La Presse Pontissalienne 209 - Mars 2017

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 209 - Mars 2017

38

VALLORBE

Aire de proximité Mont d’Or-Chasseron

“Sans nos collègues frontaliers, nous n’existerions pas à Sainte-Croix” Invité à s’exprimer sur le développement économique transfrontalier au sein de l’aire Mont d’Or-Chasseron, Abraham Ratano, le directeur de l’entreprise Redel à Sainte-Croix n’a pas manqué de souligner l’importance de la main-d’œuvre frontalière tout en fustigeant l’initiative populaire du 9 février 2014 contre l’immigration de masse.

“Le retour au contingentement des frontaliers mettrait en danger notre existence”, estime Abraham Ratano, le

directeur de l’entreprise Redel à Sainte-Croix

tions dans les commerces locaux. “Ce livret est plutôt bien accueilli mais sans être utilisé” , observe Frédéric Mairy, conseiller com- munal au Val-de-Travers. Tout n’est pas parfait et il res- te encore moult chantiers et pistes de réflexion à travailler sur l’aire de proximité Mont d’Or-Chasseron. “Les travailleurs frontaliers représentent la pre- mière entreprise de Franche- Comté, loin devant P.S.A. Il faut continuer à défendre nos terri- toires. On a besoin de l’écono- mie suisse même si on ne doit pas oublier les entreprises côté France. On va poursuivre nos actions sur la mobilité, la for- mation, le maintien des liaisons ferroviaires comme Paris-Fras- ne-Lausanne. Il faudra essayer également d’œuvrer dans l’ac- compagnement de l’intégration des frontaliers” , résume Patrick Genre, vice-président de l’aire de proximité Mont d’Or-Chas- seron. n F.C.

se semble se tarir de plus en plus à l’exception des infirmières spécialisées : anesthésistes, infir- mières de bloc opératoire… “Aujourd’hui, on a presque plus de demandes que d’offres à pro- poser aux jeunes infirmières suisses” , annonce Jean-François Cardis, le directeur des éta- blissements hospitaliers du nord vaudois. Une structure répar- tie sur cinq sites qui emploie 1 800 personnes dont 14 % de frontaliers. La question de l’intégration des frontaliers dans la vie locale a

mettent ainsi de gommer en quelque sorte la frontière. Il y a eu une période flottement des échanges avec la mise en place de la grande région Bourgogne- Franche-Comté. Maintenant, on doit jouer la carte de la proxi- mité, se réapproprier les dos- siers. On ne doit pas chercher à économiser sur les fonds Inter- reg et je souhaite maintenir l’en- veloppe fédérale la plus large possible. Le canton de Vaud res- te très attaché à la dynamique transfrontalière.” Du côté des entreprises fran- çaises, André Boisier le direc- teur d’Armstrong à Pontarlier pointe les difficultés de retenir le personnel face aux sirènes salariales du travail en Suisse. “On sert parfois de tremplin vers la Suisse.” Il s’étonne aussi des difficultés à recruter des fron- taliers licenciés de Suisse. “Il faudrait pouvoir mettre en pla- ce des passerelles.” La source de recrutement du personnel infirmier vers la Suis-

C e directeur d’entreprise high-tech spécialisée dans la fabrication de connec- teurs stérilisables n’y va pas par quatre chemins. “Dans notre domaine d’activité en termes de recrutement, le mar- ché suisse est à sec. Sans nos col- lègues frontaliers, nous n’exis- terions pas à Sainte-Croix. Le défi aujourd’hui, ce n’est pas tant de conquérir de nouveaux marchés mais d’abord et sur- tout de fidéliser les collabora- teurs.” Redel emploie aujourd’hui 125 collaborateurs dont 80%de fron- taliers. Abraham Ratano n’ar- rive pas à recruter en Suisse du personnel qualifié : techniciens ou ingénieurs. À l’origine de ses

dernier à Vallorbe. Élus et acteurs économiques de chaque côté de la frontière se sont retrouvés pour débattre des relations transfrontalières. Chacun n’a pas manqué d’évo- quer cette date du 9 février 2014. “Une votation qui a suscité beau- coup d’inquiétudes. Pour notre région, la question de la libre circulation des personnes est une nécessité. D’où l’importance de rester soudés et de partager une coopération de proximité” , annon- ce Jean-Daniel Carrard, le syn- dic d’Yverdon. Pascal Broulis le député vaudois rappelle l’im- portance des fonds Interreg. “Ces fonds servent à financer des pro- jets sur la mobilité, le vivre ensemble, le tourisme… Ils per-

difficultés, le désintérêt des jeunes Suisses vers les métiers de la mécanique et le travers d’un système d’apprentissage très efficace mais peu ouvert sur les formations supérieures. Le dirigeant s’étonne encore de la votation du 9 février 2014. “Encore une ânerie de personnes qui ne connaissent rien à l’éco- nomie. On a déjà vécu par le pas- sé cette situation des contin- gentements où il fallait trois mois pour recruter un frontalier alors qu’aujourd’hui l’opération s’effectue du jour au lendemain.” Pragmatique et très révélateur de l’état d’esprit qui règne au sein de l’aire de proximité Mont d’Or-Chasseron qui organisait sa rencontre annuelle le 9 février

largement été débattue. Constat d’échec comme en témoigne par exemple l’initiati- ve du Val-de-Tra- vers avec son livret d’accueil distribué aux travailleurs frontaliers et qui leur permettaient par exemple d’avoir des bons de réduc-

Un tremplin vers la Suisse.

LES BRENETS

Un guide de haute montagne Cascades sur glace dans les gorges du Doubs Guide de haute montagne établi aux Brenets, Sylvain Léchaire a profité

de l’épisode de froid pour proposer une activité d’escalade sur quelques cascades sauvages figées dans la glace jurassienne.

S ans doute trop humble, ce jeu- ne guide qui débute dans le métier en vient presque à regret- ter de s’être montré trop discret dans la promotion de cette discipline éphémère, du moins dans les mon- tagnes du Jura. “Quand les conditions étaient propices, j’ai essayé de com- muniquer dans les médias suisses. C’était presque trop tard.” Conséquences, quelques personnes seulement ont pu s’essayer, sous la vigilance du guide, à escalader piolets en main et cram- pons aux pieds les cascades des Roches Pleureuses situées dans les gorges du Doubs à proximité des Planchettes. Un exercice pour grimpeurs avertis. “Ces deux cascades qui mesurent une trentaine de mètres de haut sont rela- tivement difficiles à escalader. Il exis- te d’autres grottes plus adaptées aux débutants comme celle située dans le Val deTravers vers les grottes deMôtiers. Elle fait une quarantaine de mètres de haut en sachant qu’il y a toujours plu- sieurs variantes pour arriver au som- met. Cela laisse la possibilité de modu- ler l’opération en fonction des envies et des capacités des grimpeurs. On peut aussi se rendre vers Cortébert et dans les gorges de Court vers Delémont où se trouve un joli parcours avec 300 m

coup d’importance à la relation humai- ne. “Le client, c’est le centre. On doit savoir l’écouter, évaluer ses limites, prendre le temps de préparer la sortie enmettant toujours l’accent sur la sécu- rité qui reste la priorité.” S’il intervient dans plusieurs bureaux de guide situés pour la plupart dans leValais, Sylvain Léchaire exerce avant tout en indépendant. Sans oublier de se mettre au service des locaux. Il déve- loppe par exemple un programme d’ac- tivités montagne pour les jeunes adhé- rents du Club Alpin de La Chaux-de-Fonds. “Je voudrais leur fai- re partager mon expérience de la mon- tagne et dynamiser ce club. Il faudrait que ces jeunes prennent davantage l’af- faire en main, qu’ils jouent un rôle moteur. À partir de là, je serais présent pour les conseiller, les guider” , explique celui qui fait partie de l’union inter- nationale des associations de guides de montagne. Donc qu’il peut interve- nir sur Suisse comme sur France en encadrant des courses d’alpinisme, de ski rando, d’escalade voire de cascade sur glace. n F.C.

de dénivelé.” Très spectaculaire, la cascade sur gla- ce peut aussi s’avérer très technique et beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît. La gestuelle s’apparente à l’escalade en combinant force, adresse, souples- se. Il faut aussi faire preuve de pru- dence, de confiance en soi et appri- voiser le vide. “C’est une discipline assez fine. On doit savoir discerner la qualité de la glace, ne pas tout détrui- re. Avec cette période de grands froids, nous avons bénéficié de conditions assez exceptionnelles qu’on ne retrouve pas forcément chaque année dans le Jura. Cela nous a permis d’évoluer à domi- cile dans une ambiance haute mon- tagne” , apprécie Sylvain Léchaire qui a grandi aux Brenets où il réside tou- jours avec son épouse et ses deux jeunes enfants. En montagne, tout plaisir se mérite et la marche d’approche revêt autant d’importance que l’ultime ascension. Le guide des Brenets exerce dans cet état d’esprit. Pour lui, chaque course est une découverte d’un milieu, d’un environnement. “Ce serait dommage de se limiter à la simple consomma- tion de la montagne sans essayer d’en comprendre les rouages et splendeurs naturels.” Tout comme il accorde beau-

https://sylvainguide.com olisylve@gmail.com

Guide de haute montagne, Sylvain Léchaire a pris beaucoup de plaisir à grimper et faire escalader la cascade glacée des Pleureuses.

Made with FlippingBook Annual report