La Presse Pontissalienne 207 - Janvier 2017
MOUTHE - RÉGION DES LACS
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La Presse Pontissalienne n° 207 - Janvier 2017
MÉTABIEF Une nouvelle plainte Lac de Morond : la C.P.E. relance le dossier des compensations écologiques On croyait le dossier classé, c’est méconnaître l’opiniâtreté de la Commission de Protection des Eaux qui, face à l’inexécution des mesures de réparation par le syndicat mixte du Mont d’Or, relance l’affaire en justice.
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T ourisme et écologie semblent décidément avoir bien du mal à cohabiter sur les pentes du Mont d’Or. En avril 2014, la commission de protection des eaux (C.P.E.) qui suit l’avancée du chantier de la réserve collinaire choi- sit de déposer plainte au regard d’un certain nombre d’irrégularités. “Il s’agissait de dénoncer un dépassement important de l’emprise des travaux. De 4,19 hectares initialement prévus, on est passé à 6,91 hectares. Il y a non- respect de l’arrêté Loi sur l’eau et infrac- tion au permis de construire. On sou- levait aussi le problème de la destruction d’espèces protégées comme la gentia- ne acaule ou la nigritelle. D’autre part, 25 000 m 3 de remblais ont été entre- posés contrairement aux prescriptions de l’arrêté de protection de biotope (A.P.B.)” rappelle Christophe Morin, le président de la C.P.E. Alors que le syndicat mixte n’était poursuivi que pour l’infraction de des- truction d’espèce végétale protégée, son représentant refusait de réparer
le dommage et de mettre en œuvre les mesures complémentaires proposées par la D.R.E.A.L. “Il y a suspicion mais les espèces mentionnées ne figuraient pas dans l’inventaire botanique. C’est parole contre parole. Il est hors de ques- tion d’aller plus loin aujourd’hui” , explique Philippe Alpy, l’actuel prési- dent du syndicat mixte du Mont d’Or. Le syndicat a néanmoins fait l’effort de revégétaliser le site en collabora- tion avec le Conservatoire botanique. Des aménagements ont également été entrepris pour canaliser les randon- neurs et limiter ainsi le piétinement. Aucune autre mesure n’a finalement été imposée. Cependant, la plainte a été classée sans suite. “Révoltant, la nature, les milieux naturels sont toujours per- dants…même lorsqu’il s'agit des lieux de montagne les plus emblématiques poursuit Christophe Morin. On ne pou- vait pas laisser passer cela. On a pris connaissance des motifs de classement du rejet en janvier.” Le temps d’étu- dier tout cela et de reconstituer un
dossier et la commission de protection a déposé une nouvelle plainte en juin devant le doyen des juges d’instruc- tion. “On a été auditionné le 3 décembre dernier. On espère qu’un juge sera dési- gné pour instruire de nouveau l’affai- re.” Très sceptique sur l’exhaustivité de l’inventaire botanique réalisé dans le cadre de l’étude d’impact, la commis- sion de protection des eaux veut seu- lement que réparation soit faite. “On ne va pas revenir en arrière, tout com- me il n’est pas question de savoir si les écarts de surface sont volontaires ou pas. On réclame uniquement des mesures de réparation qui compensent vraiment le préjudice environnemen- tal.” De son côté, Philippe Alpy s’éton- ne que cette affaire refasse surface au moment même où le syndicat du Mont d’Or s’apprête à engager des démarches pour poursuivre la restructuration de la station avec notamment une exten- sion des installations de neige artifi- cielle sur le secteur Piquemiette. n F.C.
La commission de protection des eaux pointait du doigt le dépassement de l’emprise des travaux et la destruction d’espèces protégées. Elle réclame des mesures de réparation à la hauteur du préjudice.
L’urbaniste parisien amoureux des Hôpitaux Grand prix de l’Urbanisme 2012, l’architecte urbaniste François Grether passe depuis les années cinquante ses vacances aux Hôpitaux-Vieux. Il livre son regard de professionnel sur la transformation du Haut-Doubs. LES HÔPITAUX-VIEUX Portrait
D epuis Paris où nous l’avons joint par téléphone, François Gre- ther parle des Hôpitaux-Vieux, du Morond, du Mont de l’Her- ba, comme s’il y était.À 75 ans, ce Pari- sien (né à Dole) a gardé des liens étroits avec le Haut-Doubs. “Depuis les années cinquante, j’y venais avec mes parents en vacances. C’est ici que j’ai rencon- tré mon épouse. J’y reviens tous les ans, moins l’hiver désormais, dans ma mai- son des Hôpitaux-Vieux, une ancienne ferme pas facile à chauffer pendant l’hiver.” Il retrouve ici d’anciens amis à l’instar de “Loulou” Poix, qu’il a connu à l’âge de 17 ans. Dernièrement, François Grether est venu en terre comtoise. C’était à Besan- çon où il est chargé de dessiner, pen- ser et concevoir le futur éco-quartier des Vaîtes, l’un des plus importants chantiers d’urbanisme à venir pour la capitale comtoise. Responsable d’un cabinet d’architec- te à Paris, il s’est spécialisé dans l’ur- banisme et les grands projets avec à son actif, l’obtention en 2012 du très convoité “Grand prix de l’urbanisme”. Le jury, l’avait, à l’époque, récompen- sé pour deux projets urbains phares : la Z.A.C. Lyon Confluence (pour la pre- mière phase) à Lyon et la Z.A.C. Cli- chy Batignolles à Paris.
Parmi d’autres de “ses” projets : Saint- Joseph-de-Porterie à Nantes (exten- sion d’un bourg rural au bord de l’Erdre), les quartiers nord d’Amiens (projet de renouvellement urbain), l’achèvement du quartier du Romarin à Euralille (aménagement du quartier et maîtri- se d’œuvre des espaces publics). Bref, il a la légitimité pour évoquer la transformation urbanistique du Haut- Doubs qu’il connaît si bien : “Ce sont
re à ceux qui ont bétonné, il sera tout demême “difficile de réparer les erreurs” dit celui qui a donné des cours à l’éco- le polytechnique fédérale de Lausan- ne. “Dans ces nouveaux lotissements, certaines rues aboutissent nulle part. Les places de village comme elles exis- taient auparavant n’ont pas été pré- vues. Petit à petit, le paysage fond, se referme, comme à Métabief alors qu’il fait partie de la richesse duHaut-Doubs” concède l’urbaniste. Amoureux du sec- teur, celui qui préfère manger le mont d’or à la cuillère plutôt que chaud (com- me cela se faisait auparavant) concè- de que le tourisme “jurassien” a enco- re un déficit d’image dans lemicrocosme parisien. “Certains voient un pays froid et pluvieux. D’autres confondent avec les Vosges, regrette-t-il. Je n’ai rien contre les campings ou les caravanings, mais je pense que l’on a joué bas de gamme dans l’accueil des touristes. Il manque le haut de gamme. L’avenir touristique est intéressant mais ce ne sera jamais l’attraction du bord de mer” conclut-il. Une chose est certaine, il est l’un des premiers à défendre son pays d’adop- tion dans les salons parisiens… où un morceau de comté ou de mont d’or n’est jamais bien loin. n E.Ch.
des paysages géogra- phiques exceptionnels avec cette situation fron- talière qui offre ses avantages et inconvé- nients. L’accroissement énorme de population s’est traduit par des lotissements mal adap- tés, y compris aux Hôpi- taux-Vieux. Les nou- velles maisons ne sont pas intégrées au villa- ge. Cela pose des ques- tions de relation entre les populations” poin- te l’urbaniste. Les villages dortoirs sur notre secteur, cela n’a rien de nouveau. Pour François Grether, qui ne jette pas la pier-
“Difficile de réparer les erreurs.”
L’urbaniste de renom François Grether (ici à Besan- çon pour présenter un futur éco- quartier) est un Haut- Doubiste attaché à son territoire.
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