La Presse Pontissalienne 209 - Mars 2017

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

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La Presse Pontissalienne n° 209 - Mars 2017

Une souscription pour sauvegarder l’abbaye D’importants travaux de restauration sont nécessaires au niveau du clocher-porche et de la nef. Le plan de financement intègre une souscription animée par l’association des Amis de l’abbaye et gérée par la Fondation du Patrimoine. Mobilisation. MONTBENOÎT 1,18 million d’euros de travaux

L’ abbaye de Montbenoît n’est pas au mieux de sa forme comme le laisse supposer le pare-gravois installé l’an dernier au-dessus du por- tail occidental. Le syndicat du Pays de Montbenoît propriétaire de l’édifice avait commandé au printemps 2016 une étude-diagnostic. Ce travail réa- lisé par l’atelier lyonnais Cairn a mis au jour les fragilités du clocher-porche dont les maçonneries souffrent de mul- tiples infiltrations. D’importants Lemusée du Saugeais inauguré le 11 mars L e lancement de la souscription coïn- cidera avec l’inauguration dumusée du Saugeais. Aménagé dans les locaux de l’abbaye, ce musée est por- té par lesAmis de l’abbaye et les béné- voles de la République du Saugeais. Il présente divers objets : médailles, dra- peaux, fanions offerts à Gabrielle Pour- chet et à sa fille Georgette en leur qua- lité de présidente de cette sympathique république. “Lamuséographie est l’œuvre conjointe d’Annie Brischoux et d’Annick Robbe. La découverte du musée sera incluse dans les visites de l’abbaye.” n

désordres structurels ont été identi- fiés au niveau du contrefort sud-ouest sans doute déstabilisé suite aux tra- vaux de réfection de la place en 2008. L’état des lieux porte également sur la nef qui nécessitera quelques inter- ventions ponctuelles en charpente et une nouvelle couverture en tuiles plates. “La restauration de l’édifice s’effectuera en deux temps avec une tranche dédiée au clocher et l’autre à la nef” , précise Gilles Magnin-Feysot qui préside le syndicat du Pays deMontbenoît. Lequel syndicat rassemble les communes de Montbenoît, La Longeville, Hauteri- ve-la-Fresse, Ville-du-Pont et Mont- flovin. Avec l’abbaye et ses dépendances, il prend aussi en charge la gestion du cimetière, du monument aux morts, du gymnase et de l’école de Ville-du- Pont. “C’est un syndicat sans fiscalité propre où chaque commune abonde au prorata des habitants et enfants sco- larisés. Ce qui représente un budget annuel de 400 000 euros” , précise le maire de Montbenoît. Soit pratique- ment trois fois moins que le montant des travaux de l’abbaye qui s’élève à 1,18 million d’euros hors taxes dont 758 000 euros pour la tranche relati- ve au clocher-porche. Le plan de finan- cement a été établi avec la D.R.A.C. qui apportera son aide au même titre que les collectivités territoriales, la communauté de communes du canton de Montbenoît et l’association desAmis

de l’abbaye. “C’est encore trop tôt pour préciser les niveaux d’intervention des uns et des autres. Une partie des coûts sera bien sûr à la charge du Syndicat qui devra faire appel à l’emprunt” , sou- ligne Gilles Magnin-Feysot. Comme tous les édifices religieux, l’ab- baye reste un poste de dépense per- pétuel pour les cinq communes du syn- dicat propriétaire. “Il va de soi qu’on ne peut pas mobiliser toutes nos res- sources financières sur l’abbaye. On doit entretenir les autres biens et se préparer à porter de nouveaux projets. Une réflexion sur un périscolaire est en cours. Ce service pourrait fonction- ner à la rentrée 2017. Le syndicat va également assumer dans les mois à venir la gestion de l’ancienne poste qui

Le clocher- porche souffre d’infiltrations et de désordres structurels très importants sur le contrefort

sera transformée en agence postale com- munale.” Une partie des recettes liées aux visites de l’abbaye sert à l’entretien du bâti- ment. Sans oublier les subsides récoltés à la journée des citoyens d’honneur de la Répu- blique du Saugeais et lors des concerts orga- nisés par les Amis de l’abbaye… Dans ces circons- tances, l’idée d’une souscription prend tout son sens. Cemode

Un mode de financement participatif.

sud-ouest de la tour.

de financement participatif piloté par la Fondation du patrimoine permet à tout chacun : particuliers, commer- çants, entrepreneurs, fondations… de faire un don affecté au projet. Ces dons ouvrent droit à des réductions d’im- pôts. “On a déjà reçu le soutien de quelques associations locales et on

compte sur la mobilisation de toutes les forces saugettes et des environs.” L’année 2017 servira à finaliser le pro- jet sur le plan financier avant l’ou- verture des marchés prévue à partir de l’automne. Le chantier proprement dit de la restauration de l’abbaye débu- tera au printemps 2018. n

GILLEY

Après dix ans d’existence

La maison de santé victime de son succès Mise en service il y a 10 ans à l’initiative du Docteur Jeannier

de santé dans l’une des premières maisons de santé du Doubs. “On a tous contracté des prêts. Il faut faire le pas de l’investissement. C’est une contrainte, une forme d’engagement sur le long terme. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’in- citations, d’aides à l’installation mais aussi plus de mouvement dans les structures en location.” Cette option d’un pôle médical a sans doute permis de sauve- garder l’offre de santé en pays sauget. Un territoire qui va connaître l’expansion démogra- phique liée à l’essor du travail frontalier. Plus d’habitants, plus de soins médicaux en perspec- tive. Donc potentiellement lar- gement du travail pour deux médecins. “Au départ en retrai- te du docteur Jeannier, on a cher- ché et trouvé un remplaçant en la personne du Docteur Watte- lier. Il vient du nord de la Fran- ce et connaissait un peu le sec- teur pour y avoir fait quelques séjours dans son enfance.” Les besoins sont tels que les deux généralistes sollicitent aujourd’hui les services d’une collaboratrice remplaçante qui se déplace depuis Besançon. “Elle n’est pas intéressée pour s’installer. La neige l’effraie un peu” , regrette le praticien pour- tant prêt à accueillir un troi- sième associé. Le modèle de la maison de santé pluridiscipli-

naire où l’on a du temps pour échanger, faire de la préven- tion, trouve vite ses limites même s’il offre de la flexibilité. “Avec cette for- mule collective, j’arrive à me libérer le mer- credi pour être en famille.

part forfaitaire, qui lui semble complètement déconnectée de la réalité des généralistes. “On veut nous imposer une approche statistique et administrative qui embolise l’activité médicale. Il faudrait revenir aux fonda- mentaux.” La réalité dumédecin des années 2000 n’a rien à voir avec celle du “médecin des pauvres” qui faisait de son métier un sacer- doce. Ce n’est pas non plus une profession de nantis comme beaucoup l’imaginent. “Les méde- cins ne bénéficient plus de la même considération.Au bout de dix ans, je ne pensais pas être déjà aussi déçu. On se deman- de parfois si on exercera dans la médecine libérale toute sa vie. Je ne blâme pas ceux qui vont en Suisse. Rappelons aussi que la désertification ne touche pas que les zones rurales. On voit ce qui se passe à Pontarlier, voire à Paris. C’est un problème natio- nal. On a encore la chance ici de trouver assez facilement des remplaçants car ce statut reste assez agréable à vivre.” Pour autant, Christophe Pode- vin apprécie toujours son orien- tation professionnelle. “Je n’ai pas de regret. C’est un superbe métier, très enrichissant, même si je ne le proposerai pas à mes enfants.” n F.C.

aujourd’hui en retraite, cette structure privée fonctionne aujourd’hui en flux tendu avec l’espoir d’accueillir un troisième généraliste à demeure.

P our Christophe Podevin, l’un des deux médecins qui exerce dans cettemai- son de santé, il a suffi d’un stage sous la houlette du Doc- teur Jeannier pour fixer son des- tin professionnel dans le Haut- Doubs. Originaire de Haute-Saône, pas spécialement attiré par les grandes villes, il a vite été convaincu par le Haut- Doubs. “C’est un choix de vie familial où l’on voulait privilé- gier pour nous et nos enfants un cadre naturel et sain qui se prê- te aussi aux activités de pleine nature.” Les charmes du Saugeais se méritent et contraignent le jeu- ne médecin qu’il était à inves- tir avec d’autres professionnels “Les médecins généralistes n’ont plus la même aura, la même considération”, estime le Docteur Podevin qui exerce à la maison de santé de Gilley.

“Je ne pensais pas être déjà aussi déçu.”

Revers de la médaille, les autres journées sont très chargées. On essaie de tenir les horaires mais c’est tendu. La maison médica- le n’est pas la solution idéale, il y a des contreparties financières. On doit faire des concessions et ne pas être obnubilé par l’appât du gain. Sinon, mieux vaut fai- re d’autres spécialités plus rému- nératrices.” Avec dix ans de recul, le méde- cin de Gilley n’est pas tendre sur l’évolution du métier. Com- me tant d’autres, il déplore la lourdeur du carcan adminis- tratif susceptible de découra- ger quelques vocations libérales. “Cela a évolué de façon assez significative. On a plus été for- mé pour avoir un avis d’expert, du temps médical, pas pour rem- plir des formulaires.” Il dénon- ce aussi le système de rémuné- ration sur objectif, la fameuse

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