La Presse Pontissalienne 214 - Août 2017

LE DOSSIER 20

La Presse Pontissalienne n° 214 - Août 2017

l Chapelle-des-Bois

l Vallée du Drugeon Étangs de Frasne, La Rivière et lac de Bouverans

Deux joyaux

Les Mortes-Bellefontaine : rendez-vous en lacs sauvages

La vallée du Drugeon abrite quelques-uns des points d’eau les plus attrayants du Haut-Doubs. Randonnée, pêche, découverte des tourbières ou de la faune sauvage… La mise en valeur de ces sites se poursuit. Un petit air de Canada au cœur du Haut-Doubs

L a forêt qui se reflète sur l’étendue miroi- tante du grand étang de Frasne et c’est un saut direct que l’on fait au Canada. Cette partie du Haut-Doubs irriguée par le Drugeon et d’autres cours d’eau comme le Lhotaud ne laisse pas de surprendre le visi- teur, fût-il originaire de la région, devant une telle nature. Qu’on se promène aux étangs de Frasne à la découverte des tourbières, qu’on flâne autour du grand étang de La Rivière- Drugeon ou qu’on aborde le magnifique lac de Bouverans classé l’an dernier Espace naturel sensible, les surprises sont nombreuses et d’au- tant plus depuis que la Communauté de com- munes Frasne-Drugeon (C.F.D.) a engagé tout un travail pédagogique par la pose de panneaux et autres supports d’interprétation de ce milieu préservé. À Frasne, l’étang Lucien et l’étang du Moulin jalonnent la boucle pédestre qui permet de découvrir les anciennes tourbières où l’homme a extrait durant plusieurs siècles ce combus- tible à bas coût. Deux circuits sont possibles, un court et un long, agrémenté de tables pour le pique-nique. “Ce site est très fréquenté notam- ment par les locaux qui viennent y pêcher ou faire leur jogging ou leur promenade. Ces cir- cuits des tourbières reçoivent la visite de 15 000 personnes en moyenne par an, 17 000 l’an der- nier” note Jacky Désarménien, élu à la C.F.D.

À La Rivière-Drugeon, l’étang créé il y a cinq siècles par les seigneurs locaux pour leurs besoins en poisson fait tout le cachet de ce vil- lage car il est situé au cœur de la commune. “On peut en faire quasiment le tour avec des points d’observation à plusieurs endroits. Un parcours découverte “Dragons et Drugeon” a été mis en place il y a deux ans avec un petit jeu de piste” indique Laurence Lyonnais, chargée de mission à la C.F.D. Le lac de Bouverans, lui, est la plus grande étendue d’eau du secteur. Ce lac aux eaux très pures s’étale sur une centai- ne d’hectares au pied de la montagne du Lave- ron. “Ses berges sont 100 % communales mais l’étendue d’eau a la particularité d’être parta- gée entre une centaine de copropriétaires diffé- rents !” note Rémi Débois, maire de Bouverans et élu à la C.F.D. Ce lac a fait l’objet l’an der- nier de superbes aménagements pédestres avec panneaux interactifs dans le cadre de son clas- sement par le Département en tant qu’Espa- ce naturel sensible. Depuis cette mise en valeur réussie, la fréquentation du lac de Bouverans a bondi. C’est la balade familiale par excel- lence. Et l’année prochaine devrait être réali- sée un grand sentier de randonnées entre Bon- nevaux et le lac de Bouverans pour améliorer encore l’attrait de cette vallée où la nature est redevenue reine. n J.-F.H.

Vue sur les deux lacs depuis la Roche Bernard.

Situés entre Doubs et Jura, les lacs des Mortes et de Bellefontaine sont parmi les mieux préservés du massif du Jura. À contempler… de haut. T out là-haut, c’est Chapelle-des-Bois, explique-t-on aux touristes en évoquant ce village qui occupe un val perché à près de 1 100 m d’altitude entre le Mont Noir et le Risoux. Haut lieu de pratique nordique où la neige s’attarde volontiers, Chapelle-des- Bois est considérée comme La Mecque du ski de fond. Volontairement préservé des atteintes de l’urbanisme moderne, le village vit au rythme du tourisme et de l’agriculture bio. Un choix dic- té par des contraintes montagnardes et clima- tiques particulièrement rudes limitant les ren- dements herbagers.Un choix également privilégié par des agriculteurs soucieux de pratiques res- pectueuses du milieu naturel. Cette démarche n’est pas anodine car elle contribue également à la préservation des lacs jumeaux des Mortes et de Bellefontaine. Situé sur le département du Doubs, le premier s’étend sur 11,4 hectares pour une profondeur de 6 mètres. Son “frère” du Jura couvre 12 hectares et plonge jusqu’à 6,2 m de profondeur. “Il fait l’objet d’un prélèvement d’eau potable par le syndicat des eaux du lac de Belle- fontaine qui alimente une partie du Haut-Jura, sans oublier Chapelle-des-Bois” , précise Pierre Durlet du service environnement au Parc natu- rel régional du Haut-Jura. Comme tous les deux ne sont pas situés exacte-

ment à la même altitude, celui de Bellefontaine se déverse dans celui des Mortes. Le ruisseau du même nom s’en échappe puis se perd dans un gouffre en bordure du hameau “Les Mortes” où une scierie exploitait l’énergie hydraulique. “L’eau ressort vers Morez dans la Bienne qui est un affluent de l’Ain.” Comme souvent dans le massif jurassien, ces deux lacs d’altitude s’inscrivent dans une zone humide. Classée en zone Natura 2000, la tour- bière de Chapelle-des-Bois abrite la plupart des milieux tourbeux typiques du Jura et constitue à ce titre un complexe écologique d’une grande valeur. “On retrouve une qualité des habitats naturels assez rare dans le Jura avec un état de conservation bon à très bon de l’ordre de 80 %.” Un autre facteur participe à la préservation de ces milieux sensibles : l’isolement. Aucune rou- te, aucun circuit pédestre ne mène au bord des lacs. Ils sont à l’abri des nuisances de la surfré- quentation touristique. Quelques baigneurs s’aventurent parfois dans ces eaux calmes. On y retrouve tout le cortège floristique des zones tourbeuses : l’andromède, le rossolis à feuilles rondes, plusieurs espèces de myrtilles ou enco- re l’œillet superbe dans les zones de transition. “Globalement, il n’y a de gros aménagements à effectuer ici. Il s’agit surtout de maintenir les milieux en l’état. On va probablement reprendre la canalisation d’eau potable qui part sur Bel- lefontaine et reboucher le fossé afférent. On étu- die aussi la valorisation touristique avec l’ins- tallation d’un sentier balisé.” Pour l’heure, c’est en prenant un peu d’altitu- de, depuis les belvédères des Roche Bernard ou Champion, qu’on a les plus belles vues sur les lacs. n F.C.

Laurence Lyonnnais, chargée de mission à la C.F.D., entourée des élus communau- taires Jacky Désarménien

et Rémi Débois. À la “Gaule de Boujailles”, ça taquine le goujon l Boujailles L’étang des Étarots

L’étang de 4 hectares situé à proximité des tourbières est un havre de paix pour les pêcheurs. Des carpes de près de 18 kg et des brochets avoisinant le mètre y nagent.

Boujailles, à 8 km de Frasne. Rens. : “Gaule de Boujailles” sur Facebook. Carte à la journée : 5€

E n venant depuis Frasne, un che- min situé sur la gauche avant le village de Boujailles vous conduit dans un havre de paix. Après 200mètres sur ce parcours en gra- vier blanc, une cabane apparaît, c’est celle des pêcheurs de la “Gaule de Bou- jailles”, association qui gère le plan d’eau depuis 1986. L’étang des Étarots, bordé sur sa rive gauche par les tourbières, à droite par les prés, est le paradis pour les pêcheurs venus taquiner gardons, tanches, bro- chets, black-bass et carpes. L’étang n’est pas “dur” à pêcher de l’avis d’un connais- seur. La profondeur varie de 0,5 mètre

à 4 mètres. “C’est un étang artificiel créé il y a plus de 50 ans que nous alevinons chaque année en poissons pour environ 5 000 euros de gardons, brochets, perches, black-bass…” témoigne le président de l’association. Les berges sont parfaite- ment taillées et accessibles. Des tables de pique-nique sont mises à disposition : “Un étang bien entretenu, c’est un étang qui donne envie de venir y pêcher” résu- me le président. À l’année, 140 pêcheurs prennent leur carte, un chiffre en évolution. Le lieu pri- vé nécessite d’acheter sa carte de pêche au préalable dans les points de vente de Frasne,Villers-sous-Chalamont, ou direc-

tement sur le site. Il est possible de venir poser le bouchon à la journée (5 euros). En revanche, il n’est plus possible d’y faire des “nuits carpes” sauf pour ceux disposant de la carte annuelle. “Nous nous sommes rendu compte que les pêcheurs qui venaient passer 24 heures là ne respectaient pas toujours les lieux” dit l’association. Elle a donc fait du tri. Les feux au sol sont interdits. Alimenté par l’eau de pluie, le plan d’eau a retrouvé un bon niveau après les orages de juillet. Idéal pour tenter de séduire une des carpes de plus de 18 kg ou un brochet dépassant le mètre. À vos épui- settes. n E.Ch.

Esteban (à gauche) et Aurélien avec deux jolies carpes.

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