La Presse Pontissalienne 224 - Juin 2018

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 224 - Juin 2018

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“Le trail correspond à 60 % du chiffre sur le rayon chaussures” l Commerce Sport et Neige

Point de ralliement de tous les amateurs de ski nordique depuis plus de 40 ans, le magasin “Sport et Neige” s’est très vite positionné sur le marché du trail avec une offre de chaussures, de tenues et d’accessoires de plus en plus étoffée et pointue. Entretien avec Yves Meuterlos, responsable du rayon course à pied.

L a Presse Pontissalienne : Depuis quand vous intéressez-vous au trail ? YvesMeuterlos : On a lancé le rayon en 2003 à la création d’un grou- pe loisirs mis en place en par- tenariat avec le club “Doubs Sud Athlétisme” Pontarlier et son entraîneur Christophe Clayrac. L.P.P. : Un partenariat commercial ? Y.M. : Non, pas du tout. Prati- quant la course à pied, j’avais choisi de m’engager dans l’en- cadrement du groupe loisirs. J’ai donc passé le diplôme d’entraî- neur course hors stade niveau 1 pour enseigner la technique de course. On organise deux séances par semaine, l’une au stade d’athlétisme et l’autre à l’extérieur. On était tout au plus une dizaine de copains à se retrouver aux entraînements et le groupe s’est étoffé avec l’ar- rivée des premières courses com- me le Trail des Forts ou le Trail des Sangliers. L.P.P. : Les marques de sport ont sui- vi ce développement ? Y.M. : On a vu arriver ces nou- veaux produits au début des années 2000. L’évolution de l’offre du rayon running est assez expli- cite. En 2003, les produits cour- se sur route rapportaient 60 % des ventes de chaussures. Cinq ans plus tard, on était à l’équi- libre entre route et trail. Et aujourd’hui, le trail correspon- dant à 60 % du chiffre. L’esprit trail a aussi changé. Les grandes courses comme l’U.T.M.B. étaient beaucoup plus accessibles qu’au-

jourd’hui avec un côté aventu- re, une authenticité qui ont dis- paru avec la législation plus contraignante. Dix ans plus tard, on aménage des parcours trail, des stations trail. Une mutation s’est opérée. Le trail est devenu un sport populaire. L.P.P. : Cela laisse de la place pour les indépendants du sport ? Y.M. : Face aux grandes enseignes, on s’est regroupé au sein du G.I.E. running conseil qui ras- semble 30 magasins en France. On constate que la part du trail dans le chiffre d’affaires varie selon les régions. Pour se diffé- rencier de la concurrence, on mise sur l’innovation, le conseil. On gère ces nouvelles pratiques outdoor exactement comme on l’a toujours fait pour le ski-roue et le ski de fond. Si le trail est en haut de l’affiche, on consta- te aussi un regain d’intérêt pour les courses sur route. On parle surtout des marathons : Paris,

que cette pratique n’est pas nou- velle en soi. Dans tous les clubs de ski de fond, on faisait de la marche à bâtons lors des entraî- nements d’automne en atten- dant la neige. La marche nor- dique a suivi le développement du trail avec qui elle partage le même terrain de jeu. On est sur des marchés assez similaires sur le plan des chaussures, des tenues. Les clubs de trail ont répondu à cette demande,à l’ima- ge du groupe loisirs qui a ouvert une section “marche nordique” depuis 4 ou 5 ans. La discipline s’est structurée. Quand le trail a eu tendance à se féminiser, le phénomène inverse est en train de se produire au niveau de la marche nordique. On a aussi observé le développement des chaussures féminines pour la pratique du trail avec des marques spécifiques. L.P.P. : L’évolution technologique est rapide ? Y.M. : Oui, et dans tous les domaines. Le traileur a changé par exemple sa façon de s’ali- menter en course. Il consomme moins de gels et privilégie les barres salées, les produits dié- tétiques. On a adapté le rayon alimentaire en conséquence. L.P.P. : Tous les indicateurs sont au vert ? Y.M. : Non, car on constate main- tenant un tassement du chiffre d’affaires sur le marché du run- ning. La concurrence a beau- coup évolué. On doit être enco- re plus professionnel au niveau

“Le trail est toujours une source d’innovations technologiques comme on le voit avec le développement de la chaussure trail femme qui a désormais ses marques ou ses modèles spécifiques”, observe Yves Meuterlos du magasin Sport

New-York, Lau- sanne qui font le plein. On est sur des pra- tiques plus urbaines où la course peut ser- vir de support à un séjour tou- ristique. L.P.P. : Vous avez vu arriver la clien- tèle axée sur la marche nordique ? Y.M. : On peut juste rappeler

et Neige à Pontarlier.

“La concurrence a beaucoup évolué.”

Y.M. : Non, on a arrêté le team en le remplaçant par le concept des ambassadeurs. On soutient ainsi Mélanie Jeannerod et Pier- re Blaise. En contrepartie, ils doivent participer à la réalisa- tion d’articles sur le matériel, la nutrition, l’entraînement. Ils apportent du contenu, du témoi- gnage diffusé les réseaux sociaux, la page Facebook et le site de Sport et Neige. n Propos recueillis par F.C.

re et de fidéliser le client.

de l’innovation, du référence- ment des produits. Le G.I.E. run- ning conseil a mis en place un dispositif de test des produits. On affine notre expertise. L.P.P. : Vous vendez du running en ligne ? Y.M. : Non, car j’estime qu’il est important d’essayer le produit et d’apporter le conseil néces- saire au client. C’est une maniè- re de valoriser notre savoir-fai-

L.P.P. : L’engouement autour de l’out- door vous a été profitable ? Y.M. : Tout à fait. Le running est devenu la seconde activité au niveau chiffre après le fond. Sport et Neige, c’est aujourd’hui une équipe de 9 salariés. L.P.P. : Le magasin avait mis en pla- ce un team il y a quelques années. C’est toujours le cas ?

Xavier Thévenard, la star du trail se prépare sur nos pentes Le Jougnard est considéré comme l’un des meilleurs traileurs au monde. Deux objectifs à venir : une course aux États-Unis et l’U.T.M.B. l Jougne Le vainqueur de l’U.T.M.B. en pleine préparation

L ors de ses deux victoires à l’Ultra trail du Mont- Blanc (171 km), Xavier Thévenard a franchi la ligne d’arrivée avec un drapeau “Made in Jura” sur les épaules. Un clin d’œil et une magni- fique publicité pour lemassif. Xavier Thévenard (30 ans) connaît tous les recoins du Mont d’Or et des montées environnantes où il s’en- traîne dur. Il fait partie des réfé- rences de ce sport et ressent l’en-

une 5 ème place à la Transvulca- nia. Il se prépare pour deux ren- dez-vous majeurs de sa saison : la Hard-rock (21 juillet), une course qui se déroule aux États-Unis avec les meilleurs mondiaux, puis l’U.T.M.B. mi-août. Le coureur du Team Asics voit d’un bon œil la création de sentiers spécifiques pour les traileurs et des balisages permanents sur le Mont d’Or. Lui fonctionne au feeling : “J’aime bien faire ma popote moi-même pour les parcours : je repère sur Google ear- th un profil de montagne dans le secteur ou parfois dans le Chablais en Suisse, je regarde le nom du vil- lage au pied de cette montagne, et j’y vais !” Nos “petites” montagnes accouchent de grands cham- pions… n

gouement autour de sa discipline : “Il y a quelques années sur le Mont d’Or, on croisait surtout des ran- donneurs avec de gros sac à dos. Aujourd’hui, on voit davantage de

personnes en bas- kets avec un sac léger” commente l’habitant de Jougne, qui s’en- traîne la plupart du temps seul. Après une fin de saison dernière compliquée en termes de perfor- mances, suivie d’un coup de fatigue durant l’hiver, Xavier a retrouvé de l’énergie avec

“Pour les parcours, j’aime bien

faire ma popote.”

Le Jougnard Xavier Thévenard pour la passe de trois à l’Ultra Trail du Mont-Blanc ?

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