La Presse Pontissalienne 206 - Décembre 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 206 - Décembre 2016

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SANTÉ

Le directeur général du C.H.I.H.C. “Je crois dur comme fer à la pérennité de cet hôpital”

L a Presse Pontissalienne : La nouvelle hélistation est opérationnelle sur le toit de l’hôpital de Pontarlier après 1,5 mil- lion d’euros de travaux. Ce lourd inves- tissement était indispensable ? Olivier Volle : Si on ne le faisait pas, on n’avait plus de plate-forme. Ç’aurait été franchement dommage pour la population du Haut-Doubs. La voca- tion de cette hélistation est de faire les transferts inter-établissements hos- pitaliers. L’hélicoptère blanc est donc là pour assurer les transferts entre l’hôpital de Pontarlier et le C.H.R.U. de Besançon pour l’essentiel. On n’au- rait pas pu accéder à ce nouvel hélico si la plate-forme n’était pas rendue accessible. Il peut parfois s’agir d’une question de vie ou de mort et si on sau- ve une seule vie grâce à cette plate- forme, l’argent n’aura pas été perdu. Ces travaux étaient nécessaires car les nouveaux hélicos sont plus lourds, plus gros, mais pas forcément plus bruyants. L.P.P. : L’autre actualité récente pour le C.H.I.H.C., c’est l’inauguration de l’E.H.P.A.D. de Levier le 19 novembre dernier. Un autre gros investissement inévitable ? O.V. : Nous avons investi 8,5 millions Pontarlier, celui de Mouthe ainsi que les maisons de retraite de Doubs, Nozeroy et Levier. Soit un effectif global de 1 300 personnes. Interview. L’actualité est chargée pour Olivier Volle qui dirige le centre hospitalier intercommunal de la Haute-Comté (C.H.I.H.C.) regroupant l’hôpital de

Olivier Volle, directeur général du C.H.I.H.C., s ur la toute n ouvelle piste d’atterrissage et d’envol des hélicoptères sanitaires installée sur le toit de l’hôpital de Pontarlier.

globalement, l’absentéisme n’est pas excessif ici. Nous avons engagé une réflexion avec la direction des res- sources humaines. Je pense qu’on peut améliorer ce problème à la marge. Notamment pour l’absentéisme de courte durée qui pourrait être moindre. L.P.P. : Toujours dans sa lettre d’observations, la Chambre des comptes dénonçait un “dépas- sement des plafonds de rémunération” pour certains médecins ainsi que “l’absence de respect du taux d’activité libérale” de quelques praticiens. Qu’en est-il ? O.V. : Cette remarque était liée au nombre de remplacements qui a en effet été élevé par le passé. Le tarif des remplacements est supérieur aux tarifs standards en coût horaire. Depuis cet- te année, il y a moins de remplace- ments, on tend vers une réelle amé- lioration. Quant à l’activité libérale, il s’agissait d’une interprétation diffé- rente que l’on faisait des textes, entre les préconisations de l’A.R.S. et celles de la Chambre régionale des comptes. Suite aux remarques de la juridiction, nous nous sommes adaptés et nous comptabilisons désormais comme le souhaite la chambre pour éviter tou- te ambiguïté possible. Nous avons sui- vi ses préconisations. L.P.P. : Le site du Grand Vallier va-t-il encore connaître des évolutions ? O.V. Il existe un projet, mais qui n’est pas encore abouti, de partenariat avec l’association Hygiène Sociale de Franche-Comté, pour ouvrir des lits médico-sociaux pour la prise en char- ge de personnes souffrant de handi- caps psychiques. Mais ce projet n’est pas encore daté. n Propos recueillis par J.-F.H.

Et concernant la chirurgie ambula- toire, nous sommes en avance sur notre feuille de route. L.P.P. : Est-il toujours aussi compliqué d’at- tirer desmédecins dans le Haut-Doubs. Dans quelle discipline y a-t- il le plus de manques ? O.V. : C’est particu- lièrement compli- qué en psychiatrie où il nous faudrait au moins un méde- cin de plus. Nous avons également des besoins en gériatrie. Il nous faudrait également un médecin sup-

phases de travaux et d’investissements, le C.H.I.H.C. a-t-il terminé sa mutation ? O.V. : Dans l’immédiat, pour les gros travaux, oui. Ensuite, il y aura des évo- lutions plus d’ordre administratif com- me la coopération sanitaire que l’on a déjà commencé à mettre en place avec l’hôpital de Morteau et la maison de retraite de Flangebouche par exemple. On envisage également une direction commune avec l’hôpital local d’Ornans. Pour le reste, nous allons continuer à évoluer en termes d’organisation. Aujourd’hui, nous sommes à l’ère des groupements hospitaliers de territoi- re. Nous sommes intégrés à un réseau de 11 établissements qui collaborent avec le C.H.R.U. de Besançon autour d’un projet médical commun. Ici à Pon- tarlier, nous aurons encore quelques travaux de réaménagement de cer- tains services : nous allons par exemple accueillir l’hémodialyse dans nos murs, en provenance de la clinique Saint- Pierre. Puis nous allons déménager la médecine du travail et les consulta- tions douleur, mémoire et sommeil sur un plateau spécifique. L.P.P. : L’avenir de l’hôpital de Pontarlier est donc assuré ? O.V. : Il n’est clairement pas remis en cause car l’établissement est particu- lièrement bien positionné sur son bas- sin de vie. Et aucune activité chirur- gicale n’est menacée. Je crois dur comme fer à la pérennité de notre plateau chi- rurgical et de cet hôpital. L.P.P. : Et la maternité ? O.V. : Avec 1 200 accouchements par an, nous sommes bien au-delà du seuil de sécurité de 200 naissances par an. Je ne vois pas comment la maternité de Pontarlier pourrait être menacée.

L.P.P. : Sur le plan du budget justement, la Chambre régionale des comptes pointait l’an dernier dans un rapport consacré au C.H.I.H.C. “une situation financière tendue et dégradée.” Qu’en est-il un an après ? O.V. : Les dernières années ont été meilleures mais nous savions de tou- te manière que nous serions impactés par la réforme du régime d’assuran- ce-maladie des frontaliers, à hauteur de 3 millions d’euros. La Sécurité socia- le nous facture désormais un forfait alors qu’avant la réforme, on raison- nait en prix de journée, ce qui explique ce trou de 3 millions. On a sollicité une aide de l’A.R.S. et du ministère de la Santé sur ce dossier, que nous avions obtenue l’an dernier. Mais pour cette année, nous attendons toujours leur réponse. Ce qui explique que la situa- tion financière du C.H.I.H.C. reste ten- due. En plus, nous subissons la bais- se des tarifs, qu’on a à peu près compensée par une hausse de l’acti- vité. L.P.P. : Toujours sur le plan financier, vos pré- décesseurs avaient contracté des emprunts dits “toxiques”. Vous en êtes-vous sortis ? O.V. : Nous en avons renégocié un cet- te année et il nous en reste un. La situation s’est assainie mais nous devrons de toute façon nous acquitter de pénalités et tout cela se chiffre aus- si en millions d’euros… L.P.P. : La Chambre des comptes avait éga- lement pointé du doigt le fort absentéisme dans certains services. Avez-vous contribué à le faire diminuer ? O.V. : Sur ce point, la Chambre a été sévère car ce souci concerne ponc- tuellement certains services, notam- ment à l’E.H.P.A.D. du Larmont. Mais

d’euros dans ce projet qui comporte non seu- lement une recons- truction du bâtiment mais aussi son exten- sion. Nous sommes pas- sés de 49 à 66 lits car les besoins sont là. Il y a toujours des listes d’attente pour intégrer les E.H.P.A.D. dans le Haut-Doubs, et cette attente peut durer plu- sieurs mois, quasiment un an parfois. L’ancien E.H.P.A.D. de Levier n’était plus du tout aux normes, il n’était plus fonctionnel. Ces tra- vaux étaient indispen- sables. Et malgré l’aug- mentation du nombre de lits, la liste d’atten- te ne baisse quasiment pas car les travaux ont donné une nouvelle attractivité à cet E.H.P.A.D.

“La situation financière du C.H.I.H.C. reste tendue.”

“L’absentéisme n’est pas excessif ici.”

plémentaire au service médecine, ain- si qu’un gastro-entérologue, un pneu- mologue et un cardiologue. Il nous manque aussi un anesthésiste. Quant aux ophtalmos, ça va devenir un vrai souci pour tout le bassin pontissalien. De plus, l’absence de remplacements dans ce genre de spécialités en ville nous fait déborder de nos missions. Les besoins urgents sont tous satis- faits, mais ces carences en spécialistes pénalisent les délais de prise en char- ge. L.P.P. : Combien le C.H.I.H.C. emploie-t-il de personnes au total ? O.V. : 1 300 personnes, personnel médi- cal et non médical confondus. C’est un effectif stable, malgré l’agrandisse- ment récent de l’E.H.P.A.D. de Levier. Le tout pour un budget de 86 millions d’euros.

L.P.P. : Après toutes ces

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