La Presse Pontissalienne 224 - Juin 2018

DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 224 - Juin 2018

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l Doubs Terre de trail

L’organisation qui chapeaute les épreuves

“Il devenait urgent de mettre un peu d’ordre” Doubs Terre du Trail s’impose comme un outil

de planification et de communication incontournable. L’association est aussi à l’origine d’une école de trail qui regroupe quelques-uns des meilleurs espoirs du Doubs. Entretien avec Jean-Michel Roy, président de Doubs Terre de Trail.

L a Presse Pontissalienne : Pourquoi avoir créé Doubs Terre de Trail ? Jean-Michel Roy : Avec la multiplication des trails, il devenait urgent de mettre un peu d’ordre pour éviter les redondances dans les dates. Avec Johan Salomon qui organise Trail’N Loue, on a créé Doubs Terre de Trail en 2012. L.P.P. : Pour quel usage ? J.-M.R. : A la base, il s’agit d’un règle- ment d’organisation de course pour apporter de la cohérence. Il nous sem- blait plus pertinent d’avoir les mêmes outils de communication : site Inter- net, plaquettes… L.P.P. : Combien de trails figurent au calen- drier 2018 ? J.-M.R. : On avait démarré avec 12 orga- nisations il y a cinq ans et il y en a aujourd’hui 27. On tenait aussi à se regrouper pour voir ce que l’on pou- vait faire ensemble. On a travaillé sur

le chronométrage, le secourisme. Le concept a bien pris. Il est cité en exemple. En mutualisant nos moyens, on est plus efficace en termes de communi- cation. Doubs Terre de Trail tient, par exemple, un stand sur les grands trails comme la Saintélyon. C’est un grand classique qui se court de nuit entre Saint-Étienne et Lyon. On parle d’une même voix pour promouvoir tous les trails du Doubs.

L.P.P. : Pourquoi un team espoir ? J.-M.R. : Il nous semblait utile de proposer aux meilleurs coureurs du Doubs un encadrement professionnel qui leur permette d’accéder au haut niveau. Ce team est managé par Sébastien Jouanneau et Jérémie Chapuis. On met à dis- position des cinq espoirs

“Avec cet outil, on est plus efficace.”

du team, un entraîneur national, un préparateur physique, une diététi- cienne et un staff médical avec méde- cin du sport, podologue, ostéopathe. Les jeunes sont obligatoirement licen- ciés dans un club du Doubs. C’est la condition requise pour disputer les championnats mis en place sous l’égi- de de la F.F.A. Dans les épreuves offi- cielles, ils courent pour leur club res- pectif et sur les autres épreuves, ils défendent les couleurs de Doubs Ter- re de Trail team espoir. Ce groupe est pris en charge à 100 % par l’associa- tion. On fonctionne avec des sponsors, des partenaires locaux et des marques qui fournissent des tenues, chaussures et accessoires. n Propos recueillis par F.C. “L’engouement autour du Trail est toujours d’actualité”, note Jean-Michel Roy qui préside l’association Doubs Terre de Trail.

Partage de valeurs avec les M.F.R. Bourgogne-Franche-Comté D epuis ce printemps, les cinq trai- leurs du team portent sur leurs tenues le logo des Maisons Fami- Le rapport à la nature est aussi un point commun sachant que la M.F.R. forme des agriculteurs, des ouvriers fores- tiers, des paysagistes, des profes- sionnels en horticulture, en maraîcha- ge, en gestion des milieux naturels. “C’est très compliqué aujourd’hui de trouver des jeunes prêts à s’engager dans ces filières qui sont en pénurie de main-d’œuvre.” liales et Rurales de Bourgogne-Franche- Comté. Ce signe distinctif illustre le partenariat mis en place entre le team et le réseau régional des M.F.R. “Les traileurs véhiculent des valeurs qui cor- respondent à celles que nous souhai- tons inculquer aux enfants et adultes qui suivent nos formations : donner le meilleur de soi-même, être respon- sable et autonome, savoir se prendre en main, ne pas se décourager, ne pas tricher non plus. En trail comme dans l’alternance, on ne peut pas faire sem- blant” , explique Philippe Joly, directeur de la fédération Est réunissant les M.F.R. du Doubs et de Haute-Saône. La fédération régionale des M.F.R. ver- se chaque année une aide de 3 000 euros pour le team. Elle met aus- si ses structures d’hébergement à dis- position des jeunes espoirs. “Au niveau de la Fédération Est qui réunit 10 éta- blissements, on a aussi constitué une équipe trail comprenant une dizaine de salariés” , conclut Philippe Joly. n

Spécialité trail l Enseignement Depuis quelques années, l’organisation de trail sert de support d’activité aux étudiants en licence management du sport à l’U.P.F.R. des sports Besançon. Un pari sur l’avenir.

P lus qu’un simple calendrier d’épreuves, Doubs Terre de trail fonctionne un peu dans l’esprit d’une filière ou d’une coopérative où chacun met ses com- pétences au service des autres. “En partageant nos expériences, on a beau- coup progressé” , explique Johan Salo- mon, l’un des fondateurs de Doubs Terre de trail. Ce dernier intervient également auprès des étudiants qui ont choisi de s’orienter en licence S.T.A.P.S. spécialité Management du sport. Ce diplôme ouvre les portes des carrières du management, du marketing, de la communication ou encore de l’événementiel sportif. La formation intègre différents projets dont l’organisation d’un raid multi- sport, à savoir le Trail N’Loue. “Cet événement sert de support aux diffé- rentes promotions qui se succèdent depuis cinq ans. Ils ont défini les tra- cés, assurent la gestion administra- tive et financière, s’occupent de l’or- ganisation logistique, sans oublier toute la communication autour de l’événement. Ils ont aussi pour mis- sion de faire évoluer ce raid.” 500 coureurs avaient participé à la première édition. Ils étaient plus de 900 à s’aligner au départ des quatre parcours proposés les 21 et 22 avril dernier. Parmi les nouveautés 2018 figurait notamment Un tour en Ter-

re de Loue : une course en binôme de 67 km avec 3 700 m de dénivelé à effectuer sur deux jours. Du costaud. “C’est un exercice très formateur. On constate qu’après cette expérience, cer- tains étudiants continuent à s’impli- quer dans l’organisation d’autres trails. C’est bon signe. La relève arri- ve.” Pour Johan Salomon, l’avenir du trail s’inscrit dans la capacité à tou- jours offrir plus de services. “Il faut par exemple que l’événement vive sur les réseaux sociaux avant et après avec des images, des vidéos, des tea- sers . C’est du travail.” Dans ces conditions, la multiplica- tion des trails constatée aujourd’hui va finir, selon lui par se tasser. “Cer- tains sont déjà en proie à l’essouffle- ment.” Comme d’autres spécialistes, il s’inquiète aussi de la multiplica- tion des projets de stations trail et suggère plutôt d’adopter une démarche concertée et qualitative au risque sinon de se retrouver avec des équi- pements inadaptés et sous-utilisés. “On doit organiser l’offre à l’échelle des Montagnes du Jura et ne pas reproduire les erreurs commises sur d’autres activités outdoor. Je pense par exemple à la randonnée pédestre où il serait bon d’homogénéiser les balisages d’un territoire à l’autre. Doubs Terre de trail essaie de tirer la sonnette d’alarme sur ces questions.” n

“Les valeurs du trail : courage, abnégation, autonomie, honnêteté résonnent avec l’alter- nance”, indique Philippe Joly, directeur de la fédération Est du réseau régional des M.F.R.

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