La Presse Pontissalienne 208 - Février 2017

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La Presse Pontissalienne n° 208 - Février 2017

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Le déficit s’amplifie

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La grosse déprime généraliste Trouver aujourd’hui un médecin traitant sur Pontarlier et les environs relève presque de l’exploit. Le déficit n’a sans doute jamais été aussi déséquilibré par rapport aux besoins dans la capitale du Haut-Doubs touchée par une vague de départs assez significative de généralistes. Diagnostic.

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92 av 20 av PONT 80 rue de Besançon 25300 ARLIER 03 81 39 70 30 . du Gal De Gaulle 25500 MORTEAU 03 81 67 49 03 . de la République 25500 CHAMPAGNOLE 03 84 37 81 80

L’ état d’esprit fluctue entre colère et exaspération selon que l’on soit en demande de soins ou à l’inverse dans la difficulté à répondre aux multiples sol- licitations. “La question de la santé est sans doute le plus grand défi qui se pose aujourd’hui à tout le monde. Pon- tarlier va basculer en zone blanche, voire plus que blanche. On s’efforce d’activer tous les leviers mais les élus n’ont aucun moyen de contrainte. Le problème se pose également dans les communes voisines comme à Doubs et à Houtaud” , soulignait Patrick Genre lors de ses vœux aux personnalités. Pas besoin d’être un spécialiste de la démographie médicale pour subodo- rer unemontée en tension liée au départ en retraite de plusieurs généralistes pontissaliens sans qu’ils soient rem- placés, du moins au niveau de la char- ge de travail. Le problème de la déser- tification médicale est national et les causes sont multiples : manque d’an- ticipation au niveau du numerus clau- sus, changement de mentalité des nou-

velles générations privilégiant plutôt des carrières hospitalières, féminisa- tion marquée de la profession qui n’est plus prête à sacrifier la vie de famille ou les loisirs au profit du travail… “Avec l’avènement de la civilisation des loisirs, les jeunes ne veulent plus tra- vailler comme nous. C’est logique. On a mal anticipé la demande de soins. L’augmentation de la charge de tra- vail administrative contribue aussi à mon sens à la dévalorisation dumétier” , explique ce médecin sur le départ. D’autres phénomènes moins prévi-

mouvements. Les conséquences pren- nent parfois des accents dramatiques et mettent certaines familles dans des situations très problématiques. Suite au départ prochain des deux médecins qui s’occupaient de samaman âgée de 85 ans et de son père qui a 90 ans, cette dame s’est mise en quête de nouveauxmédecins traitants qui accep- teraient de se rendre au domicile du couple. “Mon père qui est équipé de pro- thèses de hanches a beaucoup de dif- ficultés à se déplacer. C’est une contrain- te supplémentaire” , explique celle qui après avoir essuyé moult refus tous plus fondés les uns que les autres, a choisi de multiplier les courriers auprès des instances de la santé.Mairie, conci- liatrice de la C.P.A.M., ordre des méde- cins, A.R.S., tous partagent le même constat sans pouvoir lui apporter de

solutions. “ A priori , il manquerait près de sept médecins à Pontarlier. Mes parents supportent très mal l’idée de ne pas avoir un médecin référent. Ils s’inquiètent du renouvellement des ordonnances. Tous les enfants vivent assez loin de Pontarlier. C’est démo- ralisant.” Que faire ? Faute de trouver un généraliste, cer- tains se rendent aux urgences pour des pathologies qui ne relèvent sou- vent pas d’un service dédié à la prise en charge de patients qui ont juste- ment besoin de soins d’urgence et d’une prise en charge de type hospitalier. Les temps d’attente s’allongent, la colè- re gronde. “On n’est pas formé pour faire de lamédecine générale. Ces engor- gements surviennent souvent en fin de journée à la fermeture des cabinets médicaux. On doit trier avec le souci de ne pas rater la vraie urgence” , explique Philippe Marguet, médecin- urgentiste à l’hôpital de Pontarlier. Deux notes d’espoir. Si la démographie médicale est toujours déficitaire, il semble qu’on ait atteint le creux de la vague et l’ouverture du numerus clau- sus devrait se faire ressentir dans les années à venir avec des contingents de nouveaux docteurs en augmenta- tion. Plus localement, c’est l’aboutissement du projet de maison médicale à Pon- tarlier. Un projet partenarial très atten- du qui fédère des médecins, des para- médicaux, la Ville de Pontarlier sur la partie immobilière et l’Agence Régio- nale de Santé. “Ce projet mobilise 16 professionnels de santé dont huit géné- ralistes. On travaille aussi avec le sou- ci de faire venir des spécialistes : oph- talmologue, gynécologue, cardiologue… Avec les cabinets de consultation, il y

aura des espaces communs de secré- tariat, de réunion. On intègre aussi la possibilité de la télémédecine avec le C.H.U.” , explique Bénédicte Érard, l’ad- jointe aux affaires sociales. Cette maison médicale verra le jour en lieu et place des anciens abattoirs rue de Besançon, qui seront démolis au printemps. Tout n’est pas encore finalisé sur le plan architectural. “On aura un bâtiment sur deux ou trois niveaux avec les médecins en rez-de- chaussée et les paramédicaux au-des- sus” , complète Christian Pourny, l’ad- joint à l’urbanisme. Ouverture prévue en 2019 annonce l’A.R.S. n F.C. 2016. Il n’en est rien. “Les locaux sont mis en vente. On a eu des contacts mais rien de définitif. On exerce encore à temps réduit sans savoir combien de temps cela va durer. L’activité cessera à la signa- ture de l’acte de vente” , précise le docteur Frédéric Martin qui travaille déjà en temps partagé entre la Fran- ce et la Suisse. n Le cabinet Martin, Michaud, Labbez toujours ouvert C ertaines rumeurs annonçaient déjà la fermeture de ce cabi- net médical au 31 décembre

sibles accentuent le défi- cit pontissalien : départs en Suisse, soucis de san- té, changement d’orien- tation professionnelle. Ces facteurs aggravants contribuent au déficit des généralistes à Pontarlier et compliquent sérieuse- ment l’activité de ceux qui ne sont plus en capacité d’absorber les reports de clientèle induits par ces

Entre 22 000 et 23 000 passages annuels.

Les anciens abattoirs de la rue de Besançon seront démolis ce printemps pour permettre la construction de la maison médicale.

Témoignage Comme un sentiment d’abandon

Faute d’avoir pu trouver un remplaçant, ce médecin pontissalien sur le point de partir en retraite vit très mal cette séparation avec des patients ou des familles de patients qu’il suit parfois sur plusieurs générations.

plutôt coupable d’abandonner ses patients avec certains des- quels il est très attaché. “Avec ces questions de surcroît des charges administratives et de dévalorisation, plusieurs de mes collègues ont basculé en Suis- se où ils ne font plus que de la médecine. Comment les rete- nir ?” Il comprend difficilement le niveau d’exigence requis pour passer en première année de médecine. “ C’est si dur qu’on se retrouve presque dans un sys- tème de sélection par l’argent. La rigueur du numerus clau- sus met en échec de nombreux étudiants alors qu’au final, on se retrouve en situation de sous- effectif avec la contrainte de fai- re appel à des praticiens étran-

L ui ne comprend toujours pas comment ceux qui sont aux commandes de la démographie médi- cale aient pu à ce point se faillir. Faute d’anticipation, l’accès aux soins devient de plus en plus difficile même s’il y avait des signes avant-coureurs dans les campagnes où les collectivités font désormais tout pour atti- rer des médecins. Apparem- ment, c’est difficile. Pour lui le tiers payant généralisé s’ap- parente à la gratuité de la baguette de pain. “Il vaudrait

la non prise en compte son évo- lution sociale avec la fémini- sation et l’envie de travailler plutôt en structure groupée ou hospitalière. Depuis septembre, il prévient sa patientèle de son arrêt d’activité sans pouvoir lui proposer de solution de rechan- ge. “J’ai passé des annonces depuis cet été sur différents sup- ports comme le site de l’ordre des médecins. Je n’ai eu aucu- ne réponse et je ne me fais plus aucune illusion.” Alors qu’il devrait apprécier l’idée d’une retraite bien méritée, il se sent

mieux relever le niveau des per- sonnes susceptibles de toucher la C.M.U. Cela me semble plus logique. Ce que l’on va nous imposer, c’est beaucoup de tra-

vail supplémen- taire de contrôles entre la Caisse et les mutuelles. On préférerait au moins avoir un seul interlocuteur.” Comme ses confrères, il poin- te la dévalorisation de sa profession et

“Je ne me fais plus aucune illusion.”

Les urgences servent d’exutoire au déficit de généralistes.

tée en puissance de la part for- faitaire dans la rémunération des généralistes. Pour lui, c’est une façon de compenser la non- réévaluation des honoraires. n

gers.” Bien sûr favorable au projet de maison médicale pontissalien- ne qui arrive peut-être un peu tard, il dénonce aussi la mon-

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