La Presse Pontissalienne 224 - Juin 2018

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 224 - Juin 2018

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POLITIQUE

Le délégué Haut-Doubs de la République En Marche

“Il est clair que la mairie de Pontarlier fait partie de nos objectifs” Jérôme Pacot est l’animateur du mouvement En Marche dans le

chose est sûre, c’est que tant au niveau européen qu’au niveau local, les gens ont envie d’autre chose, d’une politique autrement. À partir de la rentrée de septembre, les comités locaux vont s’ac- tiver pour préparer les prochaines échéances électorales, toujours en sol- licitant les citoyens pour que les pro- jets partent vraiment d’eux. L.P.P. : Les Pontissaliens également récla- ment une autre politique ? J.P. : Il est clair que Pontarlier fait éga- lement partie de nos objectifs, mais comme d’autres villes importantes de ce département. Sur Pontarlier, nous lancerons une large consultation citoyenne et ce sont les habitants qui feront le projet, il ne va pas tomber d’en haut. L.P.P. : Vous pourriez être un acteur majeur pour les prochaines municipales ? J.P. : Non, parce que je réside à Sept- fontaine ! Le temps n’est pas encore venu de désigner telle ou telle per- sonne. Il y a d’abord un projet à construi- re. L.P.P. : Qu’est-ce qui pourrait être amélioré sur ce Haut-Doubs ? J.P. : Je pense par exemple qu’il fau- drait donner à ce Pays du Haut-Doubs enfin une vraie identité, et pour cela, rapprocher les communautés de com- munes qui le composent, pour que le Haut-Doubs soit visible de loin, que cette étiquette soit une valeur à mettre en avant pour le milieu économique et la Suisse toute proche, pour le secteur touristique, la santé, etc. L.P.P. : Votre avis sur des sujets structurants comme la R.N. 57 ? J.P. : Il y a plus de vingt ans, un accord avait été trouvé entre la France et la Suisse pour créer une 2 X 2 voies jus- qu’à la frontière et bizarrement, elle s’est arrêtée à Étalans… Depuis que je suis gamin, j’entends parler d’un axe sous la chapelle de l’Espérance. Ce qui n’est plus possible aujourd’hui pour des questions financières aurait pu être fait il y a vingt ans. Il n’y a plus de solution miracle aujourd’hui. L.P.P. : Vous qui êtes dans ce secteur d’acti- vité, pensez-vous que l’avenir de l’hôpital à Pontarlier est assuré ? J.P. : On a un vrai plateau technique, un bloc, l’imagerie et toutes les com- pétences pour faire marcher cet hôpi- tal. Le problème récurrent est le manque de médecins. Un nouveau chi- rurgien digestif est arrivé, un autre devrait venir en septembre mais mal- gré cela, la tendance est à la baisse du nombre de lits du fait de ces difficul- tés. L.P.P. : Quelles sont les prochaines échéances pour vous en tant qu’animateur (avec Aude Saillard) du comité Haut-Doubs ? J.P. : Toujours plus de terrain, plus de proximité, plus de pédagogie. Les gou- vernements précédents n’expliquaient pas le travail qu’ils faisaient. Nous sommes sur le terrain pour le faire. Après la parenthèse estivale, notre présence sur le terrain va donc enco- re se renforcer. Le travail de réconci- liation du citoyen avec la politique n’en est qu’à ses débuts. n Propos recueillis par J.-F.H.

L a Presse Pontissalienne : En tant que “nouveau venu” dans le paysage poli- tique local, on souhaiterait d’abord en savoir un peu plus sur vous. Quel est votre parcours ? Jérôme Pacot : J’ai 40 ans, je suis infir- mier en soins généraux en chirurgie à l’hôpital de Pontarlier, depuis 20 ans maintenant. J’avais commencé ici par une mission de remplaçant A.S.H. alors que j’étais encore au lycée Jeanne- d’Arc. Après mon Bac, j’ai pu intégrer une préparation en alternance avec un poste de brancardier. Puis je suis entré à l’école de soins infirmiers à Pontarlier où j’ai obtenu mon diplôme après trois ans de formation. J’ai même connu ma femme là-bas, nous avons trois enfants. J’ai donc déjà passé la moitié de ma vie à l’hôpital ! Parallè- lement à mon travail d’infirmier, je suis, pour le compte de l’A.R.S., la démarche du soin infectieux dans les établissements médico-sociaux du Doubs. Je suis également le président de l’Amicale du personnel de l’hôpital. L.P.P. : À quand remonte votre engagement politique ? J.P. : Il est très récent. Mais je ne le dissocie pas demon engagement citoyen qui remonte, lui, aux années lycée. J’ai toujours été un grand fana de la vie associative qui a commencé pour moi avec l’association de Jeanne-d’Arc pour le Burkina-Faso. Un projet solidaire avait été monté et nous sommes par- tis trois semaines là-bas en 1998. Il y a eu ensuite le Téléthon de Pontarlier, puis la fédération nationale des étu- diants infirmiers notamment. Concer- prépare les prochaines échéances électorales et doit d’abord continuer à se structurer, et convaincre. Interview. Haut-Doubs. Fort de ses 140 adhérents, le collectif

Jérôme Pacot, 40 ans, est le référent du mouvement En Marche pour tout le Haut-Doubs.

comme la nouvelle halle Pasteur à Pon- tarlier, le discours des gens change peu à peu. C’est à nous de porter le projet euro- péen d’Emmanuel Macron sur les terri- toires et c’est à la France de prouver à ses voisins européens que l’Europe signifie quelque chose. Enco- re une fois, sur ce sujet comme sur d’autres, tout le travail de L.R.E.M. est basé sur

pour constituer son projet de candidat justement en s’appuyant sur les citoyens m’a beaucoup plu. Je me suis alors rap- proché du petit comité local qui venait d’être créé sur Pontarlier, ce comité que je préside désormais. Le projet d’Emmanuel Macron venait de la base, c’est ça qui m’a plu. Puis mon impli- cation s’est accentuée à l’approche de la présidentielle, notamment depuis le meeting d’Emmanuel Macron le 11 avril 2017 à Besançon. L.P.P. : Qu’est-ce qui différence En Marche d’un parti classique ? J.P. : Les actions sur le terrain consti- tuent la base du projet, c’est toute la différence. On reste depuis le début très impliqué sur le terrain, très pré- sent, ce qui nous différencie aussi des autres partis qui semblent désormais beaucoup plus absents. Notre rôle est de relayer tout ce qui sur le terrain marche et réussit. L.P.P. : Comment se porte En Marche Haut- Doubs après un an. N’y a-t-il pas un certain essoufflement ? J.P. : Nous sommes 140 membres En Marche. C’est un effectif très hono- rable et qui augmente régulièrement. Et il n’y a eu aucune désinscription depuis le début. La force de ce mou- vement, c’est aussi qu’il est composé de tous les représentants de la socié- té : jeunes actifs, retraités, salariés, travailleurs frontaliers, fonctionnaires, agriculteurs…, de toutes organisations professionnelles, de toutes origines politiques. Et l’engagement de tous ces citoyens ne fait que commencer. L.P.P. : Un an après l’élection d’Emmanuel Macron, vous ne niez pas le fait que les mécon- tents se multiplient, la grogne monte dans la rue et que cette image de président des riches

lui colle de plus en plus à la peau ? J.P. : Je ne suis pas riche et je m’enga- ge pour que sa politique réussisse. Au comité, on a aussi des gens qui tou- chent le R.S.A. Cette étiquette de pré- sident des riches est totalement injus- te, il met en œuvre le programme pour lequel il a été élu et dont les résultats porteront leurs fruits. Ce président a autre chose aussi que les autres n’avaient pas : il s’est engagé à ce que tout ce qui est mis en œuvre fasse l’ob- jet d’une évaluation. Si une mesure ne s’accompagne pas des effets escomp- tés, elle sera corrigée. C’est aussi ça la nouvelle façon de faire. L.P.P. : Comment ce comité En Marche Haut- Doubs va-t-il prospérer jusqu’aux prochaines échéances électorales, Européennes en 2019 et Municipales en 2020 ? J.P. : On se réunit tous les mois autour d’une thématique, en général liée à l’actualité parlementaire, ou sur une thématique locale. Notre façon de fai- re repose sur la consultation. Quand par exemple on traite de la R.N. 57, on consulte les associations de quartier concernées à Pontarlier. On se confron- te à la problématique du terrain avant de dégager des pistes de réflexion et avancer en groupe. L.P.P. : La grande marche pour l’Europe orga- nisée par En Marche courant mai a-t-elle été un succès dans le Haut-Doubs ? J.P. : Nous avons rencontré énormé- ment de monde par le porte-à-porte, nous avons toujours été très bien reçus. Quand au départ les gens nous disent que l’Europe ne leur apporte rien et qu’au fil de la discussion, ils s’aper- çoivent que l’Europe est utile pour l’agriculture du Haut-Doubs, pour les échanges avec la Suisse, pour soute- nir financièrement des projets locaux

“Cette étiquette de président des riches est totalement injuste.”

la pédagogie. Ce travail de terrain a donné lieu à des moments intenses de discussion. Comme avec cet agricul- teur de Montflovin très réticent au questionnaire, à l’heure de la traite, qui pense ne pas être concerné par l’Europe jusqu’à ce qu’on évoque la question de la P.A.C. Il invite finale- ment son épouse à se joindre à la dis- cussion et participe activement au questionnaire en abordant la question des normes sanitaires, des subven- tions, du glyphosate… Ou encore cet immigré slovène arrivé en France en 1947, témoignant de l’impact de l’Union européenne dans la vie de sa famille restée en Slovénie ou ce retraité de 75 ans qui communique depuis l’âge de 15 ans avec son correspondant alle- mand, cantonné enAllemagne de l’Est jusqu’à la chute du mur. Cette opéra- tion, c’était un vrai moment de démo- cratie. L.P.P. : À votre avis, y a-t-il dans ce bastion de la droite conservatrice qu’est le Haut-Doubs, un terreau fertile à En Marche ? J.P. : Avec toutes les personnes que nous rencontrons sur le terrain, une

nant le volet politique, c’est en discutant avec Liliane Lucchesi, qui était enseignante à Jeanne-d’Arc, que j’ai voulu en savoir plus sur l’engagement politique, le fonctionnement d’un parti… L.P.P. : Vous aviez donc au départ des affinités plutôt de gauche ? J.P. : Pas vraiment. Je me suis engagé dans le mouvement EnMarche en janvier 2017. Le déclic a été le rappro- chement entre la façon dont j’envisageais la politique avec l’enga- gement citoyen que j’ai toujours voulu avoir. La démarche qu’a eue Emmanuel Macron

“Les actions sur le terrain constituent la base du projet.”

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