La Presse Pontissalienne 217 - Novembre 2017

DOSSIER LE DOSSIER 24

La Presse Pontissalienne n° 217 - Novembre 2017

l Initiative

Aliments pour bétail

La minoterie Dornier lance la filière poulets bio de Franche-Comté Après une expérience similaire en Alsace, le minotier précurseur de l’aliment bio dans le Grand Est de la France joue un rôle moteur dans la mise en place de la filière poulet bio en Franche-Comté. Tous unis pour la bonne chair.

S i le bio est devenu pour cer- tains la seule issue pour s’en sortir, pour d’autres comme chez Dornier, c’est d’abord une conviction doublée d’un raisonnement économique. “Au départ, on a accompagné la conversion des pre- mières coopératives à comté bio” , rap- pelle Pierre Dornier de la minoterie éponyme basée dans le Val d’Usiers. Un engagement qui remonte donc à

plus de 40 ans. Puis le fournisseur d’aliment bio a été sollicité par des producteurs bio sur d’autres A.O.P. comme le reblochon. Beaucoup de fabricants ne voyaient alors aucun intérêt à se positionner sur ces marchés de niche. Sauf la mino- terie Dornier qui n’a cessé de déve- lopper son réseau d’approvisionnement bio sur le Grand Est de la France tout en continuant à produire du conven-

tionnel. L’entreprise a investi en 2001 dans une usine de production 100 % bio à Bannans. “On est passé de 7 000 à 15 000 tonnes d’aliments bio entre 2011 et 2017. On étudie aujourd’hui la pos- sibilité de doubler la capacité de pro- duction du site de Bannans pour la porter à 25 000 tonnes” , explique Paul Bignon, le responsable du bio chez Dor- nier. La minoterie possède d’impor- tants moyens de stockage sur le site Cerebio à Étalans avec 35 cellules bio de 80 tonnes à 180 tonnes. Lequel site fait aussi l’objet d’un projet d’exten- sion. “On cherche à être le plus local possible dans nos approvisionnements. 100 % des céréales et protéagineux bio sont aujourd’hui collectés sur un ter- ritoire englobant la Bourgogne-Franche- Comté, l’Alsace et la Lorraine. Cela représente près de 300 producteurs bio en polyculture-élevage qui sont nos fournisseurs et nos clients.” Trait d’union entre l’amont et l’aval des filières, la minoterie Dornier rai- sonne dans cette logique d’organisa- tion. Elle approvisionne par exemple Haute-Loue Salaisons, le seul fabri- cant de saucisses de Morteau bio. On lui doit aussi le développement de la filière du blé au pain bio qui fédère

plusieurs fournils du Haut-Doubs. Chez Dornier, 70 % de la production est destinée aux ruminants, notam- ment des vaches laitières. Le reste ali- mente, c’est le mot, les filières mono- gastriques : porcs, lapins, volailles… “En partenariat avec la société Coquy à Flagey, on participe au développe- ment de la filière poules pondeuses bio.” En 2012, la minoterie Dornier démar- re enAlsace une filière poulets de chair bio avec des partenaires alsaciens : deux abattoirs, dix producteurs, un couvoir, 15 bâtiments déplaçables. Résultat pour 2017 : 5 000 poulets par semaine sont abattus et commerciali- sés en Alsace. Son ambition actuelle : relever le même challenge en Franche- Comté. “Sauf qu’ici, on part pratique- ment de zéro” , note Paul Bignon. Six producteurs en Haute-Saône et dans le Jura ont accepté de s’engager et une dizaine d’autres sont pressentis. Les premiers poussins livrés par le cou- voir Jacquet à Oiselay-et-Grachaux sont arrivés sur leur site d’élevage le 22 août. “L’abattage débutera à partir de la mi-novembre sur une base de 250 poulets par semaine. On est encore loin de conforter un poste sur les exploita- tions concernées. On parlera vraiment de complément de revenus quand on

sera à 1 000 poulets par semaine.” En Franche-Comté, la minoterie Dor- nier fonctionne avec l’abattoir de Pelou- sey rattaché à la ferme d’Uzel, exploi- tation créée par l’A.D.A.P.E.I. du Doubs. Cette filière s’inscrit donc dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Ces poulets bio seront commercialisés dans les magasins spécialisés et en G.M.S. sous l’appellation “poulet bio de Franche-Comté”. n Zoom Du bio à la cantine Le Plan National Ambition Bio 2017 demande aux collectivités de s’ap- provisionner à hauteur de 20 à 30 % en produits bio. La Minoterie Dornier en partenariat avec la Cuisine d’Uzel à travers le Comité Bio créé à cet effet, ambitionne de développer ce projet. La Cuisine d’Uzel confection- ne et livre aujourd’hui 15 000 repas par jour dans ses cafétérias et diffé- rentes collectivités (type A.D.M.R.). Un beau projet, de bons objectifs et en plus solidaires. n

Une journée de présentation de cette nouvelle filière volailles de chair bio s’est tenue début octobre au G.A.E.C. des Aubracs à Villers-Bouton.

Des glaces au lait cru de la ferme Raguin l Les Longevilles-Mont-d’Or 53 parfums Associé avec son fils Cyril sur une exploitation en lait à comté, Michel Raguin s’est positionné en 2010 sur le réseau des “Glaces à la ferme”. Une diversification riche en relations humaines.

Michel Raguin qui l’assiste en fabrication. La production annuelle représente un volume de 4 000 à 5 000 litres de lait cru et presque autant de lait écrémé. “On utilise le lait du matin et on écrème la veille au soir. Le surplus de lait écrémé est redistribué ensuite aux veaux.” La production varie avec des pics en été et en fin d’année en sachant que les sorbets l’em- portent à la belle saison com- me les crèmes glacées en pério- de de froid. “On peut fabriquer jusqu’à cinq fois par semaine.” Les glaces à la ferme des Lon- gevilles-Mont-d’Or sont com- mercialisées auprès des parti- culiers et des restaurateurs. Michel Raguin et sa compagne tentent de capter la clientèle touristique. Ce qui nécessite d’ouvrir le magasin à bon escient et de proposer le support adé- quat. “On vend des glaces en cornet et en boule.” Si les tou- ristes n’ont pas encore le réflexe de s’arrêter devant le magasin pas forcément bien signalé il faut le reconnaître, les com- mandes se multiplient à la gran- de satisfaction des glaciers. “Comme on a un produit haut de gamme, c’est plus facile de fournir des glaces pour un repas festif que de chercher à appro- visionner des centres d’accueil où tout est calculé pour limiter le coût d’un séjour.” n F.C.

Michel Raguin et sa compagne Catherine Lanquetin fabriquent plusieurs fois par semaine. Une activité qui reste encore très artisanale.

É conomiquement, ce n’est pas forcément un bon planmais pour un agriculteur com- meMichel Raguin qui

apprécie de communiquer avec ses semblables, ces glaces à la ferme, c’est du bonheur rela- tionnel. “Avec la bonne santé de la filière comté, on se complique

un peu l’existence mais c’est aus- si une façon de rencontrer des personnes hors des cercles dans lesquels nous avons l’habitude d’évoluer” , apprécie Michel Raguin aujourd’hui installé sur une ferme à 380 000 litres de lait transformés par la froma- gerie Badoz à Pontarlier. Cette envie de diversification remonte à 2010 à l’époque où l’un des fils de l’agriculteur mani- feste son envie de s’installer sur l’exploitation familiale. Faute de trouver du potentiel laitier sur une exploitation à remettre ou des terres disponibles, le père et son fils étudient l’option des “Glaces à la ferme.” Ce concept qui a vu le jour en Hollande est bien implanté en Suisse. “On s’est donc rendu chez plusieurs agriculteurs qui adhèrent au dispositif. Ils ne sont pas sou-

mis aux mêmes normes qu’en France et n’ont pas à investir en conséquence” , précise Michel Raguin dès lors accompagné par la Chambre d’agriculture du Doubs dans le montage du dos- sier. Cette recherche de revenu com- plémentaire implique quelques

à-vis des propriétaires du concept “Glaces à la ferme”, on s’enga- ge à utiliser les mêmes embal- lages. Ils nous ont vendu la tur- bine à glace et nous aident dans l’élaboration de nouvelles recettes comme ce fut le cas avec la gla- ce à l’absinthe, au sapin ou enco- re au macvin.” La ferme Raguin travaille sur une base de 53 parfums dont une trentaine disponible en per- manence. “On tient à travailler avec les fruits de saison. On ne fera jamais des fraises en hiver. On s’approvisionne en circuit court dans la mesure du pos- sible ou en direct auprès de pro- ducteurs de l’Ain et de la vallée du Rhône” , explique Catherine Lanquetin, la compagne de

investissements dans l’aména- gement du labo- ratoire et du magasin au rez- de-chaussée d’une maison d’habitation située à la sor- tie du village en direction de Rochejean. “Vis-

Les commandes se multiplient.

Aux Longevilles-Mont-d’Or, on propose des glaces à base d’absinthe, de macvin ou comme ici de sapin.

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