La Presse Pontissalienne 220 - Février 2018

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 220 - Février 2018

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FLEURIER

Jean-Daniel Dubois le directeur n’est pas inquiet sur l’avenir de la montre mécanique haut de gamme

Vaucher Manufacture Fleurier

“Restons fidèles à ce que l’on sait faire : des montres mécaniques” Après une année 2016 tourmentée, l’entreprise Vaucher Manufacture Fleurier du pôle horloger Parmigiani a retrouvé une activité plus stable en 2017. Une tendance qui devrait se confirmer cette année comme l’indique Jean-Daniel Dubois, un directeur plutôt optimiste sur l’avenir du haut de gamme horloger.

toujours porteuse de valeurs indémodables.

connectée permet de ramener une position géographique au poignet. Elle redonne aussi le goût d’avoir quelque chose au poignet. Si l’on se réfère à la pyramide des besoins de Mas- low, on sait qu’à plus ou moins long terme, les jeunes auront toujours envie de pouvoir ache- ter du rêve et de le porter au poi- gnet. À notre niveau, ne soyons pas plus spécialistes que le roi. La montre connectée fait appel à des technologies qui nous dépassent. Aujourd’hui, on est dans ce paradigme-là. L.P.P. : C’est l’enjeu du poignet ? J.-D.D. : Oui. La montre connec- tée permet de remettre l’indi- cation au poignet. Il y aura tou- jours un marché pour cela. Se pose ensuite la question des canaux de distribution en plei- ne mutation avec l’émergence du e-commerce. Nous, les pro- ducteurs, on sera toujours là pour suivre les besoins du mar- ché quels que soient les modes de distribution en gardant à l’es- prit l’excellence du produit du client de nos clients. Cela sous- tend qu’on doit continuer d’in- nover, d’être performant et effi- cace. L.P.P. : Il y aura toujours un avenir pour les produits de luxe ? J.-D.D. : Là-dessus, je suis très confiant. Il faut savoir appré- cier toute la technicité qui se cache derrière un mouvement mécanique haut de gamme. Si l’on fait la comparaison avec l’au- tomobile, c’est l’équivalent d’un moteur qui tournerait en per- manence à 60 km/h avec des sol- licitudes extrêmes thermiques, physiques…Derrière le rêve, le design, il y a donc un processus, une maîtrise technique haut de gamme.Ne pas oublier donc d’ap- précier le produit final à sa jus- te valeur. n Propos recueillis par F.C. L’avion moins cher ? Des offres promotionnelles ont pro- posé un vol aller-retour Genève-Paris (avec une nuit d’hôtel) à moins de 100 euros. Les compagnies low-cost sont toujours plus agressives notam- ment à l’aéroport genevois. Dans un vol de dernière minute, on pouvait trouver un aller-retour à 56 euros ou 80 euros à la mi-février. C’est moins coûteux que le train. Mais il faut comp- ter le parking, l’essence, la vignette, les bagages (si vous en avez), et le temps d’enregistrement. n pour Paris se vend entre 80 et 100 euros. Cela dépend du jour choisi. Plus la date de réservation est précoce, moins le coût est élevé. Les craintes de la pérennité de la ligne sont-elles fondées ? “Je le conteste.Aus- si bien Neuchâtel que Frasne se por- tent bien. Il n’y a aucune volonté de réduire la capacité de cette ligne” indique Lyria. n E.Ch.

L a Presse Pontissalienne : Com- ment se traduit chez Vaucher Manufacture la reprise des exportations horlogères suisses en 2017 ? Jean-Daniel Dubois : On est tou- jours en décalage par rapport au marché. Pour produire des mouvements, on a besoin d’un horizon qui varie de 7 mois à une année. L’horlogerie suisse était arrivée à un seuil assez bas et maintenant elle se redresse. Il y avait l’effet d’un surstocka- ge, les ventes ont été réalisées et on constate une amorce de reprise qui reste modérée. L.P.P. : Le bilan 2017 est plus encou- rageant que celui de l’année précé- dente ? J.-D.D. : En 2016, on avait anti- cipé face au fléchissement du marché en ajustant l’effectif. On

peut considérer 2017 comme une année assez stable et que 2018 sera sensiblement similaire.D’un point de vue technique, on tra- vaille davantage sur des pièces à forte valeur ajoutée. Les clients ne recherchent pas les compli- cations mais ils veulent plus de personnalisation. L.P.P. : Le mouvement reste votre cœur de métier ? J.-D.D. : On produit des mouve- ments et des montres équipées de nos mouvements. On travaille pour le compte de nos parte- naires au sein du pôle horloger Parmigiani, je pense par exemple à lamaisonHermès. On se déve- loppe également dans le secteur du Private label pour le comp- te de différentes marques. Dans ce cas,V.M.F. fait en quelque sor- te office de maître d’œuvre, d’en-

treprise générale au service d’un donneur d’ordres. Ces clients interviennent dans la distribu- tion et s’adressent à nous pour fabriquer des mouvements ou des produits complets. La pres- tation peut même s’étendre jus- qu’au service après-vente. L.P.P. : C’est aussi une façon d’opti- miser l’outil de travail ? J.-D.D. : Le private label repré- sente entre 20 et 30 % de l’acti- vitéV.M.F. C’est un complément d’offre qui tend à se développer. Nous sommes avant tout pour lamontre, l’équivalent d’unmoto- riste ayant les moyens de fabri- quer un mouvement complet. Au niveau du pôle Parmigiani, on est en capacité de fabriquer 78 % des composants. On peut donc livrer un produit clefs en main sans souci. L.P.P. : Après le licenciement de 37 collaborateurs en mai 2016, V.M.F. a- t-il renoué avec l’emploi ? J.-D.D. : Nous n’avions guère le choix d’agir ainsi. En période de crise, on doit aussi préserver le reste de l’équipage. C’est la vie de l’entreprise. Il faut juste le faire le plus dignement possible. Aujourd’hui, on a tourné la page. On a rengagé la plupart de ceux dont nous avions dû nous sépa- rer. L.P.P. : Quel est l’effectif actuel ? J.-D.D. : 140 salariés. On est tou- jours en phase de recrutement sur des postes hautement qua- lifiés, plutôt sur des profils tech-

niques, à tous les niveaux de la chaîne de production. C’est très compliqué de trouver des gens très compétents qui ont un baga- ge nous permettant ensuite de faire de la formation interne. On est de plus en plus sélectif. Si l’opportunité d’un profil d’ex- cellence se présente, on étudie attentivement l’offre. L.P.P. : Sans préférence nationale ? J.-D.D. : À qualification identique, nous choisissons de respecter ainsi les recommandations du gouvernement neuchâtelois en matière de recrutement. Pour autant, on sait par exemple que les formations sont beaucoup plus pointues en France sur la partie logistique alors que sur le volet horloger, les centres de formation suisses ont toujours une longueur d’avance par rap- port à nos exigences. L.P.P. : V.M.F. est-il sensible aux varia- tions du franc suisse par rapport à l’euro ? J.-D.D. : Pas directement car 90 % de nos clients sont suisses. En sachant que la plupart des marques horlogères sont expor- tatrices, on bénéficie bien sûr indirectement de l’affaiblisse-

ment du franc suisse.

L.P.P. : Il y a encore de l’avenir pour la montre mécanique haut de gam- me ? J.-D.D. : Je suis confiant sur l’an- née 2018. On reste toujours sur un marché de niche. Aujour- d’hui, la montre n’est plus un instrument de mesure du temps, c’est un produit de rêve. Tant qu’il y aura des gens qui ont les moyens de s’acheter des pro- duits de qualité, je reste serein par rapport à l’avenir. Il faut aussi savoir garder la tête sur les épaules. Le marché n’est pas extensible à l’infini mais les marchés sont toujours là.À nous de nous assurer que l’on fait tou- jours de la qualité et que le client final est toujours au cœur du débat. L.P.P. : L’horlogerie suisse doit-elle relever le défi de la montre connec- tée ? J.-D.D. : Je ne pense pas car il faudrait être là où se fait le déve- loppement numérique à côté d’Apple ou de Samsung. Restons fidèles à ce que l’on sait faire, c’est-à-dire un produit méca- nique qui s’appuie sur un savoir- faire d’excellence. La montre

Après une année 2016 compliquée face à la crise, Vaucher Manufacture Fleurier qui compte aujourd’hui 140 collaborateurs a retrouvé une activité stable.

TRANSPORT Lyria face aux critiques Train complet, prix variables, ce qu’il faut savoir sur le T.G.V. Lyria Existe-t-il un nombre de places limité au départ de Frasne pour Paris ? Pourquoi les prix ne sont pas les mêmes en réservant depuis la S.N.C.F., les C.F.F., un tour-operateur ? Réponse de Lyria.

contingenter les places dites interna- tionales et nationales en divisant en deux le train. En revanche, le nombre de places contingentées n’a pas évolué. Si un train affiche complet à Lausan- ne, il le sera à Vallorbe, à Frasne… En revanche, si le train est complet plus rapidement, cela veut dire qu’il existe une plus forte demande.” Les T.G.V. sont-ils souvent complets ? Lyria indique qu’entre le 1 er mars et le 30 juin, 466 trains ont circulé entre Paris et Frasne. 14 % étaient complets. Pourquoi les prix sont-ils différents si l’on réserve via la plate-forme S.N.C.F. ou C.F.F. ? “Nous fixons une gamme de prix à nos distributeurs (S.N.C.F., C.F.F., tour-opérateurs). Ensuite, chaque dis- tributeur a la possibilité de faire des promotions. Cela nous échappe. En Suisse, il y avait récemment une pro- motion pour la Saint-Valentin” explique Maël Decroix. En classe standard, en réservant assez tôt, les premiers prix peuvent varier de 20 à 29 euros. Cet- te gamme de prix n’existait pas il y a 6 ans : elle est arrivée pour contrer la concurrence des vols aériens low-cost depuis Genève. En moyenne, l’aller

L a ligne à grande vitesse Paris, Fras- ne, Neuchâtel, est au cœur de toutes les attentions depuis ce début d’année. Elle transporte annuel- lement 70 000 voyageurs vers Paris où la Suisse, un chiffre en évolution avec une ponctualité de 92 % en 2016. Il faut compter un peu plus de 3 heures pour rejoindre Paris au départ de Fras- ne. Le 25 janvier, la députée du Doubs Annie Genevard s’est fendue d’un com- muniqué dans lequel elle “alerte les responsables de la S.N.C.F. et de la société Lyria sur les difficultés pour les usagers de réserver des places de T.G.V. pour les trajets entre la gare de Fras-

à Guillaume Pépy (S.N.C.F.) et Andreas Bergmann (Lyria). Ce dernier, par la voix de Maël Decroix, directeur géné- ral adjoint de la compagnie Lyria, nous répond. Lyria se montre circonspect : “Au moment où je vous parle (31 jan- vier), nous n’avons pas été interrogés, ni interpellés, par la députée. Si c’est le cas, nous répondrons. Nous sommes surpris car la situation actuelle n’est pas différente des autres années” assu- re le directeur adjoint. Existe-t-il un nombre de places limi- té au départ de Frasne ? Oui. “C’est une réalité que nous n’avons jamais contestée, répond le porte-parole de la compagnie. Nous sommes obligés de

ne et Paris.” Ce qui était notamment le cas pour réserver un billet durant les ponts de Pâques. “De nombreux usagers m’ont précisé la complexité de ces réservations dans la mesure où le

site Internet accessible aux clients affiche la mention “complet”même plusieurs mois à l’avance” poursuit l’élue. Cette situation interroge puisqu’il est possible dans ces cas précis d’acheter des billets au départ ou à l’arrivée de Lausanne ou deVallorbe. Elle a deman- dé des “solutions urgentes”

“Aucune volonté

de réduire la capacité de cette ligne.”

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