La Presse Pontissalienne 226 - Août 2018

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 226 - Août 2018

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LES TRÉSORS CACHÉS DU HAUT-DOUBS

Château de Joux, crêtes du Mont d’Or, lac Saint-Point, source du Doubs, abbaye de Montbenoît… L’attrait du Haut-Doubs ne se résume aux spots incontournables qui font la une des brochures touristiques locales. Ce territoire regorge encore de sites, de musées surprenants, de grottes qui apportent la touche de mystère et d’insolite aux vacances réussies. Découverte.

l Pontarlier Les Dames d’Entreportes pétrifiées à jamais

E ntre Vuillecin et Dommartin se dresse une modeste chapelle au nom étrange : Niai-Nion. Entourée d’un mur de pierres sèches, elle trône sur une petite butte en lisière de forêt et offre une jolie vue sur la Chaux d’Arlier. En 1636, la peste noire dévasta la contrée en multipliant les tertres dans les cimetières. Par crainte de la contagion, les malades de Dommartin, Houtaud, Vuillecin étaient conduits à l’extérieur du village près d’une source. Une personne de Bannans, Jeanne Laignier devint bénévolement leur infir- mière. Hélas, à son tour, elle fut atteinte par la maladie et répétait tristement en patois. “Lai soigni lès autres et niai nion pou m’soigni” , c’est-à-dire, “j’ai soigné les autres et je n’ai per- sonne pour me soigner.” Jeanne Laignier rejoignit dans le cime- tière les 120 pestiférés qui y furent enterrés. Une dalle de pier- re indique sa sépulture. Détail surprenant : depuis plus de trois siècles, jamais l’herbe n’a recouvert cette dalle et certains considèrent Jeanne Laignier comme une sainte. À la suite des événements de 1639, une chapelle fut bâtie ici où furent également placées les statues en bois de Saint-Roch et Saint-Sébastien. L’édifice fut détruit par les Suédois de Saxe-Weimar avant d’être reconstruite en 1659. La chapelle de Niai-Nion fut restaurée intérieurement en 1978 à l’initia- tive de l’abbé Engonin, curé de la paroisse et des bénévoles. n l Dommartin La Chapelle de Niai-Nion

l Courvières Moulin à vent et pompe à eau

Le rocher des trois Dames est situé au pied d’un ancien passage de contrebande du sel entre France et Suisse.

C e rocher à trois têtes fait l’objet d’une légen- de. Le seigneur de Joux avait trois filles : Loui- se, Berthe et Hermance qui riva- lisaient de beauté, ce qui les poussaient à enflammer le cœur de tous les chevaliers et écuyers du voisinage. Mais dès qu’elles avaient conquis un cœur, elles s’en détournaient pour aller exercer leurs charmes sur les malheureux qui osaient encore leur résister en se moquant du prétendant délaissé. Cependant, trois jeunes seigneurs, les plus séduisants et les plus coura- geux du comté de Bourgogne n’avaient pas abandonné l’idée de se faire aimer d’elles. Ils firent bonne garde autour du château, avec la bénédiction du sire de Joux qui rêvait secrètement de les avoir pour gendres. En vain.

Cédant à la colère et à l’impa- tience, le père décida que les vainqueurs d’un tournoi auraient pour récompense la main de ses trois filles. La for- tune des armes sourit à Bras- de-Fer, Raymond le Bossu et Hugues-au-Pied-Fourchu, dont la méchanceté n’avait d’égale que la laideur. Le jour des noces, les fiancées parurent voilées. Pour échapper à l’horreur de tellesmésalliances, elles s’étaient fait remplacer par des servantes. La supercherie découverte, la poursuite s’organisa en direc- tion de Pontarlier puis du défi- lé des Entreportes, où les sei- gneurs abusés les rejoignirent. Mais lorsqu’ils voulurent prendre dans leurs bras les demoiselles de Joux, ils n’étrei- gnirent que trois statues de pier- re ! n

Sans doute le seul moulin à vent du Haut-Doubs.

F ierté des habitants de Courvières, cet étran- ge moulin à vent témoigne d’une époque où le manque d’eau dans cer- tains villages pouvait s’avé- rer très problématique en cas de feux. “La salubrité publique, la sécurité et la fortune des habitants tant de fois com- promises par de ruineux incen- dies appellent depuis de longues années l’arrivage et la distribution des eaux…” Ces observations sont extraites de documents écrits enmars 1877, date où la commune de Cour- vières décide de s’équiper d’un réseau d’eau avec ce moulin à vent. L’eau provenait de la source de la Gaudine située à

l’extérieur de Courvières. Elle circulait ensuite jusqu’au réser- voir de 300 m 3 qui jouxte la tour du moulin. L’eau était ensuite refoulée grâce à l’éner- gie éolienne qui actionnait une grosse pompe dans le haut du village où se trouvait le réser- voir alimentant les fontaines. Il faudra attendre 1921 pour que l’eau courante arrive direc- tement chez l’habitant. Ce moulin à vent a rempli son rôle même si les conditions n’étaient pas toujours propices pour le faire tourner. Il sert aujourd’hui de réserve à incen- die. On peut y pénétrer pour visualiser l’ancien mécanis- me et la construction de la tour. n

La chapelle est située en lisière de forêt dans un petit coin assez bucolique.

Accès : Depuis Pontarlier, suivre la R.D. 47 en direction des Alliés. 3 km plus loin, prendre une petite route qui descend sur la droite et vous conduit au rocher des trois Dames à 2 km de la bifurcation

Accès : Depuis l’église de Dommartin, partir en direc- tion de Vuillecin. À la sortie du village, un panneau indique la direction de la chapelle sur la gauche

Accès : Depuis l’église partir en direction de Cuvier

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