La Presse Pontissalienne 226 - Août 2018

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 226 - Août 2018

28

TRANSPORT

Sécurité routière Ces 80 km/h que la Suisse a adoptés depuis 1985 La mesure (parmi d’autres) a permis de

diminuer par dix la mortalité routière en Suisse. Nos voisins ont un avantage : le faible nombre de poids lourds dans leur trafic.

N e dites pas un à un fron- talier que la semi-auto- route A9b entre Orbe et Vallorbe est limitée à 80 km/h… Car depuis la fin du printemps, c’est souvent pare- chocs contre pare-chocs du fait des travaux dans le secteur. Hormis cette anecdote, le réseau secondaire suisse est bien limi- té à 80 km/h en Suisse, 120 km/h pour les autoroutes, 50 en ville. Un dépassement entre 11 et 15 km/h des 80 vaut une amen- de 160 francs suisses. La France a mis en place l’abais- sement de la vitesse maximale autorisée sur les routes natio-

nales à 80 km/h au lieu de 90 depuis le 1 er juillet dernier. Une mesure adoptée en Suisse il y a plus de trente ans, où la vites- se a été ramenée de 100 à 80 km/h sur les routes secon- daires. C’était en 1985. Cela avait engendré une levée de bou- cliers. Un référendum où le peuple a pu s’exprimer avait même été organisé. Dès la mise en place de la régle- mentation, le nombre de tués sur les routes helvétiques est passé de 1 059 à 833 personnes entre 1985 et 1987. Depuis ces années-là, la mortalité routiè- re a été réduite par 10 ! La sécu-

La limitation à 80 km/h en Suisse : voilà depuis 1985 que ça dure.

rité n’était pourtant pas le pre- mier but affiché. À l’origine, l’abaissement avait été motivé par la lutte contre la pollution, argument jugé à l’époque falla- cieux. De l’avis d’un automobi- liste helvétique, la question du 80 ne se pose plus : “Quand vous passez de 80 à 50 km/h au moment de rentrer dans un vil- lage, ça fait de manière beau- coup plus naturelle que de frei- ner d’un coup.” La Suisse a été élue en 2017 championne d’Europe de la sécu- rité routière. Si le trafic est aus- si dense qu’en France, le réseau est bien moins fréquenté par les poids lourds en Suisse, dimi- nuant de fait les risques. Les camions transitent en majorité

par la voie du ferroutage. Selon Touring Club Suisse (associa- tion active en Suisse dans le domaine de l’assistance aux per- sonnes et aux véhicules), “la pre- mière cause d’accidents mortels

auto-école. Pour l’heure, difficile de dres- ser un premier bilan du passa- ge des 80 km/h dans le Haut- Doubs. Sur la Route nationale 57 Pontarlier-Besançon, il arri- ve que des camions collent les voitures au plus près, ou à l’in- verse, que des automobilistes tentent des dépassements dan- gereux. Sans faire de liens depuis la mise en place de la réglemen- tation, des collisions - parfois frontales - se sont déroulées sur notre territoire dont une le 1 er juillet dernier à hauteur de Vuillecin sur la Nationale. Un minibus et une voiture se sont percutés. Bilan : 10 victimes dont 6 blessés graves. n

est la vitesse inadaptée, sui- vie de l’inatten- tion au volant et l’état physique du conducteur en troisième.” Originalité du pays voisin : on peut présenter à l’examen du permis de conduire sans avoir pris de leçon dans une

La Suisse championne d’Europe de la sécurité routière.

Il est encore tôt pour mesurer en France l’impact de la mesure prise le 1 er juillet.

SOCIÉTÉ Une vieille traditions Vallorbe accueille des réfugiés La cité frontalière a été choisie comme trois autres villes de Suisse romande pour accueillir un centre d’accueil des requérants d’asile de la Confédération. Elle a imposé certaines conditions.

Le syndic de Vallorbe, Stéphane Costantini (photo archive L.P.P.).

R éputée fermée, la Suisse prend elle aussi sa part dans l’accueil de réfugiés et de migrants. La Confédération applique les accords de Dublin, le dispositif d’asi- le européen qui délègue la responsa- bilité de la demande d’asile d’un réfu- gié au premier pays qui l’a accueilli. Vallorbe a été désignée fin juin par la Confédération “Centre fédéral des requérants d’asile” comme Chevrilles (Fribourg), Grand-Saconnex (Genève) et Boudry (Neuchâtel). En mars pro- chain, le village frontière (3 279 habi- tants) recevra 250 personnes (aumaxi- mum) qui ont demandé l’asile selon les accords de Dublin (50 %), celles qui sont particulièrement vulnérables selon le Haut-commissariat aux réfugiés (30 %), celles qui ont fait recours contre leur renvoi (15 %) et celles qui atten-

dent d’être expulsées (5 %). L’annonce de l’affectation du centre n’a pas créé d’émoi chez notre voisin. Et pour cause : “Cela fait maintenant dix-huit ans que la commune accueille

des requérants d’asi- le dans une ancien- ne caserne militai- re” souligne Stéphane Costanti- ni, syndic de Val- lorbe. L’exécutif val- lorbier s’est toutefois battu durant deux ans avec la Confé- dération pour ne pas devenir un “Centre de départ”. “La crainte que l’on avait au niveau des auto- rités et de la popu-

“La cohabitation se passe correctement.”

tumes du pays les requérants qui ont obtenu l’asile. Dans le village, “la coha- bitation se passe correctement, juge le syndic. Vallorbe a un sens de l’accueil. Au départ, il y a eu des problèmes avec la population - et encore parfois aujour- d’hui - mais on a toujours su les résoudre car maintenant, on sait comment trou- ver des solutions rapidement. Si on avait dû tout recommencer avec un autre type de résidents, l’effort aurait été insurmontable” commente Stéphane

Costantini. Les requérants pourront rester là quelques semaines ou plusieurs mois selon l’état d’avancement de leur dos- sier. Ils viennent pour 60 % d’entre eux duMoyen-Orient et 40 % d’Afrique. Une fois leur statut de réfugié accep- té, ces hommes ou ces femmes seront attribués à un des 26 cantons.Au total, la Suisse romande disposera en mars prochain de 1 280 places d’accueil pour réfugiés. n

lation, c’est que tout à coup, on modi- fie totalement le profil des résidents, car il ne faut pas se le cacher, des gens à qui on dit qu’ils ne peuvent pas res- ter en Suisse n’ont pas le même com- portement que ceux qui vont s’y ins- taller. Et c’est normal” poursuit le représentant suisse. Ce centre s’inscrit dans la nouvelle politique de réinstallation des réfu- giés voulue par la Suisse. Cette poli- tique vise à familiariser aux us et cou-

Made with FlippingBook - Online catalogs