017-2018. Le milieu de terrain offensif n’a pas encore débuté sur une pelouse de Ligue 1 cette saison mais avec l’équipe réser- ve. “La Ligue 1, c’est encore un autre palier… Il faut déjà que je sois bon en

réserve pour espérer du temps de jeu” résume le garçon désormais installé dans la capitale champenoise. La tête sur les épaules, Virgile (1,85 m pour 81 kg) se souvient encore qu’il évoluait au C.A. Pontarlier il y a moins de deux saisons, et un peu plus tôt à l’Arlier, le club de Dommartin-Vuille- cin. Il a quitté ses parents, ses frères

Le Pontissalien Virgile Piechocki

Romain et Cédric, sa sœur Alicia, après avoir été repéré en novembre 2015 lors d’un match des U 19 Pontar- lier-Reims. Suite à un essai concluant, Reims l’engage pour une pério- de de 18 mois. La pre- mière année est diffici- le : il entre en

“Il faut savoir s’entourer.”

sous les couleurs du Stade de Reims (Ligue 1).

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