La Presse Pontissalienne 225 - Septembre 2018

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 225 - Juillet 2018

RIEN N’ARRÊTE LE CONIFER !

Le petit train touristique du Haut-Doubs fête son 25ème anniversaire cet été. Une histoire peu banale, portée à bout de bras par Louis Poix et une ribambelle de bénévoles particulièrement dévoués à la cause ferroviaire. Retour haut en couleur sur un train pas comme les autres (photo d’introduction J.-C. Lengacher). l Les Hôpitaux-Neufs 30 000 voyageurs en 2017 Le Conifer, 25 ans d’aventure ferroviaire

Pour remettre sur rail un petit train touristique dans le Haut-Doubs, il fallait sans doute être un peu fou ou follement passionné, techniquement au point, habile diplomate, leader charismatique, humain et respecté. Car l’histoire du Conifer c’est d’abord et avant tout celle d’un homme, Louis Poix, dit Loulou, toujours persuadé de débarquer un jour sur le quai de la gare de Pontarlier.

“J’ espère bien que Dieu me prête vie assez long- temps pour assister à cet événement” , sou- rit malicieusement Loulou Poix qui a toujours su rallier à sa cause des bénévoles, et des élus de tous bords pour défendre l’in- térêt de son bébé sur rails. N’at- tendez pas de lui un récit linéai- re et monotone de l’histoire du Conifer. Ce n’est pas franche- ment le genre de lamaison,mais réjouissez-vous d’anecdotes croustillantes, de défis impos- sibles, ou improbables, détaillés dans un discours haut en cou- leur et beaucoup plus cohérent qu’il n’y paraît. “Je suis né aux Hôpitaux-Neufs près de la gare. On voyait des trains tous les jours et on passait tous nos jeu- dis à jouer entre les wagons. Je crois que tout est venu de là” , se souvient l’intéressé qui ne ces- sera de cultiver sa passion tout en développant son entreprise de travaux publics. Un métier et des outils bien utiles quand on veut reconstruire une ligne ferroviaire, celle du Pontarlier- Vallorbe inaugurée en 1875 et fermée pratiquement un siècle plus tard. Entre autres faits d’armes, elle fut empruntée le

Sans Louis Poix, pas de Conifer. L’homme ne compte plus le temps, la sueur et l’argent investis pour développer cet excellent produit touristique.

26 avril 1945 par le train qui ramenait en France le maréchal Pétain et son épouse exilés en Allemagne depuis la Libération. En 1992, le projet de recons- truction d’une ligne en vue d’une exploitation touristique prend forme. Cela aboutit à la créa- tion de l’association Le chemin de fer touristique Pontarlier- Vallorbe. “On s’est préparé en vue des championnats du mon- de de V.T.T. organisés en 1993 à Métabief. Chaque jour, un vil- lage de la station proposait une

remettre l’été venu. Mais rien n’arrête le Conifer. Le service d’été est mis en place en 1994. “C’est aussi l’année où l’on a commencé à servir des fondues en nocturne. Les groupes étaient accueillis dans des wagons pos- taux.” Deux ans plus tard, plus de 10 000 voyageurs emprun- tent le petit train touristique entre Les Hôpitaux-Neufs et le passage à niveau du Touillon. Autre événement marquant, en août 1996 avec l’arrivée de la 030 Tigerli qui est devenu l’em- blème du Conifer. “On a prati- quement fait le tour de France avec cette loco de manœuvre très puissante.” Pour mener à bien son chantier, Loulou Poix peut compter sur une solide équipe de bénévoles qu’il a su “embringuer” dans son défi. L’association en compte aujourd’hui 150 dont 75 actifs. Elle emploie juste un saison- nier l’été. Le Conifer ne connaît pas la crise du bénévolat. “Il faut toujours garder à l’esprit que ce ne sont pas des salariés. Tout est dans la nuance et chaque effort mérite récompense.” Le Conifer rejoint Fontaineronde en 1997. L’escale va durer dix- sept ans. Pour diverses raisons, la commune de Montperreux

animation. Aux Hôpitaux-Neufs, on a proposé de poser 400 mètres de voie ferrée. On a utili- sé à l’époque le matériel roulant de l’associationVal de Travers.” Le tremplin idéal pour lancer le pro- jet en profitant des 130 000 specta- teurs présents aux championnats du monde. Les rails traversaient à l’époque le cara- vaneige, il fallait déposer la ligne en hiver pour la

du Téléthon. Souvenir, souve- nir. Grâce à l’intercession du Conseil départemental et de son prési- dent Claude Jeannerot acquis à la cause de Loulou Poix, le petit train poursuit son chemin en direction du château de Joux. Il se rapproche peu à peu du lieu-dit Combe Mottat à l’in- tersection avec la R.D. 44 qui permet de rejoindre Montper- reux et le lac Saint-Point. Plus que tout autre, Loulou Poix sait l’importance d’un bon carnet d’adresses. Il n’a pas hésité à prendre des responsabilités en présidant pendant une dizaine d’années l’Union des Exploi- tants de Chemins de fer Tou-

refuse de laisser passer le train sur son territoire. De guerre las- se, Loulou Poix confie le dossier au Conseil général du Doubs qui à l’issue de longues négo- ciations finira par acheter en 2013 les parcelles traversées par l’ancienne ligne. Autre exploit à signaler en 2001 lors dumémorableTéléthon télé- visé à Pontarlier. Le Conifer est de la partie avec comme défi l’installation de 600 m de voies entre la rue Jeanne d’Arc et les casernes Marguet. Final en apo- théose quand la Tigerli rentre dans une carcasse de T.G.V. en bois plus vraie que nature confec- tionnée plusieurs semaines auparavant par les compagnons

ristiques. Cette fédération dont il est maintenant président d’honneur regroupe 86 chemins de fer touristiques en France. Nouveau coup de pub en 2013 lors du rachat du wagon-res- taurant de l’Orient-Express. Cela vous pose un train… “Tout était à refaire ou presque. Ce wagon était conservé vers Nice. On l’a fait réparer à Nevers et les bénévoles ont tout refait l’in- térieur.” En 2017, le Conifer a transpor- té 30 000 voyageurs. On ose ima- giner ce qu’il adviendra de la fréquentation quand les passa- gers pourront descendre au pied du fort de Joux. n F.C.

Rien n’arrête le Conifer.

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