La Presse Pontissalienne 212 - Juin 2017

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 212 - Juin 2017

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ENVIRONNEMENT Un croqueur de campagnols L’aigle royal en escale dans le Haut-Doubs Photographe animalier, Laurent Lépeule a croisé plusieurs fois dans son objectif le vol d’un jeune aigle royal de passage sur les plateaux du Haut-Doubs. Une royale rencontre.

C ela restera peut-être son plus beau frisson photographique. “J’ai vraiment jubilé le second jour où j’ai pu le photographier car la veille, quand je l’ai eu dans l’ob- jectif, je ne savais pas encore qu’il s’agis- sait d’un aigle royal. Il est revenu le lendemain à peu près aumême endroit. Et là j’ai compris le caractère assez exceptionnel de cette rencontre” , explique le photographe qui en vient presque à regretter de n’avoir pu saisir la scène où le rapace se saisit d’un campagnol. Ces observations remontent à la mi- mai. Pour être sûr de son coup, Lau- rent Lépeule a rapidement transmis ses images à un ornithologue. En l’oc- currence Jean-Philippe Paul qui est aujourd’hui bénévole à la Ligue de Pro- tection des Oiseaux où il s’occupe notam- ment du suivi de l’aigle royal enFranche- Comté. Le spécialiste n’est qu’à moitié surpris et confirme qu’il s’agit bien d’un jeune aigle royal. “Sans doute l’un des deux individus juvéniles qui avaient été observés cet hiver entre Boujailles et Pontarlier. D’autres ont déjà été obser- vés du côté de Pont-de-Roide. C’est l’une

des premières observations sur le Haut- Doubs forestier. On l’attendait plutôt sur un site plus montagnard comme le Mont d’Or et il s’installe provisoirement sur les seconds plateaux où il a semble- t-il trouvé une source de nourriture abondante et facile à capturer avec les campagnols” , explique l’ornithologue qui voit déjà en lui un possible auxi- liaire de l’agriculteur duHaut-Doubs… sous réserve qu’il ne soit pas victime de la bromadiolone. L’aigle royal a disparu du massif juras- sien il y a plus de 100 ans. Son retour,

D’une envergure de deux mètres, ce jeune aigle royal a été photographié en mai par Laurent Lépeule sur les seconds plateaux du Haut-Doubs (photo L. Lépeule).

si l’on peut parler ainsi, s’inscrit dans la même logique d’expansion ter- ritoriale que le loup. Après avoir complète- ment recolonisé lesAlpes, l’espèce part à la conquê- te de nouveaux terri- toires. Les premières observations juras- siennes remontent aux années quatre-vingt-dix dans la partie sud de la haute-chaîne, c’est-à-dire

Une très bonne nouvelle pour la biodiversité.

A priori, l’individu photographié par Laurent Lépeule aurait un an envi- ron. Il mesure 80 cm de haut avec une envergure de plus de deux mètres. Sa présence même passagère constitue déjà une très bonne nouvelle pour la biodiversité. Si lui ou un autre venait à s’établir durablement dans le sec- teur, faut-il avoir quelques craintes ? “Dans les Alpes, la marmotte repré-

sente l’essentiel de son régime alimen- taire qui sera forcément plus diversi- fié dans le Jura. Il peut se nourrir de campagnols, oiseaux, lièvres, voire renar- deaux, chats, faons. Le jeune aigle obser- vé n’est sans doute que de passage. Avant de devenir adulte, il lui faudra échapper à bien des dangers.” Vous pou- vez laisser les enfants jouer dehors… n F.C.

dans l’Ain. “Trois couples sont aujour- d’hui installés dans le massif dont un en Franche-Comté du côté de Saint- Claude. On n’a d’ailleurs toujours pas réussi à trouver le nid. Il faut plusieurs années pour qu’un juvénile devienne mature. Pas étonnant donc de voir des jeunes qui se baladent ici ou là avec un souci de nourriture. Avec le réser- voir à campagnols du Haut-Doubs, on est dans le cas d’un phénomène d’op- portunisme alimentaire.”

Pour en voir plus : www.facebook.com/L2photographie

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