La Presse Pontissalienne 212 - Juin 2017

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 212 - Juin 2017

37

INITIATIVE

Zoom “Un sacré

Cinq véhicules La location solidaire pour rouler vers l’emploi

coup de main” M ortuacien, Jean-Paul Goguillot bénéficie de la location soli- daire pour se rendre sur son lieu de formation à Serre-les-Sapins vers Besançon. Après un parcours assez tumultueux, cet ancien méca- nicien s’est retrouvé chauffeur de mini- bus à l’A.D.M.R. Un travail qui n’est pas pour lui déplaire mais qui l’occu- pe seulement 3 heures par jour. Les fins de mois sont difficiles. “La situa- tion devenait invivable” , explique celui qui à 54 ans choisit une reconversion en optant pour une formation de chauf- feur de bus. Ce qui implique de se déplacer pendant trois mois à Serre- les-Sapins. “ J’ai bien étudié la ques- tion des déplacements. En car et en bus, c’est très long et très compliqué. Il me fallait une voiture. J’ai eu la chan- ce d’être très bien accompagné” , explique Jean-Paul Goguillot qui s’est vu attribuer un Berlingo diesel. L’homme sait apprécier la valeur du service. “Un sacré coup de main” , reconnaît-il. Il termine actuellement sa formation avec une promesse d’em- bauche à la clé sur Morteau. “Je sais que ce ne sera pas le nirvana mais j’aurai une vie plus stable et pour le moral, cela me sauve la vie” , conclut celui qui serait bien intéressé par le rachat du véhicule qu’on lui a si uti- lement loué. n

Le collectif de l’Économie solidaire du Haut-Doubs en partenariat avec le garage solidaire du Jura loue désormais des véhicules à un public en situation d’exclusion face à l’emploi.

P orté par la dynamique de l’éco- nomie frontalière, le Haut-Doubs traverse une période de pros- périté qui n’est pas sans consé- quence pour les oubliés du système ou ceux qui s’en trouvent exclus pour de multiples raisons : accident, maladie, chômage, séparation… “Ici, la fractu- re sociale est plus grande qu’ailleurs. Les loyers sont beaucoup plus élevés, ils varient du simple au double si l’on compare avec d’autres secteurs du dépar- tement” , confirme Jean-François Ligier, le maire d’Houtaud, référent de l’éco- nomie sociale et solidaire au niveau de la C.C.G.P. Laquelle communauté de communes soutient avec le Dépar- tement du Doubs et la Ville de Pon- tarlier le collectif de l’économie soli- daire du Haut-Doubs. Lancée en 2013, cette association fédè- re cinq structures d’insertion par l’éco- nomie et les Emmaüs de Pontarlier et du Russey. “On mutualise nos moyens pour mettre en œuvre des actions col- lectives qui soient utiles et profitables aux personnes accueillies dans nos structures” , résume Bernard Menigoz, président du collectif. Le projet des 1 000 blouses de travail confectionnées au sein du collectif illustre tout le bien- fait de cette démarche. Mais le collectif ne compte malheu-

reusement pas, si l’on peut dire, s’ar- rêter en si bon chemin. La précarité a de multiples visages. Elle se décline parfois pour de simples problèmes de déplacement. Force est de constater que sur le Haut-Doubs, les difficultés de mobilité sont un frein récurrent au maintien ou au retour à l’emploi. Sans voiture, point de salut sur la bande frontalière où les transports publics font cruellement défaut. Conscients du problème, les acteurs locaux de l’éco- nomie sociale et solidaire ont choisi de décliner sur le Haut-Doubs le dispo- sitif mis en place vers Lons-le-Saunier par le Garage solidaire du Jura. Ce garage classique s’est diversifié dans la location de véhicules à des personnes

Bernard Ménigoz, au centre, le président du collectif a présenté le 11 mai dernier à Pontarlier les tenants et aboutissants de la location solidaire.

des dons de véhicules auprès des col- lectivités, entreprises ou particuliers. Chaque don ouvre droit à une réduc- tion d’impôts calculée en fonction de la valeur du véhicule. Certains véhi- cules sont revendus pour financer un dispositif qui ne reçoit aucune aide publique, d’autres partent en pièces détachées et le reste sert à la location solidaire. “À ce jour, on a reçu une quin- zaine de véhicules et un tiers a été mis en location” , poursuit Mélanie Avez. La location solidaire s’adresse à des personnes en situation précaire qui remplissent différents critères : mini- ma sociaux, quotient familial inférieur à 750 euros, situation de handicap… Le collectif travaille en lien étroit avec les services sociaux. Les véhicules sont

loués 6 euros par jour à des personnes les utilisent pour se rendre au travail, en formation, en stage, pour un ren- dez-vous professionnel. “Pour éviter toute dérive, on cadre assez précisé- ment les limites de circulation avec les bénéficiaires. Jusqu’à présent, cela marche plutôt bien.” Le dispositif fonc- tionne depuis novembre 2016 sur le Haut-Doubs. “On n’arrive pas à répondre à toutes les demandes et on espère à terme installer un garage solidaire sur Pontarlier pour éviter d’avoir à des- cendre les véhicules sur Lons pour les réparations et l’entretien. Bien sûr, le garage solidaire sera associé au projet sur Pontarlier, c’est la moindre des choses” , indique Bernard Menigoz. n F.C.

en situation de précarité. Il gère aujourd’hui un parc de 26 véhicules en loca- tion solidaire. “On a choi- si de travailler en parte- nariat avec ce garage solidaire qui s’occupe de l’entretien des véhicules” , indique MélanieAvez, res- ponsable de Haut-Services qui assure la gestion admi- nistrative de cette loca- tion. Le collectif met en place des actions pour collecter

Les véhicules sont loués 6 euros par jour.

Made with FlippingBook Learn more on our blog