La Presse Pontissalienne 212 - Juin 2017

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 212 - Juin 2017

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EN BREF

ENVIRONNEMENT Le mix énergétique a été retenu pour la fin du nucléaire en Suisse Entretien avec Roger Nordmann, conseiller national suisse, militant pour la sortie du nucléaire. Il est favorable à un rapprochement avec la France en matière d’énergie.

Guyans-Durnes L’association Grande Culture présente “Libération, de la victoire au devoir de mémoire”. Cette belle exposition sur la seconde guerre mondiale se tient à Guyans- Durnes (21, rue Saint- Martin) jusqu’au 25 juin. L’entrée est libre. Visites de groupes dans la semaine sur demande. Renseignements au 03 63 18 63 46 ou 06 10 31 19 21. Frontaliers “Travailler en Suisse dans le domaine de l’industrie”, c’est le thème de la réunion animée par le syndicat Unia mardi 13 juin de 15 heures à 17 heures dans les locaux du Groupement transfrontalier européen à Morteau (29, Grande rue). Entrée libre et gratuite. enseignements et inscriptions au 03 81 68 55 19 ou 03 81 39 93 02. Piscine La piscine municipale de Pontarlier sera fermée dimanche 18 juin pour cause de compétition du club de plongée. La piscine propose également des leçons particulières pour les enfants à partir de 6 ans. Inscriptions et tarifs au 03 81 39 25 61. Exposition Exposition “Les p’tits bonheurs” de l’artiste Jessica Scaranello jusqu’au 29 juin à la médiathèque de Pontarlier. Rencontre avec l’artiste le 9 juin à 17 h 30. Renseignements au 03 81 38 81 37.

L a Presse Pontissalienne : Les Suisses ont, à 58 %, voté pour la révision de la loi sur l’énergie qui interdit la construc- tion de centrales nucléaires. “L’anti- nucléaire” que vous êtes est satisfait. Surpris par le résultat ? Roger Nordmann (Conseiller national, groupe parlementaire socialiste - 44 ans, auteur de “Libérer la Suisse des énergies fossiles” aux éditions Favre) : C’est une percée histo- rique. Nous avions fait le pari de cher- cher une alliance avec les démocrates- chrétiens et ceux parmi les libéraux qui étaient d’accord. Nous avons eu peur car beaucoup de “fake news” sont apparues sur le sujet à quelques jours de la vota- tion. Finalement, les Suisses ont déci- dé de sortir du nucléaire. L.P.P. : Pourquoi les cantons francophones à l’image de Vaud ou de Neuchâtel ont été les plus fervents défenseurs de ce texte ? R.N. : Parce qu’il n’y a pas de lobby nucléai- re et surtout parce que l’U.D.C. (Union Démocrate du Centre - parti considéré d’extrême droite en Suisse) pour le nucléaire, est plus forte en suisse alé- manique. L.P.P. : La Suisse craint-elle les dangers du nucléaire ? R.N. : Le point de départ a été Fukushi- ma. Il a été décidé une stratégie globa- le Ce projet ne prévoit pas de date pour l’arrêt des cinq centrales nucléaires de Suisse mais interdit d’en construire de nouvelles. Le projet prévoit en outre un renforcement du soutien à l’électricité

verte, à la rénovation des habitations ainsi que de nouvelles normes euro- péennes pour les émissions de CO2 des voitures. Le plus intéressant pour la France est de montrer qu’il n’y a pas eu de clivage ville et campagne dans ce vote. Les énergies renouvelables ont besoin d’espace : elles peuvent être partout, les territoires ruraux peuvent en bénéficier d’autant que ce sont des emplois durables et non délocalisables à terme. L.P.P. : Pour compenser l’arrêt des centrales, la Suisse ne devra-t-elle pas acheter de l’électri- cité à ses voisins, comme la France, dont la majorité de l’électricité est produite grâce au nucléaire ? N’est-ce pas une contradiction ?

Le Lausannois Robert Nordmann.

deux ans à cause de défauts découverts dans la cuve de pression ? R.N. : Nos centrales vieillissantes tom- bent en panne facilement. La Suisse compte actuellement quatre réacteurs en service : Mühleberg (Berne), Beznau 2, Gösgen (Soleure) et Leibstadt (Argo- vie). (N.D.L.R. : en 2016, ils ont produit 20 309 gigawattheures (GWh) nets d’élec- tricité, soit un tiers des besoins du pays). L.P.P. : Militez-vous pour les éoliennes dont les projets de parcs fleurissent à proximité de la frontière et notamment à Vallorbe avec le Parc sur Gräti ou Jougne avec Bel-Coster ? R.N. : L’éolien est complémentaire et pro- duit davantage en hiver. Je le soutiens dans la mesure où il est bien implanté et le jour où nous pourrons nous en pas- ser, nous pourrons tout démonter. Pour exemple, un lac artificiel cause davan- tage de dommages.

R.N. : C’est pour cela qu’il faut investir rapidement. Vu la configuration de la Suisse, c’est un mix éner- gétique qui est retenu en complétant hydroélectri- cité avant tout par du solaire. L’éolien, plus dif- ficile à mettre en place car il doit faire face à des oppositions. Aujourd’hui, le nucléaire est dans une situation catastrophique : le prix du courant ne couvre plus les investis- sements. L.P.P. : Est-ce pour cette rai- son que le premier réacteur de Beznau (canton d’Argovie), lui, est à l’arrêt depuis plus de

L.P.P. : Vous prônez la valorisation des instal- lations hydrauliques existantes. Qu’entendez- vous par là ? R.N. : Il faut réfléchir à l’intérêt d’une coopération. Deux centrales hydroélec- triques de pompage-turbinage (dans les Alpes) peuvent au choix livrer ou absor- ber un gigawatt chacune. Elles stockent une semaine de surplus énergétique. Il pourrait y avoir une coopération trans- frontalière pour stabiliser les réseaux et lisser les irrégularités du solaire et de l’éolien. L.P.P. : Un mot sur la France et sa politique en matière nucléaire ? R.N. : Je me réjouis de ce qui va se pas- ser en France. La nomination de Nico- las Hulot est un bon choix du président Macron. n Propos recueillis par E.Ch.

“La nomination de Nicolas Hulot est un bon choix.”

Du cannabis légal entre le paquet de Ricola et les cigarettes Comme au Locle et dans toute la Suisse, le cannabis “légal” en vente depuis quelques semaines fait un carton. Attention, malgré ces moins de 1 % de T.H.C., il est interdit en France. COMMERCE De la marijuana légale

chotropes sont très faibles, le taux de T.H.C. peut s’accumu- ler dans le sang et poser pro- blème en cas d’accident ou de contrôle au volant. Elle décon- seille dans tous les cas de condui- re après avoir consommé ce gen- re de substances. Le ministère public est en train d’élaborer une directive pour indiquer pré- cisément à la police comment agir. Pour l’instant, les fumeurs de joints sont toujours amen- dés. Mais ils peuvent deman- der une analyse s’ils ont acquis leur cannabis légalement. Si le taux de T.H.C. est inférieur à 1 %, les frais sont à la charge de l’État et le fumeur s’en sort sans dommage, mais si le taux est supérieur à 1%, il sera dénon- cé pénalement et devra assu- mer les frais. Du côté de la Fondation Neu- châtel addiction, on estime que ce produit peut aider les utili- sateurs massifs de cannabis à réduire leur consommation,mais on craint aussi que cela ne moti- ve des jeunes à s’y mettre. n E.Ch.

inexistant. Ce cannabis présente en revanche une forte teneur en cannabidiol, ou C.B.D., qui produit un effet de détente men- tale et physique. Peut-on l’acheter puis revenir en France ? “Non, c’est une infraction, c’est un produit stu- péfiant, indique Michel Herriot, des douanes de Besançon. Nous n’avons pour le moment pas constaté d’infraction. Si nous devions en trouver, il n’y aura pas de tolérance.” Le prix du produit n’est pas don- né à tous : 62,50 francs suisses (58,50 euros environ) le pot et 20 francs suisses certains paquets. “Je peux retrouver le goût du cannabis tout en conser- vant la tête claire et ma moti- vation. Ce produit me permet de me détendre en toute légalité” avoue un consommateur.À noter que lamarijuana légale est consi- dérée comme nocive car elle est généralement consommée fumée et la vente est interdite aux moins de 18 ans. La Police neuchâteloise met en garde : même si les effets psy-

Les finances suisses vont planer La Confédération a calculé que le kilo de C.B.D. allait se vendre à 14 950 francs. Ce qui, avec un taux d’imposition de 25 %, ferait rentrer 3 750 francs dans les caisses. En y ajoutant la taxe à la valeur ajoutée, le montant grimpe à 4 500 francs par kilo. Ces chiffres ne sont pas enco- re inclus dans le budget, préci- se l’Administration fédérale des douanes (A.F.D.). Selon des experts, les ventes de cannabi- diol pourraient atteindre 100 mil- lions de francs par an. Des chiffres jugés réalistes tant par l’A.F.D. que par les propriétaires de boutiques. Ce qui pourrait amener environ 30 millions de francs par an dans les caisses de la Confédération. Cette man- ne est également compromise par de nouvelles dépenses admi- nistratives. n

À la station-service des Brenets où des cigarettes sont en vente, le stock de cannabis légal devrait arriver très vite. Le vendeur a mesuré l’attente des clients. Depuis mars en Suisse, des consommateurs achètent du

cannabis légal. Il a fait son appa- rition sur les étalages des kiosques du canton deNeuchâtel. Et d’après une commerçante installée au Locle, c’est le “buzz”. Chaque jour, elle estime entre 15 et 20 le nombre de paquets vendus de “cannabis légal”. Par-

ticularité : ce produit a l’aspect et l’odeur du chanvre, mais il est parfaitement autorisé. Pour- quoi ? Il contient un taux de T.H.C. inférieur à 1 % et n’est donc pas soumis à la loi sur les stupéfiants (en Suisse). Son effet psychotrope est faible, voire

Un paquet de cannabis légal.

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