La Presse Pontissalienne 212 - Juin 2017

35 La Presse Pontissalienne n° 212 - Juin 2017 MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS ARC-SOUS-CICON Un projet de restauration Zones humides en danger Fortement asséchées par l’homme, les tourbières et zones humides d’Arc-sous-Cicon font l’objet d’un programme de réhabilitation mené par le Syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs (S.M.M.A.H.D.).

notamment trois tourbières, unmarais, un ruisseau. Tous ces éléments inter- agissent pour former un système très complexe dont on ne connaît pas enco- re tous les liens. Consciente des enjeux environne- mentaux, la communauté de communes du canton de Montbenoît qui fait par- tie du S.M.M.A.H.D. suit de près le dossier de réhabilitation. Un élu, Jacques de Grimaldi, le maire de Vil- le-du-Pont est mandaté à cet effet. De l’amont vers l’aval, on distingue d’abord le marais des Terreaux traversé par le ruisseau de la Rasse. Lequel a été largement drainé, ce qui a accéléré l’assèchement et la minéralisation de la partie tourbeuse. La Rasse traver- se ensuite la tourbière de la Gouille. Une zone elle aussi très dégradée où subsiste un reste de haut marais. “Sur ce site, on observe encore les traces anciennes de fossés qui témoignent de l’exploitation de la tourbe. On consta- te aussi le tracé anormal du ruisseau. Il a sans doute été rectifié pour per- mettre de gagner sur les terres agri- coles.” Le Grand Marais complète ensuite ce complexe humide. Il est également en piteux état. Autre élément sympto- matique de la zone, la présence de nom- breuses mares à grenouilles qui par- ticipent aussi au dysfonctionnement du système. À signaler : les terres incluent dans l’Espace naturel sen- sible (E.N.S.) d’Arc-sous-Cicon sont en grande partie exploitées par un agri- culteur engagé en mesures agro-envi- ronnementales. Le projet de réhabilitation est encore en phase de diagnostic.Après une étu- de hydro-géologique, le S.M.M.A.H.D. a sollicité un cabinet pour réaliser la cartographie de la végétation sur l’en- semble de l’E.N.S. “Ces travaux nous permettront de dresser un inventaire très précis de la flore et des types de

en relation avec des dolines. “Cette tourbière fera l’objet d’un traitement ultérieur car on n’a pas la maîtrise fon- cière de ce site.” Les données hydro-géologiques et la cartographie végétale réalisée cet été serviront à définir la stratégie d’in- tervention. Il s’agira par exemple de déterminer la nature de l’intervention sur le ruisseau de la Rasse. “Différentes actions sont possibles : comblement des fossés, neutralisation du système de drainage, réméandrement… L’objectif consiste à retenir le plus d’eau possible pour alimenter le système sur place. Rien n’est encore défini. On s’engage- ra concrètement sur la phase restau- ration en 2018.” n F.C.

milieux. La connaissance des espèces renseigne sur la qualité du sol, de l’en- soleillement, des températures… On pourra ainsi prioriser les actions à entreprendre en fonction de l’état de dégradation.”

Louis Collin indique aussi la présence d’une quatrième tour- bière, celle dite des Bioules. Si cette peti- te zone a conservé intact son système d’alimentation en eau, elle est tout aussi dégradée que les trois autres avec une dizai- ne de mares et de nombreux fossés mis

Trois tourbières, un marais, un ruisseau.

Après une étude hydro-géologique, un cabinet a été mandaté par le syndicat des milieux humides pour dresser la cartographie de la végétation sur l’ensemble de l’Espace naturel sensible (photo S.M.M.A.H.D.).

M oins emblématiques que la vallée du Drugeon, les zones humides d’Arc-sous-Cicon n’en sont pas moins utiles surtout par le rôle qu’elles pourraient jouer en ces périodes de dérèglement climatique marquées par des séche- resses à répétition en toutes saisons. “Ces milieux humides fonctionnent un peu comme des éponges. Ils retiennent l’eau lors des crues et la restituent en période d’étiage. Ils servent de filtre et contribuent à l’amélioration de la qua- lité de l’eau” , explique Louis Collin, chargé d’étude zones humides au S.M.M.A.H.D. Encore faut-il qu’ils soient en état de fonctionnement, ce qui est loin d’être le cas dans le Val d’Arc-sous-Cicon. Trop longtemps considérés comme

inutiles et improductifs, ces marais et tourbières ont subi de multiples “agres- sions” de nature anthropique. Exploi- tation de la tourbe, drainage, planta- tion de résineux, tout ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut préserver ces milieux. Ces zones humides ont toute leur importance car elles communi- quent via le réseau karstique avec la Loue, réceptacle de multiples pollu- tions. Face à ces enjeux, décision a été prise de les intégrer dans les Espaces Natu- rels Sensibles du Doubs. Cette démarche vise à protéger les milieux naturels sensibles et à engager des actions d’ouverture au public en lien avec l’éducation à l’environnement. Cet espace naturel sensible couvre une surface de 344 hectares englobant

Les tourbières et zones humides d’Arc-sous-Cicon ont été fortement asséchées par la création de drains. Ici le ruisseau de la Rasse dont le cours a été rectifié (auteur L.C.-S.M.M.A.H.D.).

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