La Presse Pontissalienne 220 - Février 2018

RETOUR SUR INFO

La Presse Pontissalienne n° 220 - Février 2018

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Moins de 30 heures de soleil et une nappe phréatique au plus haut

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Pontissalienne revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. La forêt n’est pas l’ennemie de l’eau

Accueil Parfois les mots sont de trop et un regard, un sourire, suffisent à se faire comprendre. Ils s’appellent Mohamad, Fatmeh ou Issam. Ils ne parlent pas un mot de français, ni même d’anglais. Les conversations se font pour l’ins- tant par des gestes ou des paroles mal assurées. Hier encore, cette famille de Palestiniens croupissait dans un camp de réfugiés au Liban. Aujourd’hui, ils ont pour nouveau foyer une ancienne ferme de La Rivière-Dru- geon où l’association pontissalienne Repair les a installés. Quel contraste pour ce couple et leurs cinq enfants qui n’espéraient peut-être même plus goûter à la liberté un jour. Témoins de leur arrivée dans le Haut-Doubs, nous ne pouvons nous empêcher de pen- ser à ceux qui, bien calfeutrés dans leur petite maison individuelle et confor- tablement installés dans leur petite vie, rejettent d’emblée toute idée d’ac- cueil et préfèrent sans doute voir, de loin et à travers le filtre de la télévi- sion, ces personnes anonymes entas- sées dans des camps en se disant pourvu qu’ils y restent. Leurs hôtes s’appellent Patrick, Laurence, Marie- Noëlle ou Christian. Ceux-là, contrai- rement à d’autres, ont décidé d’ouvrir leur cœur et leur porte, discrètement, bénévolement et souvent anonyme- ment, à ces personnes en déshérence qui espèrent trouver ici l’asile que leur terre de naissance ne peut même plus leur offrir. Le dispositif “Couloirs huma- nitaires” par lequel cette famille pales- tinienne est arrivée dans le Haut-Doubs permettra à 500 migrants, comme eux, de trouver refuge en France. C’est évidemment très peu, au regard des besoins actuels et des centaines de milliers de migrants qui cherchent à fuir leur pays et qui n’atteindront, pour beaucoup, jamais leur but. C’est aussi une goutte d’eau par rapport aux mil- lions d’autres qui devront un jour quit- ter leur pays non pas à cause de la situation politique instable, mais du seul fait des changements climatiques à venir. L’O.N.U. estime en effet à 250 millions le nombre de personnes qui devront s’exiler à cause des bou- leversements du climat d’ici 2050. Mais en même temps c’est énorme, et réconfortant de voir qu’il existe ici aussi, en ces terres d’abondance et de repli sur soi, un élan qui pousse encore des hommes à s’ouvrir à d’au- tres, sans distinction d’origine ou de religion. Ceux-là montrent le beau visage de la République française. n Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Acollaboréàcenuméro :MagalieTroutet. Régie publicitaire : Anthony Gloriod au 03 81 67 90 80 Imprimé à Nancy-Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Février 2018 Commission paritaire : 0217 D 79291 Crédits photos : L.P.P., Agence Zoom, D. Cesbron, Lynko, T. Meunier, O.T.S.I.

L’ article paru dans notre édition de janvier mettant en lien l’augmentation de la super- ficie de nos forêts et les sécheresses (ou pollutions) trop souvent constatées a suscité de nombreuses réactions. D’abord chez les pêcheurs qui rappellent que la pollution de nos cours d’eau est multifactorielle. Ces derniers s’insurgent contre l’idée émise de créer un barrage sur le Lison, lequel occasionnerait des problèmes bio- logiques et thermiques. En revanche, ils admet- tent que l’augmentation des plantations d’épi- céas (et non de feuillus) a probablement un impact sur les étiages. Puis, les forestiers sont montés au créneau. Syl- viculteur, Jean-Claude Rognon, demeurant aux Gras, rappelle que “de nombreuses études relè- vent que la meilleure des eaux potables vient des forêts sans avoir à être préalablement trai- tée. Si les forêts sont tellement importantes dans le cycle de l’eau, c’est d’abord parce qu’elles participent grandement au flux d’évapotranspi- ration de l’eau vers l’atmosphère et alimentent le processus de précipitations. Elles remplissent encore différentes autres fonctions essentielles à l’approvisionnement en eau potable.” Ce prin-

cipe n’est d’ailleurs pas contesté dans le pré- cédent article, lequel pointait du doigt les rési- neux, davantage consommateurs d’eau que les autres. Jean-Claude Rognon apporte d’autres arguments : “Pour comprendre l’immense capa- cité de stockage d’eau d’une forêt, il faut essayer d’imaginer à quoi ressemble son sol : celui d’une forêt de feuillus peut contenir, dans un mètre cube de terre, plusieurs dizaines de kilomètres de racines qui facilitent la pénétration et le drai- nage des eaux de pluie et de fonte de neige. Les sols forestiers échappent aux pollutions de toutes sortes et aux tassements de terrain provoqués par les activités agricoles ou industrielles. Les arbres sont des machines à fabriquer de l’eau dite nouvelle, c’est-à-dire créée par le seul fait du process chimique lié à la photosynthèse et à la polymérisation” explique cet habitant du Haut-Doubs qui s’appuie sur les études d’Ernst Zürcher. Ce scientifique suisse démontre que pour la formation de la cellulose des arbres, chaque molécule de glucose libère une molé- cule d’eau, soit 18 grammes, ou 10 % de la masse de cellulose ! Eau et forêt : un couple finalement indissociable. n

Après une cote à - 11 m, le niveau de la nappe de l’Arlier est remontée à - 567 m fin janvier, un niveau élevé.

F aut-il commencer par les bonnes ou les mau- vaises nouvelles ? Pre- nons la mauvaise : le Haut- Doubs a aperçu à peine 30 heures de soleil du 1 er au 28 janvier. De vitamine D, les Pontissaliens ont manqué, à l’inverse de l’eau qui a inondé Doubs et ses envi- rons. Sur ces deux mois de décembre-janvier, un cumul moyen de précipitations record depuis 1959 a été éta- bli, année de début de la modélisation de la pluvio- métrie. Selon Météo France, quelque 282,5 mm d’eau étaient tombés à la date du 29 janvier, la Franche-Comté ayant battu son propre record de pluie avec deux fois la normale ! Sur les hauteurs, la neige s’est posée en masse avec encore 1,40 m relevé au-dessus de Cha- pelle-des-Bois le 30 janvier même si celle-ci avait qua- siment disparu en dessous de 1 000 mètres. La bonne nouvelle : les nappes phréatiques sont désormais au plus haut. Vice- président en charge de l’eau et l’assainissement à la com- munauté de communes du

Grand Pontarlier, Gérard Rognon note que le niveau de la nappe de l’Arlier retrouve un niveau qui n’avait plus été observé depuis deux ans. “Cet automne, le puits de référence (numéro 3) était désamorcé à - 11 mètres. En janvier, le niveau est remonté à - 8,5 mètres pour se fixer le 30 janvier à - 5,67 mètres. Ce niveau nous permet d’être plutôt sereins même si nous restons toujours vulnérables en cas d’une longue période sèche” prévient l’élu. Il faut dire que les besoins en eau de Pontarlier et des villages environnants sont impor- tants : chaque jour, 4 500 m 3 d’eau sont pompés dans la nappe de l’Arlier. L’eau du lac Saint-Point est égale- ment pompée, à raison de 500 m 3 par jour. Lors de la période de sécheresse, le débit pompé est monté à 1 000 m 3 . Rappelons que les volumes de consommation d’eau n’augmentent pas mais se stabilisent dans ce Haut- Doubs toujours plus peuplé. Cela s’explique notamment par une réduction des consommations d’eau des ménages. n

Pontarlier fait partie des plus grandes communes forestières de la région.

Une carte pour recenser l’utilisation des casse-cailloux

L a Presse Pontissalienne, en juillet dernier, titrait “Massa- cre au casse-cailloux dans le Haut-Doubs”. Scientifiques, asso- ciations, riverains montraient leur inquiétude quant à la disparition des affleurements rocheux dans les prairies, conduisant à une dis- parition de nos paysages. Cette méthode du casse-cailloux permet notamment de rendre plus acces- sibles les parcelles en tracteur ou de gagner du terrain. Depuis, le sujet a été largement été repris. Un courrier écrit par des scientifiques a été envoyé au préfet. Les agri- culteurs ont également pu argu- menter et montrer que l’on pouvait,

sur le sujet, mais aussi sur la dis- parition des murs et murgers” indique Marie-Jo Vermot, prési- dente de l’association. Une carte est en cours d’élabora- tion, elle permettra demieux connaî- tre l’ampleur du phénomène dans le secteur du Haut-Doubs. “Pour nous signaler des zones concer- nées, utilisez notre adresse mail (mursetmurgers@gmail.com) ou appelez le 07 86 96 88 11 poursuit l’association. n Un collectif s’est créé pour recenser les passages (futurs) de casse-cailloux.

à certains endroits, pratiquer du casse-cailloux sans dénaturer la physionomie des sols. L’association “Murs et Murgers” basée à Fournets-Luisans a de son côté organisé des réunions autour de ce sujet sur le thème “Quand nos paysages disparaissent”, aux- quelles plus de 250 personnes ont participé puis le 18 janvier dernier. Elle a décidé d’engager une action de recensement des lieux d’utili- sation du “casse-cailloux” en créant un collectif réunissant d’autres asso- ciations. “Nous ne sommes pas des extrémistes demandant l’arrêt de l’utilisation de cette machine mais nous sommes là pour interpeller

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