La Presse Pontissalienne 212 - Juin 2017

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n° 212 - Juin 2017

VUILLECIN

Un vrai personnage

L’homme qui veut faire avancer le schmilblick Jean-Pierre Barillot, 62 ans, n’a pas une minute

à lui. Sans avoir fait de hautes études, il s’est découvert tout jeune une passion pour l’histoire locale et la faune sauvage. Soucieux de ne pas tout garder pour lui, il n’a de cesse de partager ses trouvailles dans le bon sens de l’histoire.

patrimoine local, il va la bonifier au contact d’un autre homme, Michel Sobritz comme lui autodi- dacte du passé archéologique du Haut-Doubs. “Il m’a beaucoup apporté. On travaille en relation avec les services de l’archéologie” , explique celui dont les trouvailles ont contribué à enrichir les collec- tions du musée de Pontarlier. S’il suit l’actualité archéologique du Jura à travers les publications dif- fusées au fur et àmesure des études, le terrain a sa préférence. L’instinct avant tout. Il n’a nul autre pareil pour identifier des formes anor- males le long d’une rivière ou dans un champ. Sous ces bizarreries se cachent parfois les restes d’un outil, d’une arme, d’une jarre… Ne rien garder pour soi. Quelles que soient ses passions, Jean-Pierre Barillot a toujours eu le goût de les partager. En venant s’établir à Vuillecin il y a une ving- taine d’années, il a rapidement pro- posé de mettre ses collections de fossiles à la disposition des autres. Cette envie de solidarité relève peut- être chez lui d’un atavisme fami- lial. “Quand on fait les choses tout seul, on n’arrive à rien.” Ce père de famille de 6 enfants n’a pas oublié d’où il vient. Et sait aussi appré- cier le bonheur d’être en bonne santé. “Mon père qui était résistant a pris six balles dans le buffet sur le maquis des Vosges. Il a toujours été diminué physiquement sans jamais s’en plaindre et cela ne l’a pas empêché d’élever ses dix enfants. Il ne faut pas se regarder. Il faut vivre sa vie à 200 %. Ce qui m’in- téresse aujourd’hui, c’est de faire avancer le schmilblick.” n F.C.

D ans ses prospections archéo- logiques, il lui est arrivé de trouver des pièces assez uniques comme une hache néolithique qui embellit aujourd’hui les collections du musée de Pon- tarlier. “C’est difficile d’exprimer le plaisir ressenti en découvrant et en tenant en main de tels objets. On se dit qu’il y a tout une histoire, un vécu, des hommes qui sont ratta- chés à cette hache, cet outil, ces pièces qu’on peut retrouver dans la nature. L’histoire prend encore plus de sens quand on replace l’objet dans l’époque, quand on note l’endroit de sa découverte, d’où l’importance de ne rien garder pour soi. Il existe des spécialistes qui savent mieux que nous faire parler les vestiges.” Son histoire à lui débute à Cen- seau, au lieu-dit le Magasin, où il a vu le jour le 10 février 1955 dans un modeste logement agricole. “Je suis né sur place. Impossible de se déplacer ce jour-là car il était tombé un mètre de neige.” Il passera son enfance à Froidefontaine bien entouré dans une famille de dix enfants. C’est là qu’un jour son père lui ramène un fossile allumant sans le savoir la flamme d’une passion toujours intacte. “Elle ne m’a jamais lâchée.” Tout comme cette curiosité d’observer la nature, voire d’essayer de l’apprivoiser chez celui qui aura chez lui toutes sortes d’animaux : sanglier, renard, vipère… Son parcours professionnel sera un peu à son image : éclectique avant de se stabiliser dans un registre qui lui convienne. Après une for- mation en fromagerie, le jeune Barillot migre sur Paris où il a quelques attaches familiales. Il exerce quelque temps comme bar- man avant de revenir au pays pour

travailler en Suisse dans la micro- mécanique. “J’ai profité d’une période de chômage pour passer le concours de la fonction publique. J’ai ensuite été recruté commeAgent chargé de lamise enœuvre des règles d’hygiène et de sécurité (A.C.M.O.) au lycée professionnel Toussaint- Louverture.” Il y restera 30 ans jusqu’à sa retraite. S’il fut un temps chasseur, pêcheur, Jean-Pierre Barillot finira assez vite par donner une orientation plus pacifique à ces loisirs. Regar- der sans cueillir, observer sans bou- ger, il se reconvertit dans la vidéo animalière. “Avec un peu d’expé- rience et de patience, on fait de nom- breuses rencontres” , explique le jeune retraité également vice-pré- sident et pleinement impliqué dans l’Association de Valorisation du Patrimoine Écologique et Culturel de Vuillecin. Équipé de son appareil photo, il multiplie les affûts et devient vite l’ami des bêtes qui prennent volon- tiers la pose.Astucieux, le chasseur d’images invente toutes sortes de

combines pour aller à la rencontre de la faune locale.Avec deux camé- ras embarquées dans des caissons étanches, il réalise de superbes images de brochets, tanches, perches et autres poissons fami- liers de nos plans d’eau. “Ces petites vidéos seront présentées aux enfants des écoles. Elles serviront de support pédagogique à des actions de sensibilisa- tion à la nature.” Sa curiosité pour le

“Ne rien garder pour soi.”

Jean-Pierre Barillot a inventé toutes sortes de combines pour filmer les poissons par exemple.

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