La Presse Pontissalienne 206 - Décembre 2016

LA PAGE DU FRONTALIER 38

La Presse Pontissalienne n° 206 - Décembre 2016

HORLOGERIE

Plan social

211 licenciements chez Richemont Stupeur en vallée de Joux où 40 postes seront supprimés chez Vacheron-Constantin et 19 chez Piaget à La

La manifestation organisée par le syndicat Unia contre les suppressions d’emplois par le groupe Riche- mont a mobilisé 400 personnes au Sentier. Du jamais vu (photo M. Berger).

L a vallée de Joux, d’ordinaire si tranquille, a connu jeudi 24 novembre un événement inédit : une manifestation d’employés contre des licenciements. Le fait est assez rare pour être souligné d’autant que 400 personnes (selon le syndicat) ont débrayé le temps de quelques heures pour marquer leur désapprobation face Côte-aux-Fées. Mis à la porte, les salariés vont peiner à retrouver un emploi selon le syndicat Unia qui se mobilise.

au grand plan social du groupe Richemont qui va supprimer 211 emplois en Suisse. Ceux-ci viendront s’ajouter aux quelque 500 postes que le groupe de luxe genevois a déjà biffés depuis 2015. “Ce fut effectivement une large mobilisation car Vacheron-Constantin comp- tabilise 225 employés au Brassus. D’autres salariés d’entreprises sont venus se joindre au cortège” relate Noé Pelet, responsable de

l’industrie et horlogerie au syndicat Unia dans le canton de Vaud. Cette annonce, personne ne l’a vue venir. “Il y a un ralentissement du mar- ché mais ce n’est pas une crise. Des marques comme Audemars-Piguet ou le groupe L.V.M.H. restent calmes ! Le problème chez Richemont, ce sont les erreurs stratégiques commises par la direction qui ont consisté à investir aveuglément en Chine” commente le syndicaliste. Des têtes sont d’ailleurs tombées au sein de la direction. Concrètement, Richemont supprime 80 postes à Genève, 40 au Brassus chez

Vacheron-Constantin (N.D.L.R. : 47 personnes avaient déjà été licenciées en début d’année), 19 chez Piaget à La Côte-aux-Fées et 91 à Piaget Genève. Ce coup est d’autant plus rude pour le syndicat que le groupe Richemont a réalisé selon l’Unia 2,2 milliards de francs de bénéfices l’an dernier ! “Les dirigeants ont reversé 850 millions à leurs actionnaires alors qu’ils avaient donné moitié moins en 2014, 200 mil- lions en 2013, 110 millions en 2012” précise Noé Pelet. Le groupe cherche de la rentabilité. “On négocie en négo- ciant notamment le recours au chô-

mage technique qui peut durer 18 mois, ou une amélioration du plan social. Richemont ne veut pas en entendre par- ler : c’est une forme d’arrogance” dit le syndicaliste qui prévoyait d’informer les salariés lundi 5 décembre de l’avan- cée des tractations. Seuls eux décide- ront de leur avenir. De nombreux frontaliers travaillent chez Vacheron-Constantin. Idem chez Piaget. Ils seront touchés, comme les autres. “Pour les gens qui vont perdre leur emploi, ils ne retrouveront pas, ou difficilement, un poste à court terme dans l’horlogerie” prédit le syndicat.

Même les cadres seront touchés par ces licenciements. En 2015-2016, le groupe employait environ 8 600 per- sonnes en Suisse et un peu plus de 20 000 à l’étranger. Cette nouvelle est- elle le prélude à d’autres licenciements dans d’autres usines de la vallée ? “Je serais un menteur de vous dire non” répond Noé Pelet qui à l’heure où nous bouclions ces lignes signait la nouvel- le convention patronale horlogère suis- se qui régit le Code du travail dans ce secteur. n

“850 millions pour les action- naires.”

E.Ch.

Après la polémique, la crèche revient en odeur de sainteté Confrontés l’an dernier à des tensions autour de l’installation de la crèche sous le sapin de l’hôtel de Ville, nos voisins neuchâtelois ont dépassionné le débat. Comment ? NEUCHÂTEL Tradition

D epuis

mercredi 30 novembre, la crèche sculptée par un bûche- ron local trône fièrement

ver 2014 à un bûcheron local pour être offertes au Conseil fédéral, durant une visite lors la présidence de Didier Bur- khalter (politique neuchâtelois). La crèche n’a pas eu l’honneur de trôner au Palais fédéral à Berne comme l’espérait son créa- teur. “Elle n’était pas facilement transportable. Du coup, les auto- rités l’ont un peu oubliée en repar- tant…” explique un représen- tant de Neuchâtel. Stockée dans un dépôt communal, elle s’est

cié à des symboles religieux. C’est le sapin de toutes et tous, de tous les citoyens, laïcs com- me croyants. “Le déplacement a été mal perçu : les populistes se sont emparés du sujet et ont dit que nous reculions devant l’is- lam (N.D.L.R. : les faits se pas- saient un mois après les atten- tats de Paris), qu’on ne voulait plus de la crèche ici. Ce qui était faux” poursuit Thomas Facchi- netti. L’U.D.C. lança une péti- tion, la presse enchaîna jusqu’à ce que le sujet se dégonfle une fois les fêtes terminées. Le Suisse est du genre pugna- ce. Le conseil communal a déci- dé de ressortir la crèche pour Noël 2016 après avoir obtenu l’autorisation du propriétaire (le Conseil fédéral). Mercredi 30 novembre, en gran- de pompe, la Ville a donc inau- guré la crèche qui cette fois ne pose plus d’interrogations : “Nous avons souhaité lui donner un autre sens, un sens social, un symbole de fraternité et d’hu- manité, explique le représen- tant de Neuchâtel. Nous avons

au centre-ville de Neuchâtel, rue Fleury. Plus un Neuchâte- lois n’y trouve à redire alors que l’installation en novembre 2015 sous le sapin de l’hôtel de ville avait créé une vive polémique répandue à travers la Suisse romande. Les sculptures de Marie, Joseph et Jésus avaient été retirées, sous la pression. Le canton de Neuchâtel est une “République laïque qui vise à placer l’État à équidistance avec toutes les instances religieuses” rappelle Thomas Facchinetti, président de la ville de Neu- châtel qui reconnaît le culte catholique, chrétien-catholique et protestant. Dans le même temps, en Fran- ce, le même sujet revenait avec l’exemple de la crèche en mai- rie de Béziers : fallait-il ou non accepter qu’une crèche soit ins- tallée dans un lieu public ? Rappel des faits : les figurines avaient été commandées à l’hi-

retrouvée sous le sapin officiel en novembre 2015 comme par magie ! “Ce sont les services de la Ville qui l’ont déposée là sans autorisation” racon- te le Président. Le conseil neuchâ- telois, laïc, la fait déplacer de l’hôtel de Ville pour l’ins- taller au “Temple du bas”. Motif : le sapin de la Ville ne doit pas être asso-

“Un sens social, de fraternité.”

Inauguration de la crèche en bois à Neuchâtel avec les autorités et les représentants des cultes. Sans polémique cette fois.

réfléchi avec les trois représen- tants des cultes et décidé de l’ins- taller au centre-ville, rue Fleu- ry, dans le cadre d’un partenariat avec l’aumônerie œcuménique de rue. La crèche de Noël en bois sculpté jouxte “La Lanterne”, le

local d’accueil de l’aumônerie qui vient en aide aux démunis. Cela donne du sens à cette repré- sentation de la Nativité, à la por- te d’un lieu destiné à accueillir toute personne en quête d’échan- ge et de chaleur humaine. Un

accueil y est prévu les lundis, mercredis et vendredis jusqu’au 23 décembre.” La crèche reste- ra là jusqu’à l’Épiphanie. À chaque problème, une solu- tion… n E.Ch.

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