La Presse Pontissalienne 214 - Août 2017

HAUT-DOUBS

La Presse Pontissalienne n° 214 - Août 2017

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CONSOMMATION Traçabilité La transparence n’est toujours pas dans nos assiettes La F.N.S.E.A. et Familles rurales Doubs ont vérifié si l’étiquetage sur l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés sont respectés. Des mentions restent trompeuses. 540 produits ont été vérifiés dans des enseignes, notamment à Pontarlier.

À gauche, Dominique

Marmier (Familles rurales), Christiane Lambert (F.N.S.E.A.) présentent le

résultat de l’enquête.

D’ où vient la viande de cet- te boîte de raviolis ? Et le lait dans le pot de can- coillotte qui affiche une mention “Ça vient d’ici” avec une belle carte du département ? En théo- rie, l’étiquetage de l’origine des viandes et du lait dans les pro- duits transformés est obligatoi- re depuis le début d’année (lire par ailleurs). Après la crise de la vache folle, puis le “cheval- gate” en 2013, les consomma- teurs veulent savoir. Les enquê- teurs de la F.D.S.E.A. du Doubs et Familles rurales sont allés vérifier pour eux l’étiquetage de plus de 540 produits dans les La législation L’ étiquetage de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés a été mis en place le 1 er janvier pour deux ans. Cela concerne les plats où la part de viande est égale ou

par exemple pour la cancoillot- te jamais pu savoir d’où venait le lait et idem pour la viande dans une boîte de raviolis”, témoigne Émeline Balandret, agricultrice à Grandfontaine- sur-Creuse, qui a fait partie d’un groupe de “veilleurs”. Une vingtaine de grandes sur- faces ont été passées au crible. “En tant qu’agricultrice, je tenais à participer à cette étude car nous, agriculteurs, nous produisons en transparence.On nous le deman- de et on le fait. Or, à regarder les informations qui sont indiquées sur les étiquettes, on s’interroge” témoigne la jeune femme. Chris- telle, agricultrice à Montlebon et Sophie, exploitante à Avou- drey, acquiescent. Les résultats de l’étude sur 540 produits, - lait en bouteille, nug- gets, cordon-bleu de poulet, beur- re, yaourts, raviolis -, ont été communiqués dans une exploi- tation de Pelousey (aggloméra- tion de Besançon) en présence de Dominique Marmier, prési-

grandes ou moyennes surfaces de Pontarlier, du Val de Mor- teau, du plateau de Maîche, du secteur de Montbéliard et de la région de Besançon. Objectif : vérifier si les produits sont cor- rectement étiquetés dans le Doubs, savoir si le consomma- teur est bien informé. Résultat : le taux de conformi- té est jugé bon (à 93 %) mais de grandes disparités sont notées suivant certains produits dont il est quasiment impossible d’identifier la traçabilité.Autre point : il faut une loupe et beau- coup d’expérience pour déchif- frer une étiquette. “Nous n’avons supérieure à 8 % du poids du produit et les produits laitiers, dès que la part du lait est égale ou supérieure à 50 %. Pays de nais- sance, élevage, abattage, pays de collecte et de conditionnement ou de transformation pour le lait doivent être mentionnés. n

tributeur. Un jambon blanc est affiché 15,34 euros en marque nationale, 11,79 euros enmarque distributeur et 11,44 euros en premier prix. D’où la conclusion de la F.D.S.E.A. et Familles rurales : que les consommateurs ouvrent encore davantage les yeux. Le lieu de fabrication n’est pas forcément le lieu d’origine des ingrédients. Si les produits sont conformes dans lamajorité des cas, ces der- niers réclament que l’expéri- mentation menée aboutisse à la généralisation et à l’obligation pour les fabricants d’indiquer clairement l’origine de la vian- de et du lait entrant dans la com- position des produits transfor- més. “On le fait dans nos exploitations, pourquoi pas les industriels ? C’est aussi une ques- tion de répartition des marges et de la valeur ajoutée” conclut un agriculteur duHaut-Doubs. n E.Ch.

de. Les logos type “viande de France”, “lait 100 % français”, sont un gage de qualité. Notre cancoillotte en prend un coup : “Une cancoillotte relevée à plu- sieurs endroits ne comporte ni son origine, ni un logo précisant son origine” explique Marlène Amiotte-Petit (Familles rurales). L’étude amis en évidence lamul- titude de logos, mais aussi les cartes pouvant influencer les consommateurs. Par exemple, un produit tel que le jambon peut comporter “la marque s’en- gage, traçabilité garantie” alors que l’origine de la viande n’est pas clairement définie puisque cela peut être indiqué tel que France et/ou Espagne-Portugal. S’ajoutent aussi des mentions telles que “contrôlé par un orga- nisme indépendant” dont le nom n’est pas précisé ! Concernant les prix, la marque nationale se situe toujours à des prix supérieurs à la marque dis-

dent de la fédération nationale de Familles rurales (il demeure à Frasne), et de Christiane Lam- bert, présidente de la F.N.S.E.A. Cette dernière a loué le travail effectué localement. “J’utilise- rai ces résultats très prochaine- ment lors des états généraux de l’alimentation” indique la suc- cesseur de Xavier Beulin. Ces résultats, dans le détail, sont les suivants : il est difficile de trouver l’information recherchée, si les produits sont conformes à 93 %, l’indication de l’origine des ingrédients fait défaut. Dans les viandes, il apparaît de manière générale que les produits rele- vés ont une origine française… mais très peu contiennent la mention “né, élevé et abattu en France”. “Vous pouvez avoir un porc acheté en Espagne mais abattu en France : il sera alors indiqué abattu en France, ce qui peut prêter à confusion” com- mente un responsable de l’étu-

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