La Presse Pontissalienne 214 - Août 2017

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 214 - Août 2017

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l Malpas

Tour du lac

Un petit concentré de nature jurassienne Le lac de Malpas s’inscrit dans une zone humide tapie au creux d’un val. Découverte en parcourant le circuit de ran- donnée qui fait le tour du site depuis l’église de Malpas.

C onstruite entre 1726 et 1728, l’église de Malpas a été res- taurée suite aux dégâts cau- sés par la tempête de 1999. Elle abrite un bel ensemble de boiseries du XVIII ème siècle qui se rattache à la grande tradition dumobi- lier en bois et à l’expression du cou- rant baroque dans cette région. Son

clocher à l’impériale reflète également une architecture bien comtoise. Cap sur le Petit Malpas où l’on peut admirer quelques fermes anciennes dépouillées aujourd’hui de leur utili- sation agricole. Le circuit longe la zone humide qui entoure le plan d’eau ali- menté par deux ruisseaux : le bief Belin et le ruisseau de Malpas qui consti-

tuent des réservoirs faunistiques du Drugeon. En hiver, ce petit lac d’origi- ne glaciaire est l’un des premiers à geler. Ce qui ne manque pas d’attirer les amateurs de patin à glace. Présent en totalité dans un site Natu- ra 2000, le lac de Malpas se prolonge par des marais et des tourbières. L’en- semble présente une biodiversité excep- tionnelle menacée par diverses actions humaines passées ou présentes. En effet, ce complexe lac-cours d’eau-zones humides a subi au cours du temps de nombreuses perturbations : drainage, rectification, extraction de tourbe, pol- lution. Toutes ces pratiques ont impac- té le fonctionnement hydrologique et biologique du secteur. Cela s’est tra- duit par une dégradation générale du site, invisible au promeneur, mais qui affecte la diversité des habitats et dans une certaine mesure la qualité de l’eau. Surnommée à juste titre “aspirine végétale”, la rei- ne-des-prés est souvent utilisée en phytothérapie.

Au bout du lac, le circuit prend une tonalité plus agricole en traversant des espaces où paissent des veaux et des génisses de race montbéliarde. Des pra- tiques encore assez extensives donc, plutôt en phase avec la biodiversité. À proximité de la R.D. 46, la balade revient sur Malpas pour évoluer à l’ombre d’une forêt résineuse. Sapins

et épicéas représentent l’autre riches- se duHaut-Doubs. Une courte et vigou- reuse descente en sous-bois rejoint un agréable chemin forestier au bord du lac. Le parcours aboutit sur une peti- te route goudronnée menant à Malpas avant de bifurquer sur la droite jus- qu’à l’église. n F.C.

Le lac de Malpas fait partie d’une zone humide qui a subi pas mal de perturbations humaines.

Le secret bien enterré du manteau de Saint-Christophe l Nans-sous-Sainte-Anne Système karstique Le site de la source de Lison illustre la complexité des circulations de l’eau dans le système karstique jurassien. Un vrai gruyère et une fort belle cavité à découvrir. Visite en compagnie de l’hydrogéologue Pascal Reilé.

L’été animé à la source du Lison

L es spéléologues ont trouvé dans le massif jurassien un magni- fique souterrain de jeu. “On y recense 10 000 cavités, soit une cavité au km 2 ” , indique Pascal Reilé en rappelant que le karst désigne une région de Slovénie où des experts ont analysé des phéno- mènes karstiques pour la pre- mière fois. Riche en galeries, grottes, gouffres de belles amplitudes comme celui de Poudrey ou de Jardelle, le réseau jurassien n’abrite pas de vastes cavités où l’on pourrait trouver de mys-

térieux lacs souterrains. Du moins n’en a-t-on pas encore découvert à ce jour. Les ama- teurs d’exploration souterraine ont encore de quoi s’occuper sur plusieurs générations avant d’espérer dresser la cartogra- phie précise de ce qui se passe sous nos pieds. Sans avoir à s’équiper en homme-grenouille, on peut néanmoins avoir un bel aperçu de ce qui se passe dans les entrailles de la montagne jurassienne en se rendant à la source du Lison. Cette belle résurgence a beau- coup inspiré le peintre Gusta- ve Courbet qui s’y rendait fré-

quemment avec ses amis Max Claudet et Jules Castagnary. “Que l’on s’imagine un gigan- tesque rocher à pic, aux couleurs variées, surmonté d’une forêt. À une certaine hauteur s’ouvre une excavation profonde comme une voûte d’église et soutenue com- me elle par des piliers. Au fond de ce gouffre, une source d’eau azurée…, tombant par une cas- cade jusqu’à la base du rocher” , s'émerveillait ainsi Max Clau- det, céramiste et compagnon de voyage de Courbet dans le Jura. “À la Révolution, cette grotte a servi de refuge à des prêtres réfractaires. La source a founi

Creux Billard. Son corps a été retrouvé trois jours plus tard à la source du Lison. Les recherches étaient menées par l’instituteur de Nans-sous-Sainte-Anne qui était le père de Louis Pergaud.” En forme de manteau de Saint- Christophe, la voûte de la grot- te Sarrazine en impose. Cette grande arcade haute de 100 m et large de 30 m est le départ d’un cours mystérieux exploré à ce jour sur quatre kilomètres de longueur. “Tout le site est pro- tégé car il abrite notamment des oiseaux rupestres comme le fau- con pèlerin, les martinets ou le grand corbeau.” Sans grand dan- ger, il est possible de progresser à l’intérieur de la grotte pour tomber une cinquantaine de mètres plus loin sur un petit lac souterrain blotti au pied d’une belle coulée de calcite. Splendide. n Un programme d’animations thématiques est mis en place pendant tout l’été à la source du Lison. Elles concernent les milieux naturels, la biodiversi- té, le patrimoine industriel, Louis Pergaud, la pêche… Ces ani- mations gratuites sont ouvertes à tous et ont lieu chaque mer- credi et samedi en juillet, août. n

La résurgence du Lison tout en majesté.

valent du débit moyen du Doubs à Besançon.” Accessible après une courtemais vigoureuse grimpette, le Creux Billard surprend le visiteur.Véri- table regard sur le réseau sou- terrain du Lison, il se présente sous la forme d’un vertigineux gouffre de 80mètres de hauteur. La première exploration spé-

de l’énergie à un ancien mou- lin dont il ne subsiste plus que le canal d’amené. Au début du XX ème siècle, le site a failli être complètement transformé par un industriel mais il a pu être protégé en 1912 grâce à l’inter- vention du député Charles Beau- quier à l’origine de la législa- tion sur la protection de l’environnement” , note l’hydro- géologue. La source du Lison s’ouvre dans les calcaires du jurassique au sein d’une grande ondulation géologique dite “faisceau sali- nois”. Cette résurgence des eaux du Haut-Lison reçoit d’autres sources dont une en provenan- ce de la grotte Sarrazine qui fonctionne comme un trop-plein latéral. “L’ensemble forme un système très actif et assez dan- gereux à explorer. Le débit moyen varie entre 5 et 6 m 3 par secon- de. En période de crue, il mon- te à 90m 3 par seconde, soit l’équi-

léologique du site remonte à 1895 avec la visite de la grotte en paroi située dans le Creux Billard. “Cette cavi- té a aussi servi d’ha- bitat préhistorique à l’époque de l’âge du bronze, soit entre 3 000 et 4 000 ans. Au début du XIX è- me siècle, une fillet- te a fait une chute mortelle au fond du

Une belle coulée de calcite.

Le petit lac souterrain au fond de la grotte Sarrazine.

Infos et inscriptions au 03 81 62 21 50

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