La Presse Pontissalienne 224 - Juin 2018

ÉCONOMIE 36

La Presse Pontissalienne n° 224 - Juin 2018

INFORMATIQUE

Le R.G.P.D. est entré en vigueur “Toutes les organisations sont concernées”

Le R.G.P.D., comme règlement général de protection des données, est entré en vigueur le 25 mai. Que change cette réglementation européenne, quel travail de mise à jour doivent faire les collecteurs de données, quels risques encourent les réfractaires ? Le point avec l’avocat Nicolas Hournon.

L a Presse Pontissalienne : Pou- vez-vous rappeler ce que recouvre ce nouveau règlement européen ? Nicolas Hournon : Le R.G.P.D., en résumé, c’est le big data, il régit la collecte massive des données personnelles. L’intention de l’Eu- rope était de réglementer cette question pour protéger les consommateurs européens. Ce règlement concerne tous les citoyens européens, peu impor- te qui collecte les données, et notamment les Facebook et autres Google qui sont donc bien sûr concernés. L.P.P. : Qu’est-ce qui a changé depuis le 25 mai ? N.H. : On a désormais une défi- nition plus large des données personnelles.Tout ce qui permet d’identifier une personne est désormais considéré comme une donnée personnelle, et donc sou- mise à accord et protégé. Les droits de la personne vont être améliorés au stade du consen- tement qui ne doit pas être équi- voque. Ce consentement est désormais plus éclairé sur le res- ponsable du traitement des don-

tis politiques, etc., le sont. Dès lors qu’on est responsable du traitement d’informations, on est concerné. Toute entreprise qui a un fichier clients ou four- nisseurs faisant apparaître des données personnelles est tou- chée. Même le cahier de récep- tion à l’entrée d’une entreprise est concerné. Et, autre principe du texte, le responsable du trai- tement des données devient aus- si responsable du traitement fait par les sous-traitants. Le prin- cipe de co-responsabilité est un principe fondamental de ce tex- te. L.P.P. : Toutes les entreprises et asso- ciations sont donc exposées au risque de mal faire ? N.H. : Il ne faut pas non plus céder à la panique et aux effets d’au- baine. Si une entreprise collec- te des données de manière mas- sive, comme une société de vente en ligne par exemple, elle aura plus d’obligations qu’une P.M.E. qui a juste les coordonnées de ses clients. Les plus exposés aux risques sont les banques, les mutuelles, les cliniques, les hôpi- taux, les associations politiques

nées, à quelles fins, pour quelle durée… Pour un C.V. par exemple, on doit dire à la per- sonne combien de temps on va le garder et à quelle fin. L’autre volet, c’est le droit dont les uti- lisateurs disposent : droit d’ac- cès, de refuser le traitement, etc. Le règlement comporte égale- ment un droit à la portabilité des données qui permet de récu- pérer plus facilement auprès d’opérateurs des données per- sonnelles dont ils disposeraient. Le droit à l’oubli et à l’efface-

Nicolas Hournon, un

avocat bisontin spécialisé dans le droit des technologies de l’information.

d’affaires ou de 20 millions d’eu- ros au maximum mais l’enjeu majeur est bien un enjeu de concurrence. Demain, le consom- mateur ou le client s’adressera en priorité, sinon en exclusivi- té, à des opérateurs ou des entre- prises qui sont conformes au R.G.P.D. Le risque de sanction existe mais le principal risque, c’est d’apparaître non conforme, donc moins crédible. Il y a donc un gros travail d’audit juridique et informatique à conduire dans les mois qui viennent et pour les entreprises, une vraie opportu- nité de mise à jour en même temps qu’un travail de protec- tion des données. n Propos recueillis par J.-F.H.

sécurité informatique pour sécu- riser le traitement des données, et un côté juridique sur la mise en œuvre à adopter. Pour les entreprises, c’est l’occasion de faire le ménage dans son orga- nisation informatique et d’ana- lyser les risques de destruction, de divulgation, de perte ou de vol. C’est un travail au long cours pour les organisations, qui ne se fait pas du jour au lendemain. D’où la nécessité d’avoir des conseils informatiques et juri- diques. L.P.P. : Quels sont les risques en cas de non-respect du règlement ? N.H. : Il y a des sanctions finan- cières de l’ordre de 4 % du chiffre

ou religieuses, les sites de ven- te en ligne et bien sûr les réseaux sociaux. Les enjeux de ce texte sont d’harmoniser la législation pour contrer les deux principaux risques : la cybercriminalité et le profilage des utilisateurs par rapport à leurs habitudes de consommation. Ce profilage exis- te toujours mais désormais on doit informer les personnes qui peuvent donc s’y opposer. L.P.P. : Des contrôles de conformité auront-ils lieu ? N.H. : Bien sûr. La C.N.I.L. en fera et les organismes devront être en mesure de montrer que leur méthode de collecte de données est conforme. Il y a donc un angle

ment est égale- ment une nou- veauté de ce R.G.P.D. L.P.P. : Qui doit être attentif à ce nouveau règlement ? N.H. : Il ne faut pas penser que seules les entreprises qui font du B to C, qui s’adressent aux consommateurs, sont concernées. L’intégralité des professionnels, associations, par-

“Pour les entreprises, c’est l’occasion de faire le ménage.”

INDUSTRIE 330 millions de dollars Armstrong passe sous pavillon allemand Armstrong World Industries a annoncé par voie de presse la vente de ses activités internationales au fabricant allemand de matériaux de construction Knauf.

L’ information a été révé- lée par plusieursmaga- zines économiques dont Le Moniteur, l’hebdomadaire spécialisé dans le bâtiment et les travaux publics. Le fabricant américain de plafonds suspendus a choi- si de se recentrer sur son seul marché domestique et de vendre ses filiales internationales à Knauf pour un montant de 330 millions de dollars. Cette transaction concerne notam- ment le rachat des activités E.M.E.A.:Europe,Moyen-Orient et Afrique en incluant les deux sitesArmstrong France implan- tés à Valenciennes et Pontar- lier. La signature définitive est en cours. Motus et bouche cousue à la direction du site pontissa- lienmême si, comme on dit dans les milieux autorisés, l’infor- mation relève du secret de Poli- chinelle. Rien n’indique pour autant que ce rachat allemand laisse planer des menaces sur l’avenir de l’entreprise pontis- salienne comme l’indique Loren- zo Mannara, le directeur des ventesArmstrong Ceiling Solu-

tions interrogé par LeMoniteur. “La filiale française est en pha- se avec ses objectifs. Les inves- tissements réalisés dans notre usine à Pontarlier avec notam- ment l’inauguration d’une nou- velle ligne de production dédiée aux plafonds acoustiques en voile de verre à la fin 2016 por- tent leurs fruits, tout comme la remise à plat de notre stratégie commerciale avec le lancement

de nouveaux produits et pac- kaging… Nous reprenons des parts de marché chez les pro- fessionnels du plafond suspen- du. Nous enregistrons une crois- sance à deux chiffres sur un marché qui croît entre 1 et 2 %.” Sur l’exercice 2016, Armstrong Pontarlier a réalisé près de 70 millions de chiffre d’affaires avec un effectif de 203 sala- riés. n

Avecsa nouvelle ligne de plafonds acoustiques mise en service en 2016, Armstrong Pontarlier ne semble pas menacée par l’arrivée du groupe allemand Knauf à la tête d’Armstrong France.

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