La Presse Pontissalienne 219 - Janvier 2018

ÉCONOMIE

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La Presse Pontissalienne n° 219 - Janvier 2018

PONTARLIER Six salariés Les cerveaux de la construction bois Le bureau d’études Teckicea apporte ses compétences techniques à la réalisation de nombreux projets faisant la part belle au bois dans la construction. Optimisme sur un marché qui a encore tout l’avenir devant lui.

“A ujourd’hui pour construire en bois, il faut d’abord que le maître d’ouvra- ge soit convaincu” , insiste Syl- vainRochet qui dirige cette socié- té pontissalienne. Au final, le résultat dépasse souvent les espérances. Comme on a pu le vérifier récemment avec la hal- le couverte Pasteur à Pontarlier qui valorise tout une filière de proximité : du bois extrait dans la forêt communale aux scieries,

entreprises de couverture et charpente qui ont contribué à cette belle réalisation déjà citée en exemple et pour laquelle Tec- kicea a assuré toute la maîtri- se d’œuvre. Un projet-école par- faitement en phase avec les ambitions de Teckicea qui sou- haite privilégier sur chaque pro- jet la matière première et les opérateurs locaux. “C’est plus facile à faire en Franche-Comté où l’on trouve encore tous les acteurs et les équipements pour

mettre en œuvre une économie locale. Sans parler de la ressource présente en abondance, ce qui n’est pas le cas partout” , pour- suit ce fils de charpentier dont la famille exploitait une grosse entreprise de construction du côté de Bletterans. Après une formation d’ingénieur à l’École nationale des Techno- logies et Industries du Bois de Nancy, Sylvain Rochet part tra- vailler deux ans à Paris puis vient s’installer à Pontarlier où il ouvre en 2000 le bureau d’études Space Franche-Comté. “J’avais un sentiment positif pour cette ville. J’étais déjà venu plu- sieurs fois notamment lors de la Haute-Foire.” En 2007, la socié- té devient Teckicea. Elle emploie désormais six personnes de pro- fil ingénieur ou dessinateur. “Ici, chaque personne est chef de pro- jet. Comme on gère de plus en plus de gros projets en ingénie- rie, on recherche des dessina- teurs pour compléter l’effectif.”

“Ici, chaque personne est chef de projet”, indique Sylvain Rochet à la tête de Teckicea ici en compagnie de ses collaborateurs : Quentin Baticle, Rozenn Rochet (son épouse debout à l’arrière-plan) Johan d'Houtaud et Jérôme Carillon (photo R. Chipault).

Teckicea se positionne aujour- d’hui sur deux activités distinctes. “Assez classiquement pour un bureau d’études, on réalise les plans d’atelier et de chantier pour le compte d’entreprises de char- pente. On est missionné pour les études d’exécution. On utilise des logiciels dédiés en 3D” , précise Sylvain Rochet. Teckicea s’est diversifié ensuite vers la maî- trise d’œuvre en conception des bâtiments comme ce fut le cas pour la halle couverte Pasteur. “On est aujourd’hui en capacité

de prendre en charge de gros dos- siers.” Teckicea rayonne bien au-delà de la Bourgogne-Franche-Com- té où elle réalise environ un tiers de son chiffre d’affaires. Lequel s’élève à près de 500 000 euros sur l‘exercice 2017 sachant qu’il s’agit pour l’essentiel d’hono- raires. “On est bien présent dans le Sud-Est, en région P.A.C.A. et en Corse où l’on travaille actuel- lement sur quatre dossiers. Ce positionnement territorial s’ex- plique aussi par la proximité de l’aéroport de Genève à partir duquel il est très facile de faire un aller-retour dans la journée jusqu’à Nice.” Le cœur de métier de l’entre- prise s’articule autour des bâti- ments industriels, des surfaces commerciales et des équipements publics accueillant du public. “Localement, on peut citer le grou- pe scolaire de Jougne, la base nautique de Malbuisson ou enco- re le bâtiment d’accueil du domai- ne nordique de la Seigne aux Hôpitaux-Vieux. ” Teckicea est très peu actif sur le marché de lamaison individuelle. “On nous sollicite parfois sur des projets assez exceptionnels comme ce fut le cas pour la toiture de la mai-

son de Michael Schumacher en Suisse qui intègre une superbe charpente conçue en vieux chê- ne de récupération pour lui appor- ter une authenticité dans la réa- lisation des assemblages traditionnels.” Soucieux de promouvoir la construction bois, Sylvain Rochet s’implique au sein de l’Ingénie- rie Bois Construction, qui fait office d’interprofession dont il est le président. “Cela nous per- met de faire de la veille techno- logique. On intervient avec d’autres spécialistes dans l’éla- boration des documents tech- niques unifiés qui déterminent les normes et les règles de construction.” À ceux qui sont encore persua- dés que construire en bois coû- te forcément plus cher, il rétorque sur l’exemple de la halle cou- verte : “On a tout calculé. Le sur- coût bois local représente 1 % de charges supplémentaires.” Implantée pour l’instant en zone industrielle, Teckicea devrait migrer en 2018 sur la nouvelle zone de Gravilliers où ses bureaux seront transférés dans un bâtiment à la signature archi- tecturale audacieuse. n F.C.

La prestigieuse maroquinerie Pierre Cote-Hermès à Lezoux en région parisienne est conçue sur les calculs du bureau pontissalien Teckicea. Teckicea exporte son savoir-faire dans de célèbres institutions comme ici avec le bâtiment d’éducation de la légion d’honneur à Saint-Denis (photo agence d’architecte Bélus et Henocq).

MOBILITÉS Deux fois plus de frontaliers qu’en 2002 3 % seulement des navetteurs quotidiens utilisent les transports en commun Le règne de la voiture

A ujourd’hui, 8 actifs sur 10 dans notre région exercent leur emploi à l’extérieur de leur com- mune de résidence. Les migra- tions pendulaires ne cessent d’aug- menter (+ 7,4 % depuis 1999) et les distances parcourues sont en aug- mentation constante. Sans doute que les interminables bou- individuelle est encore largement majoritaire dans les habitudes de déplacement des travailleurs entre leur domicile et leur lieu de travail.

chons qui sclérosent les axes franco- suisses à l’heure des frontaliers seraient en partie résorbés si l’utilisation d’autres modes de transport que la sacro-sain- te bagnole se généralisait. Dans le document préparatoire au futur schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égali- té des territoires (S.R.A.D.D.E.T.) dont les élus régionaux ont longuement débattu lors de la dernière session du Conseil régional mi-décembre, il appa- raît donc que “moins de 3 % des navet- teurs quotidiens prennent les trans- ports en commun et ce, même si des projets locaux de promotion du covoi- turage et d’amélioration des transports publics ont vu le jour.” En 2012, pas moins de 87 000 actifs de Bourgogne-Franche-Comté tra-

vaillaient hors de la région. Ce chiffre ne cesse de progresser. L’espace fron- talier réunit à lui seul près de la moi- tié de ces navetteurs du quotidien. “En 2014, 30 000 partaient de l’espace fron- talier français vers l’Arc jurassien suis- se, soit deux fois plus qu’en 2002. La

ter aux besoins de la population” s’in- quiète Anne-Laure Breuillard-Fléty, conseillère régionalemembre de l’Union de la droite et du centre. “On ne peut pas privilégier les uns au détriment des autres” poursuit-elle en évoquant la suppression récente de certaines haltes ferroviaires, décidée par la Région. Selon elle, il faut également profiter de la présence dans la région de pôles d’excellence comme celui lié aux véhicules du futur pour imaginer les transports de demain, “notamment avancer sur la question de la voiture sans chauffeur et réactiver la question du fluvial qui est trop délaissée” dit- elle. Sur la question du covoiturage, l’élue régionale regrette que “ce soit le secteur privé avec des sites comme Bla- blacar qui ait su se positionner alors

que la collectivité régionale, chef de file en matière de transports, n’ait pas su anticiper et répondre aux attentes. On n’a pas été en phase avec les besoins.” La grande faiblesse de la région que le S.R.A.D.D.E.T. a mise en lumière, c’est sans doute de ne pas avoir su créer, comme nos voisins suisses ont su le faire, un système de mobilité quo- tidienne efficace, multimodale, durable et fiable. Ce fameux schéma régional est intitulé “Ici 2050”. Ce document doit fixer les grandes orientations en matière d’aménagement, de transports et de gestion des ressources notam- ment pour les trois décennies à venir. Ce S.R.A.D.D.E.T. doit être prêt et vali- dé avant 2019. n J.-F.H.

grande majorité des tra- jets se font en voiture indi- viduelle” poursuit le S.R.A.D.D.E.T. Cette situa- tion déplorable fait réagir l’opposition. “Il n’y a pas assez de solutions alter- natives. Les différents res- ponsables politiques pré- cédents n’ont pas pris la mesure des évolutions de l’emploi et des modes de vie. On n’a pas su s’adap-

30 000 partent de l’espace frontalier français.

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